Jacques Laurent aborde la question dans
Le français en cage (1988). Il montre que certaines "normes" grammaticales des professeurs modernes n'ont aucun fondement dans l'histoire de la langue. Ainsi, les professeurs exigent (ou exigeraient) que leurs élèves disent ou écrivent "consentir à ce que" (et non "consentir que"), "aimer à ce que" (et non "aimer que"), "s’attendre à ce que" (et non "s’attendre que"), "demander à ce que" (et non "demander que"). Les écrivains des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles disaient "s'attendre que" ou "consentir que" et non pas "s'attendre à ce que" ou "consentir à ce que", comme l'atteste la consultation rapide des anciens dictionnaires.
Dictionnaire de l'Académie française, 1762 : "Je m'attends qu'il me manquera de parole; je m'attends que vous viendrez demain".
Féraud (1788) : "S'attendre régit aussi la conjonction que, quand le sens est affirmatif avec l'indicatif, et quand il est négatif, avec le subjonctif : "Je m'attends qu'il viendra, je ne m'attends pas qu'il vienne; ne vous attendez pas que je le fasse, et non pas, que je le ferai".
Dictionnaire de l'Académie française, 1798 : "attendre s'emploie aussi avec le pronom personnel, et signifie se tenir comme assuré de quelque chose, compter sur quelqu'un, sur quelque chose. Je n'en fus pas surpris, je m'y attendois bien. Je m'attends qu'il me manquera de parole. Je m'attends que vous viendrez demain. Je ne m'attendois pas que les choses dussent tourner si mal"; 1832-35 : "ATTENDRE s'emploie souvent avec le pronom personnel, et signifie se tenir comme assuré de quelque chose, compter sur quelqu'un, sur quelque chose. Je n'en fus pas surpris, je m'y attendais bien. Je m'attends qu'il me manquera de parole. Je m'attends que vous viendrez demain. Je m'attends à rencontrer bien des difficultés. Vous auriez dû vous y attendre. Je ne m'attendais pas que les choses dussent tourner si mal. Après cela, on peut s'attendre à tout".