Diversité de langage

Dans la dépêche suivante, le Président est cité avec ses tics de langage alors que le directeur de l'OMC, non. Je remarque que Sarkozy a systèmatiquement droit à ce traitement "oral", c'est une pratique journalistique émergeante, qui le fait vraiment passer pour un zouave.


BATZ-SUR-MER (AFP) - Le président français Nicolas Sarkozy a affirmé jeudi à Batz-sur-Mer (ouest) que la France ne signerait pas en l'état l'accord à l'OMC "s'il n'est pas modifié".

"A l'OMC, cet accord qui est sur la table, s'il n'est pas modifié, nous ne le signerons pas", a déclaré le chef de l'Etat, président en exercice de l'Union européenne, lors d'une réunion avec des restaurateurs à Batz-sur-Mer. Les négociations à Genève entre les sept grands acteurs de l'OMC sont entrées dans une phase difficile.

Les responsables du commerce des Etats-Unis, de l'Union européenne, de l'Inde, du Brésil, du Japon, de l'Australie et de la Chine ont poursuivi leurs discussions jusqu'à près de quatre heures du matin dans la nuit de mercredi à jeudi, sous la coordination du directeur de l'OMC, Pascal Lamy, pour tenter de parvenir à un accord sur les principaux points du cycle de Doha, démarré il y a sept ans.

Jeudi, les négociateurs tentaient toujours de rapprocher les positions.

"Nous ne sommes pas encore arrivés à un point de convergence. Sur certains points clé de la négociation, les positions restent encore trop éloignées", a reconnu Pascal Lamy jeudi matin, lors de la réunion du comité des négociations commerciales qui rassemble les 153 pays membres.

J'ignore si cette dépêche reproduit textuellement les propos proférés. Auquel cas il ne faudrait pas y voir malice, au contraire. Peut-être M. Lamy s'exprime-t-il sans tics ni cuirs ? C'est possible après tout... Rare, mais possible.
Peut-être M. Sarkozy est-il un zouave ? Ce n'est pas impossible, après tout... En tout cas, c'est un zouave linguistique.

Sarkozy, un zouave ? Bien possible. Cela ne change rien au fait que ce traitement, il me semble, lui est largement réservé.

Le président de la République Française, Nicolas Sarkozy, est atteint de cette grande maladie d'empereur romain, rare et génétique, dont était affecté, par exemple et tout à fait par ailleurs, André Malraux: le syndrome de Tourette.

Lire:

Tourette

et
Le tic

Et en français...

Pour André Malraux, c'était "seulement" du paludisme, non ?

Des tics et des TOC à mieux comprendre

LAUSANNE Gestes répétitifs incontrôlés, jurons ou mots obscènes lâchés à haute voix, les « tourettiens » ne sont ni fous ni dangereux. Une association veut surmonter les craintes et les incompréhensions

Mimeric, c'est son nom d'artiste. Eric Vallélian au civil. Ce Genevois de 45 ans est mime, issu de l'école Marceau de Paris. Il est capable de rester une heure et demie sans bouger une paupière quand il joue à la statue pour le plaisir des badauds. Mais, dès que Mimeric relâche son attention ou qu'une contrariété l'habite, c'est le déchaînement de tics et de TOC. Il peut se frapper le visage de façon répétée au point d'avoir perdu l'œil droit. Il peut émettre une série de gros mots et se placer dans le bus face à une passagère, à qui il débitera un chapelet d'obscénités, c'est la coprolalie.

Mimeric est atteint du syndrome de Gilles de la Tourette, du nom donné à cette maladie génétique décrite en 1883 par un neurologue français décédé à Lausanne. Une maladie rare, dite « orpheline », difficile à diagnostiquer, mais qui apparaît dès l'enfance entre 3 et 18 ans. Les garçons y sont plus exposés. « Parmi les malades célèbres, on peut citer Alexandre le Grand, Mozart, Dickens, Kafka, Eric Satie ou Malraux », assure Jean-Paul Gagnère, président de l'association Tourette Romandie, récemment créée à Lausanne.
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M'est avis qu'il cherche des parrains de prestige pour un mal qu'il ne peut dissimuler... Quelqu'un dans la salle connaît-il intimement Malraux ?

