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Salengro

Envoyé par Quentin Dolet 
14 avril 2009, 21:36   Salengro
En ce moment, un téléfilm sur Roger Salengro sur France 2.

Hi hi ! Papa bisounours contre les infâmes crapules de l'extrême-droite. A peine manichéen. Juste un tantinet "orienté", comme on dit.

Quoi d'étonnant si les gosses dont la cervelle est gavée de ces beaux contes moraux deviennent des adultes aussi bêtes que des journalistes du "Monde diplo" ?
Utilisateur anonyme
14 avril 2009, 21:39   Jmarcisme primaire.
Bien cher Olivier,

Attention, soyons prudents, attendons d'arriver jusqu'au bout...
15 avril 2009, 18:44   Re : Jmarcisme primaire.
En effet, la fin ne manquait pas d'intérêt...

Un bref commentaire en guise d'épilogue sur le sort futur de deux adversaires de Salengro, Maurras et Béraud, "condamnés à mort après la guerre pour faits de collaboration, mais jamais exécutés". Or Maurras fut condamné à la perpétuité (les faits de collaboration étant en l'occurrence difficiles à établir, sauf à entendre par là une collaboration à la Révolution nationale plutôt qu'une intelligence avec l'ennemi) ; Béraud fut bien condamné à mort mais grâcié par De Gaulle sur intervention de Mauriac ; sa peine fut alors commuée en travaux forcés qui eurent rapidement raison de sa santé. D'ailleurs, quoique terriblement anglophobe, Béraud ne fut lui non plus pas réellement un collaborateur ; on lui fit surtout payer à la Libération la virulence de son anticommunisme... ainsi que l'affaire Salengro !

Mais bizarrement, l'épilogue ne s'attarde pas sur le cas du 3e adversaire, le député Henri Becquart ; en effet, après avoir voté les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain, Becquart, dès septembre 1940, deviendra gaulliste !
15 avril 2009, 19:08   Jmarcisme
Bien chers amis,

Etant sollicité, je me dois de répondre.

Les cas de Monsieur Becquart et ceux de Monsieur Maurras et Monsieur Béraud me paraissent fort différents, ces derniers ont tout de même, et cela ne peut être contesté, choisi l'Allemagne.

Quand Monsieur Fabien de Stenay nous dit, à propos de M. Maurras :

les faits de collaboration étant en l'occurrence difficiles à établir, sauf à entendre par là une collaboration à la Révolution nationale plutôt qu'une intelligence avec l'ennemi

je rappellerai que M. Maurras fut justement condamné pour intelligence avec l'ennemi, et qu'il fit par ailleurs preuve d'un antisémitisme rabique pendant toute la durée de l'occupation, et même après d'ailleurs en déclarant de façon fameuse lors de sa condamnation "C'est la revanche de Dreyfus !".

De même, quand Monsieur Fabien de Stenay nous déclare :

D'ailleurs, quoique terriblement anglophobe, Béraud ne fut lui non plus pas réellement un collaborateur ; on lui fit surtout payer à la Libération la virulence de son anticommunisme... ainsi que l'affaire Salengro

je répondrai ceci : Béraud était un homme intelligent, et, effectivement, une très belle plume. Cela le rend d'autant plus inexcusable non point son anticommunisme que son anglophobie, qu'il déversa dans Gringoire à jet continu. Ecrire contre l'Angleterre dans Gringoire sous l'occupation, et écrire comme il a écrit, que voulez-vous que ce soit d'autre que l'intelligence avec l'ennemi ?

Cela devient, bien cher Monsieur, extraordinaire : Maurras n'est pas un collaborateur ; Béraud n'est pas un collaborateur... il y a bien, tout de même, des gens qui ont collaboré avec l'Allemagne, sinon ça se saurait ! qui sont ces illustres inconnus ?


Enfin, à propos de M. Bécquart, je relève une inexactitude : à mon sens, Bécquart ne fut jamais gaulliste. Au contraire, il tenta, à la Libération, de relever de ses cendres la Fédération Républicaine, mais il échoua.

Le vote des pleins pouvoirs n'est pas signe d'infamie : le comportement sous l'occupation, comme d'ailleurs reconnu unanimement par les partis issus de la Résistance et par le Général effaçait ce moment d'égarement (Monsieur Coty, par exemple, vota ces pleins pouvoirs).

Que l'attitude de M. Bécquart n'ait pas été des plus exemplaires dans l'affaire Salengro, nul ne le niera. Qu'il ait après prouvé qu'il était un grand Français, cela n'est pas discutable.

