Les profs sont-ils de gauche ?

Dans le site du "Monde", l'auteur d'un "blog" d'abonné publie, en guise de point de vue, l'article au titre suivant : "pourquoi les profs sont-ils de gauche ?". Comme on pouvait s'y attendre, la question a fait réagir d'abondance contra et pro (surtout pro) de nombreux abonnés qui ont renchéri sur le point de vue exprimé, tartinant des couches de bonne conscience sur d'autres couches de bonne conscience. Il n'est que deux ou trois abonnés qui ont tenté de redresser le point de vue, lequel repose sur une proposition posée comme évidente et dont l'évidence empêche qu'elle soit examinée, à savoir "les profs sont de gauche".

La vraie question, inutilement insolente quand on connaît la susceptibilité à fleur de peau des gens qui forment ce milieu, plus exacerbée que celle des duchesses un peu snobinardes ou des évêques d'Ancien Régime attachés à leurs bénéfices, aurait été "les profs sont-ils de gauche" ou "que signifie "être de gauche" aujourd'hui dans l'éducation nationale ?", si tant que cette question signifie quoi que ce soit.

Les "profs", puisqu'il faut employer le jargon du milieu en question, sont fonctionnaires : autrement dit, du berceau (ou quasiment) ou de père en fils ou de mère en fille, jusqu'au tombeau, ils sont à la charge des citoyens, pour ce qui est de leur salaire et de leur pension. Jadis (il y a longtemps), le traitement des membres du clergé représentait (en gros ou même en très gros) un dixième des revenus de l'impôt (la célèbre dîme) : aujourd'hui, c'est, traitements et pensions, près de la moitié des recettes fiscales de l'Etat. "Etre de gauche" ne signifie rien d'autre qu'être satisfait, heureux, comblé, béat, etc. et éternellement à la charge des autres, et en particulier des moins riches ou des plus pauvres de nos concitoyens.

C'est aussi, pour ce qui est de "l'efficacité" réelle des enseignements dispensés, si l'on se rapporte aux chiffres de l'OCDE ou même à notre expérience , un désastre ou une catastrophe. Pour les citoyens qui constatent avec effarement que leurs enfants ne savent ni lire, ni écrire, ni compter correctement après dix ans passés sur les bancs de l'école, les profs ne sont pas "de gauche" ou, s'ils sont réellement "de gauche", alors "être de gauche" ne signifie rien d'autre à leurs yeux qu'être favorable à l'ignorance de masse ou à l'obscurantisme du peuple et surtout lutter pour la défense de ses propres acquis ou privilèges, le cri "être de gauche" servant d'ample manteau d'hypocrisie pour donner bonne conscience à tous ceux qui n'ont qu'à s'en vêtir pour exiger plus de moyens, plus de moyens, plus de moyens, plus de postes, plus de postes, plus de postes, plus de sous, plus de sous, plus de sous, une retraite à taux plein après 30 ans de service ou moins, quatre ou cinq mois de vacances, etc.

A compter du 10 mai 1981, la Ve République a été celle des profs pendant quelques années - autrement dit, les profs se sont révélés au grand jour le lendemain du 10 mai et leurs revendications, prétendument désintéressées, ont pris leur vrai sens : nomination des inspecteurs généraux et des inspecteurs régionaux sur critères politiques (à la "carte" ou sur présentation de la "carte"); création d'échelles hors-classe, auxquelles ont eu accès les petits camarades ou les épouses des camarades; création d'une troisième voie de l'agrégation (sur simple et bonne appartenance politique); multiplication des sinécures et des postes bidon; nomination dans les IUFM sur critères politiques; abandon aux commissions locales (noyautées par partis et syndicats idoines) le soin de décider des recrutements dans les universités; promotions accordées aux bénis oui-oui et à tous ceux qui sont bien en cour, donc "de gauche", etc. Avant 1981, on pouvait se faire des illusions sur le sens de la proposition "être de gauche dans l'éducation nationale"; aujourd'hui, y accorder le moindre crédit, c'est se signaler comme l'imbécile de service.

Contrairement à ce qu'on pense, les profs de gauche représentent seulement 60% des profs. Les 40% restant existent même si on n'entend jamais parler d'eux, puisqu'ils ne descendent pas manifester dans les rues.

Intéressant. Pouvez-vous nous donner un recoupement quelconque, à propos de ces chiffres ?