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Stèle pour Jan Karski

Envoyé par Gérard Rogemi 
10 octobre 2009, 17:16   Stèle pour Jan Karski
J'avais sauvegardé au mois d'août dernier le lien d'un entretien lu dans le N.O. qui je crois est du plus grand intérêt. Cliquez I C I


Stèle pour Jan Karski
Rencontre avec Yannick Haenel

L'auteur de «Cercle» célèbre, avec une justesse bouleversante, le patriote polonais catholique qui a tenté d'alerter le monde sur l'extermination des juifs d'Europe par les nazis

«Jan Karski», par Yannick Haenel, L'Infini/Gallimard, 188 p., 16,50 euros.

C'est un livre inoubliable. liait à la mémoire d'un homme d'une noblesse et d'un courage exceptionnels, par Yannick Haenel, co-fondateur de la revue «Ligne de risque» et auteur, notamment, de «Cercle». Le nom de cet homme, Jan Karski, est le titre de ce nouveau roman : «J'y tenais, dit-il. C'est un geste philosophique. Il s'agissait pour moi défaire advenir son nom propre, ce que sa délicatesse l'a empêché de faire. Jan Karski pouvait pousser cette délicatesse jusqu'à une réserve quasi masochiste. Une évidence pour qui l'a vu dans «Shoah» ou a lu son livre (1).»
Jan Kozielewski, né en 1914 à Lodz, en Pologne, est mort en 2000 à Washington sous le nom de Jan Karski, son pseudonyme dans la Résistance polonaise. Résistance qu'il a rejoint immédiatement après s'être battu lors de l'invasion allemande en septembre 1939, avoir été déporté un temps par les Soviétiques (merci le pacte germano-soviétique) et s'être s'évade. De janvier 1940 à août 1942, Karski, patriote intransigeant, démocrate radical et catholique fervent, sera l'émissaire de la Résistance auprès du gouvernement polonais en exil du général Sikorski, réfugié à Angers puis à Londres. Il prend des risques insensés. Arrêté et torturé par la Gestapo en mai 1940, il tente de se suicider. La Résistance réussit à l'arracher in extremis à ses tortionnaires, et il replonge dans la lutte. Fin août 1942, Jan Karski va faire la rencontre qui va changer sa vie à jamais. Deux chefs de la résistance juive de Varsovie, un responsable du Bund, l'Union socialiste juive, et un leader sioniste, lui demandent de transmettre aux Alliés et aux responsables juifs du monde entier un message affreusement simple : faites quelque chose, tout de suite. L'Allemagne nazie, lui disent-ils, sera défaite, la Pologne revivra, mais, «nous, les juifs, nous ne serons plus là. Notre peuple tout entier aura disparu». Par l'intermédiaire de ces hommes, Jan Karski entrera par deux fois dans le ghetto de Varsovie, puis dans un camp d'extermination qu'il croit alors être celui de Belzec (en fait, il s'agissait du camp proche d'Izbica Lubelska). L'horreur qu'il découvre dépasse l'entendement. Dès lors, Karski n'a plus qu'une idée : transmettre le message qui lui a été confié. A Londres, à Washington, à New York, les plus hauts responsables politiques, notamment le président Roosevelt, les dignitaires des communautés juives l'écoutent, sans vraiment arriver à le croire. Karski comprend vite que, sur l'échiquier mondial où les Occidentaux et l'URSS sont provisoirement alliés pour vaincre Hitler, la Pologne et les juifs d'Europe ne pèsent pas lourd. De mars à août 1944, alors que l'industrie de mort nazie s'accélère, à New York Jan Karski dicte son livre et raconte ce qu'il a vu (l'ouvrage connaîtra un immense succès). Mais rien ne change dans la stratégie des Alliés, tandis que de l'autre côté de la Vistule les Russes assistent au massacre sans bouger : «Mes paroles avaient échoué à transmettre le message, mon livre aussi.» Dès lors, «l'Homme qui avait voulu empêcher l'Holocauste», pour reprendre le titre d'une biographie américaine, se taira, poursuivant une carrière d'enseignant dans une université américaine, jusqu'à son entretien avec Claude Lanzmann dans «Shoah». Comme Jan Karski s'était effacé devant le message dont il était le porteur, Yannick Haenel s'est à son tour effacé devant Karski, pour devenir, dit-il, «le messager du messager», dont le nom figure désormais parmi ceux des Justes des nations, au mémorial de Yad Vashem à Jérusalem.


