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Une anomalie profonde : le yuan

Envoyé par Gérard Rogemi 
Pour ceux que l'économie de laisse pas indifférents, un entretien des plus intéressants.

Marc de Scitivaux répond

Un court extrait:

Selon vous l'erreur est originelle ?
Jamais la Chine n'aurait du rentrer au sein de l'OMC sans avoir en contrepartie abandonné son contrôle des changes.
La monnaie d'un coté et les comptes extérieurs sont les revers d'une même médaille. Dans le cas où l'on bloque de manière artificielle la valeur de la monnaie, alors le rééquilibrage automatique des comptes extérieurs n'est pas possible.
L'autre aberration monétaire s'appelle l'euro, qui est le pendant européen au yuan chinois. Le dollar est ainsi pris en étau et se meurt doucement entre deux monnaies factices: l'une sous-évaluée qui le mine en l'achetant sans avouer jamais sa puissance, l'autre monstrueusement surévaluée pour des raisons de prestige, d'esbrouffe, et de prétention à une puissance illusoire, et comme commodité d'achat de l'Europe par les pétro-monarchies qui recyclent leur dollars et diversifient leurs richesses.
Le dollar, parce qu'elle est la monnaie la plus ouvertement exposée aux échanges (marché de l'énergie, marché des capitaux, etc.) est la seule à dire la vérité de la valeur. Les autres l'escortent, l'exploitent dans leur accompagnement critique, sournois (pour l'une), désengagée et parasitaire (pour l'autre)
l'autre monstrueusement surévaluée pour des raisons de prestige, d'esbrouffe, et de prétention à une puissance illusoire, et comme commodité d'achat de l'Europe par les pétro-monarchies qui recyclent leur dollars et diversifient leurs richesses.

Cher Francis, pouvez-vous m'expliquer comment l'euro peut être surévalué par rapport au dollar si ces deux monnaies « flottent » l'une par rapport à l'autre. Si elles flottent, c'est le marché qui décide, non ? M'expliquerez-vous ensuite pourquoi les émirs auraient intérêt à surévaluer l'euro pour acheter l'Europe. S'ils sont pleins de dollars, ils achèteront l'Europe à meilleur marché si l'euro vaut de la crotte par rapport au dollar.
Les émirs investissent en Europe (Londres mais de plus en plus Paris) dans la pierre et le luxe et la pierre luxueuse, ils tiennent à ce que la monnaie de cette valorisation soit stable, rigide, et influent, de toute leur puissante influence auprès des politiciens et banquiers de l'Euro, pour qu'il en soit ainsi. L'euro est pour eux monnaie de thésaurisation et de recyclage des pétrodollars, pas monnaie d'échange. L'industrie des narcotiques (qui pèse des centaines de milliards d'euros, faut-il le rappeler) du reste, n'agit pas autrement, qui lave en euros, trafique en euros et vise de plus en plus les marchés européens en se détournant des zones dollars.

Le dollar et l'euro ne flottent que très artificiellement, ne serait-ce que parce qu'il existe des market makers à la solde de ces intérêts colossaux qui tiennent les marchés des changes et peuvent artificiellement soutenir l'euro quand celui-ci vient à faiblir. L'aberration d'un euro à 1,46 dollars aujourd'hui tient au fait que l'endettement de la zone euro n'est pas aussi transparent que celui des Etats-Unis, d'une part; d'autre part, comme chacun sait, la BCE, pour des raisons qui tiennent à son statut, n'a pas la possibilité d'opérer une dévaluation stratégique de l'euro si bien que les industries exportatrices de la zone euro demeurent affaiblies par rapport à leurs concurrentes de la zone dollar, ce qui arrange bien tous ceux qui ambitionnent de faire de cette zone une boutique à touristes internationaux (asiatiques) cependant que les usines du monde seront ailleurs. Les émirs achètent des parts dans tout ce qui se vend en euros et qui produit, du fait du décalage du change, un profit automatique de 30% en valeur dollar, seule vraie monnaie d'échange, ou monnaie "utile" aux échanges internationaux.

A ce propos, voyez cet article, plutôt bien fait, trouvé ce matin, et qui vous donne quelques indications sur les raisons de la surévalution de l'euro, au premier rang desquelles l'achat des politiques européens, et aux meilleurs fauteuils de ce premier rang, les politiciens français, par les émirats:I C I qui ont à coeur de diversifier leur rente gazière et pétrolière dans une monnaie refuge adossée à un patrimoine non dévalorisable.
Bon, je veux bien. Mais ce plan diabolique, il est à la merci d'un krach. La Grèce et le Portugal font défaut, pouf, l'euro s'effondre.
La Grèce et le Portugal ne seront pas abandonnés et l'euro ne périra pas. Pourquoi ? Parce que personne n'y a intérêt, toute la planète (Etats-Unis en tête) trouvent leur intérêt dans un euro fort. Les seules catégories pénalisées par cet euro fort sont les PME européennes, le secteur de l'artisanat et de la petite entreprise européenne qui ont besoin de marchés extérieurs à l'Europe pour survivre, mais justement, ces catégories ne pèsent pas, d'abord parce que le marché européen est lui-même assez grand pour, dans une certaine mesure, pallier le blocage, que cause un euro surévalué, des exportations européennes hors zone euro, ensuite parce que les moteurs industriels de la zone euros, les grands groupes qui traitent en dollars à l'échelle planétaire et thésaurisent dans les deux monnaies, se plaisent à jouer et à spéculer sur la différence de change et que leur enrichissement appelle un euro fort. Je dis que ces catégories (les PME) sont les seules à pâtir d'un euro fort car celui-ci en vérité favorise les classes les plus pauvres, notamment parce que l'euro fort amorti le choc pétrolier en cours.

Vous parlez de "plan diabolique". Savez-vous comment se résumait le "grand plan" des Japonais quand le Japon connaissait son formidable essor financier et industriel à l'orée des années 80 ? Nous ferons de la Chine notre usine, des Etats-Unis notre ranch et de l'Europe la boutique de nos produits.

Pour des raisons sur lesquelles il n'est pas nécessaire de s'étendre ici, retenons que le Japon a échoué dans la réalisation de ce plan. Mais ce plan existe encore, qui doit faire de la France une boutique de luxe, de Paris un musée, des Français des désoeuvrés et des exclus, il existe et sa mise en oeuvre s'opère partiellement et concurremment par des acteurs hétéroclites qui sont notamment les émirs et la nouvelle oligarchie industrielle et financière asiatique, soit principalement chinoise: les Chinois achètent des ranchs aux Etats-Unis, les émirs des hôtels particuliers à Paris et des parts dans les groupes français du luxe, ce qui n'empêche pas les Chinois d'investir eux-aussi à Paris et les Emirs aux Etats-Unis, bien évidemment. Mais la répartition géographique des rôles et des trois fonctions (primaire, secondaire et tertiaire) à l'échelle tricontinentale reste opérante. On paiera des chômeurs au Portugal, en Grèce, on renflouera ces pays, à coups de milliards de dollars pour acheter la tranquillité de la boutique. Vous verrez.
Mais enfin tout cela finira bien par s'effondrer sous le poids de la dette. l'Europe est encore plus endettée que les États-Unis. On ne pourra donc pas continuer éternellement à payer des chômeurs comme vous dites.
La lecture de l'article concernant le Qatar que Francis a bien voulu nous indiquer m'a donné le tournis.
Utilisateur anonyme
07 juin 2011, 22:22   Re : Une anomalie profonde : le yuan
Sacrés émirs ! JP Morgan et Goldman Sachs n'ont qu'à bien se tenir.
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