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Etrange "couverture" des élections algériennes

Envoyé par Henri Rebeyrol 
Des élections présidentielles ont eu lieu en Algérie. On en connait les résultats; les résultats, d'ailleurs, étaient connus depuis un an ou deux, ou même depuis le jour où le président en exercice a annoncé qu'il briguerait (de la brigue, il n'y en a guère eu) un troisième mandat et que, pour cela, il fallait modifier la constitution. N'importe quel citoyen français savait qu'il obtiendrait entre 90 et 100% des voix dès le premier tour et que les chiffres de la participation seraient artificiellement gonflés. Il n'y a pas eu d'élection - simplement un simulacre d'élection, à l'intention de l'opinion publique internationale (les journalistes) et des dirigeants des pays démocratiques. Ceux-ci voulaient un os à ronger. Ils l'ont eu.

Les journalistes français n'étaient pas obligés de participer à cette comédie : ils pouvaient se taire, ne rien dire, faire silence, non pas boycotter, mais faire comme si rien ne se passait - car rien ne s'est passé. C'était même la seule attitude digne de journalistes libres exerçant dans un pays libre. Puisqu'ils se targuent de défendre la démocratie, ils n'avaient pas à célébrer l'enterrement de la démocratie; enterrement est sans doute impropre - c'est l'exhumation impossible de la démocratie qu'ont prouvée ces élections.

Or, on a eu droit pendant dix jours (au moins) et chaque jour, sur toutes les chaînes de télévision (la 2 et la 3 se sont empressées dans l'empressement) et même sur les radios privées et dans les journaux, à d'interminables reportages, très répétitifs, convenus et attendus a) sur les Algériens de France faisant la queue pour mettre dans l'urne un bulletin au nom du Président déjà élu, évidemment; b) sur les "militants" du Président élu faisant campagne pour que le Président déjà élu soit vraiment élu; c) sur ces jeunes Algériens au "chômage" ou hittistes qui ne rêvent que d'une chose : fuir leur pays, même au péril de leur vie. Ce phénomène dure depuis plus de 30 ans, mais pendant 30 ans, les journalistes n'ont consacré aucun reportage à ces jeunes gens désespérés - ça aurait été écorner le mythe de l'Algérie progressiste et socialiste et "révolutionnaire", etc. En bref, pendant dix jours, on a eu droit ou bien aux lamentations habituelles sur la misère des Algériens, ou bien aux habituelles images sur la "dignité" de ce peuple satisfait de n'être qu'un agrégat de zombies.

Si ces journalistes avaient fait leur métier, ils auraient pu demander à ces Algériens de France qui venaient d'apporter leur soutien à un simulacre de démocratie (si l'Algérie avait été le Chili de Pinochet, c'est de complicité avec les fascistes qu'auraient été soupçonnés ces électeurs) pour qui ils avaient voté aux dernières élections présidentielles et municipales en France : Royal ? Buffet ? Laguiller ? Besancenot ? Il serait éclairant de connaître quel est, en France, pour ces électeurs algériens, l'équivalent de l'autocrate Bouteflika ou qui, en France, mérite les qualificatifs dont les vrais démocrates qualifient le président élu au premier tour avec 90% des voix : fascisant, xénophobe, tyran.
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