Je ne m'intéresse pas au footbal, mais Finkielkraut m'a fort étonné, et je donnais raison à l'un de ses interlocuteurs, qui disait que ce sport était « une école de l'injustice ». Il s'agit d'une injustice que l'on pourrait qualifier de transcendantale. En effet, l'arbitre fait partie du jeu, il ne peut avoir qu'un point de vue sur la partie, et doit toujours, de toute façon, interpréter ce qu'il voit. On ne peut jamais voir, au plus, que trois faces d'un cube. La vidéo ne ferait que reculer le problème. Ce refus de l'aspect humain du jeu, ce point de vue réaliste-scientiste, et cette illusion d'un panopticon m'a fort surpris de la part du philosophe.
Je suis escrimeur, et je préfère le fleuret, où la signification du geste importe et où l'arbitre doit interpréter la "priorité", à l'épée, où seule compte la matérialité de la touche enregistrée par l'appareil électrique. Je ne suis peut-être pas à la mode, mais j'aime encore tirer sans fil... J'ai connu de nombreuses situations où l'« analyse » de la « phrase » d'escrime (vocabulaire que l'on utilise dans ce sport) était ambiguë. Et alors ? C'est très amusant, c'est tout, et c'est la vie. Le problème commence avec la compétition, et là, l'arbitre est là pour « dire le droit ». Ce qui pourrit tout, ce sont ces millions d'euros qui donnent une importance imbécile à l'effleurement de deux doigts sur un ballon. En l'occurrence, il me semble que les juges ont bien fait.