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A droite, en Espagne

Envoyé par Jean-Marc du Masnau 
D'après la télévision catalane, la droite et le centre-droit obtiendraient, pour la première fois lors d'élections démocratiques la majorité absolue à Barcelone.
La jeunesse espagnole me fait de la peine car ses protestations ne mènent absolument à rien !
23 mai 2011, 09:50   Re : A droite, en Espagne
On leur a bourré le mou avec le printemps arabe et ils y ont cru. Lamentable.
23 mai 2011, 09:58   Re : A droite, en Espagne
A la radio, les journalistes prennent un malin plaisir à nous dire qu'enfin de jeunes Européens ont pris exemple sur les révolutions arabes en cours. Les rapports entre les deux mondes commenceraient ainsi à s'inverser ; le monde arabe constituerait une sorte de figure de proue du monde occidental de demain, un modèle à suivre pour les nouvelles générations européennes en quête d'idéal.
23 mai 2011, 11:46   Re : A droite, en Espagne
Donc, les indignés contre le réel ont fait savoir aux socialistes qu'ils entendent bien faire reculer la crise, le patronat et le gouvernement, et qu'ils refusent absolument la potion amère de la vérité budgétaire et des mesures draconiennes d'austérité qu'elle implique. Mais que promettent donc les conservateurs qui ont gagné les élections ? Je ne vois pas dans la presse d'informations à ce sujet. Ont-ils l'intention de rouvrir les vannes de la dépense publique incontrôlée ? Ce serait évidemment impossible à tenir car l'Espagne y perdrait sa possibilité d'emprunter à un taux à peu près raisonnable. Un connaisseur de la situation pourrait-il nous éclairer ?
Les conservateurs ont proposé un programme conservateur, c'est à dire des coupes supplémentaires dans les dépenses publiques.

En Catalogne, CiU, qui est aux commandes de la Généralité, a déjà (en un an) procédé à des coupes claires dans les budgets de l'éducation et de l'assistance sociale.

Hier, à Barcelone, le candidat CiU (qui gouvernera la ville avec l'appui "hors majorité" du Parti populaire) a très nettement devancé celui du PSC, avec un programme très dur.

L'Espagne est très différente de la Grèce : il y avait une bulle, immobilière. Sinon, les déficits publics sont bien contrôlés, et beaucoup d'Espagnols comprennent qu'ils ont vécu au-dessus de leurs moyens.

Ce ne sont pas 100 000 jeunes connards qui vont changer les choses (à moins qu'ils ne parviennent à chasser le gouvernement du PSOE).

Il est amusant de voir que la presse française ne parle que des petits branleurs, alors que samedi, quand j'étais en Espagne, El Periodico et La Vanguardia ne parlaient que de la rouste prévue pour le PSC, et des nécessaires efforts à faire.
23 mai 2011, 12:08   Re : A droite, en Espagne
Mais alors, contrairement à ce que nous raconte notre presse, les Espagnols n'ont pas voté contre l'austérité ?
Absolument pas.

Je vais développer ce thème.

Voici, par exemple, ce que nous dit le Parti Populaire en ce qui concerne l'éducation :

La secretaria nacional de Educación del Partido Popular, Sandra Moneo, ha afirmado que España necesita un sistema educativo basado en la calidad, en la búsqueda de la excelencia, en la competitividad, en la transparencia, en la evaluación y en la rendición de cuentas.



Moneo ha explicado que el PP apuesta por "un sistema educativo transparente, orientado a la mejora de los resultados, que permita una mayor autonomía de gestión de los centros educativos y que exija de los mismos una rendición de cuentas".



La dirigente popular ha subrayado que los padres son los primeros responsables de la educación de sus hijos y que el PP "defiende con firmeza y rotundidad el derecho que les asiste a elegir el modelo de educación y el centro educativo que quieren para sus hijos".


En clair : placer l'éducation dans un modèle concurrentiel, avec évaluation systématique tant des élèves que des établissements, avec un rôle affirmé donné aux parents.
23 mai 2011, 14:08   Re : A droite, en Espagne
Très bien mais que disent-ils de la politique budgétaire ? J'ai encore entendu à l'instant, sur LCI, que les Espagnols avaient voté contre la politique d'austérité menée par les socialistes.
Voici un article de la campagne électorale, dans les Asturies, d'il y a huit jours :

[www.lne.es]

Normalement, en campagne, "on rase gratis".

Quelques extraits.

