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Communiqué n° 1225 : Sur le pape et l'immigration

Communiqué n° 1225, mardi 26 avril 2011
Sur le pape et l'immigration

Le parti de l'In-nocence constate avec regret l'insistance du Souverain pontife et de l'Église catholique à appeler à toujours plus d'accueil des immigrés, toujours plus d'ouverture de l'Europe et des pays développés face à l'afflux des populations venues de terres moins favorisées, ou bien qui s'administrent avec moins de raison. Pareilles positions, qui se donnent pour une application de la parole évangélique, procèdent, comme celles qui se recommandent des lois de l'hospitalité, d'une interprétation aujourd'hui totalement caduque de la réalité des mouvements de masse assurant l'actuelle colonisation de la France et des pays voisins par le moyen de la substitution de population. Ni les Écritures ni les règles traditionnelles de l'accueil ne préconisent ce qui est en train de se produire, qui relève hélas d'un tout autre ordre de phénomène, à savoir la conquête de fait, même si elle n'est pas délibérée. Les plus récents déferlements, en provenance d'un pays tel que la Tunisie, qui vient de se libérer de la dictature et dont l'État de droit comme la prospérité sont à bâtir ou rebâtir par ses citoyens, achèvent de prouver que les concepts de "réfugiés" ou de "droit d'asile" sont dépourvus de toute pertinence statistique, politique et morale face à ce qui survient. L'Église catholique est certes étroitement liée à l'histoire et à la civilisation de notre pays et du continent. Cynisme ou inconscience de sa part, aveuglement ou appréciation erronée de son intérêt supérieur, par son attitude face au Grand Remplacement elle abandonne à leur sort les populations traditionnelles de l'Europe, qui ne peuvent que le relever avec tristesse et en tirer les conséquences.
Utilisateur anonyme
27 avril 2011, 00:08   Re : Communiqué n° 1225 : Sur le pape et l'immigration
C'est la revanche d'Anagni... Bien naïf qui espérerait un soutient de l'Eglise dans le malheur national.
Cela fait maintenant plus de 60 ans que l'Eglise catholique déraille complétement et ne parlons même pas des Eglises protestantes qui sont devenues des officines progressistes sans aucun contenu spirituel.

Comme l'a si bien montré le révérend père Bruckberger dans son livre Toute l'Eglise en Clameurs paru il y a maintenant plus de 34 ans l'Episcopat francais a participé de manière rabbique à la liquidation de la civilisation chrétienne dont la politique d'immigration est un pan décisif. Tout cela bien sûr au nom des valeurs du christianisme.

Ceux qui avaient pour mission de défendre la conception chrétienne de l'homme (charité bien ordonnée commence par soi-même, par exemple) sont ceux qui font tout pour que l'occident se fonde dans un tout indistinct.
Le souverain pontife joue un jeu politique, en cette semaine pascale. Il a estimé que tel devait être son rôle, dans le débat. Il s'agit d'un débat judiciaire (et non juridique). Il faut, aux prévenus, un avocat de la défense, au moment où deux procureurs (Sarkozy et Berlusconi) se rencontrent, tombent d'accord et s'apprêtent à coordonner une action qui sanctionnera les prévenus, qui sont ces jours-ci surtout Tunisiens.

L'Orbi est trop fragmenté et complexe pour que le Pape puisse faire autrement que de ne l'embrasser désormais que partialement. C'est un pape engagé, et sa parole est celle de l'avocat dans un prétoire, point celle du juge. En retour, nous devrions considérer qu'un avocat de la défense n'a pas à être jugé, il "fait son boulot", il n'est pas le complice du criminel présumé, rien de ses déclarations ne peut être retenu contre lui.

Que le vicaire du Juge suprême ait jugé bon de se faire avocat plutôt que juge, voilà qui est conforme, après tout, aux principes de la laïcité dans nos contrées. Le pape ne juge pas, il plaide. Au juge démocrate (l'électeur, le politique) de lui répondre, silencieusement de préférence, et dans les limites de la bienveillance et du respect : cause toujours.
Citation
Le pape ne juge pas, il plaide

C'est pas faux sauf qu' à la messe dominicale le catholique de base est contraint semaine après semaine de supporter des discours épuisants et répétitifs sur l'accueil de l'autre et autres lapalissades bienpensantes.
Je ne voudrais pas mettre de l'huile sur le feu, mais il y a des auteurs qui considèrent que sur le plan théologique l'Eglise catholique se rapproche de l'Islam. Je recherche l'article et vous donne les références (si je le retrouve).
Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre ?
Utilisateur anonyme
28 avril 2011, 07:22   Re : Communiqué n° 1225 : Sur le pape et l'immigration
Extrait du message du site Trinité1.

