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Les mystères de la popularité

Envoyé par Gérard Rogemi 
Terrible constat de Christian Authier paru dans le dernier numéro de L'Opinion Indépendante.


Et s’il suffisait de quitter l’Elysée pour devenir populaire ? La preuve par Jacques Chirac.

Dans cinq ans ou dans dix ans, Nicolas Sarkozy sera un ancien président très populaire. L’affirmation peut surprendre aujourd’hui alors qu’il subit une impopularité aussi massive que durable (70 % de mécontents selon le dernier sondage en date), mais la popularité des anciens locataires de l’Elysée est une constante sous la Vème République. Les Français sont sévères et éternellement insatisfaits de leur chef suprême, mais ils sont aussi oublieux et indulgents quand celui-ci a quitté ses fonctions. Le général de Gaulle, conspué par les manifestants de 68 («Dix ans, ça suffit !») et trahi par une partie de la droite lors du référendum de 1969, suscite non sans raison une nostalgie de la grandeur. Georges Pompidou a gardé l’image d’un homme d’Etat proche des Français – statut dont se réclame aujourd’hui François Hollande – tandis que du septennat de Valery Giscard d’Estaing, on loue la modernité et les avancées sociétales (la loi sur l’IVG, majorité abaissée à dix-huit ans). Même François Mitterrand, qui connût des taux d’impopularité record et dont le règne fut globalement négatif profite dix ans après sa mort d’un culte qui dépasse largement les électeurs de gauche.

«Super-menteur»

Mais dans ce registre de la popularité post-Elysée, celle dont jouit Jacques Chirac est le phénomène le plus étrange. Sans doute que le rejet que suscite Nicolas Sarkozy explique en partie la situation, mais elle ne suffit pas à comprendre comment, à peine quatre ans après avoir quitté la présidence de la République, Jacques Chirac bénéficie d’une telle cote de sympathie.

Car objectivement, les douze années des présidences Chirac furent calamiteuses, marquées par le déclin tant politique, économique que social du pays. La France n’était pas en très bon état après les deux septennats de François Mitterrand, mais la situation en 2007 était encore pire. Lors de la présidentielle de 1995, l’ancien Premier ministre de Giscard d’Estaing puis de François Mitterrand fit une brillante campagne encadré par le républicain social Séguin et le libéral Madelin ainsi que conseillé par des intellectuels de gauche (Emmanuel Todd, Jean-Claude Guillebaud…) ou souverainistes (Henri Guaino) qui contribuèrent au fameux thème de «la fracture sociale». Chirac était alors l’homme du volontarisme et de la rupture. A peine élu, il oublia son programme et se plia aux contraintes européistes du Pacte de stabilité et de l’Euro à venir, politique qui coûta au moins un million de chômeurs. En 2002, face à une nation inquiète, crispée, toujours frappée par la crise et les insécurités, rejetant autant la gauche que la droite de gouvernement, il se qualifia de justesse pour le second tour (moins de 20 % des suffrages) après une campagne d’une démagogie rare : promesse de baisser les impôts de 33 % (sic), exploitation des fait-divers… Ensuite, il bâtit sans surprise Jean-Marie Le Pen avec un score digne d’un Ben Ali (82 %). D’un coup de baguette magique, celui que l’on appelait «super-menteur» devint le sauveur de la nation. Il aurait pu remercier les électeurs du FN, responsables de la divine surprise de l’élimination de Lionel Jospin, ou plus sérieusement les électeurs de gauche qui votèrent pour lui au second tour. Au lieu d’essayer de répondre à cette situation exceptionnelle (aucune démocratie occidentale n’avait eu un leader d’extrême droite qualifié pour le mandat suprême) en ouvrant son gouvernement au-delà de son camp, il préféra concocter une équipe d’affidés commandée par le falot Raffarin.

Au tribunal

Marqué par la cohabitation (1997-2002) provoquée par le coup de génie de la dissolution, le bilan de Jacques Chirac à la tête du pays est consternant. Ce fut une époque où la France connut à la fois une augmentation spectaculaire des déficits publics et une progression des prélèvements obligatoires, une explosion de l’insécurité, la pression de l’immigration clandestine, la montée des communautarismes et une défiance vis-à-vis des «élites» suscitée par les «affaires» liées à Chirac et aux siens ainsi qu’à son propre train de vie évoquant plus celui d’un nabab du Golfe que celui du général de Gaulle qui payait sur ses propres deniers les factures d’électricité. De 3,81 millions d’euros en 1994, les frais de fonctionnement de l’Elysée (que l’on baptisa aussi «frais de bouche» tant l’alimentation du couple Chirac comptait dans ces dépenses somptuaires) s’élevèrent lors des dernières années de son second mandat à plus de 30 millions d’euros par an. Selon le député René Dosière, spécialiste de la gestion des finances publiques, le budget de l'Élysée, qui n'était soumis à aucun contrôle (ce n'est plus le cas depuis 2009), était en réalité trois fois supérieur aux 31,8 millions d'euros évoqués en 2007…

Par ailleurs, le Président Chirac sortit plus pauvre de l’Elysée que lorsqu’il y était entré. En effet, selon le Journal Officiel du 14 mai 1995, il avait 130 572 euros sur son compte. Le 24 avril 2007, il déclarait n’avoir que 74 000 euros. La somme diminua de moitié alors que Jacques Chirac reçut pendant douze ans environ 20 000 euros par mois : son salaire de chef d'Etat et le cumul de cinq pensions de retraite. De fait, en 144 mois de mandat présidentiel, Jacques Chirac, nourri, logé et blanchi luxueusement aux frais de l'Etat, a donc perçu 2,5 millions d'euros en traitement et retraites multiples. Au lieu de cela, la comparaison des deux déclarations du Journal Officiel, indique une perte sèche de 400 000 euros. Un mystère… D’autre part, si tant d’affaires politico-financières ont fait «pschiitt», celle des emplois fictifs de la mairie de Paris n’a pu être étouffée. Jacques Chirac comparaîtra en septembre prochain devant le tribunal correctionnel de Paris pour «détournement de fonds publics, abus de confiance et prise illégale d'intérêt» puisque le juge estime qu’il fut «concepteur», «auteur» et «bénéficiaire» du «système». Jamais la fonction présidentielle sous la Vème République n’avait subi tel outrage.

