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L'amour universel

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
25 avril 2011, 01:35   L'amour universel
Les déclarations de Benoît XIV sur la nécessité d'accueillir les clandestins m'a fait rechercher et ce passage du "Zibaldone" :

"Que l'amour universel, en détruisant l'amour pour la patrie, ne lui substitue aucune autre passion active et que l'amour pour la communauté, en progressant en extension, perde en intensité et en puissance, voilà qui peut être vérifié par cette remarque : les premiers symptômes de maladie mortelle qui détruisit la liberté puis la grandeur de Rome furent contemporains de l'octroi du droit de cité aux Italiens après la guerre sociale et de l'expansion des colonies fondées pour la première fois hors d'Italie par une loi de Gracchus ou de Drusus, et quarante ans après celle de son frère Tibérius. (...).

Quand le monde entier fut citoyen romain, Rome n'eut plus de citoyen ; et quand citoyen romain fut synonime de "citoyen du monde", on n'aima plus ni Rome ni le monde : le patriotisme, dans une Rome cosmopolite, devint indifférent et impuissant, il cessa d'exister. Lorsque Rome se confondit avec le monde, elle ne fut plus la patrie de personne, et les citoyens romains, dont le monde était devenu la patrie, n'en eurent plus du tout, et ils le montrèrent. (24 décembre 1820).

Léopardi met le doigt sur une contradiction mortelle qui fut celle de la Révolution française.

Notre époque est de ce point de vu beaucoup plus cohérente. Elle sait qu'elle ne peut prêcher le cosmopolitisme, l'unversalité des droits de l'homme, la suppression des frontières et en même temps l'amour de la patrie. Ce fut la contradiction de M. Sarkozy qui cru et fit croire à certains qu'on pouvait être libéral-mondialiste et patriote.

La Pape quant à lui est parfaitement dans son rôle, bien entendu.
25 avril 2011, 18:30   Re : L'amour universel
Le Pape ne peut pas dire le contraire, c'est entendu. Il n'est pas dupe pour autant.
Il arrivera un moment où les immigrés d'aujourd'hui ne supporteront pas les immigrés de demain car le système sera au bord de l'implosion. Alors ceux qui veulent niquer la France y regarderont à deux fois car il se pourrait bien qu'ils se trouvent en première ligne pour la grande saillie
07 mai 2011, 08:38   Re : L'amour universel
Niquer la France. A grande saillie, grand tabou.

L'enlèvement des Sabines causa une guerre aux Romains, du temps que les Sabins étaient encore patriotes. Fort instruit d'Histoire ancienne, l'Institut Français des Relations Internationales mesure donc, à cet aune, le patriotisme marocain. Un représentant de cet institut, invité de l'émission "C dans l'air", reprochait, l'autre soir, aux Français, des comportements qui provoquent l'hostilité des Marocains. Il leur imputa, notamment, la multiplication des prostituées au Maroc et précisa les raisons de la rancœur: chaque prostituée de plus, sur le bord du chemin, enlève une Marocaine au « marché matrimonial » (car c'est ainsi que parlent les spécialistes).

On aimerait que l'IFRI applique à la France les mêmes critères d'analyse pour jauger la vertu des Français. Plutôt que de se réjouir aveuglément du progrès des mariages mixtes, contempler le caravansérail français et son « marché » des sexes leur apprendrait beaucoup sur le « marché » des peuples. Il paraît que la jeunesse vote d'avantage Front National. Le chômage n'est sûrement pas l'unique motif et je ne serais pas surpris que ces jeunes soient de jeunes garçons.

Que ne pratiquent-ils plus l'amour universel?
Vous voulez dire des jeunes hommes ?
07 mai 2011, 13:42   Re : L'amour universel
Certes, les jeunes garçons ne votent pas encore. Ma tête est pleine de lapsus.

Ceci dit, je lis dans Le Petit Robert que l'on peut être "un garçon de vingt-quatre ans" et, même, que l'on peut connaître un garçon "depuis trente ans". Le terme désigne, dans un sens vieilli, un jeune homme non marié, ce qui nous rapproche de notre sujet.
Le désir d'illimité étant selon Leopardi si consubstantiel à l'âme, que l'"amour universel" n'en peut être qu'un cas particulier, chimère inaccessible dont la poursuite est d'ailleurs bien plus apte à garantir le bonheur que la réalisation d'objectifs bien réels.
Leopardi fut un marchand d'illusions absolument convaincu de la supériorité morale de l'inanité sur les biens concrets, lesquels ne peuvent en définitive entraîner que déception et déplaisir.
On connaît l'exemple du cheval qu'il avance à cet égard dans le Zibaldone, et la consternation s'ensuivant de ne posséder que tel cheval bien vivant, limité, platement présent, alors que l'on désirait en fait le désir du cheval, "embrassant toute l'extension imaginable de ce sentiment sans même pouvoir le concevoir..." ; je viens d'éprouver la même déconvenue avec la réception de ma belle chaîne stéréo.
Les belles chaînes stéréo, comme toute belle, ne font que donner la mesure malheureuse de l'inaccessible. Le son pur ne se vend pas, ne s'admire pas, il doit s'absorber, comme lorsque nous étions jeunes et pauvres, dans les années 60 -- et que toute l'humanité était pauvre --- Mikis Théodorakis, dont on reparle aujourd'hui ré-enchantait le chant dans la pauvreté générale où était plongée l'Europe, toute en monophonie. La musique, à l'instar de la gastronomie, doit être pauvre et fragile comme le luth pour commencer à exister, à se faire remarquer. Si richesse elle possède, celle-ci ne peut se faire connaître que dans la pauvreté : le vieux son vinyle, inconstant et râpeux, magique dans l'incertitude et soumis à tout instant à l'impondérable catastrophe de son fait, restituait de la musique la préciosité, la fragile valeur.
08 mai 2011, 00:43   Nous n'en sommes plus là
Je me demande si la musique n'était pas un vertueux prétexte à l'anticipation de la joie d'enfiler quadruplement de beaux câbles dans les borniers étincelants or des enceintes.
Utilisateur anonyme
08 mai 2011, 07:01   Re : L'amour universel
Ah Mikis Théodorakis et les bouzoukis!