"19 Mars 2011 – 5 H 06 (GMT+1) Saint-Joseph

Mon Doux Jésus +
Marie de Nazareth +++
Saint Joseph +

Nous voici le jour attendu pour fêter notre grand Saint, saint Joseph. Que la grâce qu’il reçue de Dieu parcoure la Terre ; que cette grâce ramène à leur juste valeur les débordements de toutes sortes. Écoutez la Voix de votre Dieu tout comme Mon Joseph et Moi-même avons écouté Dieu dans notre enfance et durant toute notre vie. Placés auprès de Dieu, lequel est descendu du Ciel pour nous faire connaître le Père, Nous vous affirmons que Nous sommes auprès de Nos enfants qui prient, qui aiment Dieu dans son Essence parce qu’Il est le seul et Vrai Dieu parmi vous. Appelez-Le, ne choisissez pas la guerre mais recherchez la paix. Pauvre France où vas-tu mettre encore tes pieds, dans les affaires qui ne te regardent pas, pas plus que les autres Pays. Sachez que les insurrections sont commandées par le cerveau illuminati, le Comité X qui donne ses ordres aux Nations par les Nations-Unies qui obtempèrent tout aussitôt sur n’importe quelle demande de ce Comité. Ne vous laissez pas piéger par les bons sentiments de ces gens-là, ils en sont dépourvus. Priez pour que la Paix soit votre cause commune ; délaissez tous ces mensonges que vous pouvez entendre à la radio, lire et écouter, voir et recevoir par les canaux hertziens. Restez fidèles à Celui qui vous apporte la Paix. Aimez-Le, c’est Mon Fils Bien-Aimé Jésus le Christ, Jésus de Nazareth que J’ai porté au Monde par la grâce de Dieu avec pour mari Mon saint Joseph qui soutenait nos deux êtres au travers des dangers de ce Monde. Amen +


En ce jour, priez Mon Joseph, demandez-lui de vous aider dans vos travaux, mais aussi pour garder le silence quand celui-ci est nécessaire, mais de chercher le Mal pour le dénoncer à la face du Monde, tout comme l’a fait en son Temps Notre Fils à qui le Père avait beaucoup demandé, jusqu’à demander sa Vie pour que vous, ici présents qui lisez ces lignes, soyez dans la Joie du Ressuscité. Amen +
....


Le Saint Père n'appelle pas du tout à la dissolution de la France et de l'Europe. Il appelle à la caritas telle que la définit Jean Madiran dans son livre "Une civilisation blessée au coeur. :"
"Il en va bien entendu de cette aversion comme de toutes choses humaines : elle devra être raisonnable et elle devra rester limitée.
Limitée d'abord par le sentiment naturel de la solidarité humaine : dans les restrictions, dans les répressions, dans les expulsions, éviter toute cruauté inutile, soigner les malades et les blessés.
Mesurée par la justice, qui règle ses actes, y compris ses sévérités, sur ce qu'exige le bien commun.

Éclairée par la compassion naturelle que l'homme éprouve pour son semblable malheureux ( et Dieu aidant, inspirée par la charité surnaturelle)., de rendre un culte à ses parents et à Dieu. Mais libérée du sophisme égalitaire selon lequel tous les hommes auraient partout et toujours les mêmes droits. Celà n'est vrai que pour les droits fondamentaux : ne pas être tué, ne pas être volé, ne pas être trompé, ne pas être empêché de se marier librement. Mais les droits acquis n'appartiennent en propre qu'à ceux qui en ont légitimement hérité : il n'est pas interdit d'en faire plus ou moins bénéficier des étrangers, mais celà est don gratuit, parfois ou souvent souhaitable, et non pas une obligation."
La caritas doit-elle s'étendre à celui qui s'endette non pas pour vivre chez lui et pourvoir aux besoins des siens mais afin de les abandonner pour aller jouer au touriste démuni et sans-papiers dans des pays qui ne désirent pas sa présence et n'en ont nul besoin ?

A la différence de Joseph et Marie, les touristes de Lampédusa ne sont nullement pourchassés, ont un chez eux où ils ne sont nullement indésirables, et souvent une famille qui regrette leur départ. Alors quoi ? La caritas ne devrait-elle pas commencer par les besoins autochtones, qu'ils soient ceux d'ici ou ceux d'outre-méditerranée, sans qu'il soit nécessaire d'en créer de nouveaux, ou de complexifier les existants par des déplacements de population parfaitement inutiles ?

