Le site du parti de l'In-nocence

Une objection sérieuse (au terme de “colonisateurs”) (cf. Fdesouche)

Envoyé par Renaud Camus 
Cf. Fdesouche — un M. Pascal baradon (au moins il a un nom, celui-là, même s'il lui manque une capitale) :

« Ce ne sont PAS des colonisateurs, les colonisateurs METTENT EN VALEUR un pays et le développent. Ici nous avons à faire à des envahisseurs, qui profitent du développement d’un pays pour y imposer par la force (que ce soit celle du nombre ou par la violence d’une minorité) leur façon de vivre, sans apporter la moindre mise en valeur ni le moindre développement, bien au contraire ils n’apportent que de la régression.

« Le parti de l’in-noccence (nom de merde, incompréhensible par 99,9999% de ceux qui le lisent ou en entendent parler) se trompe dans son choix de vocabulaire. Il JUSTIFIE une invasion (les anciens colonisés qui colonisent, juste retour des choses) alors qu’en fait cette invasion démontre la totale incapacité des anciens colonisés à faire fonctionner un pays aussi bien qu’en Occident (malgré tous les défauts que l’on peut reprocher à l’occident).

« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde Albert Camus (Renaud n’a manifestement RIEN compris à cette citation de son homonyme Albert !) »

.................................................................................

Bigre... Nous voilà dépassés sur notre droite... (laissons de côté la vieille affaire du nom du parti). Je n'avais pas songé que le terme de “colonisateurs”, qu'on nous reproche beaucoup (y compris Alain Finkielkraut) comme trop agressif, pût être jugé trop doux, trop aimable, complaisant...

Mais, à vrai dire, à bien y réfléchir, nous utilisons “colonisateurs” d'après le sens historique, voire étymologique, de "colonie”, “double” de la cité primitive, projection d'elle à l'extérieur, par une partie de ses habitants qui la quittent pour en fonder une autre ailleurs, semblable à la première et dépendant d'elle. La “colonisation” n'implique nullement la mise en valeur — c'est notre habitude de la colonisation française qui a donné ce sens à ce mot. “Colonisation” est au contraire parfaitement en accord avec notre idée centrale que les “colonisateurs”, en l'occurrence, recréent chez nous la société qu'ils ont fuie.
Le nom de colonisateur me paraît plus... comment dire ? pêchu que celui d'envahisseur parce qu'il met en évidence un retournement de perspective, et la spécificité du renversement historique que nous vivons ; l'image est à ce titre plus frappante pour les esprits. Le sieur Baradon se méprend en outre sur le sens que nous mettons dans ce terme : nous verrions dans la contre-colonisation un "juste retour des choses", ce qui bien sûr est faux. Ce terme de colonisation nous permet de désarçonner plus facilement nos contradicteurs, car c'est un mot qu'ils utilisent souvent et qu'ils chargent d'une valeur négative (souvent à juste titre) ; il nous est ainsi plus facile de les mettre en face de leurs propres contradictions, en leur rétroquant que ce qu'ils condamnent dans un sens, ils l'approuvent dans l'autre.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Il me semble que l'étymologie de "colonie" est la suivante.

Cela nous vient de "colonia", qui est une propriété rurale, et par extension la colonie telle que nous l'entendons : in colonias mittere.

Colonia vient de "colonus", le cultivateur et par extension le colon, lui-même venant de "colo", cultiver.

Le colon est celui qui met en valeur, ce qui fut vrai de la colonisation.
Stéphane,


Pourquoi nous dites-vous que la colonisation doit avoir une charge négative, souvent à juste titre ? c'est à mon sens inexact, elle a beaucoup aidé au développement de certains pays. La néo-colonisation aussi, d'ailleurs, en permettant à des entreprises sérieuses de travailler dans ces secteurs.
On ne va pas se fâcher pour autant. M. Baradon a une intelligence restrictive du terme colonisation. Il en restreint le sens à celui de la colonisation occidentale expansionniste qui dura pour la France 140 ans environ, tandis que l'acceptation générique est "neutre": elle dénote le fait de certains groupes humains s'installant en territoire étranger dans le projet d'y continuer leur histoire nationale en repoussant les natifs. "Envahisseurs" ne transcrit pas ce projet organisé de "continuer sa civilisation ailleurs". Le monde arabo-musulman est une civilisation étrangère à la nôtre qui s'installe sur un sol où elle ne fut jamais.

