Le site du parti de l'In-nocence

Y'a photo

Envoyé par Francis Marche 
30 juillet 2008, 19:23   Y'a photo
Orimont vous propose des légendes sans images; je vous propose une image sans légende, ou plutôt, une image qui contient deux légendes. A vous de les nommer. Cette image est douce et assez belle: on y lit un respect mutuel à six chez des personnes qui, pour appartenir à des univers très accessoirement, très légèrement convergents, ne s'en reconnaissent pas moins dans une sorte de communion civile d'artistes et de gens du monde, émanation ou motif, on ne sait, chacun apparaissant inspiré par une forme d'ipséité respectueuse de la valeur des autres, du "respect mutuel". Il y aurait un livre entier à écrire sur cette photo, où les personnages posent évidemment, mais chacun non tel qu'il est où souhaite rester dans les mémoires et pour la postérité mais en référence harmonieuse à l'instant et à l'aboutissement des cinq autres (cela fait six être aboutis, mis bout à bout autant que parvenus à cette destination majeure inscrite dans l'instant). Chacun sait, dans le geste, mettre en valeur les cinq autres et se mire ainsi, serti dans le groupe. L'art du portrait de groupe est sans mise en scène qui ne soit émanation du désir profond des acteurs: si l'humanité pouvait fonctionner comme cela, en respectueuse chorégraphie réglée sur une harmonie interne à laquelle chacun s'intime d'obéir, nous serions sauvés du jugement dernier comme de celui que nous vaudra le regard des générations futures.

30 juillet 2008, 19:34   Photo
J'y reconnais Audrey Hepburn et Villa-Lobos, mais personne d'autre...

Si cette image parle du film auquel je pense, où est passé Tony Perkins ?
30 juillet 2008, 19:49   Re : Y'a photo
Victoria de Los Angeles ? Couple de souverains belges de part et d'autre ?
30 juillet 2008, 20:16   Re : Photo
Cher Jmarc,

Vous êtes de la race de ces boxeurs que, dans les années 50, l'on interdisait de combat, pour ne pas risquer de "s'user inutilement", où de celle de ces automobiles de Formule 1, que l'on doit pousser à main d'homme, pour ne pas déranger inutilement le moteur, trop lourd, trop précieux, trop au-dessus des hommes.
Utilisateur anonyme
30 juillet 2008, 21:10   Re : Y'a photo
Cher Francis j'espère que vos tiroirs sont encore pleins de ce genre de glanures...
Utilisateur anonyme
31 juillet 2008, 10:42   Re : Y'a photo
Y'a pas photo : si peu d'images dans mon stock que c'en serait inquiétant.
31 juillet 2008, 18:45   Re : Y'a photo
Vous me décevez Bernard, vous me décevez profondément, moi qui avais tant misé en vous. Non, vraiment.

Voyez-vous, j'avais quelques petites remarques à vous soumettre qui pouvaient toucher au fondamental ou tout au moins l'effleurer avec élégance, que je garderai pour moi, préférant, à tout prendre, y laisser mordre un Didier Goux. Voilà, tout est dit.
31 juillet 2008, 18:51   Re : Y'a photo
Francis, ne vous fâchez pas, pensez que, rien que pour vous, date de la poste faisant foi, j'ai résisté plus de vingt heures à donner la réponse que j'avais trouvée par mes propres moyens !

Toujours d'accord pour le fondamental, vous le savez bien (d'ailleurs, vous voyez bien, je ne parle pas des sondages belges...) Alors, si je vous déçois, un bon mouvement, je vous en supplie...
31 juillet 2008, 19:26   Hollywood
C'était donc bien "Green Mansions"...


Je ne m'explique pas l'absence d'Anthony Perkins, dont ce fut le premier grand succès.



[movies.yahoo.com]

Il est dit quelque part dans l'oeuvre du Maître qu'il y avait, entre lui et Tony Perkins, une certaine ressemblance.

Savez-vous, bien cher Francis, dans quel rôle j'avais trouvé Anthony Perkins le plus inquiétant ?
31 juillet 2008, 19:30   Re : Y'a photo
Ce n'était pas dans Psycho ?
31 juillet 2008, 19:42   Le glaive et la balance
Non, c'était dans celui-là.

Norman Bates est un détraqué, en tout cas un homme très seul.

Dans "Le glaive et la balance", Tony Perkins joue le rôle du parfait amoureux, Américain en France, il chante même en français. Il est l'amant d'une jeune fille, et se retrouve accusé de l'enlèvement et du meurtre d'un enfant.