La foi chrétienne ne doit pas empêcher de penser, j'aurais même tendance à penser le contraire. La Saint Père plaide la cause du faible conformément aux Evangiles, c'est à dire, dans le monde qui est le nôtre, donc aussi le sien, en pleine irresponsabilité politique. C'est son droit, c'est même peut-être son devoir. Et il est de notre devoir de le laisser dire. Là s'arrêtent les obligations morales respectives des parties.
Et doit-elle s'étendre à ces jeunes gens qui, lorsqu'ils se trouvent un peu serrés dans leur bateau, balancent à la mer les filles ?
Le Pape a une stratégie à long terme. Le traiter d'irresponsable est inutile.
Le Pape a raison de rappeler, sans doute, que nous avons affaire à des hommes, à des frères (même si c'est pour beaucoup d'entre nous très difficile à concevoir, à ressentir, et vraiment surhumain, pour le coup), et que toute indigne violence à leur encontre doit être bannie. Cependant la cause du faible ne pourrait-elle pas s'étendre à la chrétienté elle-même (si j'osais employer ce mot) ? En attendant, c'est elle qui subit une "conquête" forcée. Le Pape ne peut pas ne pas penser à la submersion de l'Europe, à la disparition lente et progressive des conditions "démographiques" qui font qu'il a encore une audience et que son discours peut porter.
Utilisateur anonyme
28 avril 2011, 11:08   Re : Communiqué n° 1225 : Sur le pape et l'immigration
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Sa stratégie, c'est du moins ce que sa religion enseigne, va bien au-delà du long terme. Son rôle de critique, conseiller à distance et plaideur auprès des politiques et de la société civile doit être préservé, sa parole reste précieuse, et la République a le devoir de la protéger comme de veiller à la sécurité et à la liberté d'expression de ses fidèles, ce qui est déjà pas mal et que d'autres républiques, islamiques ou populaires ou islamo-populaires, n'assurent pas.
Je suis d'accord avec vous tous, ce qui est très inquiétant.
Ah zut, je n'avais pas prévu ce coup-là...
Après avoir lu l'impressionnant deuxième volume du Jésus de Nazareth de Benoît XVI (Joseph Ratzinger) je comprends mieux l'attitude confiante du pape et l'incompréhension qu'il suscite. La foi, nourrie de science, de cet homme est d'une force peu commune. La synthèse qu'il propose est limpide et enthousiasmante, en bon disciple du Christ il ne peut que s'attacher à aimer les hommes, Chrétiens et non-Chrétiens, Agnostiques et Athées. Il a le don de se mettre à la place d'autrui pour comprendre son point de vue. Mais il n'est pas relativiste, il affirme ses positions sans détour. Face à l'Islam il a déjà posé quelques jalons et si j'ignore sa stratégie, je pense qu'il en a une (je comprends très bien le sens dans lequel Francis l'emploie). Loin de considérer l'Islam avec sympathie, il le tient pour un formidable imposture, c'est ce que je retiens du sens de ma lecture.
Citation
Loin de considérer l'Islam avec sympathie, il le tient pour un formidable imposture, c'est ce que je retiens du sens de ma lecture.

Dans son discours de Ratisbonne il avait déjà sévérement mis à mal l'islam. Cependant il ne faut pas s'illusionner sur le pouvoir du Pape qui est isolé dans l' Eglise et même au Vatican l'opposition des modernistes est très forte.

Les épiscopats nationaux surtout en Europe sont tous plus ou moins opposés à la ligne de Benoit XVI et souhaitent une modernisation accélérée de L'Eglise cad un alignement sur les Eglises protestantes et cela en dépit du fait que celles-ci sont toutes en état de dissolution avancée.

La pétition de plus de 200 théologiens catholiques de langue allemande réclamant entre autres la levée de l'obligation du célibat des prêtres en est la preuve la plus patente.
Le célibat des prêtres n'a rien de théologique. On peut revenir sur certaines dispositions mais c'est un autre débat.
Je pense comme vous, cher Rogemi, que le pape est seul.
Puisque confiner la religion dans la sphère privée n'a pas de sens et ne se vérifie nul part en pratique, la laïcité serait-elle la distinction des institutions, l'Église et l'État, chacune se subordonnant à l'autre, selon la perspective adoptée? Ce jeu de bascule me paraît impraticable, sinon impensable. L'Église est première, l'État second.

