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Prolétarisation : le dogme fondateur

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
02 août 2008, 09:07   Prolétarisation : le dogme fondateur
"Aujourd'hui tout le monde travaille. Les acteurs ne jouent plus, désormais ils travaillent. La princesse de Galles divorce, mais elle veut rester princesse de Galles comme devant, et surtout continuer son travail, c'est-à-dire l'accomplissement de ses fonctions officielles qui lui sont échues du seul fait de son statut d'épouse du futur roi d'Angleterre. Comme il y a de moins en moins de travail, tout devient travail. "Je n'ai pas travaillé aujourd'hui", dit le constructeur de corps qui n'est pas allé à son cercle de gymnastique. "Pourtant il faudrait que je travaille mes cuisses...""

Nuits de l'âme (ler janvier 1996)
Utilisateur anonyme
02 août 2008, 09:29   Re : Prolétarisation : le dogme fondateur
"Vivre, pour l'homme, a toujours signifié travailler", rappelle le philosophe Michel Henry ("Réinventer la culture", in "Le Monde des débats", sept. 1993). Même si l'emploi abusif du mot travail ne laisse pas d'agacer, il reste un mode, LE mode, "d'hominisation privilégié".
C'est l'heure! Je vais travailler mes huîtres et mon muscadet.
Je vais peut-être aller travailler ma sieste.
Utilisateur anonyme
02 août 2008, 14:32   Re : Prolétarisation : le dogme fondateur
… et moi ma salade de tomates…
Utilisateur anonyme
02 août 2008, 15:37   Re : Prolétarisation : le dogme fondateur
Si Michel Henry lisait ça...
C'est le "Michel Henry" de "La Barbarie" paru en 1987 (?) livre que certains esprits avisés avaient su, à l'époque, critiquer avec toute la pertinence nécessaire pour me détourner de cet auteur ("très exactement le type d'ouvrage que l'Université impose à son prébendé de publier en recyclant son matériel de thèse., etc."). Deux types d'essayistes en France: le prébendé universitaire; le prébendé médiatique. Quand enfin en sortirons-nous ? Quand reviendrons-nous enfin à la pensée, au chapitre, à la crypte ?

(Le réseau, le réseau-chapitre, celui de la Toile, serait dans cette perspective un retour heureux à la crypte, à la pensée enfin seule, libérée du trivial et de l'imposition socialo-mondaine !)
Utilisateur anonyme
02 août 2008, 16:39   Re : Prolétarisation : le dogme fondateur
"C'est le "Michel Henry" de "La Barbarie" paru en 1987 (?)"

Ouich... mais pas seulement :


• Philosophie et phénoménologie du corps, ( P.U.F.) 1ère ed. 1965
• Phénoménologie matérielle (1990), ed. P.U.F
• L’essence de la manifestation, ed. P.U.F., 1963
• Voir l'invisible, essai sur Kandinsky
• Marx I,II, ed.Gallimard, 1991
• Les romans de Michel Henry
• Du communisme au capitalisme, O. Jacob, 1990
• Phénoménologie de la vie, ed. P.U.F., 2004
• La Barbarie, 1ère ed. Grasset, 1987
• Les dernières œuvres, 1996 - 2002
Merci Pascal.

J'ignorais que ce Michel Henry ait publié deux tomes sur Karl Marx.

