Le site du parti de l'In-nocence

le rap et Rimbaud

Envoyé par Bruno Chaouat 
15 juillet 2009, 03:13   le rap et Rimbaud
Or donc, voici que le nouveau Ministre de la Culture vient de comparer l'auteur d'un rap intitulé "Sale Pute" à Rimbaud.
Je ne suis pas rimbaldien, je dois l'avouer ; j'ai cependant sous les yeux les oeuvres de Rimbaud (on y trouve un flux de vocables plus étranges les uns que les autres, qui attestent une connaissance de l'histoire de la langue française au moins aussi précise que celle de Flaubert, Hugo ou Baudelaire : "viride", "immondice schismatique", "pource", "grément", "claie", "marne rousse" (il s'agit des "stupra"). Rimbaud et/ou Verlaine ont en effet écrit des poèmes érotiques, voire tout à fait obscènes. Mais la question est une fois de plus de bathmologie : Rimbaud s'est rendu célèbre par sa maîtrise de la langue et du mètre (même s'il brisa le mètre, il ne put ébranler le code que de l'avoir d'abord maîtrisé). Est-ce le cas de l'auteur de "Sale Pute", invité, par le nouveau Ministre, à monter au Parnasse, auprès d'Arthur ?
15 juillet 2009, 09:55   Re : le rap et Rimbaud
Rimbaud fut lauréat du Concours Général, ce qui n'est le cas, ni du quidam ni du ministre. Mais ce dernier montre bien ce qu'est la Culture: une fille publique.
15 juillet 2009, 10:10   Re : le rap et Rimbaud
Venant après le nouveau ministre de l'Éducation nationale célébrant l'excellence des résultats proprement "madoffiens" du baccalauréat cette année, cette déclaration montre ce que sont les nouveaux ministres : des polichinelles qui soufflent dans le sens du vent, même s'ils peuvent, à titre personnel, être des personnes charmantes et cultivées.
Utilisateur anonyme
15 juillet 2009, 10:35   Re : le rap et Rimbaud
« Rimbaud a écrit des choses bien plus violentes et qui sont devenues des classiques. Je ne sais pas si les chansons d'Orelsan deviendront des classiques, mais en tout cas ce qui est certain c'est que c'est beaucoup d'agitation pour rien et qu'il a le droit tout à fait légitime de composer sa chanson et de la chanter où il veut. »
Ces propos sont de F. Mitterrand.

« Je vais te faire tomber enceinte et t'avorter à l'Opinel »
« On va voir comment tu suces quand je t'aurai déboîté la machoire. »
Voilà donc la poésie orelsanienne qui ne réflète que du "dépit amoureux" selon notre ministre de la Culture.

Mais vers quelle société se dirige-t-on ?
15 juillet 2009, 10:42   Re : le rap et Rimbaud
Il ne dit tout de même pas qu'Oreslan est Rimbaud.
15 juillet 2009, 11:07   Re : le rap et Rimbaud
Il dit que Rimbaud a écrit des choses "bien plus violentes" : lesquelles ? La lecture de Rimbaud ne m'a jamais inspiré de sentiments de répugnance.

Quant à savoir si Orelsan a le droit de composer sa chanson, et de la chanter où il veut, la question est à mon avis totalement caduque : il y a longtemps que les artistes d'égoûts ont leur public.
15 juillet 2009, 11:07   Re : le rap et Rimbaud
Nous nous aimions à cette époque,
Bleu laideron !
On mangeait des oeufs à la coque
Et du mouron !

Un soir, tu me sacras poète
Blond laideron :
Descends ici, que je te fouette
En mon giron;

J'ai dégueulé ta bandoline,
Noir laideron ;
Tu couperais ma mandoline
Au fil du front.

Pouah ! mes salives desséchées,
Roux laideron
Infectent encor les tranchées
De ton sein rond !

Ô mes petites amoureuses,
Que je vous hais !
Plaquez de fouffes douloureuses
Vos tétons laids !

