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Ces étrangers qui aimaient la France

Envoyé par Cassandre 
Je pense souvent à ces étrangers qui, par amour de notre pays, de sa culture et de son art de vivre, ont quitté le leur pour s'établir en France définitivement et qui se retrouvent aujourd'hui dans un pays où par complaisance pour la racaille cpf qui fait la loi, tout ce qui leur avait paru représentatif de la France qu'ils aimaient et qui souvent les avait soutenus moralement contre la tyranie des états où ils sont nés, est foulé aux pieds.
On ne les entend guère ces étrangers-là qui aimaient la France, qui l'aimaient pour ce qu'elle était et non pour ce qu'ils auraient voulu qu'elle fût. Je pense, en particulier à cet écrivain d'origine chinoise - dont j'ai oublié le nom, c'est dire si on en parle peu ! - qui vit en France, a choisi d'écrire en français et a eu, s'il vous plaît, le prix Nobel de litterature. Est-ce que quelqu'un de ce forum le connaît, a lu ses ouvrages ? Francis, peut-être ?
Ils étaient quelques-un, les écrivains chinois aimant la France et y demeurant. Je pensais à l'un d'eux, Ya Ding, par exemple, qui a sombré dans l'oubli, et qui habitait Porte des Lilas, Porte des Lilas! dans une petite impasse charmante qui aujourd'hui doit ressembler à un faubourg de Bamako. Personne n'a rien contre Bamako et ses faubourgs, mais on regrette un peu Paris quand même. C'était calme, du côté des boulevards de Maréchaux où personne ne venait ni ne songeait habiter, dans les hauts immeubles de brique rouge qui n'avaient rien de rebutant du tout, presque bourgeois.

Ce qu'ils pensent de la France ? Sans doute un peu ce qu'ils pensaient de Hong Kong. Ya Ding m'avait dit qu'il "détestait Hong Kong" (ça devait être en 1990 ou par là). J'en avais été comme déçu et un peu chagriné. Après tout, c'était, en même temps qu'un peu son pays, un peu le mien, bien que rejeton métissolâtre (à l'époque Colonie). Ya Ding, pour se tremper dans la "France profonde" qu'il recherchait, partait "faire le pêcheur" en Bretagne, sans être payé ou presque, pour "l'expérience".

"Il nous emmerdent, ces Arabes", m'avait confié un autre auteur chinois qui, lui, avait fait la plonge chez Maxim's un an ou deux avant le déclenchement de la deuxième guerre mondiale. C'est là qu'il avait connu sa femme, une landaise de Dax. Ils allèrent vivre dans les Landes. Il fut interné parce que Chinois, la Chine étant en guerre avec le Japon. Quand il revint chez lui, en 1945, on lui apprit que sa femme et son jeune fils avaient été tués par les Allemands, sur dénonciation de Français. Il partit vivre à Hong Kong mais ne cessa pas d'aimer la France, m'en parlait les yeux brillants; à Hong Kong, resté turfiste, le dimanche, il "allait aux courses" avec sa seconde épouse, une Chinoise; il allait aux courses comme à Lonchamp, disait-il. "La France, pourvu qu'elle ne change pas".

Je connais une Japonaise qui vit en France depuis 1964. Une dame que je respecte beaucoup, "biculturée" à un degré que je crois inégalable, comme une vieille japonaise qui aurait passé son enfance à lire du Proust dans un jardin de maison bourgeoise à Bourbon l'Archambault. C'est une vieille dame française d'autrefois mais qui serait japonaise. Elle nous a confié qu'elle "votait Front National" les yeux fermés et sans croire à rien.
Merci, cher Francis, pour ces témoignages, mais qu'est devenu ce Chinois, naturalisé français, à qui le prix Nobel de littérature a été décerné, si je ne me trompe, il y a dix ou quinze ans ? On n'entend plus parler de lui si tant est qu'on en ait beaucoup parlé : il n'est ni noir ni arabe , il aime la France et sa littérature et a gratifié notre pays non de textes haineux de rap, mais d'un prix Nobel de littérature . Je reconnais que son cas est pendable et qu'il mérite bien le silence qui l'entoure. Toutefois, j'aimerais en savoir un peu plus sur lui, dont malheureusement j'ai oublié le nom.
C'est M. GAO XINGJIAN, de qui je dois vous avouer humblement que je n'ai rien lu.