Roi fainéant

Enfin, il est de bon ton de saluer le choix de Jacques Chirac de ne pas nous avoir associés à la guerre contre l’Irak en 2003. Il ne fallait pas être grand stratège pour prendre la bonne décision, mais il aurait pu éviter à la France de participer à l’indigne campagne de matraquage menée par les Américains, sous l’égide de l’Otan et sans mandat international de l’ONU, contre la Yougoslavie ainsi que de nous entraîner dans le bourbier afghan où nous sommes toujours empêtrés dix ans après…

Sur le plan intérieur, le fidèle ami des dictateurs arabes et africains (jamais avares ni ingrats, il est vrai) contribua à saper l’esprit de la Vème République avec la réduction du mandat présidentiel à cinq ans, ne s’opposa pas aux funestes accords de Matignon qui manquèrent de donner la Corse aux indépendantistes, confondit le régime de Vichy et la France dans son discours du Vel d’Hiv de 1995, ne quitta pas son poste après l’échec du référendum de 2005 sur la Constitution européenne… On en passe. Que cette manière de roi fainéant qui donna à la France des airs de République bananière puisse encore être considéré comme «sympathique» laisse pantois.

Christian Authier

 
Merci cher Rogemi pour cet article "La popularité de Chirac", au moins dans le médias ne vient-elle pas, justement, de sa sympathie pour le monde arabe nonobstant les propos purement démagogiques sur les bruits et les odeurs, sympathie allant jusqu'à lui faire proclamer que les racines de l'Europe étaient aussi islamiques que chrétiennes, ainsi que de son goût pour les cultures "primitives" allant de pair avec son ignorance et son dédain manifeste de la culture occidentale ? Sans compter que c'est lui qui a pris l'initiative de l'engrenage de la repentance perpétuelle, et qui a le premier exalté grotesquement le métissage à travers Alexandre Dumas, preuve qu'il n'a jamais du lire son œuvre ni s'intéresser à son auteur qui se contrefichait dudit métissage comme de l'an 40.
C'est toujours l'histoire du bon vieux temps, les problèmes d'alors ne sont plus ressentis, ceux de maintenant outre qu'ils se sont aggravés ont l'inconvénient de se manifester hic et nunc.
Je crois aussi que beaucoup de Français pensent que M. Chirac les aimait et les aime. Aimer la France c'est une chose, aimer les Français en est parfois une autre.

Par ailleurs, M. Chirac a toujours été extrêmement populaire dans la France rurale et âgée, qui ne gueule pas mais qui existe.
Rappelons tout de même à quel degré d'impopularité était tombé M. Chirac avant la "divine surprise" (pour lui) du 21 avril, sachant que le seul et unique adversaire qu'il était en mesure de battre était précisément M. Le Pen. La réélection de M. Chirac en 2002 est l'une des plus magistrale entourloupe de la Vème République.
...Avec celle de la fracture sociale et le "je vous ai compris" qui fut la première.
Non, Orimont, Chirac n'a jamais été impopulaire.

La question posée dans les sondages politiques à propos des présidents est "Approuvez-vous l'action de ... ?".

Dans le cas de M. Chirac, dont j'ai été un ardent soutien, il faut bien reconnaître qu'à certains moments, il ne faisait pas grand chose, et il est donc logique que le taux d'approbation ait été faible.

Plutôt que de popularité, dans son cas, je parlerai d'affection des Français.

Les gens, surtout les personnes âgées, "aiment bien" M. Chirac.

Je crois que les seuls présidents ayant présidé de mon vivant qu'on "aimait bien" étaient René Coty, Georges Pompidou ey Jacques Chirac, trois hommes qui semblaient près du peuple.

Pensez à Mme Coty et à son rouleau à pâtisserie, à Pompidou issu du peuple et parvenu au faîte des études et des honneurs (Pompidou dans un bistrot était tout à fait crédible).

Mitterrand était perçu comme intelligent, manoeuvrier, différent.

De Gaulle était l'incarnation du surmoi.
"Chirac n'a jamais été impopulaire."

Nous ne devons pas avoir les mêmes souvenirs. Qu'il ait été - et demeure - populaire chez certains, c'est vrai. Qu'il n'ait pas été l'objet d'une exécration, comme son successeur, est également vrai. Mais en 2002, je ne crois pas me souvenir qu'il ait pu être "populaire". Voyez vous-même le score qu'il a réalisé au premier tour.
Orimont,

Prenez le cas de Mlle Laguillier : elle était populaire mais cela n'amenait pas à voter pour elle. Je ne pense pas que grand monde en ait dit du mal.
Citation
Non, Orimont, Chirac n'a jamais été impopulaire.

Vous essayez de nous faire prendre les vessies pour des lanternes.

Saperlipopette, quand un président sortant fait tout juste 20 % au premier tour c'est qu'il est impopulaire ou je ne m' y connais pas.
Chirac était impopulaire à cause de son inaction et Sarkozy fut populaire pour son activisme annoncé Finalement on ne sait ce qui est pire quand la ligne générale en fait change peu.
Après la décision de poursuivre les essais nucléaires, la popularité, réelle, de Jacques Chirac a chuté assez fort.
Et "Facho-Cirac", alors ?
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