Piétinez mes vieilles terrines
De sentiments;
Hop donc ! Soyez-moi ballerines
Pour un moment !

Vos omoplates se déboîtent,
Ô mes amours !
Une étoile à vos reins qui boitent,
Tournez vos tours !

Et c'est pourtant pour ces éclanches
Que j'ai rimé !
Je voudrais vous casser les hanches
D'avoir aimé !

Fade amas d'étoiles ratées,
Comblez les coins !
− Vous crèverez en Dieu, bâtées
D'ignobles soins !

Sous les lunes particulières
Aux pialats ronds,
Entrechoquez vos genouillères,
Mes laiderons.

Le gars Rimbaud veut casser les hanches de ses anciennes petites amies ? Et les fouetter, par-dessus le marché ? Interdisons cet Arthur de mauvaise compagnie !
Utilisateur anonyme
15 juillet 2009, 11:18   Re : le rap et Rimbaud
Vous savez bien, Didier Goux, que le problème n'est pas dans le fond mais dans la forme, puisque c'est la forme qui fait l'art.
On peut écrire les scènes les plus atroces et faire jouir les plus fins lettrés : il n'empêche, n'est pas Sade qui veut.
Il n'y a aucun art chez Orelsan, aucun travail d'écriture, c'est de l'insulte et de la menace au premier degré, la distanciation qu'entraine l'art est totalement absente de "Sale pute".
Une collectivité locale doit-elle financer un type qui dirait : "mon voisin est un fils de pute, il faut violer sa fille et lui enfoncer un tison ardent dans le cul" ? Est-ce de l'art, ça ? Si on y met une boite à rythme, derrière, c'est de l'art ? Un type qui s'autoproclame "artiste" l'est-il ?
La comparaison avec Rimbaud est donc non seulement absurde, mais en tout point obscène.
15 juillet 2009, 12:06   Re : le rap et Rimbaud
Et puis, ces textes-là, cher Didier Goux, il fallait aller les chercher au plus profond des livres, alors que le rap, n'importe quel adolescent y a accès le plus facilement du monde. De plus Rimbaud n'avait pas eu besoin de ce genre de texte pour obtenir la célébrité. Or leur célébrité, les rapeurs ne la doivent qu'à la violence et à la grossièreté de leurs paroles. Si ce sont là des artistes, alors le pétomane l'est aussi.
15 juillet 2009, 12:12   Re : le rap et Rimbaud
pour Didier, trouvé sur le site du Monde (réaction) :

"pourquoi un rappeur qui a pas si mal exprimé le dépit amoureux (sic) serait-il" interdit ?" Mais justement il n'est aucunement interdit ! Vous confondez tout. Ses disques paraissent, il fait les concerts qu'il souhaite, passe à la radio. Seul un festival financé par de l'argent public lui est interdit. Ca ne restreint pas sa liberté d'expression mais ça sauvegarde le droit des contribuables à ne pas voir leurs impositions servir à des appels au meurtre à l'opinel contre les femmes. C'est tout !
Utilisateur anonyme
15 juillet 2009, 12:13   Mais comment donc !
Utilisateur anonyme
15 juillet 2009, 12:25   Re : le rap et Rimbaud
Et puis le jour où Rimbaud sera collectivement lu dans les cités HLM et les cours de lycée, qu'on m'appelle.
Et, effectivement, depuis quand "refus de financement par de l'argent public" et "censure" sont-ils synonymes ?
Enfin, sur le coup, l'UMP est ridicule : on voit bien qu'ils n'auraient pas tenu ce discours si Royal (que je suis pourtant très loin d'estimer) n'avait eu le courage et la fermeté d'annoncer la fermeture des mannes en cas de prestation d'Orelsan aux Francofolies.
On y a d'ailleurs bien vu l'épouvantable cynisme de l'organisateur et fondateur de ce festival, qui déclarait que c'est au public de décider quel chanteur a sa place ou pas, et pas aux politiques. Quelle abjection : la vie sociale comme loi de la foule, du plus nombreux, du plus gueulard.
Utilisateur anonyme
15 juillet 2009, 12:40   Re : le rap et Rimbaud
Et puis le jour où Rimbaud sera collectivement lu dans les cités HLM et les cours de lycée, qu'on m'appelle

Me souviens d'un portrait géant de Rimbaud, dans une cité HLM...