Vous avez sans doute écouté et regarder Malraux vous exposer ses thèses. Cette personne était ravagée par une maladie neurologique; or il se trouve qu'aucune n'a été mieux décrite qui rende compte de ces signes que celle que l'on vous signale dans ce fil. Souvenez-vous de cette tonitruance subite, de ces éclats de voix hors de tout contexte, de cette nappe de tics qui lui faisait de l'index indiquer la poitrine de son interlocuteur en même temps que baisser le nez vers sa braguette pour, la fraction de seconde suivante, interjecter le ciel du front...

Je ne suis pas convaincu, cher Francis. J'ai connu de près un homme âgé atteint de la maladie de Parkinson (c'était mon professeur de musique, un organiste, quand j'étais jeune homme). Le comportement que vous décrivez aurait très bien pu lui convenir, à lui aussi. Sa maladie donnait au moindre de ses gestes une apparence excessivement théâtrale. Je croyais savoir que ces symptômes, chez Malraux, étaient dûs à la malaria, qui, comme vous savez, peut aussi vous ravager la neuronnerie. De toute manière, un tableau symptomatique ne fait pas une maladie, et de le baptiser ne fait souvent que masquer la vraie maladie nerveuse. Mais ces réflexions sont a priori, c'est la première fois que j'entends parler de Tourette. Tout de même, j'aimerais bien d'en savoir plus, pour Malraux...

La maladie neurologique dont souffrait Malraux (je ne crois pas que ce soit le paludisme dont l'atteinte qu'il porte au cerveau, quand il la porte, est mortelle à tous coups) ne handicapait nullement la pensée, n'entamait en rien son souffle: elle était un asthme du neurone - l'asthme ne touchant en rien au souffle général de la parole et de l'esprit, ne faisant qu'en précipiter un peu le rythme seulement, le précipitant dans tous ses détours et ses retards, comme chez Proust.

Ce qui frappe dans le Malraux atteint, tardif: cette préciosité de la parole et de l'expression, qui se fraye un passage, se filtre, à toute force, à travers le mal pour tendre son essence à son interlocuteur, du bout des doigts, de la pointe de l'index, dans l'absolu essoufflement.

Il est bien possible que l'association entre Malraux et la maladie de Tourette ait une seule source, mais soit répétée à de très nombreuses reprises suite à un article du Figaro. J'exprime mes réserves en ce qui concerne l'extrait suivant, à plusieurs égards, mais tout de même, cela peut être une pièce à verser au dossier.

Citation

Un personnage dans Candide raconte (chapitre XXI) qu’il a été correcteur d’imprimerie à Paris et que dans cette profession il a rencontré « la canaille écrivante ». C’est là assurément une catégorie de crapules particulièrement méprisable, parmi laquelle il faudrait encore distinguer les pires, les universitaires, qui, non contents d’user de leur instruction, de leur savoir et de leur situation pour tromper et mystifier comme une canaille écrivante ordinaire, trahissent la mission d’éducation et de connaissance qui leur a été confiée par la Société, qui les appointe. Exemple dans le monde médical : colloque au Sénat à Paris les 18 et 19 mars 2005 sur le « syndrome Gilles de la Tourette » (voir article du Figaro des 19-20 mars). Un professeur de médecine monte à la tribune pour parler du cas d’André Malraux dont il a fait un sujet d’étude. Sa conclusion : Malraux n’a pas été affecté par cette maladie puisqu’il a pu exercer sans dommage entre autres son activité de… pilote de chasse ! Notre professeur ignorerait donc, outre qu’André Malraux n’a jamais piloté aucun avion, mais que la réalité est tout autre et qu’au contraire son affection l’handicapait fortement (voir TH Vilmorin sur ce site : « [il] avait des gestes très précis, mais qui ne lui servaient pas à des actions pratiques. Il ne savait pas conduire, il me demandait de lui boutonner le col de sa chemise, et Terzo de tailler son crayon ou d’ouvrir le tube de colle qu’il avait revissé de travers… »)

(Ref.)

