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Djihad

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
31 juillet 2010, 14:34   Djihad
(Message supprimé à la demande de son auteur)
01 août 2010, 15:10   Re : Djihad
On notera que la dernière "guerre sainte" officiellement proclamée l'a été en 1914, lorsque l'Empire ottoman est entré en guerre.

Voici le Sheikh-ul-Islam pendant la proclamation, en présence du Calife des musulmans.

[www.manorhouse.clara.net]


Vous noterez son caractère très "Troisième République". D'après les rapports de l'époque, il n'y eut aucune émotion à Constantinople.
Utilisateur anonyme
25 septembre 2010, 18:24   Re : Djihad
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
27 septembre 2010, 09:55   Re : Djihad
(Message supprimé à la demande de son auteur)
27 septembre 2010, 12:26   Re : Djihad
Il y a une chose étrange dans cet "affrontement" : manifestement Luc Ferry ne faisait pas allusion à la distinction entre trois sortes d'individus (§55 "Les hommes se répartissent donc du point de vue de la Loi révélée en trois classes"), mais à la grille des "cinq "qualifications" des actes humains selon le fiqh" (introduction au Discours décisif, GF, Libera), n'en citant que trois : interdit, autorisé/indifférent, obligatoire (oubliant dans la foulée les qualifications intermédiaires : recommandés, blâmables) : "le propos de ce discours est de rechercher, dans la perspective de l'examen juridique, si l'étude de la philosophie et des sciences de la logique est permise par la Loi révélée, ou bien condamnée par elle, ou bien encore prescrite, soit en tant que recommandation, soit en tant qu'obligation" (§1). (Notons d'ailleurs ici que seules quatre qualifications apparaissent, peut-être parce qu'il importe peu de savoir si une telle étude est condamnée à titre d'acte interdit ou seulement blâmable...)

Cela étant, cette intervention demeure remarquable, et invoquer saint Anselme, mort vingt-sept années avant qu'Ibn Rushd ne fût, et ayant tout de même écrit Fides quaerens intellectum, suffit à ridiculiser la thèse centrale de Monsieur le Ministre.

Post-scriptum : quelqu'un saurait-il précisément à quel passage fait allusion Rémi Brague lorsqu'il parle d'un "appel au bras séculier" ? J'ai été incapable de le trouver en parcourant les derniers paragraphes.
01 octobre 2010, 23:35   Re : Djihad
(Je me rends compte que mon intervention n'avait pas sa place ici, je ne vois aucun inconvénient à ce qu'elle soit supprimée si elle encombre ce fil).
10 février 2011, 08:06   Re : Djihad
Bonjour,

Explication concise et édifiante du concept islamique de Djihad. Nos vaillants politiques feraient bien de la méditer.

J'y ajouterais plusieurs remarques :

A propos de la notion de martyr en islam, je propose que nous considérions qu'elle ne recouvre pas exactement celle du martyr chrétien dans la mesure où le premier se sacrifie en combattant (étymologiquement, il "rend sacré", ce qui témoigne de la dimension religieuse de l'acte) et par le fait même de son combat, quitte à emporter d'un geste délibéré la vie de quelques-uns de ses ennemies (le plus grand nombre possible) dans son suicide quand le martyr chrétien (dans son archétype romain notamment) au nom de sa foi, souffre patiemment (du déponent latin patior : endurer sans broncher) par imitation christique, que l'ennemie lui ôte la vie en renonçant à se défendre. Un bon chrétien tiendra l'homicide pour plus grave que la sédition quand un musulman observant postule l'inverse exactement, justifié par la geste muhammadienne et par l'idée que le meurtre est un moindre mal en comparaison de la fitna qui menace la Umma (Coran, II, 191).
Le martyr musulman est un "combattant suicidaire", pour reprendre l'expression dont Bruno Etienne a fait le titre de l'opuscule qu'il publie en 2005 aux éditions de l'aube. Et ce suicide peut prendre la forme d'un acte de terrorisme. Celui qui s'offre alors en sacrifice peut être qualifié de martyr mais au sens de combattant (mujâhid) ou de témoin (chahid ou shahîd), bientôt assis à la droite d'Allah, voire de résistant (moussebiline).
Son acte d'autolyse "joyeusement participative" est légitimé par les agressions dont l'islam serait victime et doit être regardé comme l'une des formes que le djihad peut revêtir quoique la "guerre légale", expression parfois préférée à celle de "guerre sainte", constitue selon la jurisprudence islamique un devoir collectif (fard kifâya) et non individuel. C'est du moins l'opinion défendue par les islamologues Dominique Sourdel et Janine Sourdel-Thomine.

Un djihad dont Rémi Brague et Anne-Marie Delcambre ont amplement démontré la dimension guerrière primordiale, minimisée voire occultée par la propagande islamophile à laquelle nous assistons dans les médias depuis une décennie.