El Partido Popular reducirá el tamaño de la administración mediante la supresión de entidades públicas, consejerías y altos cargos, contendrá el gasto corriente y reducirá la carga fiscal a los empresarios con el fin de generar empleo y actividad económica en el Principado en los próximos cuatro años.

Para el PP, según su candidata, es importante generar confianza, gestionar los recursos de forma "austera y eficiente", favorecer el gasto productivo frente al gasto corriente y facilitar la actividad económica mediante rebajas fiscales y ayudas a la contratación.

En su opinión, las políticas públicas deben volver a regirse por el principio del equilibrio presupuestario y el déficit cero, cuestión que esperan favorecer con la creación de una oficina de control de las cuentas públicas dependiente de la Presidencia del Gobierno, que fiscalice y controle los contratos y adjudicaciones.


La fusión, integración, privatización o disolución de las entidades públicas, junto al desarrollo de un plan de reducción de costes se llevará a cabo junto a la reducción de altos cargos para conseguir una administración "racional austera y eficiente".


Un punto destacado de la propuesta electoral del PP pasa también por la aplicación de las bonificaciones fiscales sobre la renta, patrimonio y actos jurídicos documentados para empresarios.

El PP creará también una nueva deducción en el IRPF para el fomento del autoempleo, establecerá bonificaciones en el impuesto sobre sucesiones y creará una cuenta de compensación fiscal entre otras medidas que desarrollen una "política fiscal creíble y estable centrada en la reducción de impuestos ara incrementar la actividad económica".


En clair : forte réduction des dépenses ("austérité"), suppression d'entités publiques, déficit zéro, baisse des impôts des entreprises et des droits de succession.


D'autre part, si les Espagnols haïssaient à ce point la rigueur, pourquoi ont-ils voté pour la droite et le centre et non pour l'extrême-gauche ?
23 mai 2011, 15:10   Re : A droite, en Espagne
Voilà qui est clair. Je vous remercie.
Utilisateur anonyme
23 mai 2011, 16:02   Re : A droite, en Espagne
In-nocents, permettez moi d'intervenir sur ce fil, car je souhaite donner une autre opinion du mouvement d'indignation des jeunes espagnols (ou " mouvements des 100000 jeunes connards selon M.Jean-Marc").

La démocratie espagnole s'est construite et consolidée autour de deux partis qui ont su fédérer les modérés et les extrêmes de chaque camp de sorte qu'une réconciliation nationale put avoir lieu. Fort bien. Il apparaît que ces deux partis se partagent désormais le pouvoir, comme une sorte d'UMPS. Inertie, corruption (Jean-Marc pourrait nous informer sur El caso Gürtel), népotisme, copinage, absence de vision à long terme, voilà ce que sont les reproches des jeunes, qui pour les plus brillants d'entre eux sont contraints à l'exil, pour les moins chanceux sont contraints au chômage (50% en Andalousie). L'économie espagnole a connu un phénomène de rattrapage, sorte de "trente glorieuses", qu'elle a dilapidé dans la construction immobilière et la gabegie administrative.
Le parti Populaire aurait tort de se réjouir de sa victoire (tout est possible en politique, J.Chirac s'est attribué sa victoire à 80% des suffrages). Mon opinion est qu'il n'y a pas de contagion arabe (c'est un raccourci de journalistes), pas de lien avec l'austérité récemment imposée, pas de plébisicte du PP. Ce mouvement n'est pas partisan, c'est un ras-le-bol d'une génération qui se sent sacrifiée.
Karl,

Vous avez raison en indiquant que PSOE et PP ont su fédérer les modérés et les extrêmes de chaque camp. C'est une constante de la vie politique espagnole, d'avoir un très fort clivage entre une gauche très à gauche dans son discours (et parfois dans ses actes) et une droite très à droite (et souvent dans ses actes).

Le Parti populaire est très à droite, beaucoup plus que l'UMP.

En fait, le PSOE est l'héritier de la gauche non communiste dans son ensemble, et le PP des mouvements de type CEDA, qu'on connaissait avant-guerre.

Cette forte identité des partis de gouvernement rend difficile l'existence des partis "extrêmes" ou "hors cadre" (hormis le cas typique des partis régionaux).

Prenons le scrutin de 2008 (le dernier à l'échelle nationale). L'ensemble PP/PSOE obtient 83.81% des votants, ce qui est énorme quand on sait que, par ailleurs, les partis régionaux (dont le très puissant CiU en Catalogne) font 7.40 %, et que ces partis concourent à ce que M. Le Pen nomme "l'établissement".

