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Communiqué n° 1047 : Sur une ambiguïté de la question des éoliennes

Communiqué n° 1047, mercredi 5 mai 2010
Sur une ambiguïté de la question des éoliennes

Le parti de l'In-nocence déplore l'ambiguïté qui mine l'actuel débat au sujet des éoliennes. On dirait que les diverses forces les plus conscientes de l'exigence écologique sont favorables à l'élargissement massif du parc éolien tandis que ce mouvement n'aurait d'adversaires que les tenants d'intérêts économiques égoïstes et réactionnaires, indifférents au sort de planète. Or ce n'est pas du tout ainsi que se présente le problème.

Le parti de l'In-nocence est résolument hostile à une large diffusion des éoliennes sur le territoire national et, s'il l'est, c'est précisément à partir de positions résolument écologiques. L'écologie telle qu'il la conçoit et la défend présente en son centre même une essentielle dimension esthétique, culturelle, ontologique et même poétique. Son objet est le mode de la présence de l'homme sur la terre. Il ne sert à rien de sauver la planète si c'est en la rendant inhabitable pour l'humanité. Et qu'elle demeure habitable, ce n'est pas seulement une question chimique, sanitaire, géomorphologique ou climatologique. C'est aussi et peut-être d'abord une exigence spirituelle.

Le parti de l'In-nocence estime que ceux-là trahissent l'écologie et sa dignité philosophique qui la réduisent à un combat entre diverses techniques. Il faut lutter contre la prolifération des éoliennes parce qu'une vie qui se déroulerait de toute part dans leur ombre et sous leurs palans assassins des oiseaux ne mérite pas qu'on se batte pour elle, ni d'être vécue.
Vous avez mes remerciements personnels pour ce communiqué. Je trouve qu'il faut du courage et du courage intelligent et de l'intelligence du cœur pour choisir une ambiguïté comme lieu d'affirmation et de définition politique. Il y aurait tellement mieux à faire pour draguer large. Dites nous si le PI est écologiste ou non. De plus, je trouve l'ambiguïté de l'écologie bien posée et la position du Parti clairement exprimée sans donner dans trop de longueurs ni trop de subtilités (contre lesquelles, je le sens, vous luttez !)
«Son objet est le mode de la présence de l'homme sur la terre.»
«C'est aussi et peut-être d'abord une exigence spirituelle.»
Quel soutien, quel réconfort !
Chers amis, je me permets de faire remonter à la surface cet excellent communiqué 1047, ne pouvant me résoudre à le voir sombrer sous les 376 interventions concernant le cas Polanski. La culture et l’écologie me semblent constituer les deux domaines où la parole du Parti doit se faire entendre en priorité et avec force. L’écologie devient le champ privilégié de la politique consensuelle et moralisante. Or, non seulement elle recouvre des attitudes et des regards forts différents mais elle constitue sans doute un partage des eaux idéologiques et philosophiques. Je crois que c’était là l’objet principal de ce communiqué, plus encore que le refus de la prolifération des éoliennes. Le vocabulaire employé le montre assez. Voilà pourquoi j’aurais aimé que se manifeste un peu plus de soutien et d’enthousiasme. Bonne semaine à tous.
Je crois, cher Eric, que le communiqué fait l'unanimité et n'est pas tombé aux oubliettes.
Bien cher Éric,

C'est exactement comme les questions de Francis à propos de la Thaïlande : quand on est pleinement d'accord sur un point, on a des difficultés à dire "moi aussi", "oui", "je suis d'accord".

Le fait qu'il y ait consensus explique qu'il y a peu de messages, de même que le fait que les avis soient très partagés sur l'affaire P. explique qu'il y en a beaucoup.
Merci bien, cher Florentin, cher Jean-Marc. Vous avez raison, vos échos me rassurent, cette absence de réaction vaut confirmation et accord bien plus que désintérêt . D'autant que le premier Entretien de Plieux poursuit tout à fait dans le sens de ce communiqué.
Un article de Valeurs Actuelles sur les éoliennes.

Environnement. Après l'examen du Grenelle 2.

Eoliennes : le vent de fronde
Fabrice Madouas le mercredi, 19/05/2010

Comment éviter la prolifération anarchique des éoliennes ? C’était le but des députés UMP. Mais Jean-Louis Borloo promet encore “500 mâts par an”. Au moins…

Supercherie, trahison ! La gauche n’a pas de mots assez durs pour critiquer le Grenelle 2, adopté la semaine dernière par l’Assemblée. Le Grenelle 2, c’est le projet de loi “portant engagement national pour l’environnement”. Alors qu’en juillet 2009 la précédente loi (Grenelle 1) avait presque fait l’unanimité, les députés se sont cette fois sévèrement affrontés dans l’Hémicycle. La raison de ces empoignades ? Le développement de l’énergie éolienne.

Notre pays compte 2 620 éoliennes qui fournissent 1,6 % de l’électricité consommée en France (4 574 mégawatts). La puissance installée a été multipliée par dix en quatre ans, mais le gouvernement veut encore amplifier cette croissance pour lutter contre l’effet de serre. Comment ? En portant la part des énergies renouvelables à 23 % de notre consommation d’énergie en 2020. Il faudrait alors ériger plus de 600 éoliennes par an pour que le parc français atteigne à cette date un total de 9 000 machines produisant 19 000 mégawatts sur terre et 6 000 en mer.


“Des dégradations durables dans des espaces naturels”

La droite n’est pas hostile aux éoliennes, mais elle veut éviter la dispersion anarchique des aérogénérateurs (leur nom savant) sur le territoire. « Des situations abusives et regrettables ont parfois abouti à des dégradations durables dans des espaces naturels ou à proximité de sites remarquables », souligne la mission d’information commune sur l’énergie éolienne dans un rapport rédigé par Franck Reynier, député UMP de la Drôme. De nombreux élus n’hésitent plus à parler de « lynchage territorial » (lire l'article de Julien Valserre).