Le Nouvel Observateur. - Quand vous est venue l'idée de ce livre ?
Yannick Haenel. - Quand j'ai vu «Shoah», il y a sept ou huit ans avec, au bout de huit heures de film, l'apparition de Jan Karski. Et de sa solitude. Dans ce film, il y a des témoins et il y a un messager. Qui délivrait l'impossibilité d'un message.

N. O. - C'est-à-dire ?
Y. Haenel. - Pour moi, si Jan Karski est le témoin de quelque chose, c'est moins, si j'ose dire, de la Shoah que de l'organisation d'une surdité liée à la passivité des Alliés, qui sans doute est allée jusqu'à la complicité. Il y a chez lui une expérience immédiate et incontestable de ce qu'il en a été à un moment - documentation à l'appui - d'un pacte implicite entre les Alliés de laisser faire, pour toutes sortes de raisons. Quand j'ai vu Jan Karski, je me suis tout de suite posé la vieille question de Sartre au début de «l'Idiot de la famille» : «Que peut-on savoir d'un homme ?» Ce qui a immédiatement activé une immense curiosité pour sa vie, dont le réel événement, à mes yeux, est le mutisme dans lequel il s'est enfermé de la fin de la guerre jusqu'à son entretien avec Lanzmann. A l'évidence, le sujet était là. Comment cet homme a-t-il pu vivre de 1945 jusqu'à sa mort, en 2000, avec un tel savoir sur la criminalité inhérente à l'espèce ? Pour moi, Jan Karski avait en lui la boîte noire de l'histoire du XXe siècle, quelque chose qui nous force encore à penser que l'extermination des juifs d'Europe ne concerne évidemment pas seulement les juifs, mais met en cause l'idée même d'humanité.

N. O. - Votre livre est en trois parties. Seule la dernière, où vous imaginez ce que Karski a pu vivre pendant son silence, explique que vous le qualifiez de roman. Pourquoi cette structure ?
Y. Haenel. - C'était la seule façon d'être à la hauteur de l'intégrité du personnage. J'estimais qu'il fallait présenter Jan Karski tel que lui-même l'avait fait, d'abord dans «Shoah» - c'est le premier chapitre - puis à travers ce qu'il a écrit. A partir de là, le lecteur pouvait recevoir ce que j'appelle ma «fiction intuitive». Il y avait là une question d'éthique narrative, de justesse, ou de justice. Ce saut dans la fiction n'avait qu'un but : tenter de trouver un équivalent au silence de Karski. Il ne s'agissait pas pour moi de me mettre à sa place, ni même de le faire parler. Dans cette dernière partie, c'est sa nuit blanche qui parle. Quand je l'ai vu dans «Shoah», je me suis dit : «Cet homme n'a plus dormi depuis 1945.»

N. O. - Vous rapportez cette phrase extraordinaire qu'il a dite un jour à Elie Wiesel : «Je suis un catholique juif...
Y. Haenel. - Phrase infinie...

N. O. - La pensée juive était déjà présente dans «Cercle», dont le narrateur finissait sa quête spirituelle en Pologne, dans la région de Lublin, terre des grands maîtres du hassidisme..
Y. Haenel. - Le projet de «Ligne de risque» est sous-tendu par un souci spirituel qui pourrait se dire ainsi : «Comment passer de la position catholique à la position juive ?» Ce qui nous intéresse, pour parler en termes deleuziens, c'est le devenir juif de l'écriture.
Il ne s'agit pas de s'efforcer vers ça, mais de comprendre comment, dès qu'on est confronté à une expérience de langage, de parole, on est forcément déjà travaillé par cette question. Les nazis ont non seulement voulu exterminer les corps juifs, mais aussi transformer en fosse commune la spiritualité dont ils étaient porteurs, que ce lieu de parole n'existe plus. Pour moi, qui suis de culture catholique, ce que j'appelle le devenir juif, c'est le saut vers la conscience de ça.

