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La Corse : que faire ?

Envoyé par Jean-Marc du Masnau 
En France, alors que la violence contre les personnes augmente, la "grande violence", c'est à dire les homicides, est plutôt en décroissance, avec un peu moins d'un millier de victimes par ans maintenant, alors qu'il y a vingt ans la moyenne était d'un peu plus d'un millier.


Une région se distingue tristement dans ce contexte : la Corse. Le taux d'homicide est, suivant les années, entre six et dix fois le taux moyen observé dans le reste du pays...

Hier encore, un élu, Dominique Domarchi, a été assassiné devant son domicile...

Que pensent les liseurs de cette situation, et ont-ils des propositions pour y porter remède ?
21 mars 2011, 10:07   Re : La Corse : que faire ?
Respectons les coutumes !

Je plaisante. Il faudrait d'abord analyser cette criminalité.
Utilisateur anonyme
21 mars 2011, 10:40   Re : La Corse : que faire ?
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Je crois que le taux d'homicides en Corse est absolument éffarant [est-il plus élevé que celui de Mexico-City ?) mais est ancré dans les moeurs archaiques de l'ile.

On y applique avec zéle la peine de mort et pour aller plus vite on ne s'embête pas à passer par un tribunal.
Qui est ce "on" ? Comme ce n'est pas clair, cela pose beaucoup de problèmes.
Quand "on" est l'Etat, il est possible de contrôler, pas en Corse !
Juste votre remarque, cher Virgil, mais j'utilise ici un euphémisme pour désigner les assassins cad ceux qui se croient habilités à prononcer la peine de mort et à la mettre à exécution.

L'Etat existe en Corse mais il y trouve ses limites.
Non, ce n'est pas une diversion : si on veut un état de droit, il faut que cet état de droit soit partout. Il est inadmissible que les banlieues soit sous la coupe du non-droit. Il est inadmissible que la Corse soit dans la même situation.

En Corse et dans les banlieues, nous avons les mêmes problèmes : quand un criminel est, enfin, arrêté, les témoins deviennent amnésiques...

Rogemi a partiellement raison, les taux corses et mexicains sont comparables : le nombre de meurtres au Mexique est de 13 000 pour 120 000 000 de personnes ; il est de plus de 30, en moyenne, en Corse, pour moins de 300 000 habitants.

[www.nationmaster.com]

Le taux concernant la Corse est supérieur à celui du Brésil... il est le double de celui des Etats-unis...

De la même façon, le robinet à subventions se transforme, en banlieues et en Corse, en chenaux à subventions, et il semble qu'il y a du monde sous la gouttière...
Utilisateur anonyme
21 mars 2011, 12:08   Re : La Corse : que faire ?
(Message supprimé à la demande de son auteur)
21 mars 2011, 12:32   Re : La Corse : que faire ?
Je parie que les Corses sont contre l'avortement...
Il me semble que les logiques qui ont laissé s'installer ces deux chienlits sont les mêmes :

- l'Etat centralisateur est forcément méchant ;

- laissons la "plus grande marge aux acteurs de terrain" ;

- la répression ne remplacera jamais le dialogue ;

- il faut respecter les particularités des populations.

J'avoue être aussi exaspéré par les reportages du style "Dominique Machinsosi de RRRadio Frrrecouentza Morrra" que par les revendications communautaires des banlieues.
Il faut quand même rester un peu raisonnable parce que l'Etat est limité dans ses possibilités d'intervention. Celles-ci dépendent de l'acquiescement populaire et je ne crois pas que le peuple corse et même francais accepterait une répression sévére.

Dans les banlieux l'Etat refuse tout simplement d'agir ...

Le fait est aussi que des problèmes d'homicides très similaires se retrouvent en Sardaigne, en Sicile, dans le sud de l'Italie, ainsi que dans de nombreuses zones montagneuses comme l'Albanie, la Géorgie, Kurdistan, etc...

Nous faisons face à une structure anthropologique qui fait obstacle à une application "moderne" de la justice.
Cette idée des régions montagneuses vient en effet à l'esprit.

J'avais auparavant recherché les chiffres de la Sardaigne et de la Sicile, qui sont aussi des îles et qui sont aussi montagneuses.

[www.delittiimperfetti.com]

En 2009, nous avons eu 15 homicides en Sardaigne et 57 en Sicile, pour 1 700 000 habitants et 5 000 000 d'habitants.

Cela, vous le voyez, n'a rien de commun avec la situation corse...
Citation
Cela, vous le voyez, n'a rien de commun avec la situation corse...

