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Changement d’alliances au Moyen-Orient

Envoyé par Gérard Rogemi 
Tous ces changements n'augurent rien de bon pour Israel. Et si un conflit armé devait survenir entre Israel et son voisinage les "minorités musulmanes" en Europe vont nous mettre dans de beaux draps.

Changement d’alliances au Moyen-Orient (info # 012704/11)

Par Stéphane Juffa © Metula News Agency

Un commando de six hommes cagoulés, arrivés sur les lieux dans deux pickup démunis de plaques d’immatriculation, ont à nouveau fait sauter le pipeline acheminant le gaz naturel égyptien en Israël et en Jordanie. Pour parvenir à leur fin, ils ont rapidement neutralisé les huit gardes qui protégeaient l’installation et qui n’ont opposé aucune résistance à leurs assaillants.

On ignore à Metula s’il s’agit de Bédouins du Sinaï, extrêmement déçus par le traitement que leur réserve la junte militaire actuellement aux affaires au Caire, ou d’islamistes, opposés à la fourniture de gaz à l’Etat hébreu.

Quoi qu’il en soit, c’est la seconde fois depuis la révolution du Nil que l’approvisionnement par ce gazoduc est interrompu par des actions violentes. En février, on sait maintenant qu’il s’agissait de bédouins. Il y aurait pu même y avoir une troisième fois, si le 27 mars dernier, la charge déposée par des saboteurs dans le terminal de l’ouvrage n’avait pas fait long feu.

Ce qui est clair, en l’état, c’est que, comme l’a précisé Uzi Landau, le ministre hébreu de l’Infrastructure, son pays allait se préparer à se passer du gaz égyptien, qui couvre actuellement 40% des besoins d’Israël. Jérusalem a ainsi donné des instructions pour hâter la commercialisation des gisements découverts au cours de ses forages marins.

Mais si les Israéliens s’efforcent de conserver une attitude très neutre à l’égard des nouveaux maîtres du jeu au Caire, en dépit des provocations verbales itératives du ministre intérimaire des Affaires Etrangères, Nabil al-Arabi, les relations entre les deux pays se détériorent.

En fait, on peut maintenant parler avec assurance d’une dérive islamiste et nationaliste se dessinant sous les auspices du Conseil Militaire Suprême, avant même la tenue d’élections pour le parlement et la présidence.

Le signe le plus clair de la nouvelle mouvance est à voir dans l’amélioration spectaculaire des relations avec la "République" Islamique d’Iran d’Ahmadinejad et de Khamenei. Lundi dernier, une rumeur insistante circulait à l’ombre des pyramides, selon laquelle Téhéran aurait nommé un ambassadeur au pays des pharaons.

Information niée du bout des lèvres par le chargé d’affaires perse au Caire, les deux Etats n’entretenant pas de relations diplomatiques pleines et entières depuis 1979, après que le 26 mars de cette année l’Egypte eut signé la paix avec Israël, et qu’elle recueillit le Shah Reza Pahlavi, suite à son détrônement par les khomeynistes.   

En dépit de la fausseté de la nouvelle, on ne se situe pas loin de sa réalisation. La voie avait été ouverte en février, lorsque la junte dirigée par le maréchal Mohamed Tantawi, qui a remplacé Hosni Moubarak, autorisa deux navires militaires battant les couleurs de la théocratie chiite à emprunter le Canal de Suez.

Un acte qui n’est pas innocent, puisque le Conseil Militaire Suprême égyptien a publiquement formulé son intérêt, imité en cela par Nabil al-Arabi, à améliorer les rapports avec le régime des ayatollahs.

Ces ouvertures ne manquent pas d’inquiéter les alliés traditionnels de l’Egypte moubarakienne, Israël et les Etats-Unis en tête.

Washington, qui a très vivement réagi, par l’intermédiaire du Département d’Etat, à un sondage réalisé sur les rives du Nil par le respectable centre de recherche Pew ("Pew Research Center for the People and the Press"). Enquête de laquelle on apprend que 54% des Egyptiens se déclarent pour une dénonciation pure et simple de l’accord de paix avec Israël, tandis qu’ils ne sont guère que 36 pourcent à se prononcer pour son maintien. Pew fait remarquer que la détestation d’Israël est plus répandue parmi les démunis et les illettrés, et un peu moins parmi les personnes éduquées.

Mais ce qui a dû particulièrement accrocher l’attention des responsables US fut les réponses des sondés égyptiens, lorsqu’interrogés sur des sujets attenants directement aux Etats-Unis. Ainsi ils sont 22% à se déclarer persuadés que l’Amérique a joué un rôle positif lors de l’insurrection, alors que 39% sont certains qu’elle a eu une influence négative.