J'ai l'impression que ce qui, cette fois-ci, choque davantage, c'est le fait (assez nouveau) que le rappeur soit blanc. Certains rappeurs "blacks" ne déballent-ils pas ce genre d'ânerie à longueur d'année ? et ce, dans l'indifférence la plus générale... ?
15 juillet 2009, 14:10   Re : le rap et Rimbaud
"Certains rappeurs "blacks" ne déballent-ils pas ce genre d'ânerie à longueur d'année ? et ce, dans l'indifférence la plus générale... ?"

En effet. De même que l'on ne dénonce le racisme et l'antisémitisme que chez les "blancs', de même on n'interdit l'expression de la mysogine la plus répugante que lorsqu'elle vient d'eux, puisque venant d'Africains elle n'est que l'expression d'une identité culturelle vénérable dont il faut respecter la différence.

Pour paraphraser la formule célèbre : Liberté, Droits-de-l'homme, que de niaiseries criminelles en vos noms !
Utilisateur anonyme
15 juillet 2009, 14:13   Re : le rap et Rimbaud
D'ici à ce qu'Orelsan devienne la nouvelle icône de l'anti-anti-racisme institutionnel...
Utilisateur anonyme
15 juillet 2009, 14:24   Re : le rap et Rimbaud
la nouvelle icône de l'anti-anti-racisme institutionnel...


Ah non !, il nous faut trouver "quelque chose" de mieux, quand même...
Utilisateur anonyme
15 juillet 2009, 14:26   Re : le rap et Rimbaud
Vous me rassurez.
En outre, que la chanson s'en prenne à une femme n'est pas le problème, à mon avis. Le problème, c'est la menace, c'est la haine, la volonté de faire souffrir narrée au premier degré, la distanciation que permet la création n'existe plus, la chanson est prétexte à l'appel clair et littéral à la barbarie.
Et il ne faudrait rien trouver à redire sous couvert de la sacro-sainte "liberté d'expression". Il faudrait écrire un "Eloge de l'intolérance".
15 juillet 2009, 14:34   Re : le rap et Rimbaud
Si fait : l'éloge de l'intolérance, c'est au second degré s'entend, le parti de l'In-nocence...
Utilisateur anonyme
15 juillet 2009, 15:11   Re : le rap et Rimbaud
Par in-nocence, j'entends plutôt "lutte contre l' absence de sens (no sense) par l'immersion ("in") dans le non-sens et, du coup, ce qui fait sens".
Mais vous avez bien sûr raison.
Utilisateur anonyme
15 juillet 2009, 15:16   Re : le rap et Rimbaud
Orelsan, Orel-sens....
Utilisateur anonyme
15 juillet 2009, 15:37   Re : le rap et Rimbaud
Les sens de Marc-Aurèle ! Putain mais c'est bien sûr !
15 juillet 2009, 15:57   Re : le rap et Rimbaud
Plus que de la censure, de la notion de forme dans l'expression artistique, l'"affaire" Orelsan relève à mon avis de la très forte dégradation des rapports hommes-femmes chez les plus jeunes. Il faut justement s'intéresser au fond, au cloaque, ce qui n'a été fait nulle part il me semble, des revendications et du flot de violence qu'entraînent aujourd'hui la rupture amoureuse d'un point de vue masculin (des petits mâles de culture banlieue) : l'impossibilité d'expression du moindre sentiment amoureux, dû au mélange explosif de l'émancipation féminine (ajouté à la survalorisation des "valeurs" féminines et à leur intouchabilité) et de la petite culture machiste à l'œuvre dans les milieux populaires ( d'influence néo-patriarcat musulman).