Je m'interroge sur l'intérêt qu'il y eut, de sa part d'écrire et de ma part qu'il y eût de lire, un "Marx I, II" de Michel Henry en 1991. Qu'est-ce que l'économiste de Trèves a bien pu inspirer comme glose à Henry ? Karl Marx, était un compteur comme d'autres sont des conteurs, sa particularité étant que lui, K.M., était les deux. Qu'est-ce qui donc, chez ce grand spéculateur impuissant que fut Karl Marx, ait pu motiver notre universitaire à se lâcher sur, je suppose, 400 pages ? K.M. était un gros calculateur, faiseur de plans, admirable et vain, comme tous les gros faiseurs de plans dans l'ère fuyante que vivait l'Europe d'alors. Un gros fixiste, ce K.M., si vous voulez mon avis. Un gros phare laissé derrière les siècles, dont le démantèlement, la démolition coûterait trop cher en main-d'oeuvre pour mériter aujourd'hui, et déjà en 1991, d'être entreprise.
Utilisateur anonyme
02 août 2008, 17:56   Rechûte
N'ayant que trop divagué sur ce thème, je m'étais promis de ne plus y revenir et ce n'est que d'avoir glané cette observation pleine d'humour dans les journaux de Renaud Camus qui a écorné cette sage résolution de garder pour moi tout le mal que je pense de ce qu'est devenu le travail. Philosophiquement, bien sûr, l'homme travaille, il est même en travail permanent, de sa naissance à sa mort. Mais cette condition selon moi, n'a aucun rapport avec ce fétichisme obsessionnel, névrotique et totalitaire qui a fait du « travail » l'alpha et l'omega de toute existence, avec pour première conséquence que deux minutes d'observation du monde permettent de constater qu'aujourd'hui la matrice de toutes les nuisances (langagières, environnementales, sociales) c'est bien la conception hégémonique du travail, du taf, du gagne-pain, considérée comme seule et unique issue, d'abord économique, bien sûr, mais par-dessus tout existentielle. Pas un pouce de territoire, par exemple, qui ne puisse résister au rouleau compresseur de la « création d'emplois », « cause nationale » au nom de laquelle toute aberration trouve à se justifier, pas une couleuvre qu'on ne soit prêt à supplier d'avaler pour se voir délivrer ces nouvelles lettres de noblesse : C.D.I., quitte à renoncer à toute espèce de dignité humaine.

Fille naturelle de la prolétarisation, la haine et l'opprobre jetés sur « l'oisiveté » n'a d'égale, dans nos sociétés, que celle qui prévalait en Union soviétique et d'ailleurs, comme dans ce défunt pays, on vise ici à cette plus dangereuse de toutes les chimères : le plein empoi et, pour ce faire, on multiplie à l'envi les pseudos-activités, les activités de néant, les ridicules besoins d'aménagement, les non-moins piteuses « prises en charge » et autres « emploi de service », que sais-je, tout en détruisant méthodiquement les occasions, précisément, de travailler VRAIMENT, parce que c'est utile, agréable, parce que ça élève, et non pour satisfaire à la moraline de la « sueur du front » ou parce qu'on ne sait rien faire d'autre. Cette mascarade restera pour moi la marque indélébile de l'époque et ce qui me l'a rendu particulièrement détestable. . Etc. etc. etc. Bon, ça va. Toutes mes excuses.
Utilisateur anonyme
02 août 2008, 20:44   Marx contre les "bobos".
Je rebondis sur le message de Francis pour rappeler que, dans ses articles sur la colonisation aux Indes, Marx écrit que malgré toutes les cruautés qu'elle a pu engendrer, celle-ci n'en a pas moins eu des vertus positives dans la mesure où elle a tiré de l'"inactivité" et de la "léthargie" des régions du monde que des structures sociales "archaïques" maintenaient dans un total mépris du travail. - Intéressant, non ?
Utilisateur anonyme
02 août 2008, 21:02   Re : Prolétarisation : le dogme fondateur
(Moi je les aime bien, les rechutes d'Orimont...)
02 août 2008, 21:55   Re : Rechûte
Oui ! Bravo, Orimont, c'est bien dit.
C'est malin Francis, maintenant je me demande bien ce qui m'a plu dans La barbarie de Michel Henry. J'aurais pourtant juré que c'était une puissante offensive contre l'extension des savoirs objectifs au détriment de la culture. Que reproche-t-on à cet ouvrage exactement ?
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