Pour être franc

En même temps Alain, l'idée de transformer cette discussion en bataille de polochons ne me déplairait pas trop. Ce serait une bonne manière de vous faire comprendre que les catholiques ne sont pas que ces fous fusionnels assez prétentieux pour croire qu'une Faute va leur être enfin pardonnée afin d'atteindre un paradis. Ils sont aussi, et peut-être avant tout, de bons vivants capables de défendre ce qu'il y a de plus haut et de meilleur sur terre. Confrontés bien souvent à des sourds ou des aveugles, les chrétiens se sentent isolés, les jambes coupées, et avec le plus de diplomatie possible, ils s'arrangent pour faire de la place à la vérité qui vient ou se profile.

À propos, le dernier film de David Cronenberg que j'ai vu hier, A Dangerous method (pas mal, avec des dialogues plutôt travaillés et un Freud déroutant et ambigu joué par Viggo Mortensen), relatant les relations entre Jung, Sabina Spielrein et Freud, m'a fait penser à cette discussion, lors d'un dialogue entre la jeune Sabina et Freud, quand ce dernier lui reproche tout à coup de faire mention de la figure du Christ à la fin de son article. S'ensuit alors un échange campant parfaitement les positions "juives" et "chrétiennes", Spielrein, bien que juive (et s'étant quelques scènes auparavant fait sauvagement fouetter les fesses en rugissant de plaisir par Jung), défendant la conception jungienne du rôle du psychothérapeute, qui devrait "sauver" le patient en lui permettant d'envisager qui il pourrait devenir.
Réaction désapprobatrice de Freud : « En somme, vous voulez jouer à Dieu ! mais nous n'avons aucun droit de faire cela ; le monde est comme il est, comprendre et accepter cela, sans plus, est la seule voie vers une certaine santé psychique... »
Typisch.

Le monde est comme il est

Qui vous dit que je suis d'accord avec la conception que Freud se fait de l'homme? Avec son approche scientifique, uniquement scientifique par laquelle il pourrait prétendre qu'il y a un "comme il est". Malgré tout le respect que j'ai pour Freud, j'estime qu'il est un très bon écrivain également, ce que peu relève par ailleurs. Encore une fois, je respecte la pensée juive, elle m'a beaucoup donné, notamment par sa force de transmission, d'identité, et de sens de l'observation.

Qui vous dit qu'il n'y ait qu'une voie vers la santé psychique? Qui vous dit que vous sachiez ce que Freud (qui s'est lui-même fait une sorte de Dieu, et je ne critique pas cela) voulait signifier par santé psychique? Je n'ai jamais entendu quoi que ce soit d'intelligent à ce sujet. Freud était et reste un homme exceptionnel, mais "comprendre et accepter le monde tel qu'il est" n'est pas une invention de lui. Et quelqu'un qui va voir un psychanalyste n'y va pas forcément parce qu'il n'arrive pas à comprendre et accepter le monde tel qu'il est. A supposé que quelqu'un puisse jamais prétendre avancer une pareille prétention scientifique d'ailleurs.

Freud savait aussi être très réducteur, peut-être à bon escient, et selon sa logique, mais il n'a pas pensé le monde à lui tout seul en se rétractant du sauveur.

Ah mais, ma chère Marie, personne ne m'a rien dit du tout... Ce n’était que l'illustration, stéréotypée, je veux bien, et cueillie au vol, de deux conceptions apparemment opposées dont débattait ce fil, entre autres...
Ce n'est pas non plus une affaire personnelle, je ne défends pas plus que cela la position freudienne, ou "juive" ; croyez bien que je lui aurais volontiers donné du martinet sur le croupion, à la petite Spielrein, houlà...

Vous avez pourtant écrit "un échange campant parfaitement les positions juives et chrétiennes".
Mais personne n'a rien dit du tout.

Freud n'était à vos yeux qu'un donneur de leçons, sa psychanalyse se résumerait à "que ceux qui croient être assez sage pour accepter le monde tel qu'il est restent chez eux, et que les imbéciles qui n'arrivent toujours pas à accepter le monde comme il est viennent en psychanalyse". et il y aurait dans tout ça une "position juive.
Les coups de martinets seraient-ils "la position chrétienne"?

Ou votre fantasme est-il en train de s'emballer?

Pas si anti-freudien, le Jung, avec son martinet : « Prends Ça, Ça et Ça !... oh, viens Surmoi !... oh, oui, à Moi, ma petite Sabina ! »

...et pour la synchronicité ? le soixante-neuf ?