Bien chers amis,
Etant sollicité, je me dois de répondre.
Les cas de Monsieur Becquart et ceux de Monsieur Maurras et Monsieur Béraud me paraissent fort différents, ces derniers ont tout de même, et cela ne peut être contesté, choisi l'Allemagne.
Quand Monsieur Fabien de Stenay nous dit, à propos de M. Maurras :
les faits de collaboration étant en l'occurrence difficiles à établir, sauf à entendre par là une collaboration à la Révolution nationale plutôt qu'une intelligence avec l'ennemi
je rappellerai que M. Maurras fut justement condamné pour intelligence avec l'ennemi, et qu'il fit par ailleurs preuve d'un antisémitisme rabique pendant toute la durée de l'occupation, et même après d'ailleurs en déclarant de façon fameuse lors de sa condamnation "C'est la revanche de Dreyfus !".
De même, quand Monsieur Fabien de Stenay nous déclare :
D'ailleurs, quoique terriblement anglophobe, Béraud ne fut lui non plus pas réellement un collaborateur ; on lui fit surtout payer à la Libération la virulence de son anticommunisme... ainsi que l'affaire Salengro
je répondrai ceci : Béraud était un homme intelligent, et, effectivement, une très belle plume. Cela le rend d'autant plus inexcusable non point son anticommunisme que son anglophobie, qu'il déversa dans
Gringoire à jet continu. Ecrire contre l'Angleterre dans Gringoire sous l'occupation, et écrire comme il a écrit, que voulez-vous que ce soit d'autre que l'intelligence avec l'ennemi ?
Cela devient, bien cher Monsieur, extraordinaire : Maurras n'est pas un collaborateur ; Béraud n'est pas un collaborateur... il y a bien, tout de même, des gens qui ont collaboré avec l'Allemagne, sinon ça se saurait ! qui sont ces illustres inconnus ?
Enfin, à propos de M. Bécquart, je relève une inexactitude : à mon sens, Bécquart ne fut jamais gaulliste. Au contraire, il tenta, à la Libération, de relever de ses cendres la Fédération Républicaine, mais il échoua.
Le vote des pleins pouvoirs n'est pas signe d'infamie : le comportement sous l'occupation, comme d'ailleurs reconnu unanimement par les partis issus de la Résistance et par le Général effaçait ce moment d'égarement (Monsieur Coty, par exemple, vota ces pleins pouvoirs).
Que l'attitude de M. Bécquart n'ait pas été des plus exemplaires dans l'affaire Salengro, nul ne le niera. Qu'il ait après prouvé qu'il était un grand Français, cela n'est pas discutable.
Si vous trouvez qu'établir ce genre de distinction est du jmarquisme, dites-le moi, et dites-moi aussi en quoi ce jmarquisme est détestable.