Il faut dire à ce brave monsieur Baradon qui nous traite si gentiment de merde que le terme colonisation implique une politique coordonnée d'en haut (qu'invasion n'implique pas). Les néo-colons, que l'on pourrait nommer rétro-colons eu égard à la rétro-action que constitue pour l'Occident ce mouvement de repli et d'invite de ces populations, ne pourraient pas s'engager dans ce mouvement sans une politique d'invite coordonnée de la part des pouvoirs publics. Donc: il y a contre-colonisation ou rétro-colonisation et non simple et unilatérale "invasion" parce que ce mouvement centripète (contre-expansionniste) est activement appelé par les pouvoirs publics qui organisent l'installation des rétro-colons en y mettant tous les moyens incitatifs classiques que ces pouvoirs, dans la phase ancienne, expansionniste, avaient mis au service de la colonisation d’antan.

Je répète autrement parce que pour Monsieur Baradon, ceci est peut-être un peu compliqué: Autrefois, État français incitait colons blancs aller chez noirs, État français donner terres à colons blancs; aujourd'hui État français n'y a plus inciter Blancs à partir chez Noirs mais inciter Noirs à venir chez Blancs par CMU et discrimination positive et pas payer transports en commun et vacances à la neige y a donner à Noirs, et double nationalité et facilités juridiques et droit au logement pour primo-arrivants comme autrefois blancs jamais coucher dehors en Afrique ou Océanie et papiers et allocs et école gratuite enseigner fierté du pays natal. Alors colonisation pareil mais inversée. M'sier Baradon y'a comprendre "colonisation" peut aller dans les deux sens ?
Oui, Francis, mais il y eut aussi une colonisation "par les experts", comme en Inde, et une colonisation par substitution (ou, plus justement, par fusion) des classes dirigeantes, comme en Amérique latine, où les Espagnols notamment épousèrent souvent des princesses indigènes.
Jean-Marc, il s'agissait pour moi de mettre de l'eau dans mon vin ; mais le terme "souvent" est peut-être trop fort ; sans doute aurais-je dû mettre "parfois".
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Oui, il y eut des excès, mais aussi beaucoup de succès. La colonisation ayant, dans mon esprit, une image positive, je vois mal pourquoi appeler colons la partie de la population qui vient foutre le bordel et à part ça ne rien faire. Cela revient à justifier que le colon est nuisible, par nature.
17 juillet 2011, 17:03   Söderling 6-2 Ferrer
Didier, vous feriez bien en effet d'indiquer à Monsieur Baradon le chemin de ce forum (à tout le moins ce fil-ci).
Accessoirement, ce M. Barandon a des lettres, ou du moins il a lu Manzoni, puisque de l'In-nominato il veut nous faire passer au Mal-nominato.
Oui. Missier Bourjon, nous vouloir faire comprendre M. Baradon pas traiter nous d'enclume gauchiste nous pour cette fois ça va mais n'ya pas content quand même.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Vous dites que la colonisation présuppose une politique organisée d'en haut. L'arrivée d'une immigration de peuplement est dans ce sens bien une colonisation, car elle a été organisée d'en " haut " … Il suffit de lire " Eurabia " le bel ouvrage de l'historienne anglaise Bat Ye'or pour s'en convaincre. Le patronat a tout intérêt à cette immigration, qui fait baisser la valeur de la force de travail, comme le montre un chapitre éclairant du dernier ouvrage de Malika Sorel, membre du Haut Conseil à l'Intégration. Comme y ont intérêt les eurocrates dont le grand rêve est de dissoudre les vieilles nations européennes dans le magma d'une Europe à 30 ? 40 ? 50 ? Vous verrez que bientôt on nous affirmera que le Baloutchistan et l'Ouzbekistan font partie de plein droit de l'Europe et de son histoire et que les Samoyèdes sont des européens tout comme nous. Pour rafraîchir ma conscience de l'identité et de l'unicité de mon pays, je vais me plonger dans une nouvelle lecture de l'histoire de France de Jacques Bainville, un penseur dont nous aurions bien besoin aujourd'hui, lui dont la lucidité politique n'a jamais été prise en défaut.
C'est un débat politique et non débat d'historien Jean-Marc. Arrêtez-vous un instant sur cette remarque: d'abord nous sommes dans le cas Français et plus largement européen; la colonisation française s'opéra suivant des modalités différentes des colonisations espagnole ou anglaise que nous pouvons donc écarter du propos. Il importe de considérer le débat politique français: qui en France fut à l'initiative et alimenta activement l'idée d'une colonisation en France, quelles forces politiques? La réponse à cette question est: les mêmes forces internationalistes et idéalistes (option universalisme) qui promeuvent l'idée d'une contre-colonisation sans la nommer; la contre-expansion (avec son cortège de syndromes divers dont la "haine de soi", l'exponentielle culpabilité devant l'Histoire, etc.) est exaltée par les mêmes millénaristes fanatiques aujourd'hui que ceux qui, hier, exaltaient la colonisation française et la fierté universaliste d'être Français, soit par ceux qui se réclament, pour le dire vite, de la Gauche; et elle est investie dans la sphère économique -- investie au sens de la mise économique -- par la même droite passive à cet égard mais faisant son beurre (nivellement des salaires, chômage systémique, etc.) du mouvement rétro-colonial comme elle l'avait fait du mouvement colonial.