N. O. - Contrairement à nombre de résistants polonais, souvent antisémites, Karski ne distingue jamais les juifs des Polonais dans leur ensemble. Mais il comprend très vite la spécificité de l'extermination dont ils sont l'objet...
Y. Haenel. - Jan Karski est une singularité. Quelqu'un dont le sillage est celui d'un Juste, de quelque chose que je ne pensais même pas possible. C'est-à-dire un innocent, quelqu'un qui vit dans l'indemne : il n'est pas avili. Mais je veux être clair sur ce point : il ne s'agit pas pour moi d'indemniser les Polonais d'un antisémitisme réel et effroyable. Mais comme Karski, je pense que non seulement on ne peut pas réduire les Polonais à ce qu'il y a eu de plus honteux en eux, mais en plus que le faire a servi à blanchir d'autres responsabilités.

N. O. - Celles des Alliés, par exemple
Y. Haenel. - Exactement.

N. O. - Jan Karski dit qu'il a échoué...
Y. Haenel. - L'essentiel pour moi dans ce que je n'en finis pas d'apprendre de Karski, c'est que la seule véritable question est celle de la transmission d'une expérience. Des amis m'ont dit : finalement, tu racontes l'histoire d'un échec. Mais pour moi, Jan Karski est l'autre nom de la victoire. Dans les sephirot de la Kabbale, il y en a une qui s'appelle netza'h, la Victoire. Pour moi, Karski est l'histoire d'une netza'h.

(1)«Mon témoignage devant le monde. Histoire d'un Etat secret», son autobiographie parue en 1944 aux Etats-Unis, Editions Point de mire, 466 p., 26 euros.

Yannick Haenel, romancier, essayiste né en 1967, a co-fondé avec François Meyronnis la revue «Ligne de risque» en 1997. Il est l'auteur d'«Evoluer parmi les avalanches» (2003) et de «Cercle» (2007), prix Décembre et prix Roger-Nimier.

Bernard Loupias
Le Nouvel Observateur
Utilisateur anonyme
10 octobre 2009, 20:22   Re : Stèle pour Jan Karski
La séquence de Shoah avec Jan Karski m'avait émue.
Utilisateur anonyme
10 octobre 2009, 23:08   Re : Stèle pour Jan Karski
Je ne sais pas si Rogemi appréciera que l'on déplace ainsi sa citation sur ce fil de discussion-là, en tout cas je ne trouve pas cela très honnête de votre part. Si vous avez quelque chose à dire sur ce sujet, faites-le directement, sans vous abriter derrière les mots des autres totalement sortis de leur contexte.
10 octobre 2009, 23:13   Re : Stèle pour Jan Karski
Cela n'a rien à voir en effet.
Utilisateur anonyme
10 octobre 2009, 23:21   Re : Stèle pour Jan Karski
Je ne suis pas de cet avis.

S'il estime que ses propos ne s'appliquent pas à ce sujet, il est assez grand pour le dire lui-même.
Utilisateur anonyme
10 octobre 2009, 23:29   Re : Stèle pour Jan Karski
S'il estime que ses propos ne s'appliquent pas à ce sujet, il est assez grand pour le dire lui-même.

Le fait qu'il ait choisi de poster cet article est déjà un élément de réponse.
11 octobre 2009, 02:00   Re : Stèle pour Jan Karski
Merci, cher Rogemi, pour ce très intéressant entretien. Le témoignage de Jan Karski dans Shoah était effectivement l'un des moments les plus émouvants du film, étonnant par ce qu'il recelait d'humanité intacte (ce n'est peut-être pas l'expression la mieux choisie, mais je n'en ai pas trouvé d'autre).

Netza'h est le radical du verbe "vaincre", mais comme substantif il signifie "éternité", cela en hébreu courant il est vrai, n'étant guère versé dans les Sephirot.


