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Affaire Polanski : la fin ?

Envoyé par Jean-Marc du Masnau 
Bien chers amis,


Vous savez que M. Polanski a fait appel des décisions le concernant par tous moyens, y compris devant la seconde Cour d'appel de Californie.

Il vient de recevoir un renfort qui peut être essentiel. Les avocats de Mme Geimer viennent de déposer devant cette cour une requête en vue de voir les droits constitutionnels de cette personne respectés.

En effet, la Constitution de la République de Californie (section "droits des victimes") reconnait à celles-ci un droit à la "bonne fin" des poursuites et à un procès dans un délai rapide (http://www.nvcap.org/states/california.htm).

Les avocats de Mme Geimer ont en conséquence officiellement prié la cour de constater que ce procès tardif portait atteinte aux droits de la victime, et en conséquence demandé à la cour de mettre un terme à cette affaire.
Utilisateur anonyme
27 octobre 2009, 18:03   Re : Affaire Polanski : la fin ?
Mais si j'ai bien compris le procès n'a pu se tenir justement parce que l'intéressé était en cavale, non?
27 octobre 2009, 18:18   Un procès, pour qui ?
Bien cher Todomodo,


La Constitution californienne reconnait aux victimes un "droit à bonne fin", c'est à dire que l'Etat de Californie doit accomplir toutes diligences pour que la victime ne supporte pas, en plus des faits qui l'ont meurtrie, des procédures abusivement longues. Ce genre de droit est inconnu des procédures françaises.

L'idée est que la victime ne doit pas être doublement victime : il n'est pas forcément agréable de se voir resservir des années durant la même affaire.

Il y a donc là conflit entre les intérêts du Peuple de Californie, qui poursuit le supposé délinquant Polanski, et les intérêts de la victime Geimer ( je romance mais elle nous dit à peu près cela : "J'en ai assez, peu importe le pourquoi du comment, vous étiez tenus par la Constitution de mener cette affaire à bonne fin dans un délai raisonnable, pour des questions X ou Y vous ne l'avez pas fait, maintenant vous arrêtez, je réclame la protection de la Constitution").

Rien n'obligeait le constituant californien à écrire dans sa Constitution ce droit spécifique des victimes : il l'a écrit cependant.
Utilisateur anonyme
27 octobre 2009, 23:19   Re : Affaire Polanski : la fin ?
Voilà un bien curieux droit des victimes qui autorise la possibilité que justice ne leur soit jamais rendue !
27 octobre 2009, 23:26   Justice rendue
Bien cher Phix,

Autant je peux comprendre que la société ait une certaine soif d'absolu et veuille que le condamné paie quel que soit, in fine, le prix pour la victime, autant je peux concevoir qu'une victime ait le droit de demander qu'on cesse de parler d'elle et de la tourmenter avec une affaire.
Utilisateur anonyme
27 octobre 2009, 23:34   Re : Affaire Polanski : la fin ?
Cette pression médiatique sur la victime qui aboutit à ce qu'elle soit de facto déboutée de son droit à un procès équitable me choque. Elle n'aurait jamais eu lieu si le présumé coupable n'avait pas été une célébrité. (Im)morale de l'affaire : « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »
Ou bien Seznec ? (Personnellement, j'aurais un faible pour l'affaire Dominici)
Utilisateur anonyme
28 octobre 2009, 00:51   Re : Affaire Polanski : la fin ?
Cher Jmarc,

Je vous remercie de cette précision parfaitement éclairante.
L' Agence France Presse vient d'émettre la dépêche suivante :

Le cinéaste franco-polonais Roman Polanski «ne sera pas extradé vers les Etats-Unis et les mesures de restriction de sa liberté sont levées», a annoncé lundi la ministre suisse de la Justice.

Lors d’une conférence de presse à Berne, la ministre, Eveline Widmer-Schlumpf, a expliqué que «les clarifications approfondies qui ont été menées à bien n’ont pas permis d’exclure avec toute la certitude voulue que la demande d’extradition américaine présentait un vice».

L’avocat de Roman Polanski ainsi que les ambassadeurs américain, français et polonais ont été informés de la décision des autorités suisses.
Utilisateur anonyme
12 juillet 2010, 19:36   Re : Affaire Polanski : la fin ?
Si je comprends correctement cette phrase alambiquée, cela signifie qu'il n'a pas été démontré qu'il y avait un vice de forme, mais qu'on fait comme s'il y en avait un. Curieux raisonnement.
En fait, bien cher Phix, les autorités américaines ont refusé de transmettre un document. Il s'agit du compte-rendu d'audition d'un des procureurs. Les autorités américaines ont argué d'une "confidentialité de ce document.
Citation

Curieux raisonnement.