Or, il y a trois accusés, alors qu'on sait qu'il n'y a que deux coupables. A la toute fin du film, après le verdict qui les innocente, ils sont tous trois dans un fourgon. A cet instant, un des trois dit aux deux autres qu'il n' y est pour rien, on voit le sourire et le regard d'Anthony Perkins, et on comprend que lui est bien coupable.
31 juillet 2008, 20:44   Re : Le glaive et la balance
C'est que le sourire et le regard d'Anthony Perkins, quel que soit le film (Psycho se clot sur ce sourire et ce regard de Perkins qui suivent une mouche qui lui court sur la main), désignent un sacré coupable.

Concernant cette image. J'avais envie de vous dire que les regards qui se croisent devant l'objectif révèlent un sujet collectif occidental, disséminé et déterritorialisé qui offre cette particularité d'être sans pareil au monde: en Orient, en Afrique, on fixe l'objectif dans les portraits de groupe, on brigue l'attention de l'oeil mort de l'objectif et de la postérité pour soi, soit l'individu qui, par ailleurs et dans le vif du quotidien, n'existe guère, ne brille guère.

Le modèle, le grand particulier occidental est que ces individus choisissent en cet instant de se comporter comme des demi-dieux qui face à la mort et sa claire postérité ne briguent rien mais s'attachent tout au contraire, plaisamment, à oeuvrer à l'image de ce groupe qui n'en est pas un, qui n'en est pas même un semblant. Chacun a choisi dans une modestie très paradoxale à l'Occident de n'exister dans la postérité que pour mettre en valeur ce groupe de contingence, d'occasion, ce non-groupe.

L'Occident a inventé le réseau contingent, le réseau faible (comme en cosmologie il y a des relativités faibles): l'un est producteur à Hollywood d'un film ("Green House") qui a pour théâtre la selve sud-américaine, tel autre est Heitor Villa-Lobos, musicien brésilien pré-tropicaliste, et donc présent ici, homme dont l'oeuvre, par l'ampleur et l'ambition, n'est pas moindre que celle de Jean-Sébastien Bach (Villa-Lobos est le Jean-Sébastien Bach de l'Amérique latine), cette autre est l'épouse de ce musicien; dans un coin, se tient Castelnuevo-Todesco, auteur de musiques de film à Hollywood, exilé d'Italie parce que juif, et proclamant, honteux (d'une honte ô combien respectable!) que le cinéma est à ce continent ce que l'opéra avait été à l'Europe.

Et Audrey. La superbe Audrey aux yeux de mouche qui est la Rima de ce film, Green House, et qui, consciente tout à coup, en vrai professionnelle, qu'en cet instant, va se jouer un portrait, choisit, à l'insu de tous, bien évidemment, d'en être, à l'instar d'une danseuse balinaise, la metteuse en scène. Que fait-elle ?

Simple: elle fait ce que font les danseuses balinaises: elle laisse échapper côté cour un regard "échappé", en allé, cependant que sa main, côté jardin, s'en va dans la direction opposée proposer à l'objectif d'adopter le sujet du portrait. Le tout discret, le tout diffus, le disséminé maître-objet occidental et acteur-catalyseur du groupe-histoire, Hector Villa-Lobos, est désigné à l'objectif par cette main rêveuse de la star effacée, échappée par le regard.

L'Occident a inventé le réseau global et mondial dont atteste ce fait: sur aucune "photo de famille" de ces familles de gouvernants, vous ne verrez les sujets s'instaurer "sujets" de l'histoire en fixant ensemble l'objectif: au Conseil de l'Europe, au parlement européen, au G8, n'existent que des réseaux, des entrecroisements de regards, de considérations relatives et paradoxales, jamais de focale, jamais de regard absolu. En Orient le braquage d'objectif n'admet qu'une alternative:

1/ tous la gueule enfarinée dans la focale, le sourire dans la parallaxe ou

2/ tous la gueule enfarinée dans le profil du Chef, seul autorisé à rigoler dans la parallaxe.

L'Orient, rigide et absolu dans son regard sur le lendemain historique, digère mal les réseaux et leur souveraine, dynamique relativité. On vient d'en avoir encore la confirmation cette semaine avec la décision chinoise de tailler le Réseau, la Toile, à la mesure fixée par son regard résolument auto-amputé sur le monde.
01 août 2008, 16:12   Re : Hollywood
Cher Jmarc,

Il n'y a qu'à vous seul que je peux confier cela: Antony Perkins, Yukio Mishima et Renaud Camus sont trois facettes d'un même personnage.
01 août 2008, 20:56   Assez vrai
Bien cher Francis,


Cela me paraît assez vrai !

Le château de Plieux sera-t-il le Pavillon d'Or ?
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