» l'homme est doté, Dieu merci, de la capacité d'oublier même les choses les plus abominables

En fait on n'oublie rien, mais certains trouvent le moyen de s'en accommoder et de continuer à vivre ; oublier et n'être plus affecté de façon dramatique, ce n'est pas la même chose.
Utilisateur anonyme
11 octobre 2009, 05:25   Re : Stèle pour Jan Karski
Alain Eytan écrivait:
> En fait on n'oublie rien, mais certains trouvent
> le moyen de s'en accommoder et de continuer à
> vivre ; oublier et n'être plus affecté de façon
> dramatique, ce n'est pas la même chose.

oui

[www.croire.com]
Geneviève Comeau, Croire aujourd'hui n°187

"Toute personne qui invoque le pardon de son prochain ne devra pas le requérir plus de trois fois", dit un passage du Talmud. Il faut pardonner, sous peine d’humilier ou de décourager l’autre.
Le pardon a ses origines dans la Bible. La fête de Kippur le célèbre, comme il est dit en Lévitique 16,30 : «En ce jour Dieu vous accordera le pardon afin de vous purifier.» Aujourd’hui, la liturgie synagogale de Kippur commence ainsi : «Oui, j’en prends la résolution, je pardonne à ceux qui m’ont causé du tort, qu’ils l’aient fait sous la contrainte ou de plein gré, par inadvertance ou délibérément, qu’ils m’aient nui par leurs propos ou par leurs actes, à tous, quels qu’ils soient, je pardonne. Que personne ne subisse Ta rigueur à cause de moi.» Les dix jours qui précèdent Kippur sont pour les juifs l’occasion de réparer leurs torts et de se réconcilier. Car «Kippur nous apporte le pardon pour les péchés commis envers Dieu; il nous l’apporte aussi pour les fautes commises envers notre prochain, mais à condition que nous nous soyons réconciliés avec lui et que nous ayons réparé les torts que nous lui avons faits.» (1).

Le pardon est donc une démarche exigeante, qui engage la responsabilité. Nul ne peut se substituer à autrui : il n’y a que moi, qui ai lésé mon frère, qui peux aller lui demander pardon. Et lui seul peut me pardonner. Dieu lui-même ne le peut que si mon frère me pardonne. Le pardon est subordonné au repentir et à la réparation. .... Cela n’empêche pas la tradition juive d’admirer ceux qui sont humiliés mais n’humilient pas à leur tour, et de chercher à désamorcer les conflits : «Qui est le véritable héros? Celui qui fait de son ennemi un ami» (2).

(1) Gilles Bernheim, Le souci des autres, au fondement de la loi juive, Calmann-Lévy, 2002, p.59
(2) Dans Avot-de-rabbi-Natan. Je suis redevable au rabbin Rivon Krygier des citations talmudiques.


[www.livres-online.com]
La force du bien
Livre de Marek Halter
Ce livre rend hommage à ces hommes et ces femmes qui durant la seconde guerre mondiale n’ont pas hésité à mettre leurs vies en péril afin d’aider et de protéger des Juifs... . Iréna, polonaise, a sorti du ghetto, à la barbe des Allemands, 2 500 enfants. Berthold, industriel allemand, a entrepris d’embaucher des Juifs dans son usine, les sauvant ainsi des camps de la mort. Des religieuses ont abrité dans les couvents des centaines d’enfants traqués...
11 octobre 2009, 10:00   Re : Stèle pour Jan Karski
Citation
En fait on n'oublie rien, mais certains trouvent le moyen de s'en accommoder et de continuer à vivre ; oublier et n'être plus affecté de façon dramatique, ce n'est pas la même chose.