Un autre auteur chinois, membre de l'Académie française, François Cheng, linguiste, romancier, etc. est un cas plus intéressant encore. Il a traduit Plume de Michaux en chinois, que j'ai lu. Quel bonheur! Il serait intéressant, si des journaux sérieux existaient dans ce pays, de recueillir de lui un entretien sur "ce qu'est devenue la France à ses yeux", en effet. Mais ces personnages ont l'atterrement silencieux sur la France. C'est en tout cas ce que je pressens dans le cas de François Cheng.
Utilisateur anonyme
17 juillet 2008, 19:37   Re : Ces étrangers qui aimaient la France
Cest Gao Xingjian, auteur de la Montagne de l'âme, un livre poétique, politique, qui permet de comprendre la Chine en profondeur en se promenant pendant 666 pages chère Cassandre (Edts de l'Aube).
Mes amis, vous me fendez le coeur avec vos histoires d'étrangers aimant la France et qui devant l'écroulement de la vieille civilisation francaise sont désemparés.

C'est comme de lire les livres de Louis Chevalier [l'auteur du mémorable L'assassinat de Paris] qui avait auparavant écrit plusieurs livres remarquables sur la vie parisienne et dont la lecture aujourd'hui vous prend à la gorge. Il s'agissait des titres suivants:

Les ruines de Subure
Montmartre du plaisir et du crime
Histoire de la Nuit Parisienne


Dans ces 3 ouvrages il décrit en détails une époque ensevelie celle du Paris des plaisirs, de la nuit, des bals populaires, du music-hall, des cafés, des brasseries et des grands cinémas sur les boulevards.

Depuis la banalisation et la déchéance se sont installées dans ces hauts lieux que le monde entier nous enviait.

Ps.:
Pour des raisons personnelles je serai, pendant les deux mois d'été, dans l'impossibilité d'intervenir régulièrement sur cette plateforme.
Utilisateur anonyme
17 juillet 2008, 21:09   Ces Français qui ont vendu
"C'était calme, du côté des boulevards de Maréchaux où personne ne venait ni ne songeait habiter, dans les hauts immeubles de brique rouge qui n'avaient rien de rebutant du tout, presque bourgeois."

Qui était propriétaires de ces immeubles ? Qui a vendu ? Et pour faire quoi avec l'argent ramassé dans ces transactions ?
Je ne sais pas Orimont; les gens meurent, les familles se dispersent, les biens se vendent quand les enfants n'ont pas envie de vivre où leurs parents ont vécu. Les enfants, en grandissant, deviennent comme ça. Sauf Michel Pagès bien sûr.
Ces immeubles en brique rouge ceinturant Paris sont les HBM (habitations à bon marché), sorte d'ancêtres des HLM, construits entre les deux guerres sur l'emplacement des anciennes fortifications. Leur architecture, quoiqu'un peu lourde, était effectivement assez soignée, et le confort nouveau qu'ils apportaient, bien appréciable pour l'époque (eau froide et chaude, gaz, entre autres). Je ne crois pas qu'ils aient été spécialement vendus ou bradés, ils continuent d'être loués dans le domaine social me semble-t-il.
François Cheng est peut-être le moins oublié des auteurs que l'on a mentionnés ici. Son Ecriture poétique chinoise a été une révélation pour moi, et depuis qu'il a écrit ce livre, on trouve assez souvent son nom dans la presse littéraire.
» Il serait intéressant, si des journaux sérieux existaient dans ce pays, de recueillir de lui un entretien sur "ce qu'est devenue la France à ses yeux"