J'avais déjà évoqué cela ici.

Mais on peut avec joie être amusé par le double rôle castrateur de Ségolène Royale dans ce petit manège.

PS : ceci étant mon premier message dans ce forum, j'en profite pour tous vous saluer
15 juillet 2009, 16:00   Re : le rap et Rimbaud
Soyez le bienvenu, cher Sorpasso (je ne parle qu'on mon nom, hein !).
Utilisateur anonyme
15 juillet 2009, 16:07   Re : le rap et Rimbaud
Té !, un vrai bulldozzer ce Sorpasso !
15 juillet 2009, 16:09   Re : le rap et Rimbaud
Tiens, un voisin !
15 juillet 2009, 17:27   Tout fors l'humour
Ce qui, en définitive, pourrait servir de point commun aux tendances contradictoires justement relevées par il signor Sorpasso, consisterait selon moi en un consensus universel pour chasser la plaisanterie, l'humour (fut-il féroce) et la légèreté (ne parlons pas de la gaudriole et de la gauloiserie (bien présentes, soit dit en passant, dans le poème de Rimbaud cité par Didier Goux, ce qui, immédiatement, le distingue des "pétages de plomb" manière Oreslan) des choses de l'amour et de la sexualité, quitte à laisser se développer dans les esprits novices un mélange un peu absurde – et, au final, bien souvent paralysant – de sentimentalisme mystico fleur-bleue et de jusqu'auboutisme sexuel, l'oxymore ne trouvant à se diluer que dans de fortes doses d'alcool ou de stupéfiants.

Dès la fin des années 90, on pouvait facilement découvrir au sein du désordre d'une chambre d'adolescent un Baise-moi flanqué d'un Alchimiste, une cassette de Pulp Fiction voisine d'une de Pocahontas : dans tous les cas, on n'était pas là pour rigoler, il y avait de l'enjeu dans l'air...
15 juillet 2009, 18:21   Re : Tout fors l'humour
On est là parfois quand même pour rigoler, surtout grassement et bruyamment, mais certainement pas pour sourire.
15 juillet 2009, 18:46   Re : le rap et Rimbaud
Avec ce point d'ironie qu'on ne sait pas où fourrer...
15 juillet 2009, 19:18   Re : Tout fors l'humour
Oui, Orimont, vous avez raison. la France qui passait pour la nation la plus spirituelle du monde en même temps que la plus truculente, (et je me garde bien de confondre truculence et grossièreté) semble se draper dans un esprit de sérieux navrant. La plaisanterie spirituelle ne va pas sans une certaine audace, une certaine méchanceté, une certaine mauvaise foi. Elle doit sortir des sentiers battus, faire l'école buissonnière. Or, de nos jours la moindre plaisanterie risque de valoir à son auteur d'être traduit en justice et pas seulement par les crapauds et les grenouilles de mirhab qui commencent à pulluler. C'est caractéristique d'un engrenage totalitaire.
15 juillet 2009, 21:05   Re : le rap et Rimbaud
Oui, Orimont, il y a là une absence tragique d'humour, et donc, un excès de caricature, de la mièvrerie à la manipulation violente. Orelsan, et ses détracteurs, ne voient pas à quel point tout cela est féminin (avec du langage en moins et de la testostérone frelatée en plus)...

Mais après réflexion, et me remémorant quelques interviews de ce jeune, il me semble que lui aussi était effaré par l'ampleur du buzz et le premier degré hystérique des censeurs (qui découvrent le déplorable "parlé banlieue" aujourd'hui généralisé).


@Didier
Merci

@M. Meyer
Nous sommes voisins ? Cela s'adressait-il à moi ?
15 juillet 2009, 21:08   Re : le rap et Rimbaud
Sur l'actualité des rapports hommes -femmes, Zemmour l'a parfaitement théorisé (et résumé) lors de la conférence aux Bernardins (sujet sur ce forum)..
Utilisateur anonyme
15 juillet 2009, 21:25   Re : le rap et Rimbaud
« Orelsan et ses détracteurs », « premier degré hystérique de ses censeurs ».

