Il y a des analyses très justes dans cet entretien - entre autres l'universel à tout prix, même aux dépens de la France.
Marcel Gauchet est un homme estimable, qui dirige la rédaction d'une belle et courageuse revue, et un vrai penseur, sauf quand il reprend à son compte l'antienne sur les hommes politiques, presque tous énarques et ayant une vaste culture générale, mais incapables de s'adresser au peuple ou de formuler des solutions à la crise qui, depuis 25 ans ou plus, conduit la France à l'abîme. La profession est ouverte à tous; il n'est pas besoin de diplôme pour l'exercer. Il y a eu dans le monde des chefs d'Etat docteurs en droit ou en sciences sociales ou en sciences humaines, qui ont été des calamités. Monory qui n'avait pas d'autre diplôme que le certificat de fin d'études primaires a exercé des responsabilités politiques de premier plan sans démériter.
En fait, Marcel Gauchet élude la blessure douloureuse : si des hommes politiques à qui les citoyens ont confié la mission de régler les difficultés innombrables du pays (chômage, criminalité, déculturation, etc.) ne le font pas ou ne peuvent pas le faire, ce n'est pas seulement par manque de courage ou par défaut de lucidité ou par stupidité; cela tient aussi au "théâtre d'ombres" qu'est devenu le "pouvoir", le seul qui compte, le pouvoir élu, le vrai pouvoir étant ailleurs, hors des assemblées ou des gouvernements élus, par exemple dans les médias, dans les groupes de pression occultes, dans les salles de rédaction, dans les associations lucratives sans but, dans la "gouvernance" des entreprises...