« Pour mes obsèques, je ne veux que le strict minimum, c'est-à-dire moi ».
« Une terrasse plantée d'acacias qui domine le lit d'un ruisseau. Des arbres, beaucoup d'arbres. Quelque chose dans tout cela de simple et en même temps d'orgueilleux. Une sorte de paix des premiers âges (...) M. Clemenceau me montrant sa tombe : voilà la conclusion de votre livre : un trou et beaucoup de bruit pour rien ».
Le lendemain matin, conformément à son testament du 28 mars précédent qui excluait tout « cortège ni cérémonie d'aucune sorte », son corps - auprès duquel avaient été placé selon ses instructions l'humble bouquet qui lui offrirent en Champagne le 6 juillet 1918 deux soldats d'avant-poste promis à la mort - fut transporté dans sa voiture et à 12 heures 30, arriva au « bois sacré » où reposait depuis 1897 son père, en présence de 200 gendarmes et de nombreux paysans accourus malgré les barrages routiers et la fermeture du chemin du manoir- ferme du « Colombier » à Mouchamps (Vendée), domaine où ses ancêtres vécurent du début du XVIIIe siècle à 1801.
Il fut porté en terre par son chauffeur Brabant, son valet de chambre Albert Boulin, deux fossoyeurs et deux paysans, sur le bord d'un ravin boisé dominant une boucle du Petit Lay, terrain donné à la commune en avril 1922 par Clemenceau et ses cinq frères et soeurs, dans une grande simplicité, celle des funérailles protestantes traditionnelles. Son exécuteur testamentaire fut son vieil ami Nicolas Pietri.
La copie de la Minerve casquée dite « de Samos » par Sicard surplombe les deux sépultures jumelles, sans dalles ni inscriptions, seulement entourées de grilles ombragées par un grand cèdre de l'Atlas, « arbre de La Liberté » planté en 1848 par son père.
Par décision ministérielle du 15 juillet 1998, les deux tombes, la stèle et l'allée d'accès furent inscrites à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques.
Un de ses familiers, jeune lieutenant d’infanterie puis commandant et futur maréchal de France, Jean de Lattre de Tassigny — dont la pieuse mère disait chaque jour son chapelet depuis 1918 pour la conversion de Clemenceau — fut avec son épouse parmi ses rares amis vendéens à assister à ses obsèques.