J'ai bien lu que la "supercherie" porterait sur le handicap, et non sur la maladie elle-même, mais il me semble que cela donne matière à vérification. Ce qui m'incite à me méfier de cette étiquette est que la description d'une maladie en terme de "syndrome" est presque toujours un cache-misère. Que je sache, personne ne peut préciser une causalité crédible liée à cette "maladie". On invoque des facteurs génétiques associés à des facteurs environnementaux (quelle maladie ne correspond peu ou prou à ces critères ?) N'oublions pas que ce syndrome a été décrit par Tourette en 1885... (Source : Wikipedia.)

Le fait que cette maladie touche les hommes plutôt que les femmes, dans des proportions écrasantes, tend à accréditer la cause génétique (un défaut au niveau du chromosome Y ?). Elle est associée à un "dynamisme" et une énergie particulière manifestée chez l'individu par l'impulsivité, la suractivité, etc. D'où ce titre de syndrome: elle n'est pas une pathologie isolable, elle affecte toute la personnalité. N'ayant pas d'évolution morbide (à la différence du parkinsonnisme), peut-on désigner ce syndrome comme une maladie?

Le terme de sydrome convient à ces "défauts" à caractère non évolutif. Par exemple, l'ADS (Attention Deficiency Syndrome) qui affecte beaucoup d'hommes d'affaires, de responsables de groupes, de décideurs, chez qui ce défaut de concentration et d'attention aux détails serait presque à considérer comme un bienfait, un atout - elle les force en effet à déléguer des pouvoirs à autrui, à lui faire confiance, à s'en remettre à lui, etc. ce qui adoucit leur penchant à se comporter en requin à l'affût et freine leur propension à être des "control freak" (celui qui veut avoir personnellement l'oeil et la main à tout et dominer tout ce qui bouge autour de lui).

» Le fait que cette maladie touche les hommes plutôt que les femmes, dans des proportions écrasantes, tend à accréditer la cause génétique (un défaut au niveau du chromosome Y ?).

Ce n'est pas un argument valable, à mon avis, cher Francis. Les hommes et les femmes ne souffrent pas des mêmes névroses, Freud l'a bien montré à une époque où le phénomène était plus patent encore que maintenant, et la plupart des tics sont à chercher de ce côté-là. Facile, après cela, de les replacer dans des paysages que l'on appelle syndromes. Il me semble d'ailleurs que votre second paragraphe (que je trouve par ailleurs très intéressant) pencherait plutôt vers cette thèse. Et puis, vous avez sans doute remarqué que les congrès de médecine sont faits plus essentiellement pour asseoir la notoriété des intervenants que pour faire avancer la science... Ne serait-ce pas le cas de cette intervention dans ce congrès relaté à l'époque par le Figaro ?

Mais ce qui me turlupine est moins Tourette que Malraux. Pour avoir vu des films sur Malraux, il me semble bien que son mal a été en s'accentuant visiblement. Je ne sais pas d'où me vient cette idée qu'il s'agissait de malaria. N'y a-t-il pas un connaisseur de Malraux dans la salle ? Achèterais-je, par exemple, le livre de Lacouture ?

Sans doute, cher Bernard, si l'on porte les "tics" du syndrome à la colonne "névrose", n'y a-t-il pas lieu d'incriminer les chromosomes; mais au vrai, qu'avons-nous fait en appelant à la barre la "névrose" si ce n'est déplacer le problème en renommant le "syndrome" d'un nouveau cache-misère (car qu'est-ce qu'une névrose, où en sont les limites qui la définissent ?) etc.

Concernant Malraux, oui, contrairement à ce que j'affirmais, il semblerait (ayant revu récemment certaines images de lui dans les années 50) que les symptômes de la "maladie" se soient accentués sur la fin. (Mais ce n'était pas du parkinsonisme). Pourtant le syndrome de Tourrette n'est pas considéré comme évolutif. C'est qu'il doit connaître des degrés, et s'il est transmissible d'une génération à l'autre, il se peut que certains n'en connaissent qu'une forme atténuée.