Je propose que le parti délègue Francis Marche pour aller poser la question à François Cheng en son nom, et publie l'entrevue sur son site Web.
On pourrait aussi évoquer la belle et noble figure de Pa Kin, un des plus grands écrivains chinois du XXe siècle, persécuté par les maoïstes pendant la Révolution prétendument culturelle. Pa Kin était anarchiste et a écrit son premier roman lors d'un long séjour dans les années 1926-27. Il y a quelques années, avant sa mort en 2005 je crois, j'avais lu une interview dans laquelle il exprimait sa gratitude et son amour à l'égard de la France.
19 juillet 2008, 01:21   What France means to you
C'est un auteur britannique, d'origine irlandaise, qui répond à la question: "Qu'est ce que la France pour vous ?", le 15 avril 1944. Cet auteur mondialement connu, est lui aussi mort le 22 novembre 1963.

"On m'a demandé d'écrire quelques mots sur la France, et plus particulièrement sur son avenir. Des circonstances futures, nous ne savons rien; et nous ne pouvons imaginer l'avenir d'un être vivant que d'après son passé et son présent. Ce qui me conduit à me demander ce que la France a été pour l'homme. Inévitablement, je pense d'abord à la France médiévale: car c'est au moyen âge que votre nation a exercé sur l'Europe une hégémonie spirituelle que ni elle, ni aucune autre nation, n'a égalée depuis lors. Avant tout, là France représente les Croisades, la Chanson de Roland, la cathédrale de Chartres, le Cycle d'Arthur, l'Université de Paris. Dans tout cela, ce qui frappe, c'est l'éclat: éclat des épées, de la courtoisie, de la logique. Et en second lieu, je pense à la France “ éclairée ”, celle de Voltaire et des Encyclopédistes. L'éclat en a pâIi, mais la clarté demeure. Cette France-là, je la considère un peu comme mon ennemie, mais c'est une noble ennemie; à défaut d'amour, elle m'inspire du respect. Enfin, pour être tout à fait franc avec vous, je pense à une troisième France, celle où les pires cancers du monde moderne ont trouvé leur climat d'élection, celle où adorent flâner les Américains décadents, celle où Edgar Poë passe pour un grand poète, celle des petits “ mouvements ” vermiculaires, du Dadaïsme, du Surréalisme et des Messes Noires - celle qui au pays même de la Raison a dressé l'idole de la Bêtise.

Il semble que votre être soit double[1]. Sans doute en est-il de même de toutes les nations; je vois qu'il en est de même de mon pays. Derrière l'Angleterre de Sidney, je distingue (hélas!) celle de Cecil Rhodes. Si l'une affranchit les esclaves, l'autre s'engraisse à faire la traite. Nous qui avons failli inventer la Liberté avons aussi péché contre elle plus que presque toute autre nation. Pour vous comme pour nous, le Démon est véritablement l'envers de l'être authentique ; il incite les concitoyens de Shelley à la Tyrannie, comme ceux d'Abélard à la Bêtise. L'avenir dépend, pour chacun de nos deux pays, du choix que nous ferons entre notre bon et notre mauvais génie. Est-il trop tard pour retrouver cette autre France, cette autre Angleterre .

Pour les retrouver, il ne suffit pas d'y penser Ce n'est pas d'“ idéal ” ni d'“ inspiration ” que nous avons besoin, mais de simple probité, de charité, de diligence, pour faire face successivement à toutes les tâches qui s'imposeront. Je ne sais si les Français ou les Anglais, ou les Allemands (qui, eux non plus, n'ont pas toujours connu le seul Démon) parviendront à redevenir eux-mêmes. Le salut d'un peuple, comme celui d'un individu, est toujours possible, mais aussi impossible à prédire; car nous avons des volontés libres, et l'avenir reste à faire."
C.S. Lewis ?
19 juillet 2008, 15:03   Re : What France means to you
Yes! Mr Francmoineau. Vous avez gagné un billet d'entrée gratuit au fil "Devoir de vacances: Aldous Huxley", en cet instant en tête de forum.
J'y cours.
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