Avec la Sardaigne et la Sicile il faudrait faire la comparaison pour le 40 dernières années et vous seriez étonné du résultat cher JM.
Sur ce point là, Rogemi, je suis entièrement d'accord avec vous. Les années 70 et 80 virent un véritable bain de sang en Sicile. En Sardaigne, semble-t-il, la situation fut moins dramatique.

L'Italie a su répondre avec les maxi-procès et avec des opérations de grande ampleur.

Force est de constater que depuis le début des années 2000, le nombre de tués en Sicile ne dépasse pas les 80 par an, pour une région quinze fois plus peuplée que la Corse.

Je me borne à dire que pour la lutte contre le crime organisé, en banlieue comme en Corse, la France a un train de retard.
On pourrait faire simple et dire que ceux qui restent en Corse et qui ne se sont pas exilés sur le continent sont les plus forts, les plus durs, les plus coriaces et les plus violents car les autres ont pris la poudre d'escampette.

L'exercice de l'amour-propre est une passion dévorante qui consume les êtres.
Il est cependant dommage de se demander si la Corse ne doit pas à cette mentalité de n'être pas devenue, quant aux paysages, ce qu'est devenue la Côte d'azur, entièrement ravagée par des gens très pacifiques.
21 mars 2011, 21:43   A moi la Halde !
"Je fis, voilà cinq ans, un voyage en Corse. Cette île sauvage est plus inconnue et plus loin de nous que l'Amérique, bien qu'on la voie quelquefois des côtes de France, comme aujourd'hui.

Figurez-vous un monde encore en chaos, une tempête de montagnes qui séparent des ravins étroits où roulent des torrents: par une plaine, mais d'immenses vagues de granit et de géantes ondulations de terres couvertes de maquis ou de hautes forêts de châtaigners et de pins. C'est un sol vierge, inculte, désert, bien que parfois on aperçoive un village, pareil à un tas de rochers au sommet d'un mont. Point de culture, aucune industrie, aucun art. On ne rencontre jamais un morceau de bois travaillé, un bout de pierre sculptée, jamais le souvenir du goût enfantin ou raffiné des ancêtres pour les choses gracieuses et belles. C'est là même ce qui frappe le plus en ce superbe et dur pays: l'indifférence héréditaire pour cette recherche des formes séduisantes qu'on appelle l'art.

L'Italie, où chaque palais, plein de chefs-d'oeuvre, est un chef-d'oeuvre lui-même, où le marbre, le bois, le bronze, le fer, les métaux et les pierres attestent le génie de l'homme, où les plus petits objets anciens qui traînent dans les vieilles maisons révèlent ce divin souci de la grâce, est pour nous tous la patrie sacrée que l'on aime parce qu'elle nous montre et nous prouve l'effort, la grandeur, la puissance et le triomphe de l'intelligence créatrice.

Et, en face d'elle, la Corse sauvage est restée telle qu'en ses premiers jours. L'être y vit dans sa maison grossière, indifférent à tout ce qui ne touche point son existence même ou ses querelles de famille. Et il est resté avec les défauts et les qualités des races incultes, violent, haineux, sanguinaire avec inconscience, mais aussi hospitalier, généreux, dévoué, naïf, ouvrant sa porte aux passants et donnant son amitié fidèle pour la moindre marque de sympathie."
Citation
Il est cependant dommage de se demander si la Corse ne doit pas à cette mentalité de n'être pas devenue, quant aux paysages, ce qu'est devenue la Côte d'azur, entièrement ravagée par des gens très pacifiques.

D'abord il ne faudrait pas croire que le béton n'existe pas en Corse car aussi bien sur la côte orientale de Porto Vecchio à Bastia que sur la partie du littoral qui va d'Ajaccio à Bonifacio les promoteurs s'en sont donnés à coeur joie mais jamais dans les proportions inouies qu'ont pris les dégats architecturaux entre Menton et Marseille.

Lá aussi il y a eu un grand remplacement cad que les autotochnes ont été submergés par des étrangers à la région qui en fait se contrebalancaient complétement de la Provence et n'étaient là que pour le soleil et le fun.

Pour vous donner une idée de l'incroyable refus du tourisme dont font montre les Corses il y a plus de touristes qui vont passer en une année leurs vacances sur l'ile d'Elbe (224 km ²) qu'en Corse. Il faut le faire.