Je ne peux démontrer que Phix est coupable. Je fais donc comme s'il ne l'était pas. Curieux raisonnement ?
Citation
Jean-Marc
En fait, bien cher Phix, les autorités américaines ont refusé de transmettre un document. Il s'agit du compte-rendu d'audition d'un des procureurs. Les autorités américaines ont argué d'une "confidentialité de ce document.

Ah bravo ! Bien fait ! J'applaudis à tout rompre !
Cette affaire est vraiment très troublante. J'ai oscillé entre plusieurs points de vue, je vous le concède.

Que M. Polanski ait commis ce qu'il a commis, nul ne le nie, les faits sont clairs. La position de la justice américaine est moins limpide.

Voici ce qui s'est passé (source : "Le Matin").

L'Office fédéral de la justice (OFJ) a demandé le 3 mars 2010 aux autorités américaines de lui faire parvenir, à titre de complément à la demande, le procès-verbal d'une audition du procureur Roger Gunson, alors chargé du dossier, menée le 26 janvier 2010.

Ce document devait permettre de confirmer que le juge avait bien assuré aux représentants des parties, lors d'une séance le 19 septembre 1977, que les 42 jours que Roman Polanski avait passés dans la division psychiatrique d'une prison californienne couvraient la totalité de la peine d'emprisonnement qu'il devait exécuter. Si ces faits sont avérés, la demande d'extradition est dénuée de fondement.



Le 13 juin 2010, le Département américain de la justice a refusé de donner suite à la demande de l'OFJ. Il se fondait sur une ordonnance du tribunal concluant à la confidentialité de ce procès-verbal.


J'avoue avoir du mal à comprendre comment, dans une procédure, une cour de justice peut refuser de communiquer des documents à une autre.
Utilisateur anonyme
13 juillet 2010, 09:36   Re : Affaire Polanski : la fin ?
Citation
Bernard Lombart
Citation

Curieux raisonnement.

Je ne peux démontrer que Phix est coupable. Je fais donc comme s'il ne l'était pas. Curieux raisonnement ?

Il ne s'agissait pas d'un vice de forme dans le procès, mais seulement dans la procédure d'extradition. Votre analogie est donc un peu abusive, cher Bernard.
13 juillet 2010, 09:45   Le silence est d'or
Il semblerait par ailleurs que notre ministre de la culture ait perdu une bonne occasion pour se taire. Le voici qui déclare (source : Le Monde) :

"Roman Polanski peut enfin rejoindre la communauté des artistes qui l'ont entouré avec chaleur et respect durant plusieurs mois... Voici venu le temps de l'apaisement. Le passé douloureux, la riche personnalité, l'œuvre unanimement admirée de Roman Polanski retrouvent toute leur place".
C'est, il me semble, de la bonne justice : la cour américaine refuse le document qui pourrait attester que P. a purgé la totalité de sa peine (et pour cause, puisqu'il a, semble-t-il, bien purgé la totalité de sa peine, éteignant ainsi l'action contre lui). Ne pouvant pas démontrer que la demande américaine était fondée, la Suisse peut déroger à la convention d'extradition. Je dis bravo. Et les Américains, qui, comme d'habitude, ne font confiance qu'à eux-mêmes (on ne livre pas de documents), en sont pour leurs frais. Et le juge politicien en campagne l'aura dans le baba. Mais, à mon avis, ce n'est pas fini.
22 juillet 2010, 21:34   Grand délire
Bien chers amis,


Je pensais avoir lu beaucoup de textes mais des "comme celui là", publié par Libération et commis par deux "écrivaines", je ne pensais pas qu'il pût en exister.



Certains refrains ne s’usent jamais et s’entonnent à plusieurs d’une voix forte et assurée, bras dessus, bras dessous, comme un seul homme. Et depuis des mois, une chanson inaltérable répète encore et encore l’histoire d’un Tout (puissant), «au-dessus de ça», «grand artiste», un «bienfaiteur de l’humanité», assigné à résidence dans cette «prison» qu’est son chalet suisse de 1 800 m². Face à rien, quelques tristes gueuses à la recherche de leurs «trente deniers». Evidemment, tout ça n’a rien d’un conte, ce brouhaha incessant, ce bruit de fond, ce grésillement permanent renouvelé sans arrêt au gré des relais médiatiques. C’est une histoire «idiote», «sans importance», une accusation qui «n’a pas de sens», «absurde» et «infâme», à peine un «délit», cette affaire vieille de «trente-trois ans», «ridicule» !