Bien sûr mais la vie est toujours plus forte que la mort, cher Alain, et les survivants des camps, comme les soldats démobilisés d'ailleurs, n'ont eu pour la plupart qu'une ligne de conduite [intuitive, spontanée] qui fut d'oublier, de vivre et de faire des enfants.
12 octobre 2009, 13:22   Stèle pour Marek Edelman
Je profite du fil ouvert par Rogemi, que je salue, sur Jan Karski pour évoquer la figure magnifique de Marek Edelman, qui vient de mourir. En ce moment, sa mort fait l'objet d'une récupération indécente de la part de certains milieux antisionistes radicaux, [www.ujfp.org]. Les Indigènes de La République, notamment, dans un communiqué grandiloquent, [www.indigenes-republique.fr], en font un frère pour son antisionisme et en particulier pour sa lettre ouverte adressée il y a quelques années aux partisans palestiniens. Ce que les supporters et thuriféraires du Hamas oublient, au delà du fait qu'Edelman n'aurait probablement pas goûté cette fraternité-là, - dans son milieu politique d'origine on était des camarades pas des frères et encore moins des cousins - de dire, c'est que cette adresse publique contenait une condamnation ferme et définitive des attentats-suicides commis à l'époque par les branches armées du Fatah et du Hamas contre les populations civiles israéliennes. Dans cette supplique, Edelman rappelait que, même au pire moment de l'insurrection du ghetto de Varsovie, les membres de l'Organisation juive de combat s'étaient refusés, par éthique, à entreprendre des attentats contre les civils (en l'occurrence les familles des officiers allemands installés sur le sol polonais). En outre, Edelman avait expliqué que l'utilisation du substantif partisan n'avait qu'une valeur descriptive et non apologétique.
L'article d'Edelman et ses justifications sont ici :
[www.shalomarchav.be]
13 octobre 2009, 00:22   Kippour, une autre version
Chère Elisseievna, avouez que c'est quand même un comble : jetés là piaulant dans l'existence, l'on doit en plus demander pardon.
Ça m'a toujours époustouflé, cette histoire...

Heureusement que ces fêtes mortelles sont finies, parce que vous savez, à Jérusalem, c'est d'un pénible difficilement soutenable : à l'annonce de cette période de torpide relâchement collectif, entre les parenthèses de laquelle le peuple Juif tout entier doit pouvoir reprendre haleine, c'est le sauve-qui-peut : on se planque, on organise des orgies entre amis, se gave de charcutaille achetée chez les Russes (heureusement qu'ils ont émigré), on visite éperdument les site les plus échevelés de la toile, ne sachant plus que faire pour dissiper cette chape de componction officielle fétide et généralisée, paralysant tout et tous.
Le jour du Kippour lui-même est vraiment le pompon : profitant de l'absence réelle de toute circulation automobile, ce sont des hardes d'enfancelets hululant sur leurs vélos lancés à toute allure par les rues désertées des villes, transformant le silence contrit de rigueur, et effectivement total sans les sales mioches, en un vacarme vrillant et insupportable. C'est surréel. Plus d'une fois, excédé, je suis descendu et en ai saisi un par le collet, hurlant par-dessus sa bicyclette, et l'ai foutu avec son engin dans la poubelle la plus proche.
Le grand réconfort de ce jour-là, à la nuit déjà tombée, quand il semble qu'un peu de sens vital revienne aux joues du pays exsangue et que la circulation reprend, c'est la recension, aux premières nouvelles diffusées depuis vingt-quatre heures, du nombre des victimes parmi les petits cyclistes hurleurs. Je ne suis pas méchant mais ça fait du bien.
13 octobre 2009, 00:29   Nocence du Kippour
Bien cher Alain,


Je pense que Francis ne m'en tiendra pas rigueur. Je tiens en très haute estime l'histoire du bidochon déménageur des Yvelines, mais vos enfants du Kippour la surclassent de façon incontestable. J'aurais pensé à tout, sauf à cela !
13 octobre 2009, 00:52   Re : Nocence du Kippour
Très cher Jmarc, c'est la pure vérité !
Une nocence de retentissement national, décuplée par le caractère sacré et solennel du jour, qui perversement en amplifie la nuisance par l'absence de fond sonore.
Il faut l'entendre pour le croire...
13 octobre 2009, 15:07   Sujet de débat
Bien cher Alain,


J'imagine assez bien le débat qu'il pourrait y avoir dans les écoles talmudiques :

- un jour de Kippour, peut-on sauter sur des enfants bruyants ?

- doit-on s'emparer d'eux par le collet ou par les papillotes ?
14 octobre 2009, 05:32   Re : Sujet de d�bat
Ah mais, dans les quartiers religieux, qui sont encore minoritaires, c'est calme, ou du moins je l'imagine, sinon ce serait vraiment la fin de tout.
Donc la question des papillotes ne se posera pas.

