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Droite (gauche) républicaine

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
23 mars 2011, 23:01   Droite (gauche) républicaine
On lit beaucoup ces temps-ci, à l'occasion des cantonales, le terme "républicain" pour qualifier droite — ou gauche, pour faire bonne mesure — et les distinguer de leurs extrêmes respectifs. Le FN, que je sache, ne se fait pas remarquer par la vigueur de son aile monarchiste et pour être populiste, n'a pas non plus l'étoffe d'un fascisme.

Comment entendez-vous ce terme ? Il y a dans cette assemblée des constitutionalistes et politologues chevronnés. Je me demande si ce n'est pas un abus caractérisé (et cherche à fourbir mon argumentaire avant de pointer un tel abus à mon entourage), à peu près du même niveau que le Sarko-facho qui a un court si fluide dans certains milieux.
Ce doit être un glissement abusif depuis la locution "discipline républicaine", terme qui désigne le désistement des partis de gauche en faveur d'un autre parti de gauche mieux placé, utilisé je pense à la suite du premier tour catastrophique de 1885. Elle permit aux partis républicains de l'emporter au second tour.

L'usage actuel est, comme vous le dites, abusif.
La gauche a le chic de se trouver des appellations valorisantes qui rejettent ipso facto les autres en enfer : lumières, éclairé, progressistes et camp du progrès, démocrates, et républicains (de nos jours en tout cas), souvent subsumés en républicains de progrès. Vous remarquerez la géométrie variable de ces "camps". Selon les circonstances, on y inclura ou non la droite dite "républicaine" justement, ce qui pourrait à la rigueur se justifier si l'on en excluait l'extrême-gauche révolutionnaire et stalinienne, ce qui fut parfois le cas dans les années cinquante du siècle passé, époque où la Guerre froide et le spectacle donné par ce qui se passait de l'autre côté du rideau de fer poussa la gauche (réellement) démocrate, la social-démocratie, dans le camp libéral, occidental, atlantiste. Mais aujourd'hui Besancenot est un républicain de progrès, Villepin un républicain tout court et Sarkozy, ...ah ben ça dépend.
C'est un terme repoussoir, en effet. On se dit républicain pour pouvoir, la conscience tranquille, inonder d'injures les adversaires dont on nie la légitimité. Et nier la légitimité de ses adversaires en tirant la couverture républicaine à soi, c'est témoigner malgré soi que la République agonise, que le débat d'idées est mort, que la divergence d'opinion est proscrite. Cela revient à identifier la République à un seul et unique courant de pensée, alors que la République elle-même tire son existence de la confrontation d'opinions légitimes et soumises à discussion.
Utilisateur anonyme
24 mars 2011, 16:45   Re : Droite (gauche) républicaine
Et les socialos sont d'autant plus mal placés pour se pousser du col en matière d'éthique républicaine qu'ils n'hésitent pas à truquer les votes de leur propres militants (Aubry vs Royal), à s'asseoir sur celui de leur peuple (traité de Lisbonne) ou à fricoter avec la mafia (Guérini).
Cela revient à identifier la République à un seul et unique courant de pensée, alors que la République elle-même tire son existence de la confrontation d'opinions légitimes et soumises à discussion."

Très juste.
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