Jusqu'à quand va-t-on vouloir nous faire avaler qu'Orelsan et ses déracteurs sont les deux faces d'une seule et même médaille ? C'est un peu facile, tout de même.

Plus grave : n'en avez-vous pas assez, vous tous les apôtres de la liberté et de la relativisation, de tout camoufler et de tout cautionner (même si vous ne l'admettez pas) par ce désormais presque haïssable "second degré" ? Le second degré pour déconner, OK, pas pour insulter, menacer, diffamer, dégrader, femme ou pas femme, encore une fois, là n'est pas mon propos.
15 juillet 2009, 22:02   Re : le rap et Rimbaud
J'ai dégueulé ta bandoline,
Noir laideron ;
Tu couperais ma mandoline
Au fil du front.


Diable !
Mon recueil des "Poésies" donne pour "bandoline" : "dissolution visqueuse et aromatisée analogue à la brillantine actuelle".
On imagine un 69 qui aurait mal tourné ; amants par la bouche s'entre-dévorant, puis régurgitant.
Non franchement, la pute de cet Orelsan peut bien aller se rhabiller, et qu'on l'envoie à l'hosto...
15 juillet 2009, 22:07   Re : le rap et Rimbaud
Pascal Labeuche,

dans ce cas particulier, ils sont en effet, je le pense, les deux faces d'une même médaille, étant donné qu'Orelsan n'a pas été "vanté" ou "promu" au grand public par le système, mais été tiré des égouts du web par ce même système sous l'excuse d'une "polémique qui fait bruit" (télévision, puis presse et enfin politiques), c'est le système qui promeut ou vante le sordide, qui s'en nourrit.

La meilleur chose aurait été de ne pas en parler ou de s'en moquer, de lui faire honte et d'en rire, en somme.

Que l'on impose aux gens de goût et de tenue tout cela, je le déplore tout autant que vous.

Je ne fais que souligner que c'est bien parce que le système médiatique est faussement puritain (du type anglo-saxon) que ce genre de déchet émerge. Je dirais même que c'est par ce puritanisme de façade que le système (se) survit.

Il faut parfois (souvent, désormais) se forcer à ne pas être choqué.
Utilisateur anonyme
15 juillet 2009, 22:14   Re : le rap et Rimbaud
Il Sorpasso :

Je vous remercie pour votre explication. Je souscris à cette argumentation.

Mais maintenant que tout cela est sur la voie publique, si j'ose dire, peut-on se contenter de se forcer à n'être pas choqué ?
16 juillet 2009, 10:11   Re : le rap et Rimbaud
Nous sommes un peu voisins sur la Toile voulais-je dire.

Nous semblons être en proie à une épidémie d'arménien : à vos encodages de caractères !
16 juillet 2009, 11:17   Re : le rap et Rimbaud
@Pascal Labeuche
"peut-on se contenter de se forcer à n'être pas choqué ?"
Oui, on peut désormais en rire de voir Moderne contre Moderne

Il n'est point de mal dont il ne sorte un bien !

@Marcel Meyer
Ah oui, voisins, en effet.

