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Exit Léo et Océane. Bonjour Louis et Camille. Si les prénoms rétro ont la cote depuis le milieu des années 2000, leur popularité atteint des sommets inédits. Voilà le principal enseignement de « l’Officiel des prénoms 2011 »*, l’ouvrage de référence en la matière, qui paraît aujourd’hui et dont nous publions le palmarès en exclusivité.
Lucas, forme ancienne de Luc, se classe au top du classement masculin pour la troisième année consécutive. Chez les filles, c’est Emma, prénom germanique ultra-populaire au XVIIIe siècle, qui s’arroge la première place pour la cinquième année d’affilée. Deux superstars du palmarès auxquelles s’ajoutent désormais pléthore de prénoms jusqu’alors jugés ringards, et aujourd’hui considérés comme le comble du chic.
Le come-back de la vieille France. En dehors du top 3 quasi inchangé (Lucas, Nathan, Enzo), les prénoms masculins voient la progression spectaculaire des Louis, Jules, et Arthur, tous les trois classés dans le top 20. Chez les filles, derrière le trio de tête Emma-Jade-Léa, les Rose, Louise et Léonie ont le vent en poupe. Des prénoms qui ont en commun d’avoir connu leur heure de gloire en France, au XIXe siècle. « La mode des prénoms exotiques est passée : aujourd’hui, les parents préfèrent se tourner vers des prénoms anciens, considérés comme des valeurs sûres », analyse Stéphanie Rapoport, auteur de l’ouvrage. « On peut également y voir un rejet de la mondialisation et une envie de retrouver sa culture d’appartenance, de se réapproprier son histoire », renchérit Nicolas Guéguen, spécialiste de la psychologie des prénoms**.
Aux sources de la Bible. Autre symptôme de ce goût retrouvé pour le désuet, les prénoms bibliques atteignent des records. Côté garçons, Noah, Eden et Samuel cartonnent tandis qu’Eva se hisse dans le top 15 côté filles. Une tendance qui devrait s’accentuer avec Aaron, frère de Moïse, nouveau venu dans le top 40 et future star. Un succès qui s’explique moins par un éventuel intérêt retrouvé pour la religion que par un goût partagé pour les prénoms courts. « Ces prénoms sont populaires dans toutes les tranches de la population, quel que soit le revenu ou la religion des parents », confirme Stéphanie Rapoport.
Les musulmans jouent aussi la tradition. Chez les musulmans, le goût pour le classique se confirme, avec une prédominance des Mohamed, Amine ou Yasmine, notamment dans les grands centres urbains. « Mohamed est le prénom le plus donné à Marseille l’an passé, et cela devrait se confirmer en 2010 et 2011 », précise Stéphanie Rapoport. Les prénoms des grands personnages bibliques, considérés comme des prophètes par les musulmans, sont également dans le coup. En dehors des grandes villes, la tendance est au prénom dit « d’intégration », pour leur proximité sonore avec les prénoms européens. C’est le cas de Rayane dont la sonorité se rapproche du prénom anglais Ryan, ou Ines, qui ne se différencie de son homologue d’origine espagnol que par l’absence d’accent grave sur le « e ».
* First Editions, 592 pages, 17,90 €.
** « Psychologie des prénoms », Editions Dunod, 264 pages, 18, 50 €