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Les anecdotes d'Alain Badiou

Envoyé par Romain Lothaire 
19 juillet 2010, 17:31   Les anecdotes d'Alain Badiou
Trouvé dans un article de Simon Leys :

« S’agissant de figures comme Robespierre, Saint-Just, Babeuf, Blanqui, Bakounine, Marx, Engels, Lénine, Trotski, Rosa Luxemburg, Staline, Mao Tsé-toung, Chou En-lai, Tito, Enver Hoxha, Guevara et quelques autres, il est capital de ne rien céder au contexte de criminalisation et d’anecdotes ébouriffantes dans lesquelles depuis toujours la réaction tente de les enclore et de les annuler. » (Alain Badiou)

L'expression "anecdotes ébouriffantes" est sans doute sa manière toute personnelle de dire que 80 millions de morts ne sont qu'un "point de détail".
Utilisateur anonyme
19 juillet 2010, 17:52   Re : Les anecdotes d'Alain Badiou
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
19 juillet 2010, 18:16   Re : Les anecdotes d'Alain Badiou
Ai lu quelque part (un article sur F. Jullien, je crois) qu'A. B. se voit tel un "dialecticien post-dialectique"... Plus c'est intelligent, plus c'est bête.
Citation
Monsieur K.
Ai lu quelque part (un article sur F. Jullien, je crois) qu'A. B. se voit tel un "dialecticien post-dialectique"... Plus c'est intelligent, plus c'est bête.

Vouloir être un pur esprit est une ambition qui se croit angélique, mais qui se révèle bien vite démoniaque.
"Ébouriffants", en effet, les Killing Fields du Cambodge... mais au fait, avez-vous remarqué qu'Alain Badiou prend soin d'omettre Pol Pot de sa liste des grands incompris de l'histoire, à moins qu'il ne le glisse en contrebande dans ses quelques autres ? Quand je vous dis que nous avons affaire à un petit malin...
J'avais remarqué. Oui, c'est bel et bien un petit malin, au sens propre comme au figuré...
Les comparaisons de M. Badiou m'étonnent. Babeuf était un extrémiste, mais il ne fut pas un criminel (voir son opposition à Manuel), contrairement à Robespierre et Saint-Just. Rosa Luxemburg n'était pas Staline, et Chou En-lai protégea bien des oeuvres remarquables du patrimoine chinois.

Vous noterez par ailleurs que Badiou omet Ho Chi Minh, qui est dans doute le moins contestable des leaders communistes.
Pol Pot eût été un poil too much, cher Francis. Cela dit il faudrait se livrer, du côté de la BDIC à Nanterre, à des recherches dans les vieux numéros de l'année 1975 de L'Humanité rouge afin d'y trouver les articles exaltés de Badiou saluant la "libération" de Phnom Penh. Il serait bien de les rééditer.
BC Jean-Marc, vous avez parfaitement raison. Babeuf a écrit probablement la critique la plus radicale de la politique de la Convention en Vendée au point d'être le père de la théorie du génocide, qu'il nommait dépopulation (le mot génocide a été créé par un certain Lemkin en 1943 pour qualifier les grands massacres en cours en Europe orientale), , franco-français repris par Seycher. En outre les excès de la populace au moment des massacres de Septembre l'avaient profondément affecté.
Rosa Luxembourg, quant à elle, est probablement l'une des premières à avoir dénoncé la terreur mise en place après la révolution d'octobre en dénonçant la dissolution de l'Assemblée constituante par les bolchéviks en 1918, les limites imposées aux libertés dites formelles et la création de la tchéka. Toutefois, je ne partage pas votre indulgence à l'égard de l'oncle Ho dont la réforme agraire inspirée de celle réalisée par Staline en Ukraine fit en 1945 des milliers de morts dans le nord du Vietnam. De même, cet homme fit preuve d'une basesse incroyable lorsqu'il fit assassiner son concurrent, trotskiste, Ta Thu Thau et plusieurs centaines de militants hostiles au stalinisme.
Un exemple d'article de Badiou datant de l'époque du Kampuchea démocratique :

[editions-proletariennes.org]
Ce texte n'est pas si inintéressant qu'il en a l'air:

"On ne saurait mieux dire que vus de loin, et en Asie, la question nationale, le respect des frontières, l'absolue ignominie qu'est une invasion massive perpétrée de sang-froid ne sont qu'obscures affaires de sauvages."

Savoureux non ? de la part d'un sans-papiériste furieux, cette défense "du respect des frontières", surtout quand on veut bien se souvenir que cette "invasion massive perpétrée de sang-froid" par l'armée vietnamienne avait été précédée d'une invasion non moins massive de réfugiés khmers fuyant les atrocités du régime du Kampuchéa, bref, que le Viet-nam avait connu une invasion civile de la part de ces populations qui ne respectait pas davantage les frontières du Viet-nam que l'armée viet-namienne ne le devait plus tard celles du Cambodge.

Badiou a l'indignation, et la dialectique, sélectives, et comme on le voit, ça ne date pas d'hier.
Ca aussi, c'est très drôle : "Cependant, il n'est en réalité demandé à personne de prendre position sur ce point. Il n'est pas même demandé d'examiner en conscience à qui sert finalement la formidable campagne anticambodgienne de ces trois dernières années, et si elle n'a pas son principe de réalité dans la tentative en cours de " solution finale "."

L'éternelle reductio ad hitlerum, mais tellement grossière qu'on se demande si Badiou ne rit pas de lui-même en écrivant pareilles bouffonneries...
Merci pour ce texte. Badiou ignorait à l'époque qu'il était un allié objectif de l'impérialisme américain, un idiot utile de la CIA, puisque les Etats-Unis soutenaient à l'époque les Khmers rouges dans leur juste lutte contre l'impérialisme vietnamien. Mais trève de plaisanterie, dire qu'un tel crétin est devenue l'idole de la gauche révolutionnaire et qu'il n'a pas la décence, après avoir proféré ces tombereaux de monstruosités, de se taire.
On peut aussi ajouter qu'historiquement le delta du Mékong (actuellement viêtnamien) était de peuplement Khmer.
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