Ce problème d'encodage vient-il de moi ?
16 juillet 2009, 11:21   Re : le rap et Rimbaud
Ich weiß nicht, was soll es bedeuten.
Utilisateur anonyme
16 juillet 2009, 11:46   Re : le rap et Rimbaud
Il Sorpasso :
je connais ce texte de Muray, et je l'aime beaucoup.
Néammoins, on ne peut pas s'en servir à la moindre occasion pour défendre un point de vue qui n'a rien à voir avec ce texte. Ce billet de Miclo est on ne peut plus prévisible, avec toujours cette rengaine "on se plaint du FN mais à gauche c'est pareil sauf qu'à eux on leur dit rien" qui est pénible, à la fin.
Les stéréotypes du politiquement incorrect ne valent pas mieux que les poncifs de la bien-pensance haldo-gauchiste.
16 juillet 2009, 12:19   Re : le rap et Rimbaud
Ce n'est pas faux ce que dit M. Labeuche. Il existe bien une rengaine du politiquement incorrect, mais elle n'est une rengaine que dans un certain milieu (pour aller vite, le milieu des "sans illusions gauchistes").
Utilisateur anonyme
16 juillet 2009, 12:25   Re : le rap et Rimbaud
En effet, c'est une rengaine plus confidentielle que l'autre (pour l'instant), mais tout aussi entêtante.
16 juillet 2009, 12:27   Re : le rap et Rimbaud
Mais c'est justement ce billet de Miclo qui me fait rire, à ses dépends (j'aurai dû le préciser, mea culpa). Il tombe dans le travers dénoncé par Muray : qu'est-ce que le Fn et Malraux viennent foutre là dedans ?

C'est d'ailleurs un reproche que je serai prêt à faire au site Causeur : il a encore quelquefois du mal à se sortir du politically incorrect (c'est à dire d'une forme de volonté de se justifier par rapport à la doxa).
16 juillet 2009, 12:39   Re : le rap et Rimbaud
L'intervention de Ségolène, qui n'est pas notre championne, loin de là, montre de façon éclatante que le rap est vraiment de la merde.
Utilisateur anonyme
16 juillet 2009, 12:42   Re : le rap et Rimbaud
Il Sorpasso et Florentin : absolument d'accord avec vous, pour le coup.
16 juillet 2009, 12:54   Re : le rap et Rimbaud
Malheureusement, la musique était le cadet de ses soucis...
17 juillet 2009, 11:00   Re : le rap et Rimbaud
Dans le registre de la truculence, de la drôlerie et de l'invention langagière, rien ne vaut un bon San Antonio à côté duqel le rap n'apparaît que comme un filon de grossièretés toutes faites, routinières, lugubres et convenues.
17 juillet 2009, 11:05   Re : le rap et Rimbaud
Certainement. Et contrairement à certains présents dans cette salle, ai-je cru comprendre, moi, j'aime bien Rabelais, que je transporte, avec Montaigne, Proust et quelques autres, dans la poche de ma chemise. Chacun ses tricks...
17 juillet 2009, 12:31   Re : le rap et Rimbaud
Oui, mais là, cher Bernard, vous parlez à l'élite. Dans un régistre populaire on a vu de belles choses, outre San Antonio, chère Cassandre, par exemple Les dialogues d'Audiard dans Les Tontons flingueurs, un pur chef d'oeuvre.
17 juillet 2009, 12:36   Re : le rap et Rimbaud
Et comment ! Je suis une fan des "Tontons flingueurs".

San Antonio a d'abord plu à un lectorat populaire avant d'être apprécié par l'élite.
17 juillet 2009, 13:20   Re : le rap et Rimbaud
Oui, certainement, et les films dont il a écrit les dialogues sont bien savoureux...
Utilisateur anonyme
17 juillet 2009, 13:26   Re : le rap et Rimbaud
Et les Valseuses alors (et bien d'autres films de Blier fils) ?!
17 juillet 2009, 15:21   Re : le rap et Rimbaud
À propos des Tontons flingueurs, et sans vouloir me pousser du col...
Utilisateur anonyme
17 juillet 2009, 15:58   L'UMP au cul d'Orelsan
L'UMP m'envoie le message suivant :

"Orelsan ou l'histoire d'une censure

Qu'on demande à Orelsan de ne pas chanter sur scène une oeuvre susceptible de choquer un large public, soit!

Qu'on l'interdise par principe de festival est tout simplement inacceptable. Que ce boycott d'un artiste intervienne suite a un chantage à la subvention est doublement intolérable!

C'est intolérable de censurer un artiste, mais c'est encore plus intolérable de censurer la programmation d'un festival !

