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Affaire à suivre : le mot shoah à l'index ?

Envoyé par Ostinato 
Pour avoir "trop parlé de la shoah" une professeur est suspendue de l'Education nationale et accusée d'avoir fait du "lavage de cerveau" à ses élèves.

[www.google.com]
Il semblerait que cette dame ait prévu un voyage pour cent quarante quatre élèves (je dis bien 144), que l'administration s'en soit émue, que ladite administration ait ramené le nombre de participants à quatre-vingts, et que cette dame ait alors organisé des sortes de manifestations (source : "Le Figaro").

La mémoire de la Shoah est essentielle, mais cette mémoire ne doit pas conduire à des excès du style de ceux qui paraissent être en cause.
Il y a des gens qui en font trop, c'est vrai et si c'est le cas pour ce professeur, il faut un rappel à l'ordre.
Ni à parler de lavage de cerveau ni à imposer le mot génocide plutôt que shoah...
Pour ce qui est du lavage de cerveau, je ne sais pas, je ne connais pas les éléments du dossier, il est difficile de prendre position dans un sens ou dans l'autre.

Pour le terme Shoah, je l'utilise en effet, mais je conçois qu'il puise poser problème par rapport au mot génocide : historiquement, et à la suite des travaux de Lemkin, c'est le crime que l'ONU a entendu désigner en 1948 par l'appellation "génocide".
Les mêmes se couchent lorsque les élèves refusent l'enseignement de la shoah !
Franchement, je crois qu'il serait prudent d'attendre d'en savoir un peu plus...

On peut reprocher beaucoup de choses à l'éducation nationale, mais je ne pense pas qu'on puisse lui reprocher de ne pas bien traiter cette question du génocide des juifs, de l'holocauste, de la Shoah...

Je me méfie beaucoup des intégristes, des extrémistes et de façon générale de ceux qui ont "une mission".
J'ai bien écrit : "affaire à suivre" ...Quel soutien ont les professeurs qui ne peuvent enseigner la shoah face à l"antisémitisme régnant dans les classes ?
Cette histoire n'est pas claire du tout. Je m'en méfie beaucoup, comme je me méfie de beaucoup de professeurs d'histoire qui sont souvent des professeurs de moraline déguisés.
C'est en effet très peu clair, mais je ne puis qu'abonder dans le sens d'Ostinato : il n'est pas du tout impossible (pure spéculation, évidemment), que l'administration ait cédé devant des intimidations liées à la concurrence des mémoires...
Oui, c'est vrai. En même temps, votre message laisse penser que c'est pour avoir trop parlé de la Shoah que cette dame a été suspendue...

Je vais peut être vous surprendre, mais j'ai spontanément pensé à cette affaire de poursuites de la SNCF : il faut savoir où sont les limites, tout le monde n'est pas coupable de tout ; à la gare de Castres, vous avez une plaque avec les noms de cinq cheminots fusillés par l'ennemi...

Par ailleurs, je suis réservé sur le fait même d'amener des gens très jeunes à Auschwitz. J'ai moi même attendu d'avoir quarante ans, attendu de m'être beaucoup documenté... c'est une épreuve...

Cela va vous sembler atroce, mais savez-vous ce qui m'a fait la plus forte impression ?

Hé bien, ce n'est pas Auschwitz, c'est la villa de Wannsee, cette si jolie, cette innocente villa, et ses documents, ses terribles documents, ce texte qui parle de la solution finale et qu'on voit physiquement... ces convocations bureaucratiques qui disent qu'après les débats un déjeuner sera servi...

Auschwitz, tout le monde en a des images en tête ; Wannsee, non. Or, Auschwitz, Maïdanek, Treblinka n'ont été possible que parce qu'il y a eu Wannsee.

Une anecdote : le fameux bourreau Albert Pierrepoint refusa toujours le moindre argent pour quoi que ce soit (interview ou don). Il était, circa 1945, tenancier de pub à Manchester.

A la Noël de 1945, il reçut une enveloppe contenant un billet de cinq livres, et un seul mot sur un papier : "Belsen".

Dérogeant à ses principes, il paya une tournée à ses clients les plus fidèles avec cela, et recommença chaque année, jusqu'à ce que l'expéditeur anonyme meure sans doute.

Il avait pendu à Hameln le 13 décembre 1945 les bêtes féroces qu'étaient Josef Kramer, Irma Grese, Elisabeth Volkenrath et Juana Bormann.

Je vous invite tous à boire à la santé d'Albert Pierrepoint, et de Valcik et de Gabcik qui envoyèrent Heydrich rejoindre Wotan et le loup Fenrir.

