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Une dépêche de la Mena à propos de l'affaire Siné...

Envoyé par Gérard Rogemi 
Siné : pas une glissade isolée (1ère de 2 parties) (info # 013107/8)
Par Stéphane Juffa Thursday 31 July [13:25:00 BST]

© Metula News Agency

Je trouve nécessaire de me pencher moi aussi sur la polémique Val-Siné qui agite le microcosme de l’intelligentsia française. Nullement que je ressente le besoin d’ajouter ma profession de foi dans la balance des pro ou des anti-Siné, pour qu’au comptage des voix des intellos – ou supposés tels – la mienne ne manque pas au décompte.

Toutes ces prises de positions, lorsqu’elle émanent de confrères journalistes, irritent les rédacteurs de la Ména, nous apparaissent comme des manifestations d’orgueil de leurs auteurs, et, surtout, s’éloignent de notre engagement : nous préférons voir les journalistes faire leur métier de journalistes. S’ils ont une plume et un accès privilégié au public, ce n’est pas pour l’utiliser à remplir des pétitions. Et si on n’a pas un angle d’analyse documenté et rafraîchissant à ajouter à une discussion, la modestie invite à garder le silence.

Du haut de notre rocher au vent, surplombant le Hezbollah, nous constatons la dérive clanique des media tricolores et déplorons d’y distinguer de moins en moins d’information et de plus en plus de Jeandanielisme. C’est à force de passer son temps à se considérer très important, au point de remplacer la méthode journalistique par des prolixités magistrales, que l’on pousse l’auditoire vers l’Ile de la tentation, que l’on perd l’attention des gens et que l’on désinforme.

Certains feraient bien de garder en mémoire que le journalisme est un art mineur – même si indispensable lorsqu’il remplit sa fonction – et que c’est avec les articles de la veille qu’on emballe ce matin les poissons sur tous les marchés de la planète.

J’ai quelque chose d’urgent et de différent à dire sur la controverse de Charlie Hebdo, c’est la raison pour laquelle je m’exprime. Contrairement à ce que je lis sur le sujet, je ne considère pas que nous soyons en présence d’une glissade dénuée d’intérêt général de la part du dessinateur. A mes yeux, cette affaire est grave, elle dépasse la personne de Siné, car elle révèle des acoquinances politiques sulfureuses gauche-droite, des sentiments antisémites conditionnés, modèle 1938, chez une partie non négligeable de l’opinion française, ainsi que la consolidation du groupe de pression, qui réclame, en France, la reconnaissance du privilège de stigmatiser publiquement Israël et les Juifs quels que soient leurs actes.

Tout d’abord, dire clairement que les propos tenus dans la Zone de Siné dans Charlie, n’ont pas été la cause de sa mise à pied mais la goutte d’antisémitisme de la part du caricaturiste qui a fait déborder le vase. Car certes, observé avec un minimum de rigueur, l’amalgame portant sur Jean Sarkozy et la famille Darty, assimilant les Juifs à l’argent et au pouvoir, participe d’une antienne qui a envoyé nos grands-pères dans les fours crématoires [1].

La règle de base définissant l’antisémitisme et le racisme est simple à pleurer : tant qu’il s’agit de dénoncer les agissements de certains individus, même de façon acerbe, vulgaire ou caricaturale, on reste dans la sphère de la critique. A l’inverse, quand on stigmatise une personne ou un groupe de personnes pour ce qu’ils sont et non pour ce qu’ils font, ou lorsque l’on généralise un comportement nuisible – ou prétendu tel – à une nation, un groupe ethnique ou une religion, on se rend coupable d’un acte raciste, voire antisémite si ses victimes sont israélites.

Pour être tout à fait transparent dans mon propos, je préciserai que le texte paillard publié par Siné dans la livraison de Charlie Hebdo du 11 juin dernier :

"Je n’ai jamais brillé par ma tolérance mais ça ne s’arrange pas et, au risque de passer pour politiquement incorrect, j’avoue que, de plus en plus, les musulmans m’insupportent et que, plus je croise les femmes voilées qui prolifèrent dans mon quartier, plus j’ai envie de leur botter violemment le cul !

Leurs maris barbus embabouchés et en sarouel coranique sous leur tunique n’ont rien à leur envier point de vue disgracieux. Ils rivalisent de ridicule avec les juifs loubavitchs ! Je renverserais aussi de bon cœur le plat de lentilles à la saucisse sur la tronche des mômes qui refusent de manger du cochon à la cantoche"

n’est pas raciste.

Siné y décrivait, certes à sa façon, les agissements des musulmans qui voilent leurs femmes dans son quartier et des mêmes musulmans et des juifs loubavitchs, qui se laissent pousser la barbe, s’habillent et se nourrissent d’une façon distinctive, dictée par un engagement confessionnel (un choix). Il décrivait de manière colorée les sentiments que ces actes lui inspirent, sans, pour autant, préconiser de "représailles" susceptibles d’entraîner des blessures – une saucisse dans la gueule n’a jamais tué personne -, exprimant ainsi des préférences laïques au demeurant licites.

Les rédacteurs israéliens de la Ména ne sont pas moins scandalisés et révoltés lorsqu’ils croisent dans leurs rues des petites filles de dix ans, que des extrémistes néo-juifs attifent de force de bas de laine par 35 degrés à l’ombre, suivant, par ce supplice qu’ils infligent, des considérants religieux oiseux visant à l’humilité comportementale. S’en prendre ainsi à des enfants pour juguler l’excitation sexuelle qu’ils pourraient ressentir pour des fillettes immatures, me fait penser que ces tortionnaires sont des pervers sexuels. Ce qui nous empêche d’intervenir directement ne tient qu’au respect de l’ordre démocratique, même si, parfois, la retenue est presque insupportable et que nous nous sentons lâches.

