D'abord presque toutes les agences d'exécution de ces projets de développement financés par des bailleurs de fonds du Nord sont des ONG, et presque tous ces projets ont des ONG pour agences d'exécution principales ou collaboratrices.
Ensuite l'expertise technique préalable des projets, leur filtrage donc, sur descriptif des activités projetées et de leurs grilles budgétaires, est confiée à des panels où siègent d'une part des représentants de ces ONG et d'autre part des "experts" dont généralement la moitié sont des employés de ministères des pays
bénéficiaires de l'aide publique au développement, si bien que le point de vue des pays du Nord bailleurs de fonds y est noyé et que la collusion d'intérêt (les experts filtrant les projets étant souvent eux-mêmes des intervenants réguliers dans ces projets, à titre de consultants) fait le reste.
Enfin, il faut savoir que si l'adoption de ces projets est définitive, leur rejet pour irréalisme budgétaire (d'interminables listes de matériel et équipements neufs que les agences d'exécution - des ONG locales souvent plus qu'internationales, d'ailleurs - récupèreront lors des dessaisissements des équipements du projet à l'issue de sa conclusion, des intrants surévalués, etc.) n'est jamais que provisoire - un peu comme est provisoire tout rejet d'une constitution européenne à l'issue d'un reférendum - car pour ces pays abonnés à l'aide et à la "lutte contre la pauvreté", il suffit de revenir à la charge avec un projet autre, ou le même légèrement modifié pour que, à l'usure, et "la diplomatie" s'en mêlant au besoin, l'adoption du ou des projets rejetés ait lieu au bout du compte.
Tel est le système de l'aide au développement et telles sont les caractéristiques de son fonctionnement, corollaires à la pérennité de la misère et de la stagnation dans les pays bénéficiaires.