Certains mâts atteignent 150 mètres de haut. Leur prolifération, prévue par le Grenelle 2, pourrait encore aggraver le mal : « Si l’on installait 19 000 mégawatts terrestres avec des parcs de deux ou trois éoliennes, on verrait une éolienne de presque n’importe quel point du territoire, tandis que l’on pourrait éviter le mitage en faisant un effort pour les concentrer », indique Serge Poignant, député de Loire-Atlantique et rapporteur pour avis sur le Grenelle 2.

Les députés UMP ont donc défendu plusieurs dispositions visant à maîtriser l’installation des éoliennes : mise en place de schémas régionaux, instauration d’une distance minimale de 500 mètres entre les lieux d’habitation et les parcs de production éolienne, application aux aérogénérateurs du régime des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), adoption d’un seuil minimum de puissance de 15 mégawatts pour les nouvelles implantations de “fermes éoliennes”. Il s’agissait d’établir un cadre juridique « permettant à la fois de mieux consulter les populations concernées et d’ouvrir à la filière les perspectives d’un développement mieux accepté ». Mais ces contraintes ont provoqué la colère des promoteurs de l’énergie éolienne, qui ont bataillé dans les couloirs du Palais-Bourbon pour éviter leur adoption (lire l'article de Vldimir de Gmeline).

Les intérêts en jeu sont considérables. Afin de favoriser le développement de l’éolien, l’État a mis en place depuis plusieurs années une panoplie de mesures visant à solvabiliser la demande des ménages et des entreprises : crédits d’impôt, prêts à taux zéro ou aidés,subventions et prix garantis aux producteurs, etc. Résultat : la rentabilité économique des activités éoliennes est élevée (« probablement comprise entre 16 et 20% » pour un parc fonctionnant plus de 2 600 heures par an, selon la mission parlementaire) alors que le rendement technologique des aérogénérateurs est plutôt médiocre.

« Si le kilowattheure éolien était payé au service rendu, les éoliennes appartiendraient encore au secteur des énergies futuristes. Mais le Parlement etou le gouvernement ont décidé au nom du peuple souverain que le kilowattheure éolien, qui coûte à son fournisseur environ deux fois plus cher qu’il ne rapporte à EDF, serait payé audit fournisseur trois fois plus cher (au moins pendant quelques années). D’où l’énorme pression des candidats producteurs – de plus en plus souvent à capitaux étrangers – qui brûlent de profiter de cette manne… », analyse Marcel Boiteux, ancien président d’EDF.

C’est ce que confirme Franck Reynier dans son rapport : les promoteurs des activités éoliennes « sont souvent apparus à la mission, du moins en France, comme des intervenants économiques d’une nature plus financière qu’industrielle. À quelques exceptions près, leur qualité d’énergéticien s’est révélée secondaire par rapport à celle de développeur de business plans fondés sur les perspectives de rendements élevés et assurés ». Les surcoûts sont payés par le consommateur : obligée par l’État à acheter aux producteurs l’électricité provenant des énergies renouvelables, EDF perçoit, en contrepartie, une contribution acquittée par chaque consommateur d’électricité…

Adopté par la gauche mais confirmé par la droite, ce système est d’autant plus curieux que le principal argument en faveur des énergies renouvelables – la lutte contre l’effet de serre – ne vaut pas pour la France :10 % seulement de notre électricité est d’origine carbonée. L’essentiel provient du nucléaire (plus de 75 %) et de l’hydraulique (environ 12 %), deux énergies qui n’émettent pas de gaz à effet de serre. Ce qui n’est pas du tout le cas du Danemark, souvent cité comme modèle par les partisans de l’éolien : les aérogénérateurs fournissent à ce petit pays 20% de son énergie,mais 70 % proviennent de combustibles fossiles.

Des emplois déjà soumis à la délocalisation

Le Syndicat des énergies renouvelables (Ser) et la Fédération des industries électriques, électroniques et de communication (Fieec) font valoir que « des milliers d’emplois » sont en jeu : « 10 000 personnes travaillent déjà dans l’industrie éolienne en France. Elles pourraient être 20 000 dans deux ans et 60 000 en 2020, si les engagements du Grenelle de l’environnement sont respectés. »

Il s’agit pour l’instant d’un pari sur l’avenir, car la croissance du marché français profite surtout aux entreprises étrangères. « Comme l’a indiqué M. Jacques Pallas, maire de Saint- Georges-sur-Arnon, auditionné par la mission au sujet du parc éolien installé dans sa commune, les 19 éoliennes sont arrivées d’Allemagne, sans l’apport d’aucun sous-traitant français, le transporteur lui-même étant allemand ! », lit-on dans le rapport de Franck Reynier. Les entreprises européennes sont elles-mêmes soumises à la concurrence des nouvelles puissances industrielles, comme la Chine. Selon la mission, « le Danemark doit faire face à un important mouvement de délocalisations ».

Sous la pression conjuguée des Verts, des industriels et du gouvernement,les députés UMP ont renoncé au seuil minimal de puissance de 15 mégawatts pour les nouveaux parcs éoliens. Mais ils ont tenu bon sur une autre condition : que ces parcs comptent au moins cinq mâts afin d’éviter tout mitage. Un coup d’arrêt à la prolifération anarchique des éoliennes ? Voire… Devant l’Assemblée, Jean-Louis Borloo a fixé comme objectif l’installation de 500 mâts par an. Et « si c’est 600 ou 700, ce sera encore mieux », a-t-il ajouté. Fabrice Madouas

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