Cela doit être difficile à admettre pour les analystes riverains du Potomac, sachant que sans le coup de pouce de leur président, Moubarak se trouverait plus que probablement toujours au pouvoir, ou qu’il aurait été remplacé par Omar Suleiman.

Pourtant, à titre personnel, les résultats que récolte Barack Obama sont encore plus médiocres ! Ainsi, 64 pourcent des personnes interrogées affirment ne pas avoir confiance dans sa politique. Et 52% disent ne pas avoir apprécié ses réactions face aux changements qui secouent le Moyen-Orient.

Barack Obama, le Président qui s’est adressé directement à Hosni Moubarak pour lui ordonner de quitter son poste, et aux officiers supérieurs de l’armée, payés, entraînés et équipé par l’Oncle Sam, leur enjoignant de ne pas exécuter les instructions du Raïs !

Ces mauvaises notes prouvent au moins deux choses : 1. La perception de la réalité n’est pas la même suivant le monde dans lequel on évolue. 2. La propagande islamiste, antiaméricaine, anti-occidentale et anti-israélienne bat son plein en Egypte, et elle surpasse d’un univers entier toute tentative d’évaluer correctement les actions des ennemis des valeurs des Frères Musulmans.

Le rapprochement avec l’Iran, à l’initiative du groupe d’officiers dans les mains desquels Washington a  placé le pouvoir décisionnel en Egypte, et les résultats du sondage de Pew ont donc poussé le Département d’Etat à communiquer, rappelant que "l’armée égyptienne s’était engagée à respecter les traités internationaux, incluant l’accord de paix de 1979 avec Israël".

Ce qui nous incite fortement à penser que le trône du pharaon avait un prix pour les militaires, à savoir le maintien du traité avec Jérusalem, et que ceux-ci se sont engagés à le payer.

Ca n’est pas tout ; le Département d’Etat a souligné au feutre gras que "la paix était essentielle pour l’avenir du peuple égyptien, y compris la paix avec les Israéliens, les Palestiniens et tous les peuples de la région. L’accord de Camp David", poursuit le communiqué, "constitue la clé de voûte de la paix et de la stabilité dans la région (…)".

A bon entendeur : si les militaires du Conseil Militaire Suprême entendent continuer à percevoir leurs milliards de dollars annuels, ils feront en sorte que les rapports avec Jérusalem ne se détériorent pas au-delà d’une certaine limite, et que le traité de paix ne soit pas remis en question.

Et dans le terrible marasme économique dans lequel l’Egypte d’après Moubarak se débat, privée de son revenu touristique et du produit régulier de ses ventes de gaz, l’arrêt de l’aide américaine renverrait simplement ce pays au temps des chevaux, des disettes et des pénuries.

Il n’y a pas que les Américains, les Occidentaux et les Israéliens qui soient inquiets des changements intervenant outre Canal. Les émirats du Golfe ne goûtent pas du tout au rapprochement du Caire avec Téhéran, et Riad – l’ennemi principal de la "République" Islamique -, encore moins.

Dans la situation apocalyptique dans laquelle se trouve l’économie égyptienne, elle ne peut en aucun cas se brouiller avec ces partenaires traditionnels, et sûrement pas avec les Saoudiens.

Point d’achoppement parmi d’autres, la situation à Bahreïn, où la monarchie sunnite minoritaire fait face à des révolutionnaires chiites, encadrés sur place par des Pasdaran (gardiens de la révolution khomeyniste), et entraînés dans des camps du Hezbollah au Liban.

Restait que le plan du maréchal Tantawi et du 1er ministre Essam Charaf consistait à exiger de Téhéran un gage majeur de son désir de normalisation des relations avec le Caire. Et pour demeurer limpides dans l’énoncé de leurs intentions, les Egyptiens ont dit précisément aux Iraniens quel était le geste qu’ils désiraient : qu’ils influent sur le Hamas à Gaza, qui dépend, lui aussi, dans une large mesure de Téhéran pour ses armes et son encadrement, afin qu’il assouplisse ses positions et accepte de se réconcilier avec le Fatah de Mahmoud Abbas !

Ca n’est pas moi qui ai révélé les circonstances de ce deal, mais le politologue Omar Halawa, dans un article dans Al Masry Al Youm (l’Egyptien, le Jour) ; et Khamenei, le "Guide suprême", a fourni ! Il a donné ses instructions à Khaled Mashal à Damas et à Ismaïl Hanya, qui ont permis au no.2 du bureau politique du Hamas à Damas, Moussa Abu Marzouk, de parafer, ce mercredi, au Caire, un accord au spectre très étendu avec le membre du comité central du Fatah, Azzam al-Ahmad.   

La signature festive est prévue dans quelques jours, ensuite, on devrait assister à l’intégration du Hamas dans le gouvernement de l’Autorité Palestinienne, puis à des élections générales, si une nouvelle dispute ne vient pas tout remettre en cause.