La question "le colonialisme d'antan apporta du bon aux peuples colonisés tandis que le rétro-colonialisme que du mal" ne touche pas au sens structurel qui nous occupe; elle est étrangère à la problématique sémanticienne qui tarabuste Monsieur Baradon. Si l'on devait aborder la question que soulève cette question, il faudrait sans doute en venir à une remise en cause du relativisme et à énoncer que, ma foi, oui, les colons expansionnistes furent des bâtisseurs; tandis que les colons contre-expansionnistes (rétro-colons) sont des destructeurs; outre que pour certains, cette capacité à nuire est dans leur nature profonde, possiblement, il reste à considérer le facteur exogène, de leur point de vue, de la pensée politique contre-coloniale, savoir que cette politique dont ils sont les bénéficiaires ne les affranchit pas véritablement d'un certain assujettissement ("hétéronomie" dirait le distingué Pierre Henri) contre lequel ils se rebellent spontanément. Le fait contre-colonial n'est souvent pas l'émanation de leur désir politique, il n'est pas de leur choix propre mais de celui d'allumés européens que l'on voit s'agiter de manière de plus en plus alarmante aujourd'hui (événement du 14 juillet dernier, tournée de Mélenchon-Doriot, etc.). Autrement dit, si le fait colonial expansionniste était l'émanation des gouvernements des nations colonialistes, le fait rétro-colonial contre-expansionniste n'en est pas pour autant l'émanation du Cameroun, du Mali ou du Maroc, mais bien toujours et encore celle des gouvernements des nations qui avait jadis piloté la colonisation expansionniste, si bien que les sujets bénéficiaires de la rétro-colonisation perçoivent encore celle-ci, de manière fort paradoxale mais que ce retournement incomplet de la colonisation (le Cameroun n'impulse pas la colonisation de la France), cette unicité structurelle du phénomène colonisation/rétro-colonisation explique assez bien, comme un néo-colonialisme; par conséquent, nous pouvons dire que l'unité ou la continuité ontologique colonisation/rétro-colonisation explique que les racailles soient en rebellion permanente contre un état de fait qui les favorise ! Ils mordent la main qui les nourrit et les caresse dans le sens du poil et privilégie leur accueil parce que cette main n'est pas des leurs et qu'ils en contestent le commandement, en d'autre terme, la contre-colonisation est doublement destructrice: elle l'est par le recul et la perte d'identité des peuples qui la subisse, mais elle l'est aussi par le rejet ontologique dont elle est porteuse chez ses sujets et acteurs, d'où le fait que, oui, la colonisation avait pu avoir du bon cependant que la contre-colonisation, parce qu'elle est rétro-impulsée et qu'elle s'opère ainsi contre le gré de toutes les parties, n'apporte que destruction, nocences et décivilisation générale.
Oui, vous avez sans doute raison. Il n'empêche que M. Barandon me semble de bonne foi. Si le terme est source d'incompréhension, il vaut mieux, selon moi, en changer.
Citation
Francis Marche
Autrefois, État français incitait colons blancs aller chez noirs, État français donner terres à colons blancs; aujourd'hui État français n'y a plus inciter Blancs à partir chez Noirs mais inciter Noirs à venir chez Blancs par CMU et discrimination positive et pas payer transports en commun... etc