Cependant Orimont je avez certainement raison les Corses ont les qualités de leurs défauts.
Maupassant ?
21 mars 2011, 21:57   Re : A moi la Halde !
Le Bonheur, dans Les Contes du jour et de la nuit.
Et il est resté avec les défauts et les qualités des races incultes, violent, haineux, sanguinaire avec inconscience, mais aussi hospitalier, généreux, dévoué, naïf, ouvrant sa porte aux passants et donnant son amitié fidèle pour la moindre marque de sympathie.


C'est étonnant, on dirait Lyautey parlant des Marocains, il y a des passages de cette allure...
André Suarès a écrit des pages magnifiques sur la Corse tout à fait dans l'esprit de ce que Francis a posté plus haut.
Que les Corses aient de grandes qualités, c'est une certitude. Beaucoup furent de grands serviteurs de l'Etat.

Je ne parlais d'ailleurs nullement des Corses en général, mais du fait que l'Etat avait démissionné en Corse.
Citation
C'est étonnant, on dirait Lyautey parlant des Marocains, il y a des passages de cette allure...

On dit parfois que les Corses sont le peuple le plus vieux, le plus archaique d'Europe !
Je pense, Rogemi, que les plus archaïques sont les Albanais du Nord (largement catholiques avec une minorité musulmane).

C'est à ma connaissance la seule contrée où l'escorte par une femme soit la plus grande protection (parce que le fait de vous tuer alors que vous êtes sous la protection de cette femme fait entrer les agresseurs en vendetta contre la famille du mari et contre celle du père).
Utilisateur anonyme
21 mars 2011, 22:07   Re : La Corse : que faire ?
Citation
Orimont Bolacre
Il est cependant dommage de se demander si la Corse ne doit pas à cette mentalité de n'être pas devenue, quant aux paysages, ce qu'est devenue la Côte d'azur, entièrement ravagée par des gens très pacifiques.

On peut aussi se demander si ce n'est pas la convoitise du bétonnage encore possible qui attise les appétits, les antagonismes et explique une partie au moins de ces assassinats.

Cela dit, Rogemi a raison. Le littoral corse s'est plus bétonné ces 10 dernières années que pendant les 30 années précédentes. Là où je villégiature, on est passé de Robinson Crusoé à St Trop...
Utilisateur anonyme
21 mars 2011, 22:14   Re : La Corse : que faire ?
"Pour vous donner une idée de l'incroyable refus du tourisme dont font montre les Corses il y a plus de touristes qui vont passer en une année leurs vacances sur l'ile d'Elbe (224 km ²) qu'en Corse. Il faut le faire."

Je suis surpris par ce chiffre et n'ai jamais noté, globalement, de "refus du tourisme" en Corse : les structures touristiques s'y développent à une vitesse extraordinaire. Au point que la Corse perd chaque année un peu de son charme sauvage.
Citation
e suis surpris par ce chiffre et n'ai jamais noté, globalement, de "refus du tourisme" en Corse : les structures touristiques s'y développent à une vitesse extraordinaire. Au point que la Corse perd chaque année un peu de son charme sauvage.

Beckford juste pour vous montrer le retard de la Corse en infrastructure touristique: saviez-vous qu'il a y moins d'hôtels en Corse que dans la seule ville de Cannes ?

Il y a en Corse un seul hôtel 4 étoiles je crois. Le réseau routier corse est un scandale. Pas de liaison routière nord-sud digne de ce nom car la route qui va de Bastia à Porto Vecchio est une vilaine plaisanterie. Allez en Bretagne et vous verrez comment cette province a été quadrillée de quasi autoroutes du nord au sud et d'est en ouest ces trente dernières années.

La Corse est dans un état absolument lamentable et cela est dû bien sûr aux Corses eux-mêmes qui n'ont même pas une seule entreprise de travaux publics performante. Je ne parle même des milliards qui dorment sur les comptes de La Caisse des dépôts et consignations (CDC) parce que les Corses n'arrivent pas à se mettre d'accord entre eux pour dépenser cet argent.

Bon comme je n'ai plus été en Corse depuis 10 ans il se peut que des progrès aient eu lieu mais j'en doute. Pour s'en convaincre il suffit de consulter les statistiques de ce département qui est un des plus pauvres de France.

Pour promouvoir le tourisme de maniére sérieuse il faudrait se concentrer sur la clientèle italienne qui vit à une encablure de l'ile et qui aime la Corse car on y parle, par exemple, une langue italienne vieille de 300 ans qui ravit leurs oreilles comme les canadiens francais qui parlent un francais du 18 ème siècle nous enchantent.

Mais vous savez ce que les Corses pensent de l'Italie ...

