Votre fort juste remarque, chère Cassandre, soulève aussi la question du festival de Cannes. De quoi s'agit-il en réalité ? D'une fête ou de festivités, dont la raison d'être est "promotionnelle" : créer un événement, là où il n'y avait rien, pour vendre des films, des scénarios, des adaptations, pour signer des contrats, faire du biznis, remplir les caisses d'une industrie culturelle vorace, etc. sur le modèle des "salons" (de l'auto, du livre, de la parfumerie, de l'artisanat, etc.) ou des foires expositions, organisées par la chambre de commerce de telle ou telle ville pour attirer chez les commerçants les plus habiles ou les plus fortunés de nouveaux clients, le clou de ces festivités étant l'élection de la miss foire expo ou un "concert" de rock... Bien entendu, des communicants vendent chaque année, et fort habilement, ce "festival" au monde entier : ils en montrent ou font diffuser par les télévisions du monde entier les rites, mêmes les plus absurdes ou les plus ridicules, comme la montée des marches (c'est l'un des clous de chaque jour) ou la distribution des prix (étrange rite, ringardisé et tombé en désuétude dans les écoles, là où il avait une vague raison d'être, mais récupéré, sans vergogne, par la branchouille médiatique, prétendument subversive ou rebelle) ou les réceptions luxueuses dans les cinq étoiles ou sur les yachts des producteurs. A part cette agitation, qu'y a-t-il ? Rien. Les prix décernés n'ont pas plus de "valeur", valeur non marchande évidemment, que le titre de "miss foire expo" de Thiviers, 24. Il suffit de regarder des films primés il y a dix, vingt ou trente ans pour perdre toutes ses illusions. Ils ont plus mal vieilli que miss salon de la lingerie fine de 1968.