C'est donc à l'Église de creuser, en son sein, la distinction des ordres. L'Église doit se rappeler que l'Incarnation a laissé l'homme responsable du monde. Le principe de réciprocité est mis en pièce par le christianisme: les hommes n'ont qu'un Père. Mais en qualité de Fils, ils ont charge du monde et, à ce titre, sont portés à aimer père, mère et nations pour répondre d'eux. (Ce sont les individus orphelins de Dieu qui se moquent du monde.) Inversement, c'est de recevoir les dons du monde (la nation, l'amitié, le père, la mère, l'amour) qu'ils se dressent dans l'axe absolu à l'intérieur duquel les affections réciproques ont leur juste poids, et qu'en cet axe absolu, le sens trouvé de la mesure leur donne celui de la démesure. De cette façon seulement, le Fils n'est pas de ce monde, ni d'Europe ni d'Afrique.
Cher Francis Marche.

Le pape tient son rôle et nous sommes dans le nôtre en ne l'écoutant pas. Quelle terrible défaite: une Église irresponsable et gâteuse à force d'être confinée au service d'une illusoire vie privée. On est en droit d'attendre de l'Église la vérité qui commence par savoir faire le départ entre les différents types de réalité. Demander l'asile et envahir ; comment peut-on confondre deux entreprises si distinctes?

Il y a une définition de la laïcité: la séparation des institutions. Cela suppose qu'il y ait deux institutions: chacun appartient, à la fois, à l'Église, plus ou moins ultramontaine, et à l'État.
Dans cette configuration, l'Église revendique la primauté. Elle dit ce qu'est un homme (ontologie), et ce qu'exige ce genre d'être de ceux qui le sont (axiologie). De proche en proche, nécessairement, elle a son mot à dire sur tout, y compris sur les « invasions civiles ». Seulement, cette institution là a fait le pari de régner sans ces facilités que sont les armées, les bourreaux, les prisons et l'amende, bref sans s'en prendre à ce talon d'Achille: les corps mortels et sensibles.
Cette double appartenance, la démocratie ne l'a pas supportée. Elle ne pouvait se contenter du second rôle. Elle revendique aussi la première place. Car la démocratie est bien plus qu'un mode de gouvernement. Elle organise une institution, l'État qui, par nécessité interne, tend comme toute institution à se mêler de tout. Une fois assuré de sa puissance, l'État finit par dire, lui aussi, ce qu'est un homme, et ce qu'exige ce genre d'être de ceux qui le sont. Pour dire cela, il adopta la voix démocratique.

Une autre définition de la laïcité s'imposa: vie privée et vie publique. (On en vient aujourd'hui à défendre DSK au nom de la laïcité.) Bien sûr, l'État se réserva la vie publique. Une institution pour la vie privée est contradictoire. L'Église disparut et la vie privée se conforma à l'ontologie et à l'axiomatique publiques, celles de l'Etat démocratique.

Conclusion et fourre-tout,
1. Sommes-nous en théocratie? Non, en démocratie, mais ça y ressemble.
2. La laïcité tenait à l'abandon de la force par la première des institutions, ce qui permettait à la seconde de se maintenir. Quand la seconde se voulut première, elle comprit vite ce qu'elle pouvait faire de ses armes.
3. Au delà de ces questions d'institutions et, du point de vue des institutions, d'illusoire distinction entre vie publique et privée, se pose la question de la « laïcité » ou, au contraire, du « totalitarisme » ontologique de la civilisation: le Christianisme est, ontologiquement, « laïc » puisqu'il distingue fondamentalement deux modes d'être: la vie immanente et le monde transcendant. Par contre, le « Meilleur des Mondes », que nous propose la démocratie est strictement « totalitaire ».
4. Le libéralisme, en créant une société libre, des poches collectives qui préservent la vie privée de la surpuissante institution armée, est une solution là où il n'y a plus d'Église à côté de l'État.
Je vous ai lu attentivement cher Pierre Henri, et je trouve que votre cheminement de pensée ne manque pas de pertinence. Selon moi, le souverain pontife a raison d'avoir tort -- l'enseignement chrétien de la charité ne vaut, comme en physique certaines lois de la mécanique classique qui s'abolissent à un certain niveau quantique appliqué aux âmes, que pour les vies des personnes et le salut des âmes: il est bon et bien que chacun se sente libre de faire la charité, de donner et d'accueillir chez lui un pauvre, un nécessiteux, un pariah, un persécuté. Que tel ou tel choisisse de faire don de sa vie, en toute conscience, en allant soigner des malheureux dans les bidonvilles du Caire ou de Calcutta, voilà qui est bien, voilà qui est chrétien et à mes yeux très admirable.