Pour préserver la langue corse il faudrait surtout promouvoir et approfondir à l'école l'enseignement de l'italien qui est une nécessité absolue pour sauvegarder le corse qui autrement aura disparu dans deux générations.
Utilisateur anonyme
22 mars 2011, 10:33   Re : La Corse : que faire ?
"Pour promouvoir le tourisme de maniére sérieuse il faudrait se concentrer sur la clientèle italienne qui vit à une encablure de l'ile et qui aime la Corse"

J'ai eu l'occasion de discuter avec des italiens, quelques uns de ceux qui affluent en Corse à la belle saison.
On pourrait en effet se demander pourquoi les italiens, qui vivent dans un pays magnifique, sillonné d'autoroutes, ont un tel engouement pour la Corse. C'est tout simplement pour avoir la possibilité d'y trouver sur le littoral, des coins encore semi-sauvages— pensez à Rimini.

Les routes en Corse ne sont plus dans un état lamentable comme elles l'étaient il y a 30 ans.

Quant au développement touristique il faudrait quand même savoir si il s'agit de le maîtriser pour essayer (si c'est encore possible) de tenter de préserver le caractère "sauvage" de l'île où si il faut y construire des autoroutes et des barres hôtelières.

"La Corse est dans un état absolument lamentable"

C'est le genre de propos d'humeur que j'aurais peine à commenter... Je respecte infiniment les amateurs de landes embrumées. Je ne connais pas d'amateur de Méditerranée qui, après avoir goûté à la Corse, ait plaisir à s'ensardiner sur le littoral défiguré qui va de Perpignan à Menton.
Citation
Quant au développement touristique il faudrait quand même savoir si il s'agit de le maîtriser pour essayer (si c'est encore possible) de tenter de préserver le caractère "sauvage" de l'île où si il faut y construire des autoroutes et des barres hôtelières.

Ne venez pas me dire que c'est intentionnellement que la Corse est restée à demi-sauvage ... Ce sont les tropismes corses qui en sont la cause cad le chaos, l'anarchie et le désordre administratif mais surtout les désaccords entre les factions politiques.

D'ailleurs au vu des erreurs accumulées en Italie, sur le littoral provencal et en Espagne il n'est pas interdit de penser qu'un concept plus équilibré de developpement touristique modéré aurait été possible en Corse qui se retrouve aujourd'hui loin derrière sa soeur jumelle la Sardaigne.

Si un projet de developpement intelligent du tourisme avait été mis sur pieds on aurait pu éviter le fuite des sujets les plus doués vers le continent car la Corse ne leur offre aucune possibilité de carrière digne de leur capacité.

Il suffit de lire le livre de Le Crépuscule des Corses de Nicolas Giudici qui a d'ailleurs été assassiné pour avoir écrit ce livre pour comprendre ce que la Corse fut et est.
Utilisateur anonyme
22 mars 2011, 11:09   Re : La Corse : que faire ?
"Ne venez pas me dire que c'est intentionnellement que la Corse est restée à demi-sauvage ... Ce sont les tropismes corses qui en sont la cause cad le chaos, l'anarchie et le désordre administratif mais surtout les désaccords entre les factions politiques. "

Donc, vous voudriez qu'on mette fin à l'"anarchie" pour se mettre à bétonner ?

La raison principale : l'indivision et la difficulté à établir des titres de propriété—les propriétaires fonciers corses ne sont en effet, par essence, par plus vertueux que les provençaux.
Citation
Il suffit de lire le livre de Le Crépuscule des Corses de Nicolas Giudici qui a d'ailleurs été assassiné pour avoir écrit ce livre pour comprendre ce que la Corse fut et est.

Il semblerait qu'il n'ait pas été assassiné pour des raisons politiques mais pour des raisons crapuleuses !
Citation
La raison principale : l'indivision et la difficulté à établir des titres de propriété—les propriétaires fonciers corses ne sont en effet, par essence, pas plus vertueux que les provençaux.

Et vous appellez cela comment ?

Moi je nomme cela l'anarchie, le m'enfoutisme ...
Utilisateur anonyme
22 mars 2011, 12:11   Re : La Corse : que faire ?
"Moi je nomme cela l'anarchie, le m'enfoutisme ..."