Amusant de constater comme le français reste compréhensible, dépouillé de son «tissu conjonctif» de particules et autres subjonctifs ;-)
Ça se discute mais l'objection est en effet sérieuse car le mot est historiquement et étymologiquement très lié à un peuplement de territoire en vue de sa mise en valeur, et cela non pas depuis la colonisation européenne de l'Époque Moderne mais depuis les colonies romaines (n'étant pas helléniste je ne sais comment les Grecs nommaient ce que nous appelons leurs colonies).

En outre, en employant "colonisateurs" en ce sens nous donnons raison à ceux qui propagent de la colonisation européenne moderne une vision exclusivement apocalyptique.

Les mots dérivés de l'expression "Grand Remplacement" me paraissent finalement plus opportuns.
J'ajoute que le terme de "contre-colonisation" induit plus ou moins une justification par retour à l'envoyeur qui au fond l'a bien cherché, ce qui n'est le cas que d'une partie des peuples actuellement victimes du Grand Remplacement.
A vrai dire, nous sommes envahis par des masses de miséreux qui ne font pas l'effort de s'adapter -- leur nombre les encourage à se regrouper en communauté --, nous sommes colonisés par des capitaux et le personnel qui va avec, nous sommes parasités par des sans papiers intéressés par notre système de protection sans contre-partie. Mais dans tout ça je ne vois personne capable de prendre le pouvoir et d'assurer la prospérité, sinon ils l'auraient fait chez eux.
Marcel,

Il y a par exemple les clérouquies.
Les clérouquies, plus ou moins propres à Athènes, sont des extensions territoriales qu'elle s'approprie aux dépens de ses alliés. Les cités qu'on désigne habituellement par le terme de "colonies" (Marseille, la Grande Grèce, ou encore les colonies phéniciennes) sont indépendantes. Le mot grec semble être oikeia.

Il est intéressant de constater que ce dernier terme, que nous traduisons par "colonie" ne correspond pas aux colonies européennes modernes, lesquelles correspondent plutôt au statut des clérouqies.
Oui, c'est pour cela que j'avais choisi les clérouquies.

Dans le cas que vous citez, c'est apoikia et emporia.

Ampurias, en Catalogne, dérive directement du grec.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Mais pourquoi pas "invasion", qui est simple, compréhensible et qui correspond à la réalité ? ou peut aussi utiliser "déferlement".
Jean-Marc, vous semblez pris de barandonisme aigü là: citez-moi, vous qui connaissez l'histoire depuis sa plus haute antiquité, de cas d'invasion dont l'initiative appartint aux envahis ? C'est le cas dans lequel nous nous trouvons: il n'y a pas de bureau à Yaoundé ou à Casablanca où le phénomène sur lequel nous nous penchons est pensé, organisé, théorisé et théologisé comme invasion dirigée et organisée par ces nations d'Afrique. Le haut commandement de l'invasion de la France se situe à Paris. Le terme "contre-colonisation", toujours discutable, a ce mérite de refléter la continuité politique, au sens de politique décisionnelle Jean-Marc, avec l'initiative colonisatrice d'antan, confiée à un ministère des Colonies, alors instance invitante au mouvement centrifuge de population, dont le siège était à Paris. Les gouvernants du pays France sont en train de faire le pays hara-kiri, en dirigeant ce glaive de la contre-colonisation contre lui-même. Pardonnez ces images un peu appuyées mais il est des points autour desquels il n'est plus temps de tourner en rond.
Citation
Francis Marche
cas d'invasion dont l'initiative appartint aux envahis ?