Mais, s’agissant d’une décision stratégique de la part des Perses, qui, lors des pourparlers dirigés par les nouveaux chefs du renseignement égyptien, ont ordonné à leurs protégés d’accepter tout ce qu’ils avaient jusqu’alors refusé à Omar Suleiman, ce rabibochage "historique" a des chances de tenir un certain temps.

Nous aurons, bien sûr, l’occasion de revenir sur cet accord et d’en exposer les conséquences. Mais il en existe une dont nous pouvons déjà faire état ce soir : on assiste à un changement d’alliances ! Jusqu’à maintenant, les relations entre l’Egypte et l’OLP faisaient partie d’une entente plus vaste, qui réunissait aussi les Etats-Unis, les Emirats Arabes Unis et l’Arabie Saoudite. Leurs ennemis étaient l’Iran, la Syrie et leurs milices supplétives du Hezbollah au Liban et du Hamas à Gaza.

L’Egypte de Moubarak était l’alliée stratégique de Washington, de Jérusalem et de Riad dans ce face-à-face ; et lorsque le Hamas fit, brièvement, partie du gouvernement de l’Autorité Palestinienne, l’Amérique lui coupa tout soutien financier.

Recadré dans le "printemps" égyptien, cet accord Hamas-Fatah va bien au-delà d’une réconciliation entre frères ennemis palestiniens. Il ne va en effet pas de soi, pour le Caire, de passer un pacte avec la "République" Islamique, et d’étendre ainsi, de façon exponentielle, son influence dans la région et dans le monde arabo-musulman. Pour Ahmadinejad et Khamenei, en proie à maintes difficultés domestiques, la preuve d’efficacité qu’ils ont produite leur permet de se greffer sur le "printemps arabe", et de se présenter comme son allié.

C’est, ne craignons pas de le dire, une victoire diplomatique majeure pour la théocratie persane, qui sort de son isolement grandissant, et s’offre des aires de développement de choix. Et c’est, par le principe des vases communicants, un revers douloureux pour l’Occident, qui perd son investissement dans l’Egypte, dans l’Autorité Palestinienne, et dont toutes les positions régionales se trouvent, instantanément, placées sur la défensive.

Cette analyse liminaire permet de cerner parfaitement la réaction du 1er ministre israélien, Benyamin Netanyahu, qui, s’adressant à Mahmoud Abbas, lui a indiqué que cet accord avec le Hamas pourrait bien sonner le glas du processus de paix. "Vous ne pouvez à la fois avoir la paix avec le Hamas [et l’Iran. NDLA.] et avec Israël", lui a-t-il lancé, l’invitant à choisir la paix avec Israël.

La remarque de Netanyahu est élastique et adaptable, telle quelle, à d’autres : vous ne pouvez pas, Messieurs les Egyptiens, avoir des relations amicales simultanément avec l’Iran, la Syrie et avec les Saoudiens, les Emiratis, les Israéliens et les Américains.

Vous allez voir que dans très peu de temps, les Egyptiens vont, eux aussi, être priés de faire des annonces claires et de révéler leurs choix.  
Une semaine malheureuse et terrible (info # 012904/11) [Analyse]

Par Sami El Soudi © Metula News Agency

Précieuse analyse que celle que Stéphane Juffa a proposée avant-hier, à chaud, dans ces colonnes, au sujet de l’accord entre le Fatah et le Hamas. L’essentiel y figurait : le changement d’alliances, la victoire politique de la "République" Iranienne, l’entrée de la nouvelle Egypte, très islamisée, sur la scène internationale, et son changement de camp.

A mon tour d’ajouter les éléments dont j’ai connaissance. Le plus important d’abord : pour le peuple palestinien, son espoir de fonder un Etat, de mener une vie respectable dans un environnement pluriculturel, le projet de traité du Caire représente un cataclysme, une nouvelle Naqba, un terrible désastre.

Les lecteurs de la Ména doivent également savoir qu’il n’y a pas eu de négociations à proprement parler, cette semaine, dans la capitale égyptienne. Moussa Abou Marzouk, le no. 2 du politburo du Hamas à Damas, flanqué de Mahmoud Al-Zahar, se sont vu resservir par les Egyptiens le contrat qui avait été présenté au Hamas, déjà pré-signé par le Fatah, en octobre 2009.

A cette occasion, les maîtres iraniens et syriens avaient intimé aux chefs de leur milice islamiste palestinienne de s’abstenir de parapher ce texte. Mercredi, pour les raisons que Juffa a exposées, Téhéran et Damas avaient changé d’avis ; aussi, quand le remplaçant d’Omar Suleiman à la tête du renseignement égyptien, Mourad Mouafi, et le ministre des Affaires Etrangères du pays hôte, Nabil Al-Arabi, ont tendu le document aux délégués du Hamas, ceux-ci l’ont endossé sans même le feuilleter.