Si vous trouvez qu'établir ce genre de distinction est du jmarquisme, dites-le moi, et dites-moi aussi en quoi ce jmarquisme est détestable.
15 avril 2009, 19:23   Re : Salengro
Concernant Maurras, je suis loin de chercher à le réhabiliter ; la phrase que vous rappelez justement m'a toujours paru odieuse.
Il reste que le film se trompe en parlant à son sujet de condamnation à mort, d'une part, et que d'autre part l'expression "faits de collaboration", même si elle correspond effectivement au chef d'accusation qui était effectivement "intelligence avec l'ennemi", laisse entendre une collaboration réelle avec l'occupant nazi. Or Maurras était pendant la guerre aussi viscéralement antisémite qu'avant, ni plus ni moins : théoriquement ce n'est pas cela que jugeaient les tribunaux de l'épuration.

Au sujet de Béraud, même si son anglophobie est difficilement pardonnable dans un tel contexte, on peut dire qu'il l'a finalement payé d'une assez juste peine, contrairement à ce que laisse entendre le film.

Enfin, quand je parle de "gaullisme" au sujet de Becquart, c'est au sens premier, celui de l'appel du 18 juin, à savoir une croyance en la victoire future de l'Angleterre, justifiant l'entrée dans la Résistance. Peu importe en l'occurrence la carrière politique ultérieure hors du gaullisme "partisan" (je ne vois guère d'autre qualificatif que celui-ci, que De Gaulle aurait légitimement rejeté).
15 avril 2009, 21:35   Re : Salengro
Maurras était anti-Allemand et anti-sioniste. La "revanche de Dreyfus" traduit cette aberration. Maurras s'est totalement trompé sur le vieillard que fut le Pétain de l'Etat Français. Le reste n'est que fabulation.
15 avril 2009, 21:37   Re : Salengro
Pas anti-sioniste, antisémite.
15 avril 2009, 21:55   Kolossale Delikatesse
Bien cher Florentin,

Maurras eut donc la grande délicatesse de ne pas montrer à l'occupant qu'il était anti-allemand..

Blague à part, le personnage de Maurras m'a toujours intrigué. En particulier, je n'ai jamais bien compris ses rapports avec la religion catholique (sauf vers la fin de sa vie, où je pense qu'il s'était, sans jeu de mots, re-converti).
15 avril 2009, 23:02   Re : Jmarcisme primaire.
Salengro aurait-il voté Front national ?

Le téléfilm, en tout cas, nous en fait des tonnes sur le patriotisme - indéniable - de cet homme courageux que fut Salengro, mais il se garde bien d'évoquer sa "préférence nationale" (mutatis mutandis).
15 avril 2009, 23:33   Re : Salengro
J'ai lu un ouvrage de Ernst Nolte, considéré parfois comme un historien "révisionnite". ( Il a tendance à considérer le nazisme essentiellement comme une réponse au communisme), intitulé "Le fascisme dans son époque". Le premier chapitre est consacré à l'Action française. Le fil conducteur de l'analyse d' Ernst Nolte tient dans la démonstration de la cohérence idéologique sous-jacente de Maurras. Pour Nolte Maurras serait à la fois le précurseur du fascisme et son théoricien le plus radical. Ce que vise Maurras selon Nolte est la dénonciation de la démocratie sous tous ses aspects. Il cite à ce propos une phrase de Maurras qui pour Nolte en résume la politique : "Il n'y a qu'un moyen d'améliorer la démocratie : la détruire" . Donc tout se positionne dans la pensée de Maurras en fonction de cet objectif de destruction.
16 avril 2009, 00:09   Continuité
Bien chère Ostinato,

Il y a du vrai, je pense, dans ce que vous exposez.

Pour ma part, l'erreur majeure de Maurras est cette négation totale de la démocratie, allant jusqu'à plier à son idée, certes constante, sa vision même de l'Eglise, qui conduisit à la rupture qu'on sait.

Je me sens beaucoup plus proche d'Albert de Mun, et du christianisme social conservateur. Si vous voulez une comparaison actuelle, mon bord politique serait assez exactement celui qui fut incarné en Allemagne par la CSU de Franz Joseph Strauss : très conservateur de certains points de vue, mais pragmatique, ouvert au progrès et surtout plus avide d'actions que d'incantations. On ne dira jamais assez le mal que Strauss fit aux communistes et aux ennemis de la Constitution, et au bien qu'il fit à la Bavière. cela étant, ce n'était pas un saint, et il n'a jamais prétendu l'être.

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