La Grèce et le Portugal ne seront pas abandonnés et l'euro ne périra pas. Pourquoi ? Parce que personne n'y a intérêt, toute la planète (Etats-Unis en tête) trouvent leur intérêt dans un euro fort. Les seules catégories pénalisées par cet euro fort sont les PME européennes, le secteur de l'artisanat et de la petite entreprise européenne qui ont besoin de marchés extérieurs à l'Europe pour survivre, mais justement, ces catégories ne pèsent pas, d'abord parce que le marché européen est lui-même assez grand pour, dans une certaine mesure, pallier le blocage, que cause un euro surévalué, des exportations européennes hors zone euro, ensuite parce que les moteurs industriels de la zone euros, les grands groupes qui traitent en dollars à l'échelle planétaire et thésaurisent dans les deux monnaies, se plaisent à jouer et à spéculer sur la différence de change et que leur enrichissement appelle un euro fort. Je dis que ces catégories (les PME) sont les seules à pâtir d'un euro fort car celui-ci en vérité favorise les classes les plus pauvres, notamment parce que l'euro fort amorti le choc pétrolier en cours.
Vous parlez de "plan diabolique". Savez-vous comment se résumait le "grand plan" des Japonais quand le Japon connaissait son formidable essor financier et industriel à l'orée des années 80 ?
Nous ferons de la Chine notre usine, des Etats-Unis notre ranch et de l'Europe la boutique de nos produits.
Pour des raisons sur lesquelles il n'est pas nécessaire de s'étendre ici, retenons que le Japon a
échoué dans la réalisation de ce plan. Mais ce plan existe encore, qui doit faire de la France une boutique de luxe, de Paris un musée, des Français des désoeuvrés et des exclus, il existe et sa mise en oeuvre s'opère
partiellement et
concurremment par des acteurs hétéroclites qui sont notamment les émirs et la nouvelle oligarchie industrielle et financière asiatique, soit principalement chinoise: les Chinois achètent des ranchs aux Etats-Unis, les émirs des hôtels particuliers à Paris et des parts dans les groupes français du luxe, ce qui n'empêche pas les Chinois d'investir eux-aussi à Paris et les Emirs aux Etats-Unis, bien évidemment. Mais la répartition géographique des rôles et des trois fonctions (primaire, secondaire et tertiaire) à l'échelle tricontinentale reste opérante. On paiera des chômeurs au Portugal, en Grèce, on renflouera ces pays, à coups de milliards de dollars pour acheter la tranquillité de la boutique. Vous verrez.