Et Mahmoud Al-Zahar ment comme un islamiste, quand il affirme que "plusieurs clauses du deal de 2009 ont été amendées, ce qui a permis au Hamas d’y apposer sa griffe". En réalité, à part des points de détails, dénués de la moindre importance, la version de 2009 n’a subi aucune modification.

Mercredi prochain, le Président de l’Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas, et le chef du politburo du Hamas, Khaled Mashal, signeront officiellement le traité de "réconciliation", sur les rives du Nil.

Sauf retournement ou retour à la raison, en exécution de la nouvelle entente, on devrait assister à la formation d’un cabinet apolitique composé par des "technocrates" à la tête de l’Autorité Palestinienne, ainsi qu’à la mise sur pied d’un "Comité de Défense conjoint", censé prendre le commandement des forces de sécurité palestiniennes.

Première situation délirante : on voudrait faire collaborer des miliciens qui tirent des roquettes sur des civils israéliens à Gaza, avec des policiers, formés et encadrés par les Etats-Unis et les Européens, qui coopèrent sans retenue avec les mêmes Israéliens dans le but de faire prévaloir l’ordre et le calme, et d’empêcher les terroristes islamistes de tuer.

On veut faire collaborer les policiers d’une entité, l’Autorité Palestinienne, ayant officiellement renoncé à la lutte armée, avec des miliciens-terroristes, qui n’ont aucune autre occupation que la lutte armée.

Et dans le gouvernement de "technocrates", auquel le traité confie la préparation des élections générales et présidentielles, on trouvera les représentants de deux mouvements. D’une part, ceux qui cherchent un compromis d’entente avec les Israéliens, qui les rencontrent fréquemment, et qui préparent les infrastructures de l’AP pour la proclamation d’un Etat indépendant, existant au côté de l’Etat hébreu et conservant des contacts étroits avec lui. De l’autre, une organisation dont l’objectif consiste en l’instauration d’un califat islamique, de la mer à la rivière, sur les cendres de l’Etat hébreu, qu’elle s’est statutairement juré d’éliminer physiquement.

Quant à un "gouvernement de technocrates", ceci n’existe pas. Un instrument de gouvernement est un outil strictement politique, dans lequel l’apolitisme est un dangereux mirage. Il n’y aura pas deux entités prenant des décisions collégiales sur pied d’égalité, mais une entité imposant sa volonté et son agenda à l’autre.

Et, bien que selon les provisions du traité de 2009, Mahmoud Abbas conserverait le dernier mot dans les décisions du cabinet intérimaire, et que rien ne l’empêcherait, en théorie, de poursuivre le processus de négociations avec Benyamin Netanyahu, dans les faits, la réalité est nettement moins consensuelle.

Mahmoud Al-Zahar, qui vient de représenter le Hamas à la signature du protocole d’accord, s’est, à ce propos, empressé d’indiquer l’interprétation qu’en retenait son organisation : "le gouvernement intérimaire ne sera pas habilité à participer à des négociations de paix avec Israël".

On le comprend à ces propos, la posture de l’Autorité Palestinienne, patiemment construite par l’actuel 1er ministre Salam Fayyad, sur la base de laquelle il était parvenu à convaincre une centaine d’Etats de soutenir la proclamation de notre indépendance, "parce que nous sommes prêts et capables d’ériger un pays vivant en bonne harmonie avec Israël" a déjà volé en éclats.

Le traité du Caire sauve Benyamin Netanyahu, qui se trouvait dans une situation quasi désespérée, incapable d’expliquer aux chefs d’Etats amis d’Israël pourquoi Jérusalem s’opposait à la création d’un Etat de Palestine qui ne présentait aucun danger perceptible pour la sécurité de l’Etat hébreu.

Depuis hier, le 1er ministre israélien a beau jeu de convaincre les présidents et les 1ers ministres, qu’il serait insensé pour sa nation d’accepter la création d’un Etat, dont la composante est constituée pour moitié par une entité dont la finalité déclarée est la disparition d’Israël.

Et cette remarque s’étend à ce que le 1er ministre israélien a toujours prétendu au sujet de Mahmoud Abbas : il est clair qu’Abbas ne désire pas la paix s’il s’allie avec une organisation prônant l’élimination d’Israël ; il est clair qu’Abbas n’a jamais désiré la paix s’il s’allie aujourd’hui avec le Hamas ; il est clair que Netanyahu avait raison quand il le prétendait, et qu’Obama, Sarkozy et Poutine ne comprenaient rien au Moyen-Orient, quand ils refusaient de se laisser convaincre.