Cela veut dire que seuls 9% des Espagnols votent pour une autre étiquette que celle d'un parti dominant. Pour vous donner une idée de cette extrême polarisation, notez qu'en 2007, au premier tour, l'ensemble UMP/PS aux législatives ne représente que 64.27%.

Cette très forte polarisation est d'autant plus étonnante que le système est proportionnel quasi-intégral (il n'y a pas de prime à la liste arrivée en tête, mais un seuil minimal à franchir), proche de celui de la "deuxième voix" en Allemagne.

Pour ce qui est du décollage espagnol, il avait largement commencé sous le franquisme. Il est cependant exact que la corruption est forte. Elle n'est pas récente. et est "dans la moyenne" (d'après Transparency International, l'Espagne est au rang 30 sur 178, à égalité avec Israël ; les Etats-unis sont au rang 22, la France est au rang 25, la République Tchèque au rang 53).

Karl, vous défendez les jeunes Espagnols. Ils profitent tout de même bien du système, restant chez papa-maman des lustres et étant plus portés sur la "borracheria" que sur le travail.

Voici une image de l'Espagne en train de voter hier :


[www.que.es]
Utilisateur anonyme
23 mai 2011, 18:59   Re : A droite, en Espagne
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Karl,

Ne vous effrayez pas à la lecture de mes messages et de celui de Didier. Vous y verrez en fait une application du Principe d'incertitude d'Heisenberg. Je ne suis nulle part, et le Parti est ailleurs. Nos lignes se développent non dans un plan mais dans un espace de dimension. Notre espace n'est pas celui de Banach, en ce sens qu'il n'est ni borné, ni complet. Par hasard, il se trouve de temps en temps que nous convergions (con-vergions ?), mais c'est pour nous en étonner.

Que le gap générationnel (en ce jour de l'allendesque déterrage, je vous expliquerai si vous voulez) soit un sujet de discussion, j'en suis certain.
Utilisateur anonyme
25 mai 2011, 12:43   Re : A droite, en Espagne
(Message supprimé à la demande de son auteur)
"(...) le monde arabe constituerait une sorte de figure de proue du monde occidental de demain, un modèle à suivre pour les nouvelles générations européennes en quête d'idéal."

Il ferait beau voir, alors, que 20 000 Espagnols débarquent sur les côtes marocaines...
25 mai 2011, 14:28   Re : A droite, en Espagne
Vous me faites peur, Orimont Bolacre. Vous parlez de... conquête ?
Des barcasses, Orimont, des barcasses.
Utilisateur anonyme
11 juin 2011, 12:29   Re : A droite, en Espagne
Non, JMarc, je ne pense pas cela, les jeunes espagnols restent à la maison car le système des locations d'appartement est peu développé et que la plupart quittent le cocon des familles pour emménager dans leur nouvelle propriété pour laquelle il faut apporter d'emblée au moins 20% du montant total. Ce qui n'est pas simple, lorsqu'on est au chômage, ou peut prendre du temps. Je ne nie pas qu'on vit moins bien la solitude qu'en France et que les mères sont très protectrices. Nous sommes dans un pays méditerranéen.

Je crois que le succès de la droite vient aussi du fait que le premier ministre Zapatero a mené un combat de harcèlement idéologique déplacé (avortement, crime du passé, humiliation de l'armée), alors qu'on attendait qu'il tente des réformes structurelles. Je pense que vous me rejoindrez sur ce point.

Il y a le sentiment en Italie et en Espagne que les élites (la génération de "naguère qui a la tête bien faite") n'est pas à la hauteur. Elle nous force à faire des études sans fin qui ne nous rendent pas plus intelligents, elle ne nous fait pas confiance, elle confisque les postes ad vitam et elle s'apprête à nous transmettre (pour peu que ce mot est une signification pour elle), un monde saccagé (écologie, dette, savoir, démocratie). Dans l'émission Répliques, Renaud Camus exhortait les peuples du Maghreb à prendre son destin en main, je vois pour ma part une de ses manifestations en Espagne d'une génération qui ne veut plus être contrainte à l'exil. Bien sûr, le prisme médiatique qui ne voit par son bout de lorgnette qu'une indignation du type Hessel, peut prêter à la moquerie, c'est sympathique et dans l'air du temps, mais, vous êtes nombreux à ne pas prendre au mot la narration des médias, peut-être ici nous devrions rester méfiant de ce conte de fée.
Votre second paragraphe est très pertinent, je n'ai rien à ajouter.
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