J’en ai autant et même davantage pour les possédés catholiques qui, au Portugal, parcourent des kilomètres sur leurs genoux pour aller adorer une statue de pierre. Pour l’exploitation que l’Eglise fait à Lourdes des dernières illusions de millions de malades.

Rien n’égale toutefois les décapitations publiques des homosexuels décrétées par la "justice" saoudienne, ni les lapidations décidées par son homologue iranienne. Il est vrai que lorsqu’on a beaucoup de pétrole, on n’a pas besoin de justice. Il faut reconnaître aussi que, parmi les trois religions abrahamiques, les néo-juifs sont les seuls à n’avoir jamais évangélisé la planète sur la lame de leurs sabres. Qui ne sait pas distinguer ce genre de nuances et leur portée subira toute sa vie les opinions des autres. Il y mal, très mal, et pire que mal !

Rien non plus, dans l’énumération des exemples qui précèdent ou du sentiment qu’ils m’inspirent n’est raciste, islamophobe ou antisémite. Ce qui l’est, en revanche, c’est ce que Siné avait déclaré au micro de Radio Carbone 14, en 1982, au lendemain de l’attentat meurtrier de la Rue des Rosiers :

"Je suis antisémite et je n’ai plus peur de l’avouer. Je vais faire dorénavant des croix gammées sur tous les murs. Je veux que chaque juif vive dans la peur, sauf s’il est propalestinien. Qu’ils meurent".

Le fait de souhaiter publiquement la mort de tous les Juifs qui ne pensent pas comme lui, et, partant, de la totalité des Israéliens, constitue un précédent catégoriquement antisémite à l’opus sur la conversion de Jean Sarkozy.

Certes, Siné avait affirmé qu’il était ivre et s’était excusé auprès de la Licra, et alors ? Ceci lui valut une condamnation totalement méritée, non pas de la part de Philippe Val, mais de l’incontournable 17ème Chambre correctionnelle de Paris, pour incitation à la discrimination, à la haine et à la violence raciales.

Cet antécédent parmi d’autres démontre à l’envi que Siné est un antisémite et antisioniste primaire, récidiviste et indécrottable. Son article sur Jean Sarkozy annule la présomption de sincérité qu’auraient pu faire naître ses excuses de 1982.

D’ailleurs, le regretté Pierre Desproges, qui avait le nez pour reconnaître la faisanderie, dès décembre de la même année, avait correctement caractérisé la démarche politique de Siné, qu’il décrivit comme figé et embourbé : "Vous êtes de ces pacifistes bardés de grenades et de bons sentiments prêts à éventrer quiconque n'est pas pour la non-violence.". Complétant l’estocade par : "Siné possède la particularité singulière (bonjour les pléonasmes) d'être le seul gauchiste d'extrême-droite de France". C’était juste à l’époque !

Les membres du lobby en faveur du droit de dessiner des Svastikas partout où ils l’entendent n’auront pas le loisir de classer l’âme de Desproges parmi les porte-flingues d’Israël, leur pêché mignon pour discréditer leurs contempteurs ; car ce dernier avait été l’un des premiers à se risquer, dans un sketch, à critiquer la coutume des mariages intra-communautaires dans les rangs des Juifs de France. Anne Sainclair et Yvan Levaï, que l’humoriste avait pris comme têtes de Turcs, ne sont pas encore près d’oublier les flèches que Desproges leur avait décochées.

Ceci doit inciter à manipuler avec des pincettes les pétitions de soutien à Siné qui font florès dans la presse tricolore. Leurs signataires ont, au mieux, perdu la mémoire. A moins que nous ne soyons – et c’est beaucoup plus probable - en présence du groupe de pression auquel je fais référence, et qui soutient sans discernement tout ceux qui portent atteinte aux Juifs et à Israël.

Dans l’Obs, on retrouve, quelques semaines après la pétition de ceux qui jurent sur la tête de leurs mères avoir vu l’assassinat de Mohamed A-Dura dans le film d’Abou Rahma, dans un format à l’identique, un appel de soutien à Siné. Le Nouvel Observateur est en train de se spécialiser, l’air de rien, dans les manifestes d’assistance à ceux qui sont soupçonnés d’avoir commis des actes antisémites ou anti-israéliens. Cela ne va pas sans rappeler également la pétition dans Le Monde de la béquille à Edgar Morin ; Morin, que la Ména avait dénoncé pour avoir écrit que les Juifs prenaient leur pied à maltraiter leurs voisins. De la belle ouvrage assurément antisémite !

Ce n’est donc pas une surprise de retrouver beaucoup des mêmes signatures au bas de ces diverses déclarations publiques, ni de voir le paraphe de Morin au pied de l’œuvre de soutien à Siné. Quand on déclare que tous les Israéliens prennent plaisir à maltraiter leurs voisins, il est somme toute assez prévisible que l’on soutienne un énergumène que l’ego pousse à peindre des croix gammées sur tous les murs qu’il rencontre.

Note :

[1] "Jean Sarkozy, digne fils de son paternel et déjà conseiller général UMP, est sorti presque sous les applaudissements de son procès en correctionnelle pour délit de fuite en scooter. Le parquet (encore lui !) a même demandé sa relaxe ! Il faut dire que le plaignant est arabe ! Ce n'est pas tout : (Jean Sarkozy) vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d'épouser sa fiancée, juive et héritière des fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie ce petit !"

A suivre…
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