Il ne s’agit pas uniquement d’un bon prétexte pour Netanyahu, mais c’est même une appréciation stratégique absolument authentique. Les leaders d’Etats n’ayant rien contre les Juifs et contre Israël refuseront certainement de plébisciter un Etat palestinien lors des réunions de l’ONU, en septembre, maintenant qu’ils sont conscients qu’une décision dans ce sens obligerait Jérusalem à laisser s’approcher des miliciens génocidaires à moins de dix kilomètres du centre de Tel-Aviv.

Peut-on imaginer un plus beau cadeau à offrir à Benyamin Netanyahu ? Lui qui se voit ainsi étrangement récompensé de ses deux années d’obstructionnisme actif à la paix.

Car, pour le Quartette formé pour les questions du Moyen-Orient, depuis 2003, le Hamas est une organisation terroriste, de même que pour les Etats-Unis et plusieurs autres Etats et instances démocratiques à la surface de la planète. On doit ainsi s’attendre à ce que le Congrès US ordonne de cesser le soutien économique de l’Amérique à l’Autorité Palestinienne à composante terroriste, avec les conséquences dévastatrices dont on peut imaginer la portée et l’effet.

Je dois admettre, en toute honnêteté, qu’à la suite de la péripétie du Caire, je ne pourrais pas blâmer nos voisins de l’ouest, s’ils s’opposent de toutes leurs forces à la création d’une Palestine à moitié dirigée par les islamistes du Hamas.

Sans compter qu’il s’agit d’une situation transitoire dans des conditions extrêmement défavorables, et cela pour deux raisons :

Premièrement, parce que, déjà au sein du "cabinet intérimaire", il ne fait aucun doute que c’est le Hamas qui va rapidement prendre l’ascendant. Parce que sa structure est dictatoriale, que ses objectifs sont plus clairs, ses représentants disciplinés, incapables de s’opposer aux instructions de Mashal et des commanditaires iraniens, et pour la raison que ses structures sont infiniment moins corrompues que celles de l’OLP.

Ensuite, parce que les chances objectives du Hamas de remporter les élections législatives ainsi que la présidence de l’Autorité sont supérieures à celles du Fatah. Pour les mêmes raisons que celles mentionnées ci-dessus, et parce que le Hamas se positionne dans l’élan des "printemps arabes", tandis que le Fatah, séculier, se trouve dans le camp des vaincus, lui qui était l’allié et le protégé de Moubarak et de Suleiman, aujourd’hui jetés à la vindicte populaire de la rue arabe.

Parce que, et quels que soient les vainqueurs de ces consultations, les conseils des ministres devront se tenir à Gaza, et non plus à Ramallah, puisque les Israéliens ne permettront jamais aux ministres du Hamas de traverser leur territoire pour siéger en Cisjordanie. Puisque Gaza n’est pas soumise à la présence israélienne, et que le gouvernement qui y siégera jouira de la "liberté" de prendre ses décisions "hors de la domination étrangère". Et que Gaza, c’est le château fort du Hamas, à l’ombre de l’autorité de la "République" Islamique iranienne et au service de ses vues hégémoniques.

Parce que l’apparence de la cohabitation entre des composantes démocratiques et islamistes ne va pas sans rappeler les éphémères gouvernements de cohabitation entre des éléments démocratiques et les représentants communistes, au temps de la défunte URSS. Et que, lors de chacune de ces expériences, les ministres non communistes furent prestement balayés par les affidés de Moscou, avec recours à des éliminations physiques des ministres séculiers, dès que le besoin s’en faisait sentir, ou même à titre préventif. Les ministres OLP siégeant à Gaza ne seront ainsi jamais libres de leurs décisions.

Voyez l’exemple libanais, où la milice du Hezbollah, dont les sponsors sont les mêmes que ceux du Hamas, et qui représente une obédience de moins de 33% de la population du pays au cèdre, s’est emparé du pouvoir par la violence, l’ingérence étrangère, les livraisons d’armes, les assassinats politiques, les intimidations et les menaces ; alors que ceux qui croient l’alternance encore possible à Beyrouth sont, dans le meilleur des cas, de doux rêveurs. 

Il y a un mois, les dirigeants du Fatah s’entretenaient avec les Israéliens pour savoir s’ils allaient participer militairement à la reconquête de Gaza contre la milice islamiste. Mercredi, en paraphant l’accord de cohabitation avec le Hamas, le même Fatah a signé son arrêt de mort.

La bêtise de cet acte se mesure à l’aune de l’interruption du projet de Salam Fayyad, le grand laissé pour compte de ce changement d’alliances. Fayyad, 1er ministre, que l’on n’a pas sérieusement consulté avant d’envoyer Azzam al-Ahmad "négocier" dans la capitale égyptienne.