Avec d’un côté, ceux qui, comme un seul homme s’insurgent, font signer des pétitions et se soulèvent, prennent la plume et l’audience à témoin : c’est intolérable, ça leur «soulève le cœur» qu’on puisse ainsi s’attaquer à un des leurs, déjà traqué, diminué, diffamé. De cocktail en interview, à la une de partout, comme un seul homme, la mine offusquée et le verbe vibrant, les voilà qui se font juges, parce que c’est ainsi, ils savent : cette «pure et simple opération de chantage» est «vraisemblablement» un mensonge…

Alors nous l’écoutons attentivement, cette caste des hommes entre eux, bien serrés, bien rangés, avec l’aplomb de leur rang, cette autoproclamée élite intellectuelle au verbe haut, abasourdie d’être mise en cause contre des pas grand-choses, bien dispensables. Une élite mâle qui s’arroge le droit du corps de quelques interchangeables et désobéissantes victimes qui ouvrent enfin la bouche.

Ceux pour qui elle était toujours habillée trop court, trop moulant, trop transparent, elle le voulait bien, elle faisait déjà femme, elle était une pute, ce n’était pas le premier, et ça l’arrangeait bien qu’il prenne les devants. Trop provocatrice, trop inconsciente, trop lolita, trop menteuse, trop folle - et si ce n’est pas elle, c’est donc sa mère qui l’a laissée aller au rendez-vous. Et qui dit non consent, bien entendu…

Et qui sont- elles, celles dont on parle, extirpées du silence où elles étaient rangées soigneusement après utilisation ? A cette question, comme un seul homme, il nous est répondu qu’il n’y a rien à voir, allez, les plaignantes ne sont : rien.

Rien, à peine quelques tas de culs et de vagins anonymes et utilitaires devenus viande avariée de «mère de famille» pour l’une et «prostituée peut-être» «en mal de publicité» pour l’autre, petite chose oubliée, fille de rien, une petite voix sortie du passé et une photo trimballée sur le Net, l’histoire d’une nuit dégueulasse commentée à l’infini.

Nous, nous passons des nuits blanches à nous retourner dans les échos de leurs précisions sordides «ce n’était pas un viol, c’était une relation illégale avec une mineure». A nous demander, nous aussi, ce qui se passe là, ce qui se déroule sous nos yeux pour qu’ils puissent affirmer, sans rougir, sans transpirer, que le viol d’une adolescente de 13 ans, droguée, sodomisée, ayant dit non à dix-sept reprises, ayant porté plainte le soir même puisse être défini en ces termes légers. Cette histoire nous la connaissons depuis longtemps, et tous ces propos, ces adjectifs, nous les avons déjà entendus ou nous les entendrons. Propos banals, courants et vulgaires. Consternants. Les mêmes mots pour les mêmes histoires, encore, toujours, encore.

Nous sommes toutes des filles de rien. Ou nous l’avons été. Nous, filles de rien, ne savons plus avec combien d’hommes nous avons couché. Nous avons dit non, mais pas assez fort sans doute pour être entendues. Nous n’avons jamais oublié ce que ça fait d’être un paillasson, un trou retournable. Nous n’avons réussi à mettre des mots sur cette nuit-là qu’un an, dix ans, vingt ans plus tard, mais nous n’avons jamais oublié ce que nous n’avons pas encore dit.

Nous, filles de rien, avons été ou serons un jour traitées de «menteuse», «mythomane», «prostituée», par des tribunaux d’hommes. Nous avons été ou serons accusées de «détruire des vies de famille» quand nous mettrons en cause un homme insoupçonnable.

Nous, filles de rien, avons été fouillées de mains médicales, de mots et de questions, expertisées interrogées, tout ça pour en conclure que nous n’étions peut-être pas des «innocentes victimes». (Il existe donc des victimes coupables…).

Nous ne sommes rien. Mais nous sommes beaucoup à n’être rien ou à l’avoir été. Certaines encore emmurées vivantes dans des silences polis.

