Les amis de Jeff

Puisant dans le lot des cartes postales, trois d'entre elles sont adressées à la même personne : Jean-François.

La première est la reproduction d'une aquarelle intitulée “Montmartre : la place du Tertre”, dessin d'après nature.

Fresnes 15/9/83

Bonjour Jfrançois.

Mon retour s'est effectué sans problème. Un peu décontenancé quand je me suis retrouvé vers 9 heures chez moi seul avec la pluie au dehors et le vent de l'automne. Et puis le travail et de nouveaux les contact m'ont remis dans le bain. Un peu sur les nerfs malgré tout... J'ai le moral c'est ça l'important !
J'espère que tout va bien pour toi. Encore merci pour ton accueil. A bientôt
Je t'embrasse.
Jlouis

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La deuxième carte est une photo d'un site sans indications et qui montre deux skieurs pratiquant le “hors-piste” à flanc de si haute montagne qu'à leurs pieds s'étale une mer de nuages.


Andorra, le 10/12/84

Salut Jeff

Pardonne-moi de te donner des nouvelles seulement maintenant mais je speed un max dans tout les sens. Je suis à Font romeux où je passe une épreuve de sélection pour faire une formation de moniteur de ski. Entre nous, j'ai très peu de chances face au chamoix d'argent que je vais rencontrer. Je t'écrirai à mon retour plus longuement.
Immagine que c'est nous qui descendons au dos de la carte : c'est super ! A bientôt. Thierry

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La troisième est une composition de trois images - “Baignade du soir”, “La forêt vue d'avion”, “Nénuphar” - avec les mots “Souvenir du Gabon”.

Libreville le 13/1/85

Mon cher Jeff,

Excuse moi de n'avoir pas écrit plus tôt mais je suis très occupé et peu courageux devant l'ampleur de la tâche épistolaire à laquelle je me suis astreint cette année. Je suis repassé à Montpellier et j'ai vu tes copains, juste avant de prendre l'avion cet été. Je pense que tu es à La Gaude maintenant ? Moi c'est toujours pareil. Boulot (moyennement intéressant) dodo (trop peu !) bouffe (beaucoup trop) musculation (3 soirées c'est fatigant !) bridge (2 à 3 fois par semaine soit une dizaine d'heures c'est très prenant !) Et toi, comment occupes-tu ton temps ? Meilleurs vœux pour 1985 ainsi qu'à ta maman et à ton père.
Jean-Marc

Je suis en France en mai/juin.

Tu vois Jeff que t'es pas tout seul...

"mais je speed un max dans tout les sens"


On parlait déjà comme ça en 1984 ?!

Eh oui ! On ne voit pas le temps passer. (cf., un peu plus bas, le fil resté orphelin "22 ans de lassitude".)

"Chronique de la langue : "Mauriac, lui, bénéficiera de sa méfiance naturelle. Son pétainisme durera un minimum de temps." (Bertrand Poirot-Delpech, article du Monde du 12 juin sur la NRF des années sombres, de Pierre Hebey). Ainsi, des classes de seconde B des collèges jusqu'à l'Académie française, il est admis désormais qu'on dit et qu'on écrit un minimum, un maximum et non plus le minimum, le maximum comme devant. Il serait intéressant de savoir comment ce pli s'est pris, et qui a décidé de lancer cette nouvelle mode. Personne n'a rien décidé, probablement. Mais quelqu'un un jour, sans savoir quel succès guettait son initiative, s'est mis à dire un pour le, dans ce cas-là, pour rien, par jeu, pour voir, pour changer..."

Le château de Seix (14 juin 1992)

(Peut-être que dans ce cas, le diminutif argotique ("un max") a précédé la version complète ("un maximum") ? Je ne serais pas étonné, en tout cas, qu'on doive ce "un" au journalisme sportif, très grand pourvoyeur de tournures fantaisistes ou décontractées : "un maximum de chances de l'emporter.")