Il faut parler des victimes, il faut aussi parler du châtiment des assassins, et aussi de ceux qui firent des choses "bien", comme Mme Gineste, morte il y a quelques jours.
Tout à fait d'accord avec vous cher Jean-Marc, et je ne goûte guère le kitsch et le sentimentalisme, surtout quand il s'agit de la Shoah.
Je ne sais pas ce qu'on entend dans mon message : je voulais simplement dire qu'il n'est pas impossible que, étant données les difficultés de beaucoup de professeurs à enseigner l'extermination des Juifs dans de nombreux établissements (ceci est bien documenté par des témoignages, livres, rapports officiels), il n'est pas impossible, donc, que l'administration ait été intimidée par des revendications victimaires concurrentes. Mais nous n'avons pas assez d'éléments pour en juger.
Il est vrai que cette histoire est si surprenante qu'il vaut mieux attendre d'en savoir plus. Néanmoins, Bruno Chaouat a raison de mentionner la difficulté qu'ont certains professeurs à enseigner, dans certains lycées fortement islamisés, la Shoah, mais aussi tout ce qui a trait à la culture judéo-chrétienne, aux philosophes des Lumières et même à certains auteurs classiques. Le rapport Obin avait bien fait mention de ces faits inquiétants (qui font très largement l'objet d'un déni de réel), et le livre Les Territoires perdus de la République en avait également rendu compte, en mettant également en lumière l'engagement très pro-palestinien et antisioniste de nombreux enseignants de gauche, face à quoi les professeurs de confession juive n'étaient parfois guère soutenus.

Il n'est en effet pas inimaginable que cette sanction aille dans le sens de la lâcheté généralisée des pouvoirs publics qui se couchent face à tout ce qui pourrait froisser les musulmans, un peu comme quand les policiers ont ordre de ne pas riposter quand on les attaque dans certains "quartiers sensibles".
Et il faut aussi se rappeler de l'affaire Louis Chagnon, ce professeur d'histoire qui avait reçu un blâme (finalement retiré) pour avoir dit des vérités peu reluisantes (mais vérités tout de même) au sujet de Mahomet. Les accusations semblent aller toujours dans le même sens : irait-on reprocher à un professeur d'avoir "trop parlé" de l'esclavage ou de la colonisation, par exemple ?
J'ai entendu parler ce professeur d'histoire sur une chaîne de télévision. Je demeure surpris. Adolescent, on nous endoctrinait au communisme, je n'ai jamais entendu parler de suspension pour endoctrinement (mais il se peut que la dynamique ait changé et que l'élève soit plus écouté aujourd'hui qu'il ne l'était dans les années soixante-dix).
La question, même si l"on devait considérer que la professeur a un peu exagéré, serait de comparer cette mesure rapide au peu d'empressement pour sanctionner l'antisémitisme qui s'exprime abondamment dans de nombreuses classes, et à la conciliation civilisationnelle qui se met en place dans les programmes pour ne pas blesser les sensibilités des quartiers ..."sensibles".

Suite de l'affaire :

Le maire de Nancy réclame de différer la suspension

Jeudi également, le maire de Nancy, André Rossinot (UMP-Rad), a demandé au ministre de «différer la suspension» de l'enseignante d'histoire. Il réclame «avec insistance de comprendre l'émotion majeure ressentie à Nancy et au plan national... Cela, ajoute la maire, pour permettre une analyse globale et républicaine évitant tout amalgame fâcheux».


«Le contenu du rapport des Inspecteurs généraux de l'Education nationale (...) fait apparaître des choses particulièrement choquantes, reprochant notamment à cette enseignante de parler plus souvent de Shoah que de génocide à propos d'Auschwitz-Birkenau. Chacun appréciera l'objectivité de ce rapport», écrit le maire de Nancy.

Inquiet de «la tournure prise par le contenu (du) rapport», il souhaite qu'il soit complété par une analyse confiée cette fois à l'Inspection générale de l'administration de l'Education nationale et de la Recherche.


[www.leparisien.fr]
Utilisateur anonyme
02 septembre 2010, 14:39   Re : Affaire à suivre : le mot shoah à l'index ?
L'affaire est intéressante et peut être examinée sous plusieurs angles (ici).

J'aimerais bien savoir ce qu'un professeur doit faire, dans la France de 2010, pour que son ministère de tutelle l'accuse de trop parler de la Shoah ?
Utilisateur anonyme
02 septembre 2010, 15:00   Re : Affaire à suivre : le mot shoah à l'index ?
Bien que ce ne soit pas directement le sujet de ce fil (encore que je ne soit peut-être pas bien informé), je signale un excellent article de Guillaume de Thieulloy dans Les Quatre Vérités (feuille dans laquelle écrit Guy Millière) appelant à l'abrogation de la loi Gayssot, funeste à la liberté d'expression et qui contribue à favoriser les réflexes de l'idéologie diversitaire et remplaciste que nous voyons tous les jours triompher (encore récemment avec l'affaire des roms).

Rappelons que Simone Veil, Jean Foyer, Alain Peyrefitte, Hélène Carrère d’Encausse, Henri Amouroux, Pierre Vidal-Naquet, Annie Kriegel, François Furet, Alain Besançon, François Bédarida, Michel Tournier, Louis Pauwels, Philippe Muray, Jean Daniel, Vladimir Volkoff, Alain Robbe-Grillet, Anne-Marie Le Pourhiet, pour ne citer qu'eux, s'étaient élevés en leur temps contre cette loi.
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