Que les attaques contre le livre de S.G. fussent injustes, en partie idéologiques, c'est certain, mais pour autant JGL ne montre pas le sérieux du livre, il se contente de rappeler les titres universtaires de son auteur.
Un titre universitaire n'est pas un argument (ni pour ni contre). On peut être bon ou mauvais chercheur et faire partie de l'université.
L'article ne me semble pas apporter grand-chose au débat.
J'attends avec impatience l'émission de Jacques Le Goff, "Les lundis de l'histoire", où S.G. est invité pour pouvoir se défendre, car Jacques Le Goff est plutôt un partisan de son livre. Il serait bien qu'au cours de l'émission un spécialiste dubitatif quant à la qualité du travail vînt disputer avec lui.
Nos autres pourrions nous faire une idée plus claire de toute la question.
J'en veux pour ma part davantage aux journalistes qu'à SG dont j'ai lu le livre trop vite. Mais des journalistes ne connaissant rien à la question se sont, comme d'habitude, empressé d'asséner des "vérités", se sont réjoui de thèses nouvelles, alors que lesdites thèses n'avaient rien de nouveau et que les vérités qu'ils assénaient n'en étaient pas et n'avaient même souvent rien à voir avec le contenu du livre, lu trop vite ou mal, faute d'une connaissance minimale du Moyen Âge.
Dans cette affaire, on retrouve les mêmes mécanismes aveugles quand dans l'affaire Faye (ou Heidegger). La plupart des gens (à commencer par les journalistes), ignorant et l'allemand et la pensée de Heidegger affirmaient avec certitude ceci ou cela. Leur ignorance les conduisaient à parler avec une morgue et une assurance inouïes.
Dans l'affaire SG, il y a, me semble-t-il, deux ordres de questions :
1) celle qui touche la qualité du travail de SG. Elle inclut celle qui touche son originalité (très relative).
A son propos, un débat entre spécialistes citant les textes est nécessaire.
2) celle qui touche l'éventuelle partialité idéologique de la thèse du livre ; son corollaire est celle qui touche l'éventuelle partialité idéologique de ses détracteurs.
A propos de la question de l'idéologie, il n'est pas à exclure que les deux parties fussent idéologiquement partiales. Elle n'est de toute manière tranchable qu'une fois la première éclairée. En effet, tout ce que SG avance qui n'est pas fondé sur une véritable analyse, peut être considéré comme idéologique et tout ce que ses détracteurs affirment touchant le livre qui ne s'appuie sur aucune citation du livre peut également être considéré comme idéologique.
Ces deux questions doivent être traitées séparément (ce qu'aucun journaliste ne prend le temps et la peine de faire). Il me semble que sont en jeu plusieurs choses :
1) le sérieux de la recherche universitaire et la possibilité d'en débattre publiquement.
2) le sérieux des recensions des ouvrages de recherche universitaire, qu'on peut mettre en doute tant il est patent que toutes ces recensions sont faites à la va-vite sans que rien ne fût vérifié par le recenseur.
3) la possibilité de débattre publiquement de nos racines.
4) la question de notre identité et de la manière dont il est possible de la définir et de la construire.
5) l'éternelle liberté d'expression : on ne peut plus rien dire sur rien sans qu'une partie d'un camp ou de l'autre monte sur ses grands chevaux et menace des tribunaux (politiques, moraux, juridiques, voire divins).
Pardonnez ce long message, mais j'espère avoir un peu éclairer la question (question que je trouve capitale, en dépit de son aspect purement universitaire).