Et nous les détectons, ces droits de cuissage revenus à la mode, ces amalgames défendant la révolution sexuelle, hurlant au retour du puritanisme, inventant commodément un «moralisme» «sectaire» et «haineux», faisant les gros yeux parce qu’une de ces innombrables anonymes utilitaires sort de son «rang», oublie de se taire et parle de justice. Relents de féodalité drapée dans «l’honneur» des «citoyens» «de gauche», éclaireurs de la nation, artistes, intellectuels, tous d’accord, riant à gorge déployée à la bonne blague des «moi aussi Polanski m’a violé quand j’avais 16 ans» - en être, entre soi, cette connivence des puissants. A la suivante.

Nous la voyons, cette frousse qu’on vienne, à eux aussi, leur demander des comptes, y regarder de plus près dans leur vie et au lit, y voir comment des viols, ces stratégies de pouvoir criminels, se font passer, sans l’ombre d’un doute, pour de la sexualité normale, joyeuse et libre, une sexualité avec sa «complexité» et ses «contradictions». Nous l’avons vue, cette peur de l’effet «boule de neige» : et si toutes les autres, toutes ces filles de rien et de passage, toutes celles à qui il arrive, aujourd’hui, tous les jours, de se retrouver dans la situation de Samantha Geimer en 1977, si toutes ces quantités négligeables se mettaient à avoir un visage, une voix, une identité, une valeur ? Et si elle se mettaient à parler, à l’ouvrir bien grand cette bouche traditionnellement en cœur, faisant valdinguer tous leurs accords tacites, leurs secrets d’alcôve ? Que feraient-ils, ces hommes de gloire, d’exception, ces au-dessus de la mêlée, du peuple, de la masse, ces gardiens de tours d’ivoire, ces êtres si sensationnels et précieux ?

Ils se rendraient compte que tout cela n’a rien à voir avec cette «affaire politique» ou encore ce «choc des cultures» qu’ils essayent de nous vendre. Que tout cela ressemble à tous les viols de toujours où la victime n’est jamais assez victime : où on n’est jamais assez sûr qu’elle ait bien dit non.

Car ce qui se joue là, c’est bien ceux-là contre rien, comme ils disent, tant il est entendu qu’il faut être Quelqu’un(e) pour être entendue d’eux.

PS : les mots et les phrases entre guillemets sont tous extraits de propos tenus au sujet de l’affaire Polanski.
22 juillet 2010, 22:44   Re : Affaire Polanski : la fin ?
Le droit de cuissage n'a jamais existé. Cette précision faite, je dirai qu'il y a du vrai dans ces propos mais que c'est tellement mal écrit que cette mauvaise littérature ne peut que manquer son objectif.
Un conseil à ces personnes: quand on veut défendre une cause juste, éviter de se prendre pour Jules Vallès, Léon bloy ou Céline, surtout quand on a de si petits moyens.
23 juillet 2010, 00:20   Les surprises du métissage
N'est-ce pas un exemple de texte pétainisto-libertaire ?
23 juillet 2010, 00:26   Re : Grand délire
Il existe donc des victimes coupables…

Ces personnes, visiblement, sont en train de découvrir la sexualité!
23 juillet 2010, 01:00   Re : Affaire Polanski : la fin ?
Cher Orimont, je ne vois pas très bien ce que vous voulez dire. Vous connaissez de meilleurs écrivains que Maurras, Rebatet, Brasillach ou Drieu La Rochelle dans les années trente-quarante ?
Dans ces époques, mes goûts de lecture me conduisent vers Emmanuel Bove.

Il y a un usage courant des mots "pétainiste" et "libertaire", et c'est à cet usage courant que je me réfère, nonobstant la fine fleur littéraire qu'y ait pu croître dans ses plates-bandes idéologiques.
23 juillet 2010, 01:26   Re : Affaire Polanski : la fin ?
D'accord mais je ne vois pas le rapport avec le texte cité par Jean-Marc qui est bien dans l'esprit de Libé.
Utilisateur anonyme
23 juillet 2010, 18:12   Re : Torchon
Mais pourquoi lire "Libération" et pourquoi le citer ? c'est trop facile !
"D'accord mais je ne vois pas le rapport avec le texte cité par Jean-Marc qui est bien dans l'esprit de Libé."

Cher Florentin, c'est comme avec le conditionnel passé, je l'entends, cette musique pétainisto-libertaire, mais je ne suis pas capable de l'expliciter.
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