Salam Fayyad, l’architecte de l’Etat de Palestine indépendant, que la communauté internationale allait reconnaître, d’une manière ou d’une autre, dans seulement cinq mois. L’apôtre du rejet irréversible du recours à la violence, le chef d’orchestre de notre boum économique, qui était le seul garant crédible de notre souveraineté à venir.

Fayyad, celui qui avait su gagner le monde civilisé à la cause palestinienne sans tirer un coup de feu ; celui qui avait placé la coalition Netanyahu-Lieberman au pied du mur, qui avait contraint Israël à faire face à ses obligations à notre endroit.

Eh bien, Salam Fayyad, qui se trouve, depuis deux jours, en compétition à distance avec Ismaïl Hanya pour le fauteuil de 1er ministre de la Palestine, va être le premier sacrifié sur l’autel de l’acte de sabordement du Caire. Je ne vois, en effet, aucune hypothèse envisageable pour qu’il soit reconduit à la tête du gouvernement intérimaire. Car il est le contraire vivant de l’apolitisme et de la technocratie, il était celui grâce auquel la naissance d’un Etat décent et démocratique de Palestine était devenue crédible. Plus que crédible, même, à portée de main.

Mais il est, pour ces raisons, et parce qu’il est un fervent défenseur de la coexistence pacifique avec les Hébreux, et qu’il ne nourrit aucune haine viscérale à l’encontre de l’Occident, des chrétiens et des Juifs,  l’ennemi numéro 1 des islamistes, de l’Iran et de la Syrie. Parce que les arafatiens, au sein de l’AP, le rejettent avec autant de vigueur que celle dont font preuve les islamistes.

Avec la disparition programmée de Fayyad, la cause palestinienne fait un bond de vingt ans en arrière et s’éloigne d’autant de son émancipation politique. C’était l’objectif des partisans du tout ou rien de la famille palestinienne, ceux qui nous ont confinés dans toutes les misères que nous connaissons.

S’il est aisé de saisir les motifs ayant poussé Ahmadinejad et Khamenei à accepter de faire des concessions illusoires pour sceller la "réconciliation" palestinienne, des concessions qui seront par la suite effacées par l’usage intempestif de toutes les formes de violence, les mobiles de la décision d’Abbas et de quelques autres barons du Fatah de se saborder sont plus complexes à appréhender.

Mais avant de les évoquer, il est nécessaire de mentionner la réaction officielle de la "République" Islamique à la signature du mémorandum ; le Dr. Ali-Akbar Salehi, le ministre iranien des Affaires Etrangères, résume ainsi les conséquences de l’accord du Caire : "Les deux principes fondamentaux ayant servi de souche à l’accord Fatah-Hamas sont la résistance à Israël et l’unité du peuple". Il y a lieu de le croire, exceptionnellement, sur parole.

Et, dans la droite ligne de l’analyse de Juffa, Salehi mentionne le contenu de la promesse que lui ont faite les Egyptiens en échange de l’acceptation du Hamas d’endosser, à retardement, le texte de 2009 : le ministre de la théocratie chiite "espère maintenant que le passage de Rafah entre Gaza et l’Egypte sera rouvert sous peu au trafic palestinien, et qu’il permettra une libre circulation des marchandises". Pas besoin d’être prophète pour savoir quelle sorte de marchandises intéresse le régime iranien.

Quant à Abbas, les "printemps arabes" le privant de son soutien principal Hosni Moubarak, il s’était vu devenir l’allié objectif et de fait des Etats-Unis, d’Israël et, plus globalement, de l’Occident. Son Autorité Palestinienne était en passe de devenir complètement isolée par son atypicité dans l’univers arabe ; de plus, avec un président faible, instable et inopérant à la Maison Blanche.

Avec ses collègues à la tête de l'entité palestinienne, il a été pris de vertige. Notamment par celui de voir son peuple se détacher de la caravane des nations arabes, et devenir un électron libre très occidentalisé ; mais un minuscule électron, qu’il voyait s’éloigner du convoi avec la crainte de ne pouvoir acquérir une exemplarité viable. Il aura préféré, dans un geste inconsidéré d’une insigne faiblesse, se faire harakiri, ne trouvant, vraisemblablement, pas les ressources et l’énergie nécessaires pour mener une expérience singulière à l’écart du troupeau.

Mais cela suffira-t-il ? Je veux dire, est-il encore temps de rejoindre la caravane après tout le chemin que nous avons parcouru en solitaires ? Rien n’est moins sûr : les contradictions et les points de frottement extrêmes auxquels nous ne pourrons échapper lors du processus de "réconciliation" sont tels, que les chances de réalisation de l’accord du Caire sont maigres. A l’instar de dizaines de tentatives passées de rapprochement, qui n’ont pas résisté à la rencontre des premières rugosités de la réalité, l’avenir de l’acte de reddition de l’Autorité Palestinienne est menacé de toutes parts.