Mon frère et moi nous repassions en boucle un double vinyle commandé chez France-Loisir. Le magnifique moulin blanc sur un pur cyan de la jacquette nous éblouissait, nous pauvres enfants, qui n'étions jamais partis en vacances.

Je ne me souviens pas q'une musique nous ait procuré autant de joie et de plaisir. Sauf peut-être les chants et fanfares des chasseurs alpins que j'écoutais sur les vieux 45 tours de père tout en marchant au pas atour de la table de la cuisine, coiffé d'un calot de feutrine.

Sur Léopardi : l'amour universel ne s'est jamais apparenté pour lui aux fertiles illusions seules capables de nous donner le goût de vivre. Au contraire il en a toujours dénoncé le côté desséchant : l'amour universel ayant entraîné la haine de tous contre tous. Car l'amour universel prêché par la philosophie est un pur produit de la raison à qui Léopardi refuse tout pouvoir créateur.

On trouve sous sa plume en 1820 (il est encore croyant) une analyse très éclairante du péché originel. Ce fut volonté de connaître le bien et le mal par nos propres moyen alors qu'Adam et Eve le connaissaient d'instint et naturellement. La raison fille de l'orgueil nous ayant condamné à la misère, la maladie et la mort, la raison fut tout ce que Dieu nous concéda au sortir du Paradis terrestre. Et cet instrument de notre perte que nous cessâmes pas de l'améliorer et d'en affiner la pointe de sorte que nous tirions toujours et toujours plus d'orgueil. Cette belle raison corrompue a tout corrompu comme disait Pascal qui ne cessait de s'étonnait sur l'efficacité somme toute de ce monde corrumpu par le péché et la raison. "Et pourtant ça tourne" aurait-il pu dire.

Les juifs, toujours conséquents avec leurs principes, ont senti ce danger de la raison et lui opposèrent la Loi. Le culte de la Loi chez eux me semble venir de là.
Utilisateur anonyme
08 mai 2011, 10:40   Re : L'amour universel
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Citation
Francis Marche
Les belles chaînes stéréo, comme toute belle, ne font que donner la mesure malheureuse de l'inaccessible. Le son pur ne se vend pas, ne s'admire pas, il doit s'absorber, comme lorsque nous étions jeunes et pauvres, dans les années 60 -- et que toute l'humanité était pauvre --- Mikis Théodorakis, dont on reparle aujourd'hui ré-enchantait le chant dans la pauvreté générale où était plongée l'Europe, toute en monophonie. La musique, à l'instar de la gastronomie, doit être pauvre et fragile comme le luth pour commencer à exister, à se faire remarquer. Si richesse elle possède, celle-ci ne peut se faire connaître que dans la pauvreté : le vieux son vinyle, inconstant et râpeux, magique dans l'incertitude et soumis à tout instant à l'impondérable catastrophe de son fait, restituait de la musique la préciosité, la fragile valeur.

Vous avez tout compris !
08 mai 2011, 11:32   Re : L'amour universel
Pour les mordus :
ici

Les vieux postes de TSF à lampes avaient des basses assez chouettes.
10 mai 2011, 00:10   Re : L'amour universel
Citation
Didier Bourjon
C'est bien ce qu'il m'avait semblé : Alain est un geek...

Oh !...


» l'amour universel ne s'est jamais apparenté pour lui aux fertiles illusions seules capables de nous donner le goût de vivre. Au contraire il en a toujours dénoncé le côté desséchant : l'amour universel ayant entraîné la haine de tous contre tous. Car l'amour universel prêché par la philosophie est un pur produit de la raison à qui Léopardi refuse tout pouvoir créateur.

Oui, de ce point de vue vous n'avez pas tort, cher Brunet...
Au fait, relisant quelques pages du Zibaldone pour l'occasion, et comme il a été récemment question de l'extension à donner au "prochain" dans la Bible, j'ai relevé la position péremptoire de Leopardi à ce propos :

« Ainsi, cet amour issu de l'habitude et de l'enseignement, nous semble connaturel, spontané, etc. Ce qui n'était la base d'aucune législation antique, d'aucune autre législation moderne, si ce n'est chez des peuples civilisés. Jésus-Christ disait aux Hébreux eux-mêmes qu'il leur donnait un nouveau précepte, etc. En effet, l'esprit de la loi judaïque non seulement ne contenait pas l'amour, mais bien la haine envers quiconque n'était pas juif. Le gentil, c'est à dire l'étranger, était l'ennemi de cette nation qui, pourtant, n'obligeait ni n'incitait son peuple à convertir les étrangers à sa religion, à les éclairer, etc. Son seul devoir était de les repousser quand elle était assaillie, de les attaquer plus souvent qu'elle ne pouvait l'être elle-même, de n'entretenir avec eux aucun commerce. Le précepte diliges proximum tuum sicut te ipsum ne signifiait pas aime tes semblables mais tes compatriotes. »
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