Non, pas vraiment. C'est une des conséquence de l'arrêté Miot qui, en ne taxant pas les successions, évite aux propriétaires impécunieux d'avoir à vendre leur bien pour payer les droits et en même temps n'oblige pas à des partages légaux, chacun sachant ce qui lui appartient — ce système évitant le morcellement des biens. Quand la pression touristique crée une hyper-valorisation de certaines terres, le système ancestral explose. Aucun je m'enfoutisme chez les propriétaires terriens d'aujourd'hui, soyez-en sûr.
22 mars 2011, 12:58   Tourisme
Le "développement intelligent du tourisme" c'est un peu la quadrature du cercle. On ne voit pas ce que la Corse gagnerait à être équipée d'un réseau routier "performant", si ce n'est d'attirer plus de monde, c'est-à-dire de multiplier les besoins d'aménagement du territoire et ainsi de suite. Comme on se félicite sur un autre fil des "mauvais" chiffres de fréquentation des musées, on pourrait dire que les bons chiffres du tourisme devraient refléter une baisse... du tourisme.
Utilisateur anonyme
22 mars 2011, 13:08   Re : La Corse : que faire ?
"On ne voit pas ce que la Corse gagnerait à être équipée d'un réseau routier "performant", si ce n'est d'attirer plus de monde, c'est-à-dire de multiplier les besoins d'aménagement du territoire et ainsi de suite."

C'est cela même. Chaque aménagement hors d'échelle en appelle un autre jusqu'à ce que l'endroit n'ait plus aucun intérêt. Parallèlement, on en appelle au riche amateur de lieu préservé — dont on sait qu'il n'aimera pas cet ex-paradis naturel aujourd'hui entièrement mariné— pour lui vendre un nouveau paradis, un endroit vierge où son installation marquera le début d'une nouvelle zone d'aménagement...
22 mars 2011, 13:20   Vide alentour
Tout à fait d'accord avec Orimont Bolacre : "On ne voit pas ce que la Corse gagnerait à être équipée d'un réseau routier "performant", si ce n'est d'attirer plus de monde". D'ailleurs les routes les moins fréquentées en Corse sont le plus souvent sinueuses et défoncées : pas de grands parkings avec sanisettes, tables de pique-nique et plans divers, etc. Le fait que l'Etat ou la collectivité ne leur accorde aucune intention est une bénédiction pour le voyageur. Il en reste quelques unes, au centre de l'île, où l'on ne croise personne. Je rappelle cette phrase du Maître qui résume tout : "Dès qu'il y a trois sous, c'est pour enlaidir."
22 mars 2011, 13:25   Re : La Corse : que faire ?
Stéphane, dans votre promenade bucolique, vous avez oublié le charme des panneaux de signalisation criblés de balles.


22 mars 2011, 13:37   Couleur locale
Oui, et l'inénarable I Francesi fora...
22 mars 2011, 13:46   Re : Tourisme
Citation
Orimont Bolacre
Comme on se félicite sur un autre fil des "mauvais" chiffres de fréquentation des musées, on pourrait dire que les bons chiffres du tourisme devraient refléter une baisse... du tourisme.

Cette comparaison est tout à fait juste, car le visiteur du musée peu curieux des oeuvres autres que les "connues", et le touriste peu aventureux ne s'arrêtant regarder un paysage que s'il y a un panneau lui disant de le faire, ne sont qu'une seule et même personne, celui qui fait Le Louvre, qui fait la Bretagne, alors qu'il n'a pas foncièrement l'envie d'y aller.

J'ai repêché cette citation de Jean Mistler dans le forum :
«Le tourisme est l'industrie qui consiste à transporter des gens qui seraient mieux chez eux, dans des endroits qui seraient mieux sans eux.»
22 mars 2011, 13:47   Re : La Corse : que faire ?
C'est la diversité dans le calibre !
22 mars 2011, 13:58   Re : Couleur locale
Citation
On ne voit pas ce que la Corse gagnerait à être équipée d'un réseau routier "performant", si ce n'est d'attirer plus de monde, c'est-à-dire de multiplier les besoins d'aménagement du territoire et ainsi de suite.

Mais dites-moi tous autant que vous êtes, vous rêvez ou quoi ? Qu'est-ce que c'est que ce purisme complétement anachronique ... pour ne pas dire de caractére misanthrope.

Que l'on aime ou pas dans le monde dans lequel nous vivons le tourisme est un élément fondamental de la richesse des nations. Imaginons-nous ce que serait la France sans touristes et sans tourisme.

Je ne pense pas que le PI a pour objectif final d'établir une monde parfait pour faire plaisir aux moines rigoristes présents sur ce forum.
22 mars 2011, 14:06   Rêvons un peu
Imaginons-nous ce que serait la France sans touristes et sans tourisme.