A commencer par nos nombreux compatriotes qui ont cru au projet de Salam Fayyad, en poursuivant par ceux qui sont lassés par les promesses intenables et les souffrances des confrontations perdues d’avance, et pour finir par les voisins israéliens, qui pourraient mettre un terme définitif à l’existence de l’Autorité Palestinienne, s’ils s’aperçoivent qu’elle est en voie de se muer, sous leur nez, en une nouvelle métastase de la "République" Islamique d’Iran.

Etape de vérité relativement aux intentions de Jérusalem, la libération des terroristes du Hamas détenus par l’AP, prévue par le traité du Caire. Questionné par Haaretz à ce sujet, Mahmoud Abbas a esquivé : "l’AP n’emprisonne que ceux qui enfreignent la loi et pas les prisonniers politiques". Nul doute que Khaled Mashal ne se satisfera pas de cette distinction, et qu’elle pourrait, à elle seule, justifier l’explosion de l’accord. Bref, en cette fin de semaine malheureuse et terrible, l’avenir des Palestiniens n’a jamais été aussi incertain.   
Comme si se préparait une seconde Shoah (info # 010105/11) [Analyse]

Par Guy Millière © Metula News Agency

Les dirigeants de la France, ceux des autres pays d’Europe, ceux de l’Union Européenne persistent, discours après discours, quoi qu’il se passe dans la zone d’Israël et ses environs, à deviser comme s’ils pensaient vraiment qu’un Etat palestinien pouvait voir le jour en Judée-Samarie ; et comme s’ils pensaient vraiment qu’il existait un « processus de paix ».

Ils ne peuvent pourtant pas ignorer que ce qui a mis quasiment fin aux attaques terroristes commises en Israël a été la mise en place de la barrière de sécurité séparant les territoires de Cisjordanie, occupés par l’Autorité Palestinienne, du reste du territoire israélien. Ils ne peuvent non plus ignorer que, sans la fermeture pratiquement hermétique de la ligne de séparation entre Gaza et Israël, ce serait bien davantage que des roquettes et des missiles que les terroristes du Hamas enverraient sur Israël.

Ces responsables politiques ne peuvent pas ne pas voir les meurtres abjects perpétrés contre des Israéliens par des êtres humains ravalés en deçà de l’animal sauvage, dès que la moindre opportunité se présente ; comme récemment, à Itamar, ou, la semaine dernière, près du tombeau de Joseph.

Je suis quant à moi certain que ces chefs d’Etats possèdent une connaissance détaillée de ces évènements, et que cela les dérange fort peu que des Juifs soient assassinés.

Ces mêmes dirigeants ne peuvent pas ignorer ce qu’on enseigne dans les salles de classe de l’Autorité Palestinienne, puisque les livres scolaires sont financés par les pays européens et par l’Union Européenne, et imprimés en Europe.

Ils n’ignorent rien du contenu de ces manuels, à savoir une falsification de l’histoire de la région et des incitations à la haine antisémite.

Il est très aisé pour ces leaders d’imaginer ou de se donner les moyens de constater ce qui est enseigné à Gaza, qui ne saurait être plus décent que ce qui s’apprend dans les écoles des territoires occupés par l’Autorité Palestinienne. Ils ne peuvent en aucun cas voir là l’éducation d’une population que l’on entend préparer à vivre dans un Etat souverain existant paisiblement à côté d’Israël.

J’en déduis que ceux qui nous gouvernent sont conscients du fait que la population palestinienne n’est pas préparée à la paix, mais assurément à la guerre ; que l’éducation incite à la haine antisémite, et que cela ne perturbe pas nos décideurs le moins du monde.

Ces mêmes dirigeants, qui ne peuvent pas non plus négliger ce qui se dit dans les journaux, à la radio et à la télévision palestiniens, à Gaza, aussi bien que sur les terres de l’Autorité Palestinienne. Et ils ne peuvent nier que cela relève de la propagande la plus infecte et la plus infâme. Que cela ne conditionne en rien la population à la paix, mais, au contraire, la pousse au pire fanatisme.

J’en conclus que nos présidents acceptent et entérinent ce fanatisme, tout en en connaissant les desseins.

Ils n’ignorent pas que la croissance économique s’étant opérée sur les terres de l’Autorité Palestinienne, et dont ils n’ont de cesse de parler, s’articule en fait sur une croissance artificielle, reposant principalement sur des aides financières externes. Nos chefs d’Etats ne peuvent l’ignorer, pour la raison que ce sont eux qui ont accordé l’essentiel desdites aides financières.