Pour autant, il ne saurait être question de transposer à l'échelle d'une société, d'une collectivité nationale, ce principe caritatif du salut des âmes, car la liberté de faire le bien, devenue obligation, bien séculier supérieur, d'une part comporte des conséquences politiques auxquelles les choix d'une voie de salut ne sauraient être subsumés (celui à qui l'Etat dicte le bien ne fait pas le bien, il y est soumis, son âme n'est dans ce type de bien nullement impliquée, c'est un "bien d'Etat"), d'autre part cette transposition aboutit à un amplification de ces conséquences qui sont elles-mêmes largement incontrôlables et susceptibles d'une inversion des effets bénéfiques escomptés dans ces intentions: une société livrée à la paupérisation, au vandalisme, à la prédation de ses services par des éléments transfuges parfaitement cyniques au regard de son devenir, est appelée à évoluer vers un approfondissement de sa misère, vers plus de dépendance et d'insécurité, vers de plus grands malheurs, ce que ne pouvait avoir souhaité le Christ, lequel ne fut jamais un partisan de la politique du pire.

La dimension politique (le bien des puissances) existe parce que les âmes 1/ ne vivent pas seules et 2/ ne sont pas ici-bas citoyennes du Royaume des Cieux. Le Bien, dans cette dimension, perd de sa pureté, celle-ci revenant dans la seule bouche autorisée à interpréter la parole du Christ en vertu de 1/ et 2/; le pape a raison d'avoir tort en ce sens qu'il a raison de rappeler que le bien existe, qu'il reste à faire, qu'il est à la portée de chacun, et qu'il est pleinement dans son rôle de faire (r)appel à la charité et au respect de la personne humaine; il a tort parce que dans ce nécessaire rappel, il se heurte -- et tient à s'y heurter publiquement ! -- aux limites inférieures d'un état collectif dans lequel se révèle ce que vous appelez "l'ontologie" de l'Eglise, laquelle doit laisser à César le soin de définir la dimension collective et mondaine du Bien après le départ de sa pureté.

Mon interprétation de la laïcité dans ses rapports avec la démocratie est celle d'un prétoire où le Souverain Pontife a pour rôle de plaider la défense du prévenu en contrebalançant la rigueur de la puissance publique qui l'inquiète. La parole de l'avocat du Bien, en un pareil système, est ainsi doublement sacrée (sacrale et souverainement précieuse), et elle doit être entendue, mais elle n'est point celle du peuple-juge, qui lui est supérieure ici-bas, et qui doit trancher le sort de sa nation et se prononcer seul sur les formes de son devenir.
Je me permets d'insister. Le sujet est difficile. Il me manque des lectures et des ruminations. Alors je livre un peu en vrac des réflexions inabouties.

L'Église n'aurait en vue que les âmes individuelles? Le Bien se dégraderait nécessairement en bien-être, du seul fait d'être collectif?

Pourtant, le salut n'est pas seulement individuel, il est collectif. Le Corps du Christ réunit les corps dispersés dans l'étendue et les âmes dispersées dans l'égoïsme. L'Église est une réalité politique: elle énonça, d'ailleurs, une doctrine sociale, et se méfia de l'apostasie qui couvait au sein de la démocratie (du démocratisme).

Quand j'écris que l'Église est première, je ne veux pas dire que l'État est le bras armé de l'Église. J'entends par là que les fins de l'Église (énoncer la suprême vérité et œuvrer au salut des âmes et du monde) et ses moyens (le prêche, l'instruction, la liturgie, l'exemple, la sainteté, le miracle) sont supérieurs aux fins de l'Etat (la paix civile) et à ses moyens (la force et le droit).

La paix civile peut être un Bien commun ou, simplement, la recherche du compromis: que l'absence de Bien commun ne conduise pas à la guerre civile. Ce compromis peut prendre la forme du libéralisme communautaire à l'Américaine (Nord et Sud) où des communautés portent le Bien au sein d'un État neutre ou du libéralisme individualiste qui contraint l'individu à confiner dans le secret du cœur des aspirations qu'il ne peut partager qu'au gré des amitiés. Dans cette perspective, l'État n'est plus vraiment une institution politique mais une institution juridique chargée de garantir et coordonner des droits individuels et collectifs (les acquis sociaux). Vous aurez noté que ma marotte n'est ni le Bien commun (la Chrétienté n'existe plus et a toujours été, d'ailleurs, un nid d'hérésies), ni le compromis a minima, mais de composer et hiérarchiser les Biens en contrepoint politique.