Savez-vous que le grand-Rabbin séfarade, l'estimable Ovadia Yossef, a statué de la manière la plus officielle qu'on ne pouvait se curer le nez pendant le chabbat ?
Utilisateur anonyme
14 octobre 2009, 10:12   Re : Sujet de d�bat
A condition toutefois de bien veiller à ne pas s'arracher des poils.
14 octobre 2009, 10:28   Re : Sujet de d�bat
Ne pas s'arracher les poils du nez en ne se le curant pas, ça c'est à la portée du premier goy venu, cher Agrippa...
Utilisateur anonyme
14 octobre 2009, 10:30   Re : Sujet de d�bat
Ah oui, pardon, j'avais mal lu.
Utilisateur anonyme
16 octobre 2009, 18:27   Re : Stèle pour Jan Karski
Le Talmud étant exclusivement réservé aux juifs, est-ce que le pardon (kippour) s'étend également aux goyim ou est-il circonscrit au seul peuple juif ?
Est-ce que les juifs pardonneront un jour aux allemands les persécutions qu'ils ont subies il y a 65 ans, ou est-ce inimaginabe pour eux ?
16 octobre 2009, 18:48   Pardon
Et vous, qui n'êtes pas Allemand, que ne pardonnez-vous pas aux juifs ?

Par ailleurs, plutôt que goyim, utilisez "gentils", c'est la même chose, car je suppose à lire ce commentaire que vous n'êtes pas chrétien.
Utilisateur anonyme
16 octobre 2009, 19:52   Re : Stèle pour Jan Karski
Ma question n'est pas une provocation, c'est une vraie interrogation.
Hier soir sur Arte on a pu revoir le passage émouvant de Shoah au cours duquel Lanzmann intérroge Karski.

Dans le contexte du refus buté du gouvernement américain de croire les descriptions apocalypiques rapportées par Karski sur le massacre des populations juives on ne peut que se scandaliser des attaques répétées de la presse progressiste et communautariste contre le soi-disant silence criminel de Pie XII.
Citation

se scandaliser des attaques répétées de la presse progressiste et communautariste contre le soi-disant silence criminel de Pie XII

Je me demande s'il faut encore lutter contre tout ce qui est bête et méchant. Souvent, un autre bête et un peu moins méchant se lèvera pour dire le contraire, et sans qu'on lui dise. On ne s'occuperait plus du tout des choses essentielles...
Citation
Je me demande s'il faut encore lutter contre tout ce qui est bête et méchant

Vous avez raison. C'est à chaud que j'ai réagi en voyant la désillusion compléte de Karski face à l'incrédulité de l'Establishment washingtonien.
Voici un article qui vient de paraître dans " Courrier International ", qui critique l' ouvrage de Yannick Haenel.



On ne touche pas à Jan Karski

Alors que la polémique autour du roman Jan Karski de Yannick Haenel continue de faire rage dans l'hexagone, l'éditorialiste polonais Leopold Unger s'invite dans le débat. Selon lui, il y a des limites que la fiction ne doit pas franchir, à commencer par attenter à la mémoire de héros qui ne sont plus là pour se défendre.

Yannick Haenel a reçu le Prix Interallié le 18 novembre 2009 pour son ouvrage "Jan Karski".
Lecture
"Jan Karski" de Yannick Haenel.

Je n’ai jamais rencontré Jan Karski en personne. Yannick Haenel non plus. J’ai connu Karski par ses livres et par la revue Kultura [éditée par les émigrés polonais à Paris] où nos textes étaient parfois voisins. Il en va de même pour Haenel, même s'il n'a pas consulté certaines sources, comme Kultura, et qu'il n'a pu lire que les ouvrages de Karski traduits en français. Par contre, il y a une différence entre nous. Moi, je n’ai pas écrit sur Karski, Haenel, si. Et je ne suis pas certain que ce soit une bonne chose. Laissons aux critiques la tâche de juger des qualités littéraires de l'œuvre de Haenel [qui doit bientôt sortir dans une traduction polonaise]. Moi, je veux parler de Karski. Chez Haenel, il y a trois Karski. Le premier est arraché de Shoah, le film-documentaire de jacques Lanzmann, le deuxième a été compilé à partir des écrits de Karski. Ces deux Karski, les Polonais les connaissent mieux que Haenel. Mais ils ignorent tout du troisième. Or le troisième Karsky a entièrement été inventé par l'écrivain Haenel. Ce pseudo-Karsky surgit au détour d'un long monologue ayant pour but de révéler ses pensées les plus cachées, que Karski n’aurait pas exprimé de son vivant.

Pour le dire élégamment, ce monologue procède d'une tentative littéraire de casser la frontière entre fiction et réalité. Pour le dire plus crûment, il rassemble ce que, selon Haenel, Karski aurait eu à dire au monde s'il avait aujourd'hui le pouvoir et la volonté de le faire. Une sorte de "J’accuse" enflammé que Haenel préfère de mettre dans la bouche de Karski, afin d'accorder plus de crédibilité à sa vision d’un Occident cynique et indifférent pendant la Seconde Guerre mondiale. Une telle opération est peut-être admise dans la littérature. Le roman est un espace de liberté, l’écrivain ne représentant que lui-même et n'étant pas obligé de s’expliquer de ses écrits. A condition qu’il s’agisse d’une fiction. Le livre de Haenel est-il un roman ? J’en doute. Par contre, je ne doute pas qu’il aille trop loin. Je me suis interrogé sur ce que j’ai retenu des livres de Karski, j’ai aussi consulté les témoignages les plus crédibles, de ses amis comme Elie Wiesel, entre autres. Leur verdict est sans appel. Le monologue de Karski, sous la plume de Haenel, est une négation de la réalité, toute remplie d’absurdités et d’inepties. Le monologue déforme le caractère et les opinions du vrai Karski et injecte dans la conscience du lecteur étranger une image déformée du personnage et de sa pensée. Ce Karski-là est faux à la fois moralement et psychologiquement. Haenel transmet au monde une fausse image de celui qui fut l’un des rares grands héros de l’époque des fours crématoires.

Haenel a des partisans et des adversaires. En France, son roman a suscité la polémique. Il s'est vu décerner le prix Interallié 2009, alors que, dans le même temps, certains critiques dénonçaient une utilisation abusive de la tragédie des Juifs à des fins littéraires, d'autres n'hésitant pas à l'accuser de nécrophilie littéraire. Pourquoi me mêle-je à cette polémique ? Parce que j’ai attendu trop longtemps, en vain, qu’une voix polonaise se lève pour défendre cet homme qui appartient au panthéon de la mémoire polonaise. Karski a contribué et contribuera encore à forger ma perception du monde, il a façonné mes relations avec la polonitude et le genre humain.Je parle ici du vrai Karski, pas celui de Haenel. Il est triste que les plus grands puissent subit un tel traitement, gratuit, même après leur mort. Karski ne peut plus se défendre. Mais quelqu’un devrait le faire à sa place. Et si la biographie est l'art de faire revivre un homme, alors le roman de Haenel en est à des années-lumière. "Pour moi, Karski était un saint, et pour le reste du monde, personne", a déclaré Haenel le 19 octobre, interrogé par [le quotidien polonais] Gazeta Wyborcza. C’est un mensonge présomptueux et doublement paradoxal. Paradoxal, car il est vrai que toute cette affaire autour du livre de Haenel a "ranimé" Karski. Son destin a réveillé la conscience d’une partie de l’opinion publique française. Mais, et c’est un autre paradoxe, il aurait mieux valu que Karski reste personne, plutôt que cet homme que Haenel prétend avoir ressuscité.
18 mars 2010, 19:55   Maintenance
(C'est curieux, je n'ai plus accès à la fonction "modifier le message", d'un usage un peu embarrassant certes, mais souvent utile... Toujours est-il que j'en profite pour ôter une capitale égarée dans "peuple juif", à l'entrée Kippour, une autre version. Voilà, c'est fait, je m'eclipse.)
Utilisateur anonyme
18 mars 2010, 20:23   Re : Maintenance
(Message supprimé à la demande de son auteur)
18 mars 2010, 20:33   Le passé immuable
Merci, je puis maintenant modifier les entrées récentes, mais il semble qu'il y ait péremption pour celles plus anciennes.
Utilisateur anonyme
18 mars 2010, 20:46   Re : Le passé immuable
(Message supprimé à la demande de son auteur)
On parle de juifs, PhiX sort de son trou...
18 mars 2010, 21:56   Re : Stèle pour Jan Karski
Il faut toujours relire la charte...
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