Oui, quel enfer, d'autant que la recrudescence du tourisme dans les zones-essais nous permettrait d'envisager une sortie de crise par le haut, et de booster l'emploi dans les régions.
22 mars 2011, 14:14   Re : Couleur locale
Citation
Oui, quel enfer, d'autant que la recrudescence du tourisme dans les zones-essais nous permettrait d'envisager une sortie de crise par le haut, et de booster l'emploi dans les régions.

Alors si je comprends bien vous souhaitez de toutes vos forces une belle crise économique qui laisserait des millions de gens sur le carreau.
22 mars 2011, 14:28   Mystère de l'opinion
Cher Rogémi,

Il ne s'agit pas, en tout cas pour moi, de "purisme anachronique", ni ne me sens moine rigoriste. Il faut savoir ce que l'on veut. La beauté des paysages me semble incompatible avec le tourisme de masse, voilà tout et le "tourisme intelligent" me parait une chimère de même nature que la "télévision culturelle". Mais on peut en effet préférer la "richesse des nations", sans parler de la création d'empois liée au tourisme.

Plus généralement, je crois me souvenir, cher Rogémi, de vos positions vis-à-vis de la paysannerie, du monde paysan, non moins que vos fréquentes déplorations des ravages de la modernité. Comment parvenez-vous à concilier ces sentiments avec une telle indulgence pour le tourisme ? C'est pour moi un mystère.
22 mars 2011, 14:33   Effets collatéraux
Oui, maintenant que vous le dites, ce ne serait pas mal, finalement, une petite crise de derrière les fagots, si elle pouvait avoir pour conséquence de vider les rivages, la campagne, la montagne, les châteaux, les musées, les hôtels, les chemins, les routes, les rues de village, les forêts, et j'en passe. Non ? Juste une année, pour voir. Je pense que nous nous en souviendrions longtemps.
Citation
Plus généralement, je crois me souvenir, cher Rogémi, de vos positions vis-à-vis de la paysannerie, du monde paysan, non moins que vos fréquentes déplorations des ravages de la modernité. Comment parvenez-vous à concilier ces sentiments avec une telle indulgence pour le tourisme ? C'est pour moi un mystère.

Mais cher Orimont le mal est fait et on ne peut plus revenir en arrière c'est terrible ce que je dis là. Les paysans ont quitté leurs terres, les campagnes se sont vidées et les infrastructures touristiques ont dévasté des régions entières et les zones urbaines sont devenues des monstres cancéreux qui propagent leur laideur sans que personne ne puisse stopper la maladie.

Regardez par exemple la bretelle qui va de la sortie de l'autoroute à l'entrée de Fréjus-St Raphael 15 km de laideur concentrée en pleine Provence. Cela vous brise le coeur et c'est pareil à Avignon, Aix-en-Provence, Nimes, Montpellier, Bordeaux, Rennes, Nantes, Strasbourg ....and so on

Mais la contradiction n'est qu'apparente cher Orimont car les dés sont jetés et il faut faire avec ce que l'on a et ne pas croire que nous allons pouvoir par un coup de baguette magique .remonter le temps car si j'avais eu le choix il y a maintenant 60 ans j'aurais, moi, pris d'autres décisions.

Regardez comment les suisses , les autrichiens ou les allemands du Haut-Adige pratiquent le tourisme. Il est possible d'en vivre sans dévaster sa patrie.
22 mars 2011, 16:19   Re : La Corse : que faire ?
Dans le « tourisme de masse », c'est la masse qui cause les dégâts plus que le tourisme.
Tout à fait d'accord aves les trois B (Bolacre, Bily, Beckford). Il faut savoir ce que l'on veut, et l'argument qui consiste à dire "le mal est fait" ne sert en général qu'à agrandir une brèche que l'on semble déplorer. Il en va ainsi pour tous les phénomènes gangrenés par l'effet de masse, justement. Il y a un tour de passe-passe dont on ne sait pas toujours s'il est volontaire ou non, conscient ou non, et qui consiste à transformer un jugement assertorique en jugement apodictique, à passer du constat d'évidence au constat d'impuissance, puis, plus fort encore, à une injonction pure et simple dans le même sens — de sorte que l'on vient ainsi confondre diagnostic, pronostic et ordonnance dans un même mouvement pervers et débilitant. C'est selon moi la plus grande défaite de la pensée.
22 mars 2011, 16:59   Re : La Corse : que faire ?
Excellemment dit, cher Francmoineau, je prends, merci.
22 mars 2011, 17:04   On n'a pas le choix
Existe-t-il une réunion, du club de pétanque à l'ONU, où ne finisse pas par être prononcée le terrible "On n'a pas le choix", ou sa variante "On peut pas faire autrement" ?