Ils sont, évidemment, également au courant de ce que Gaza ne vit pas dans la misère, bénéficiant, en outre, d’autres aides, et évoluant, pour 80% de ses besoins, sous perfusion internationale ininterrompue. Impossible, dans ces conditions, de ne pas saisir qu’aucune économie palestinienne n’est viable sans aides et perfusions permanentes.

J’en retiens que nos chefs désirent que l’Autorité Palestinienne et le Hamas aillent au bout de leurs objectifs, avec tant de ferveur, qu’ils sont prêts à presque tous les aveuglements et tous les sacrifices financiers.

Ces dirigeants ont, par ailleurs, connaissance des contours des cartes géographiques figurant dans les bureaux de l’Autorité Palestinienne, de celles utilisées dans les salles de classe ou à la télévision palestiniennes – et, globalement, dans chaque endroit ou institution que l’Autorité Palestinienne contrôle.

Ils savent parfaitement que ces cartes dessinent une Palestine qui se substitue à Israël, et nient ainsi son existence ; que le Hamas ajoute aux cartes qu’il utilise, et qui sont semblables à celles utilisées par l’Autorité Palestinienne, un discours niant explicitement l’existence d’Israël, et appelant, tout aussi explicitement, au djihad contre l’Etat hébreu et le peuple juif dans son ensemble.

J’en soustrais que nos plus hauts représentants politiques approuvent cette négation de l’existence d’Israël, et qu’ils ne désapprouvent pas les appels au djihad contre Israël et le peuple juif.

Ces dirigeants sont, bien sûr, conscients de ce que les nuances entre l’Autorité Palestinienne et le Hamas se situent essentiellement dans les différences dans le degré de fanatisme ; que, sans la présence israélienne, le Hamas dominerait aussi les territoires occupés par l’Autorité palestinienne en Judée-Samarie.

Ils savent aussi que derrière la réconciliation entre Hamas et Autorité Palestinienne se dissimulent des changements d’alliances recomposant la région, la faisant glisser, davantage encore, vers un islam radical lourd de menaces de guerre.

Il n’est pas nécessaire de conduire une nation européenne pour réaliser que la proclamation unilatérale d’un Etat palestinien à Gaza et en Judée-Samarie, sans traité et sans reconnaissance d’Israël, recèlerait davantage encore de sérieuses menaces de guerre.

Je considère, dans ces conditions, que ces dirigeants sont des menteurs, des hypocrites et des complices des crimes actuellement commis contre Israël et contre le peuple juif.

Je considère qu’il y a, dans leur attitude, beaucoup de lâcheté, de calculs cyniques où entrent en considération le pétrole du monde arabe, divers contrats lucratifs, la crainte du terrorisme, la volonté d’apaiser des régimes infâmes et des groupes infects, ainsi que des gangs et des bandes dans les banlieues des grandes villes d’Europe.

Dès lors que cette lâcheté s’accompagne de la dissémination de discours faux et d’informations biaisées dans les media, l’attitude de nos gouvernants est co-responsable de la haine d’Israël et du peuple juif, qui remonte, de tous côtés, en Europe.

Connaissant l’histoire de l’antisémitisme, sachant le rôle qu’a joué l’accoutumance à une haine très semblable, dans nombre de ses aspects, dans l’Europe des années 1930, n’ignorant pas que cette accoutumance a pavé la voie vers la Shoah, j’ai tenu à rédiger un livre de colère, d’indignation et d’appel à la vigilance. Un ouvrage expliquant quels sont les engrenages qui sont en train de se mettre en marche.

Je l’ai appelé Comme si se préparait une seconde Shoah - Editions de Passy, 2011, 112p. , 12€ -parce que j’ai la sensation atroce que nombre d’individus, dans le monde arabe, s’accommoderaient fort bien d’une nouvelle vague d’extermination, et que d’aucuns, en Europe, l’accepteraient volontiers. La différence est qu’aujourd’hui Israël existe et détient les moyens de se défendre ; mais la colère, l’indignation et la vigilance sont plus que jamais de mise.

Le dimanche 1er mai est le jour de commémoration de la Shoah. On en parlera peu en Europe. On lira simplement des commentaires, ici ou là, affirmant qu’on en parle beaucoup trop.

Lorsque, dans un sondage récent, réalisé par un institut allemand, on demandait aux populations d’Europe si elles pensaient que les Juifs tiraient un avantage excessif de l’évocation de la Shoah, les réponses furent positives, à hauteur, selon les pays, de 30 à 50 pour cent.

Dans ce sondage, on demandait également aux personnes interrogées si elles comprenaient l’aversion contre les Juifs ; elles répondirent positivement, dans les mêmes proportions.

Dans toute l’Europe contemporaine, il est à la mode de détester et d’exécrer l’Etat d’Israël.

Se trouvera-t-il quelqu’un pour dire que cela suffit ?
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