Qu'il sera doux, ô Cassandre, depuis le sable chaud d'un rivage abrité, de contempler le pédalo socialiste aux prises avec les rudes assauts de la tempête ! Nous boirons du meilleur Falerne tamisé par votre maître de chai et parfois regarderons d'un oeil amusé les vagues frapper le frêle esquif et son flageolant capitaine. Il y aura la vague des émeutes brûlant des chars pendant des nuits entières pour fêter le départ de l'ennemi, il y aura la vague des usuriers de toutes nations accablant le trésor public d'intérêts extravagants, la vague des capitaines d'industrie fuyant le pays en y laissant des hordes d'inemployés, mais qui pourrait compter toutes ces vagues amères ? Nous, nous deviserons gaiement, peut-être des présocratiques ou du clinamen d'Epicure et je finirai par vous donner raison, comme toujours.

Mais que vois-je, chère amie, que vois-je ? Nos deux silhouettes sur le pédalo agité par l'onde amère ! Si, si, je nous reconnais, nous ne sommes pas commodément assis sur ce rivage, c'était un rêve. Nous sommes embarqués nous aussi sur ce pédalo ridicule menacé par le courroux des flots ! Et voilà que le capitaine flageolant fait monter à bord des clandestins, Numides hargneux et Garamantes riches en enfants qui nageaient vers l'Italie pour participer aux distributions gratuites de blé de l'annone. Ah, le naufrage du pédalo est sûr, prends pitié de nous, ô Poséidon tyrrhénien...

Donc, si vous m'en croyez, mignonne, tandis que le questeur et ses esclaves promèneront l'urne fatale dans la foule des citoyens assemblés, griffonnez donc sur votre tesson le nom de Nicolaus pour prochain consul, même si c'est d'une main lasse. Je sais, je sais, il est fantasque, commet beaucoup de solécismes, raille les maîtres qui font encore étudier les hexamètres dactyliques. Mais il ne manque pas d'énergie, on l'a vu plusieurs fois aller au fond de la ténébreuse Germanie pour convaincre une riche magicienne teutonne qui change en or tout ce qu'elle touche d'en donner un peu aux pauvres Athéniens qui mouraient de faim à cause de leurs folles prodigalités. Votez, votez, n'attendez au sept mai, cueillez dès aujourd'hui les roses de Neuilly. (Pas terrible comme chute, je reconnais.)

Ah, si, les roses de Neuilly, c'est enlevé !

Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots...

Superbe ! cher Alain N.

Ah ben d’accord ! Très fort... Vous allez voir kivonnoulapiké...

Bravo ! même eu un frisson pour :" commet beaucoup de solécismes, raille les maîtres qui font encore étudier les hexamètres dactyliques. "

Plaudite, cives !

Oui, les roses de Neuilly, c'est vraiment exotique.