Dans le numéro 75 de la revue Historia (janvier-février 2002) la politologue Agnès Levallois expose au fil d'un vibrant plaidoyer sa conviction que le mot arabe djihad "ne renvoie en aucune manière à l'idée de guerre" (p. 17). "L'imprécision, ajoute-t-elle, vient de ce que tout musulman se doit de poursuivre l'effort pour "continuer à faire régner et étendre" sur terre "les droits de Dieu et des hommes" prescrits dans le Coran. "Faire régner et étendre" : rien en effet qui puisse expliquer une quelconque bellicosité.
Mais il y a pire ! car cette dame, diplômée de l'Institut des langues et civilisations orientales et de l'IEP de Paris, va jusqu'à justifier les assassinats perpétrés par le prophète : "Bien évidemment, au début de sa prédication, Mahomet, en butte à l'hostilité de ses contemporains, s'est mué en chef de guerre et a légitimé ses actions par des sourates. Ainsi, certains versets sont un appel à la guerre dans le but de faire respecter la foi nouvelle". Alors que je n'étais qu'un étudiant en fin de cursus, ce "bien évidemment" m'a fait bondir !
En clair : il est légitime de massacrer son voisin au nom d'une religion à laquelle il refuse d'adhérer. On remerciera Madame Levallois pour cette brillante leçon de morale politique et religieuse ! Madame Levallois qui ne nous explique pas au nom de quel éminent principe les marchands de la Mecque eussent dû accueillir à bras ouverts un prophète autoproclamé qui les invitait à rien moins que bouleverser leurs usages, traditions et coutumes, au nom d'une foi nouvelle.

Dans le même numéro Youssef Seddik interrogé par Catherine Decouan assène sans frémir que "l'islam n'est pas prosélyte" : "les musulmans ne cherchent pas à convertir mais à faire valoir une Ecriture"...fort subtil distinguo !
Cet auteur soutient que Mohammed fut un homme d'Etat et non un chef de guerre ; que si Jésus Christ ne prit pas les armes dans le but d'imposer l'unité religieuse, saint Paul le fit, mettant ainsi de la façon la plus spécieuse sur le même plan l'auteur des épîtres et le fondateur de la religion musulmane mais refusant toute comparaison entre la figure du Christ et celle de Mohammed. On comprend aisément l'objet d'une telle esquive !
Seddik s'indigne que l'on puisse évoquer l'expansion musulmane médiévale sous les traits d'une entreprise armée : "je m'oppose à l'idée qu'il y ait eu, du moins à cette période [la première expansion], des conquêtes militaires. Il s'agit plutôt d'une culturation. " (Même refrain chez l'historien florentin Franco Cardini qui refuse l'idée d'invasion musulmane au Moyen Âge mais consacre les 20 premières pages de son Europe et Islam. Histoire d'un malentendu à dresser la liste des innombrables sièges, conquêtes et razzias menés tambours battants de la Syrie à la Sicile en passant par l'Espagne et la Septimanie au fil des 3 siècles qui suivent la mort de Mohammed.)
Et pour faire bonne mesure, Seddik d'embrasser la thématique qu'il développera abondamment dans son pamphlet Qui sont les barbares ? en usant de tous les ressort de la rhétorique victimaire qu'il affectionne par dessus tout : "Si j'osais, je dirais que [...] l'islam, c'est la voix du Sud par rapport à l'exclusivisme du Nord".
On en reste sans voix !

D'autres auteurs, tels l'Américain Michaël Bonner, évoquent un djihad aux multiples facettes, djihad polychrome qui peut aller de l'écarlate du sang versé au champ de bataille au vert espoir né de l'effort entrepris sur le chemin de Dieu, la lutte intérieure née du dialogue de soi à soi : ce grand Djihad des élites et des soufis, historiquement minoritaire (Le Jihad. Origines, interprétations, combats, Paris, 2004.

Il revient à Malek Chebel, entre autres, en dépit de son indéfectible (et ambigüe) tendresse pour la religion musulmane, d'avoir admis, dans son Manifeste pour un islam des Lumières, en 3ème proposition dans une liste qui en compte 27, que si "peu de musulmans adhèrent à la nécessité de mener la guerre sainte aux quatre coins du monde habité, [...] ceux qui acceptent de le dénoncer publiquement sont encore moins nombreux". D'où, selon lui, l'urgente nécessité de "substituer à la guerre sainte (djihâd) une véritable ascèse intérieure, un sacerdoce orienté vers le bien, un véritable approfondissement de la foi, et non pas une diversion obtenue à la pointe de l'épée." (p. 39).

On ne saurait mieux dire que Djihad et guerre sainte, historiquement, ont partie liée.
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