Que l'autorité publique assume un risque de trouble a l'ordre public et fasse interdire cela peut se concevoir, mais cette attitude sournoise d'une collectivité locale est grave pour le respect de la création !

Il est regrettable qu'une grande région française, la région Poitou-Charentes, porte ainsi, du fait de sa présidente Ségolène ROYAL, atteinte a la liberté d'expression.

Frédéric LEFEBVRE.....................................Dominique PAILLE
Porte parole.............................................Porte-parole adjoint

Communiqué du 12 juillet 2009"


D'accord, mais allez jusqu'au bout et abrogez la loi Gayssot, afin que l'on puisse chanter Jugend Will Marschieren et autres airs propres à entraîner la jeunesse sans craindre d'absurdes récriminations de vieilles pleureuses...

Nota : mon lien renvoie à un site qui comporte de nombreux fichiers mp3 libres de droits, pour qui aime la musique populaire allemande.
Utilisateur anonyme
17 juillet 2009, 16:26   Re : le rap et Rimbaud
L'UMP, de par cette réaction, est tout simplement minable : on sent bien que la décision de Royal aurait pu être prise par un Président de Conseil Régional UMP (encore faudrait-il qu'il y en ait), en Alsace par exemple (quoique y a-t-il des festivals de chansons en Alsace). L'UMP n'aurait rien dit contre, c'est le ... PS qui aurait tenu le même propos.
Cette histoire de "liberté d'expression" est un véritable scandale, bien plus encore que les immondices orelsaniens. Une société, un Etat n'ont pas à promouvoir et défendre une liberté d'expression absolue. Seule la censure permet des limites, des barrières, qui font qu'un Etat est un Etat, et pas un bordel. Que veut-on ? La courtoisie, le civisme, la culture, la possibilité de jouir sans porter atteinte à autrui et sans se faire emmerder ? Eh bien empêchons, interdisons, censurons si nécessaire. Car ces vertus sont-elles naturelles ? Bien sûr que non, elles s'apprennent. La liberté d'expression absolue, se rend-on compte de ce que c'est ? Bien sûr que non. Car cela n'a jamais existé et n'existera jamais : cela ne peut pas exister. Tout pouvoir en place met ses barrières; à chacun de les approuver ou pas et de se situer par rapport à elles.
Les chantres de la liberté d'expression sont donc des imposteurs : ils se servent de cette carotte tant vénérée pour l'enfoncer à sec dans le cul de ceux qu'ils vont, sans en avoir l'air, censurer. (Je précise que ma métaphore certes peu subtile n'est en rien homophobe, on ne sait jamais...)
Utilisateur anonyme
17 juillet 2009, 16:28   Re : le rap et Rimbaud
Je précise également que, comme tout le monde, je suis pour la liberté d'expression la plus totale concernant...moi.
Utilisateur anonyme
17 juillet 2009, 16:33   Re : le rap et Rimbaud
Utilisateur anonyme
17 juillet 2009, 16:37   Re : le rap et Rimbaud
Je sens déjà que je n'aurais pas dû toucher au potager...
17 juillet 2009, 16:52   Re : le rap et Rimbaud
Excellent, cher Didier, j'apprécie beaucoup.


"C'est intolérable de censurer un artiste"
Artiste mon cul!
17 juillet 2009, 16:54   Nullité
Cette réaction de l'UMP est d'une bêtise affligeante...
18 juillet 2009, 00:10   Re : le rap et Rimbaud
Pascal Labeuche écrivait:
-------------------------------------------------------

> Il faudrait écrire un "Eloge de l'intolérance".


Il me semble que Slavoj Zizek a écrit quelque chose dans ce genre.
Utilisateur anonyme
18 juillet 2009, 00:23   Re : le rap et Rimbaud
Absolument. Plaidoyer en faveur de l'intolérance. Livre admirable. Zizek est un penseur essentiel, immense. Et La marionnette et le nain est incontournable pour penser notre société et ses rapports indéfectibles avec le christianisme.
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter