JGL écrivait:
-------------------------------------------------------
> Jadis, il était entendu que l'on était "de gauche"
> ou que l'on adhérait à la vision du monde de la
> gauche, non pas par les tripes, l'émotion, la
> peau, le derme ou l'épiderme, mais par la raison :
> l'engagement à gauche était raisonné ou rationnel
> (ou censé l'être); il impliquait le savoir ou la
> connaissance...
>
> Désormais, c'est l'épiderme qui commande tout - en
> gros, c'est la peau. On tient la prise en compte
> de la couleur de la peau pour un crime, mais on se
> targue d'être épidermiquement (épidémiquement ?)
> de gauche : ça devient une posture, un
> travestissement, un déguisement de carnaval, une
> affaire de senti ou de ressenti - en bref,
> exactement ce qu'étaient l'extrême droite ou le
> fascisme ou les attachements à la race dans la
> première moitié du XXe s.
>
> C'est ce qu'affirme Mme Sarkozy, l'ancienne icône
> des cultureux et des "penseurs" de gauche. Si des
> commentateurs ont critiqué le "de gauche" de
> "épidermiquement de gauche", aucun ne s'est étonné
> de l'adverbe, qui, dans ces mots, est plus
> important que "de gauche", comme s'il allait de
> soi désormais que l'on était "de gauche" par la
> peau, c'est-à-dire sans penser, sans référer à
> quelque réalité que ce soit, sans connaissance du
> monde : une affaire de peau comme le racisme ou,
> son frère jumeau, l'antiracisme.
Voilà qui méritait d'être relevé. Il se peut aussi que la spirale du sens notée ici par JGL s'étende au-delà de ce retournement et ainsi que le mouvement ouvrier moderne, dans sa défense des acquis, du statut, soit venu par le discours remplacer ce qui jadis était l'apanage du conservateur patrimonial de droite; même chose du côte des "créatifs" où la figure du rebelle s'est institutionnalisée certes, mais où l'on doit constater aussi que la "créativité" est héréditaire, affaire de patrimoine familial à défendre à faire fructifier, que ce soit dans le show-business, le milieu du cinéma, celui de la musak, etc...
Concernant le cas Mme Sarkozy. Impossible de lui en vouloir trop, comme si ce qu'elle vivait aujourd'hui n'était qu'une expérience de plus, un pas supplémentaire dans la dérive: elle n'est nullement agent du cirque; elle y est invitée seulement. Elle est profondément touriste. En ce sens, son parcours reste poétique. Dans quinze ans, on la verra dans un ashram, faisant bouillir sa soupe à l'ortie et nous décrivant comment elle a "trouvé sa voie" parmi les plus pauvres, etc.. Et elle fera publier ses recettes pour "devenir soi", et elle dissimulera la gêne, d'un sourire énigmatique et pudique, que lui causeront les journalistes la questionnant sur comment elle le vit, que son ex-mari soit aujourd'hui en prison, etc.