Oui, on n'a pas le choix d'être contraint, à un moment ou à un autre, d'entendre ou de prononcer ces mots.
Citation
qui consiste à transformer un jugement assertorique en jugement apodictique, de passer du constat d'évidence au constat d'impuissance,

La POLITIQUE cher Freispatz c'est de réaliser le POSSIBLE et pas d'enculer des mouches en se la jouant au violon pendant que les excavatrices continuent à charrier la terre pour construire des autoroutes et autres saloperies.
22 mars 2011, 17:10   Re : La Corse : que faire ?
Ah, oui, moi aussi, je prends : le problème de logique que vous signalez, Francmoineau, s'apparente (si je ne me trompe) à la confusion de ce que l'on nomme en philosophie morale l'être et le devoir-être. Tout ce qui est n'est rien d'autre que l'actualisation du meilleur (pas au sens normatif, s'entend) des mondes possibles ; cette pensée débouche logiquement dans le domaine de l'action sur une sorte de quiétisme consistant à déclarer vaine toute tentative de projeter sur le réel une vision organisatrice, puisque tout est toujours-déjà ordonné.

Ajouté vaine, qui manquait.
Citation
cette pensée débouche logiquement dans le domaine de l'action sur une sorte de quiétisme consistant à déclarer toute tentative de projeter sur le réel une vision organisatrice, puisque tout est toujours-déjà ordonné.

Relisez votre phrase vous avez oublié un adjectif cher Bily.
Cher Rogemi, je ne demanderais pas mieux que d'enc... des excavatrices, mais j'ai peur de ne pas être à la hauteur.
(Et puis ne criez pas comme ça, nom d'un chien.)
Utilisateur anonyme
22 mars 2011, 17:56   Re : La Corse : que faire ?
(Message supprimé à la demande de son auteur)
22 mars 2011, 18:10   Re : La Corse : que faire ?
Je trouve que l’argumentaire de Rogemi est à considérer. Outre déplorer ou souhaiter « la petite crise de derrière les fagots », chère à l’ami Stéphane, genre peste noire, que faire ? Les choses étant ce qu’elles sont et la nostalgie un bien vilain défaut. Ne pas nuire ne se confond pas avec ne rien faire, surtout dans l’ordre du politique. Être ce que l’on est se manifeste bien d’une façon ou d’une autre, n’est-ce pas, cher Didier ? Un tourisme in-nocent est-il imaginable et réalisable dans la situation qui est la nôtre aujourd’hui ? Question applicable à bien des sujets.
Citation
Le possible, cher Rogemi, c'est avoir toujours à être ce que l'on est...

J'en conviens mais le Bien Public ou le Bien Commun est une chose trop sérieuse pour être laissé aux rêveurs ou aux millénaristes.
22 mars 2011, 18:17   Re : Tourisme
Une petite ville d'Oregon, à une époque, accueillait les touristes avec une grande banderole déployée au-dessus de la rue principale où l'on pouvait lire

[Nom de la ville], la ville où personne ne sait que chez vous, vous n'êtes rien !

Authentique.
22 mars 2011, 18:35   Re : La Corse : que faire ?
Ah, oui, le mot vaine (soit dit en passant ce n'est pas à vous, Rogemi, que j'applique ce genre de raisonnement) :

cette pensée débouche logiquement dans le domaine de l'action sur une sorte de quiétisme consistant à déclarer vaine toute tentative de projeter sur le réel une vision organisatrice, puisque tout est toujours-déjà ordonné.
Eric, la peste noire ne nous menace plus, vous savez bien que seule est à redouter le peste brune.

Ceci dit, qu'est le tourisme in-nocent ? est il forcément ferroviaire, car écologique ?

Francis, c'est en tout cas fort bien trouvé, je me permettrai d'utiliser cette ville de l'Orégon.
22 mars 2011, 18:45   Re : La Corse : que faire ?
La ville en question, ce n'est pas Eugene ?
Utilisateur anonyme
22 mars 2011, 19:02   Re : La Corse : que faire ?
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Citation
à moins que vous ayez décidé d'office que j'étais des "rêveurs" ou des "millénaristes"...).

Cher Didier,

Bien sûr que non il ne me viendrait jamais à l'esprit de vous compter parmi les rêveurs ou millénaristes car vous êtes bien au contraire un des piliers les plus solides du PI.