Concernant Nicolas Sarkozy, qui semble souffrir de véritables difficultés d'expression, de langage (le tutoiement systématique du gosse, l'apostrophe à distance, notamment), l'incapacité de clore spontanément ses phrases autrement que par des points de suspension, l'abondance des tics décontextualisés qui accompagnent la prise de parole, etc.. la suractivité, la brutalité (la grossièreté parfois), le côté je veux être partout à la fois, l'indécolérabilité de l'humeur, dont les effets ne sont maîtrisés qu'au prix de grands efforts (comme dans le débat avec S. Royal où cette douceur artificielle, douloureusement à soi imposée faisait peine à voir) etc. . me font le ranger sans hésiter dans le placard provisoirement étiqueté Tourrette.

Je ne vais pas m'avancer dans ce marais, mais la névrose, au sens freudien du terme, est un concept pris dans une théorie cohérente, tandis que le "syndrome" ne veut dire qu'une sorte de paysage, sans encore l'ombre d'une étiologie. C'est un peu comme les constellations en astronomie : tout le monde sait maintenant qu'elles sont composées par l'observateur naïf de corps célestes qui n'ont rien à voir l'un avec l'autre, qui sont de nature différente, à des distances extraordinairement disparates, etc. Je ne veux pas prêcher la psychanalyse, car Boris est déjà en train de bouillir, mais il me semble que, pour faire appel à l'expérience commune, beaucoup de tics peuvent être vus comme, par exemple, une agressivité rentrée, un désir contrarié, une intention que l'on veut masquer, une impulsion que le désir de plaire refoule, etc.

Cher Bernard, Boris ne bout pas ; il est bouillu.

Aux Etats-Unis, on vient d'infliger une peine de deux années de prison, avec sursis lié à l'obligation de soigner son syndrome de Tourrette (à l'halopéridol, semble-t-il, n'ayant rien trouvé de mieux pour le moment) à un homme d'une trentaine d'années je crois, coupable savez-vous de quel délit ?

Celui d'avoir en toute discrétion, en toute confidentialité, en tout bien tout honneur, proposé à un gros milliard de personnes, à de multiples reprises, de se faire refaire le pénis dans des conditions avantageuses. C'est cela: on a coffré le "roi du pourriel" et de la proposition salace et honteuse: un "Tourrette".

Certaines maladies du comportement ont de simples causes physico-chimiques qui ont trait au métabolisme du cerveau. La dopamine qui ne se métabolise plus aussi bien, et vous voilà jouant votre fortune, tous vos biens, à la roulette, des nuits entières, jusqu'à la ruine, ou inondant la planète de bons plans "pénis" pour l'été. C'est ainsi. La chair est faible.

Si je vous suis bien, pensez-vous que le parlement devrait imposer l'Halopéridol au Tourette qui dirige la France ?

C'est bien à cela que je voulais en venir, cher Bernard, et je me réjouis que vous m'ayez suivi jusque là. J'ai en effet dans mon carnet d'adresse un laboratoire qui en fabrique des quantités qui, si nous pouvions convaincre les pouvoirs publics de l'ubiquité cachée de ce mal et de l'impérative nécessité de son traitement prophylactique, permettraient, à concurrence d'un nombre de doses administrés par injections répétées aux populations concernées, de dégager un chiffre d'affaires qui dans un premier temps laisse envisager...etc...

Remarquez, il y a aussi la médecine ayurvédique, qui permet souvent d'éviter la camisole chimique... Mais il faut des prédispositions que l'on trouve rarement dans le milieu du show biz...

J"ai entendu dire (mais par qui ?) que Malraux consommait de la cocaïne. Je ne sais pas si cette drogue provoque de tels symptômes. Quant au syndrôme de Tourette, je n'en serais pas tellement surprise, compte-tenu du contraste entre certains propos ou attitudes et les capacité exceptionnelles dont me semble faire preuve ce président. Mais heureusement ce serait une petite Tourette.Peut-être suit-il un traitement psychologique de type comportemental, comme il en existe pour les bègues (cf. Bayrou), si un tel soin est possible.

Ostinato, vous sauvez le PI, vous le savez ?

?????
En tous cas j'aime bien l'ambiance détendue ici, qu'elle ne fut pas toujours.

!!!!!!

Détendus, nous ?! Non mais vous plaisantez !

Cette appréciation concerne le phorum qui a connu des tons agressifs, des discussions dures et des tentatives d"appropriation.