Le site du parti de l'In-nocence

Loch Ness, aspettiamo...

Envoyé par Thomas Rhotomago 
"Je suis travaillé depuis près d'un demi-siècle par le remords d'avoir traité, par inadvertance et par plaisanterie, de fils de pute un camarade de classe dont la mère, je ne m'en suis souvenu que trop tard, passait notoirement pour "entretenue" (et ensuite, lorsque ce garçon était présent, j'appelais tout le monde fils de pute pour le convaincre que c'était chez moi une expression courante et que je n'y mettais aucun sens particulier - il y aurait là-dessus beaucoup à dire mais nous allons attendre encore un peu...)"

L'isolation (26 février 2006)
Utilisateur anonyme
30 juin 2009, 15:58   Re : Loch Ness, aspettiamo...
Très beau passage, où l'on voit encore une fois cette culpabilité que la parole (en ses nombreux avatars) provoque chez Camus.
Et ne parlons pas de ces tourments de la filiation; il y aurait là-dessus beaucoup à dire mais nous allons attendre encore un peu ...
Comme c'est beau... Que cela me touche...
[ Mon Dieu ! En cliquant sur Aperçu, je m'avise que ceci pourrait être pris pour de l'ironie. Faut-il préciser qu'il n'en est rien ? ]
Utilisateur anonyme
30 juin 2009, 16:24   Re : Loch Ness, aspettiamo...
Pourquoi cette ironie, là ?
Utilisateur anonyme
01 juillet 2009, 12:57   Re : Loch Ness, aspettiamo...
Oui, ce souci de l'autre est touchant.
01 juillet 2009, 23:46   Re : Loch Ness, aspettiamo...
C'est la délicatesse du remords, celle de qui exécute puis s'excuse à lui-même un bon demi-siècle durant.
Utilisateur anonyme
01 juillet 2009, 23:50   Re : Loch Ness, aspettiamo...
Cher Francis, s'excuse-t-il vraiment ?
02 juillet 2009, 00:10   Re : Loch Ness, aspettiamo...
L'épanchement, l'aveu du remords, le caractère "éternel" (posthume) du remords en oeuvres complètes, valent excuse indirectement adressée à la personne lésée, mais cette excuse ne s'échappe pas du trou noir où l'aveu de l'aveu pèse sur l'aveu, le confond, le noie, en fait une fiction. L'un excuse l'un, personne d'autre, et jamais ne sollicite, même sourdement, le moindre pas d'un tiers vers le pardon. Pourtant, dans ce système, l'excuse est universellement adressée. Jamais Renaud Camus, dans ses oeuvres, ne s'excuse de quoi que ce soit à un quelconque vivant. L'acte blessant a beau être particulier, l'excuse ne vient qu'universelle, principielle, édifiante.
02 juillet 2009, 00:17   Re : Loch Ness, aspettiamo...
Pour ma part, j'ai commis bien pire sans que le remords me travaille autant. Peut-être même, ai-je tout bonnement oublié de plus graves vilenies. Est-ce ma propre faiblesse qui me revient devant l'aveu de Renaud Camus ou bien ce pari qui est le sien de se mettre à nu qui me trouble sans que je puisse entièrement y souscrire ?
02 juillet 2009, 00:31   Re : Loch Ness, aspettiamo...
L'oeuvre habille la mise à nu. C'est tout le pari de cette oeuvre.
02 juillet 2009, 00:37   Re : Loch Ness, aspettiamo...
Une fois de plus, vous m'éclairez, cher Francis. Vous avez raison, c'est lui l'artiste.
02 juillet 2009, 00:41   Re : Loch Ness, aspettiamo...
Mince,« L'œuvre habille la mise à nu. C'est tout le pari de cette œuvre. », c'est vraiment la vraie réponse à mon tâtonnement !
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter