Actualité Loos
Othmane, le lycéen sans papiers est sorti du centre de rétention de Lesquin
samedi 27.03.2010, 05:07 - La Voix du Nord
Othmane Loukil avait retrouvé le sourirehier après-midi : il pourrait obtenir un titre de séjour.
La mobilisation autour du lycéen loossois sans papiers Othmane Loukil a payé. Il est sorti hier en milieu d'après-midi du centre de rétention de Lesquin et, selon le maire de Loos, pourrait obtenir un titre de séjour.
Il a le sourire Othmane, assis dans le bureau de son éducateur. Et ne réalise pas encore d'être sorti du centre de rétention de Lesquin : « Je pensais que j'allais y rester quinze jours. J'ai du mal à croire que je suis libre. » Il s'étonne encore plus de la mobilisation qu'il a soulevée, lui qui se terre au foyer lillois depuis décembre pour ne pas prendre le risque d'être expulsé : « Dans ma chambre du centre de rétention, j'entendais des gens crier mon nom. Je n'y croyais pas. Les personnes du centre non plus lorsqu'ils ont vu arriver le maire de Loos. Ils m'ont dit "t'es qui toi pour faire déplacer le maire ?" ».
Il a ensuite fallu qu'il entende son nom au journal régional de France 3 pour qu'il retrouve l'espoir malgré cette angoisse lancinante d'être expulsé : « J'ai eu vraiment très peur de me retrouver dans l'avion. A quatre heures du matin, le Marocain qui partageait ma chambre a été menotté. Il a été expulsé. Je savais que j'allais être un des suivants. » Mais Othmane était prêt à tout mettre en place pour rester en France, ne pas retourner dans son pays, l'Algérie, qu'il avait fui pour des problèmes familiaux : « Ce n'était pas possible. Je ne serais jamais retourné au bled. J'étais prêt à me faire mal. Je n'aurais pas eu d'autre choix. » Il n'aura pas eu besoin d'en arriver à cette extrémité. La mobilisation d'élus, de membres du Réseau d'éducation sans frontières, de ses éducateurs, et du lycée Duhamel (Lire ci-dessous) sort le jeune Algérien de l'impasse. « Selon le cabinet du préfet, Othmane pourraitobtenir un titre de séjour », annonce, soulagé et heureux, le maire Daniel Rondelaere.
Alors, le lycéen Othmane tente de dédramatiser son arrestation dans le métro mercredi, sa garde à vue au commissariat central de Roubaix et son placement au centre de rétention : « On m'a mis les menottes dans le métro, cela n'est pas facile à vivre. Au commissariat, j'étais dans une pièce où ça sentait mauvais. On n'arrêtait pas de me dire que j'étais un menteur parce que je jurais ne pas être le délinquant qu'il recherchait. »
Oui, Othmane Loukil est bien victime d'une homonymie. L'autre Othmane Loukil est recherché par la police pour des faits de délinquance : « C'est pour cela qu'ils m'ont arrêté. Ils ont vu mon nom sur les fichiers mais ce n'était pas moi. » Et ce n'est d'ailleurs pas la première fois qu'Othmane est arrêté à cause de son homonyme : « On a, déjà, dû justifier de son identité, explique, dépité, son éducateur, Lazare Bennaceur. On a dû prouver qu'Othmane était un lycéen sans histoires. C'est pour cela que ses empreintes ont été prises au centre de rétention. » Le lycéen glisse un regard complice à son éducateur qui décroche une nouvelle fois son téléphone portable : « C'est encore un des élèves de Duhamel, Othmane. Ils sont heureux pour toi. Tu vas devenir une star... mais lundi, tu retournes à l'école ! » •