Mes réactions sont, il faut bien le dire, quelque fois assez abruptes car le temps me manque pour délayer mes interventions.
J'ai oublié. C'était il y a vingt ans au moins. Je traduisais un guide de voyage qui traitait de la côte Ouest des Etats-Unis. Cette banderole de bienvenue, apposée par le conseil municipal, rapportée de manière anodine par l'auteur, a tant imprégné ma mémoire que j'en ai oublié le nom de la petite ville. Les Américains, comme ça, peuvent être renversants. Ils peuvent être spontanément Dada, du fond de leur Oregon. André Breton eût adoré.
22 mars 2011, 22:32   Re : La Corse : que faire ?
L'Oregon affirme partout, et d'abord sur les plaques d'immatriculation de ses voitures, qu'il y pleut constamment et qu'il n'est pas une destination touristique alléchante.
Il était peut-être moins facile que dans l'Oregon d'affirmer sur des pancartes que sur la Riviera il y pleut constamment. Dans ce cas, si l'insularité s'en mêle, il devient peut-être nécessaire de trouver des arguments plus convaincants afin de convaincre les gens que la région est inhospitalière.
Utilisateur anonyme
23 mars 2011, 11:29   Re : La Corse : que faire ?
Exemple typique de promo à la "virginité" et au "naturel" (avec vue sur la vue) :

"Dans un cadre naturel préservé à 10 minutes de l’aéroport de FIGARI nous vous proposons 6 parcelles de terrain à bâtir de plus de 5 500 m²viabilisées avec vue sur une superbe vue sur la mer. Très belle orientation avec un ensoleillement maximal. Ces terrains sont à 400 m de la plage en limite de la zone littorale qui restera vierge de toute construction.
Prix au m² : 130 € viabilisé et borné .
Possibilité de construction d’une villa de 300 m² SHON par lot.
Premier contact par mail "
Ha, Beckford...

5500 m2 à 130 €, cela nous fait le terrain à 715 000 €, à peu près... ajoutez une modeste villa de 300 m2 et, sans doute, sa petite piscine...

Il n'y a pas à dire, l'argent arrange bien des choses. Remarquez, c'est autant que les pue-la-sueur et autres porteurs de marcels n'auront pas.
23 mars 2011, 11:49   Re : La Corse : que faire ?
"Ces terrains sont à 400 m de la plage en limite de la zone littorale qui restera vierge de toute construction."

Ah, magnifique ! voilà une belle illustration de cette espèce de paradoxe de l'habitat à l'époque du Désastre : on construit des horreurs qui empoisonneront la vue à quinconque posera les yeux sur elles, mais desquelles la vue (on tient à nous rassurer) sera "im-pre-nable".
Stéphane, vous êtes injuste : je suppose que ces villas, vu leur prix, seront conçues par un architecte tout ce qu'il y a de bien...
Utilisateur anonyme
23 mars 2011, 12:08   Re : La Corse : que faire ?
Citation
Jean-Marc
Stéphane, vous êtes injuste : je suppose que ces villas, vu leur prix, seront conçues par un architecte tout ce qu'il y a de bien...

Ces villas néo-floridiennes, stéréotypées, de 300 m2 sont en général hideuses. Et quand elles cherchent à être "singulières", quand la "lumière y transcende la matière" (inox vissé sur crépi rose), je vous laisse imaginer.

Il y a des exceptions remarquables parmi les réalisations ou réhabilitations récentes : j'en ai compté deux dans mon coin !
C'est ce que je voulais dire, mais je le disais autrement.
23 mars 2011, 13:05   Re : La Corse : que faire ?
Pardonnez-moi, mais je crois que même les exceptions dont vous parlez (admettons qu'elles existent), si elles peuvent faire illusion de loin (à la rigueur), de près se révèlent être aussi hideuses que leurs consoeurs.
Utilisateur anonyme
23 mars 2011, 18:09   Re : La Corse : que faire ?
Citation
Stéphane Bily
Pardonnez-moi, mais je crois que même les exceptions dont vous parlez (admettons qu'elles existent), si elles peuvent faire illusion de loin (à la rigueur), de près se révèlent être aussi hideuses que leurs consoeurs.

Les exceptions remarquables sont en fait des pastiches réussis — il y a aussi des horreurs dans ce registre — de maisons corses en moellons de granit irréguliers, vieilles barrières, piscines naturelles etc...
La Corse se rappelle à notre attention aujourd'hui :

[www.ladepeche.fr]
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