Vous avez pu lire deux affirmations péremptoires et contradictoires: l'Église est première, l'Église a disparu. Quand on parle de l'institution ecclésiale en son principe, en sa théorie, on parle bien d'une réalité politique aussi englobante que l'État (en dépit du paradoxe qui veut que cette institution refuse le pouvoir, c'est à dire la force de contraindre et d'énoncer un droit positif) car elle a bien vocation à ordonner la collectivité dans une perspective universelle, en vue d'une fin supérieure. Que, de fait, l'Église ne soit plus une institution politique, ne la dispense pas de demeurer fidèle à son principe et d'agir avec la responsabilité qui va de pair. A ce sujet, on peut observer la singulière fonction de l'Église. On sait qu'il y a des sociétés qui refusent le pouvoir (l'ordre est assuré par dépossession) et des sociétés qui instituent le pouvoir (l'ordre est imposé par l'État). L'Église partage, avec les sociétés archaïques, le refus du pouvoir et, avec les sociétés étatiques, la forme institutionnelle.
Ici-bas, l'Eglise est une puissance désincarnée. La communauté des âmes ne s'incarne en aucune puissance séculière. Il n'y a plus, depuis près de trois siècles, de puissance nationale et politique qui serait soudée à l'église catholique, qui battrait monnaie papale en circulation sur les continents et dont les armées auraient pour vocation de faire respecter l'ordre et la parole du souverain pontife et des rois qui se feraient de ce celui-ci les lieutenants. Cet effacement, parce que la communauté des âmes reste une entité collective comme vous le soulignez, produit un curieux phénomène: le pape, qui n'est pas une puissance, n'en est que plus craint, haï, honni, redouté par toutes les puissances totalitaires ou à vocation totalitaire. Pourquoi en est-il ainsi ? Parce que ces puissances sont entrées, depuis qu'elles sont seules, qu'elles n'ont plus à combattre les proverbiales "divisions pontificales", dans une rivalité spirituelle avec lui dont l'enjeu est l'ontologique notion collective du Bien. La communauté des âmes, constituée dans le coeur du Christ, en continuant de dire le Bien ravit une fonction vitale aux Etats-du-Bien (Chine, Union européenne, Corée du Nord, etc.) qui, dans leur prétention à l'universalité entrent ainsi en collision frontale avec celui-qui-dit-le-Bien-libre-de-tout-Etat-institué.

Le christianisme, avant d'être l'ennemi des totalitarismes, est anti-Etatique parce qu'il pose le salut et le bien collectif des âmes hors l'Etat, hors de la puissance de l'Etat -- s'il posait le salut et le Bien individuels, il serait le bouddhisme --, et ce faisant, il nie l'Etat. L'Etat déteste être nié. Le Saint-Père, père des âmes, anarchiste pontifical, n'est guère impressionné par les Etats bâtis sur des confréries ou des phratries diseuses de Bien (et de bonne aventure), que ceux-ci aient eu pour fondation le crédo marxiste, l'Oumma, ou la franc-maçonnerie comme dans l'U.E. Le Saint-Père n'est ni un "frère", ni un "camarade" et encore moins un "copain", c'est pour cette raison que vous verrez un Olivier Besancenot, un député européen comme Daniel Cohn-Bendit, nous dire à son propos leur némesis, à l'unisson avec l'Etat chinois et le recteur de la mosquée de Paris.
J'admire votre lucidité, cher Francis.
J'ajoute donc, en manière de conclusion provisoire, que la démocratie et la puissance spirituelle, y compris revêtue de l'ambition d'un salut collectif comme l'est l'Eglise catholique, ne se gênent en rien. La gêne, la situation "quand il y en a deux il y en a un de trop" survient dans le cas d'un régime totalitaire qui ne peut tolérer que le Bien soit proclamé, dit et promis hors de son périmètre idéologique. Allons plus loin: c'est la survenue de cette gêne qui devrait nous servir d'indicateur pour repérer le danger totalitaire. C'est, par exemple, les pancartes haineuses dressées dans des manifestations contre le vicaire du Christ, les propos brutaux d'un Olivier Besancenot, ou d'un ministre chinois, qui devraient nous alerter sur la présence d'un totalitarisme et d'une barbarie qui ne disent pas encore leur nom.
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