Il y a un certain temps, Renaud Camus attira l'attention des lecteurs sur les événements que relate Ammien Marcellin au livre 31 de son histoire romaine des années 375-378. L'administration impériale persuada Valens de faire passer la frontière thrace du Danube aux Goths qui fuyaient devant les Huns, au motif qu'on les emploierait à "mettre en valeur" des provinces désertées (qui ne l'étaient pas tellement) et qu'on lèverait des armées dans leurs rangs (chapitre 4). Ceci aboutit au désastre d'Andrinople, où cet empereur trouva la mort. Le système romain du foedus, pacte entre l'état et un groupe germanique qu'on se résignait à laisser s'installer dans l'Empire moyennant quelques conditions, a fonctionné tout au long des III° et IV° siècles, et Paul Veyne interprète le sac de Rome en 410 comme l'emballement d'un groupe militaire germanique qui s'estimait mal payé, mais ne tenait pas du tout à remettre la structure impériale en cause. D'autres historiens montrent que l'idée de fin de l'Empire mit plus de deux siècles à s'imposer dans les esprits, en Occident (Bruno Dumézil, La reine Brunehaut).

Comparaison n'est pas raison. On hésite à parler de "colonisation barbare", et les historiens emploient traditionnellement le mot d'invasion. Pourtant il y eut bien un phénomène de colonisation, au sens de l'implantation d'un groupe humain étranger sur un sol qui n'est pas le sien, et qu'il s'approprie de diverses manières.

En ce sens, celui de peuplement, le grec est moins ambigu que le latin : « La colonie grecque est fondée par une métropole, mais elle est avant tout une cité, qui garde en général des liens avec la métropole, sans qu'il y ait pour autant de dépendance politique. Après sa fondation par un oikiste, la colonie reste liée à sa métropole par des liens religieux ... Il convient de distinguer nettement la colonie (apoikia) du simple établissement commercial (emporion). » (Anne et François Queyrel, Lexique d'histoire et de civilisation grecques) Les clérouques sont encore autre chose : des vétérans macédoniens installés en Egypte à l'époque hellénistique. Oikistes, apoikia, insistent sur l'habitation, l'installation, le peuplement, à la différence de colonie qui a une idée de mise en valeur.

Il s'agit bien de colonies de peuplement dans le cas présent. Le site François de Souche, pour lui, réunit des auteurs ou des intervenants tellement politisés qu'ils n'entendent les mots qu'en termes d'éloge ou de blâme, de jugements de valeur, sans relation bien nette avec la réalité. Souvent, je trouve qu'ils sont comme "ceux d'en face" : la colonisation est pour les uns une horrible chose, pour les autres une bonne, et jamais on ne se demande de quoi il s'agit au juste. Or c'est là le commencement de la nocence.
Francis, je vous comprends parfaitement. Le problème n'est pas là. J'ai lu les réactions qui figurent sur le site de François de Souche, et il y a un problème de compréhension pour une part non négligeable des lecteurs de FdS.

D'autre part, je n'ai pas de solution bien satisfaisante à proposer, les mots supra ayant les inconvénients que vous évoquez.

De mon point de vue, le mot "colonisation" pour le phénomène que nous constatons n'est pas adapté. Ne vaudrait-il pas mieux utiliser une périphrase ?
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Une expression dans linguapop (argot, mais c'est ça)

[www.linguapop.com]
Oui, Didier, nous sommes d'accord. J'ai essayé de caser ces notions et, à l'oral, "ça ne passe pas". En revanche, les tournures que vous citez sont tout à fait pertinentes, j'utilise moi aussi ce type de formule.

J'avais pensé à "immigration débridée", mais cela rend mal compte de l'aspect "politique" justement souligné par Francis.
Pour parler comme sur France Inter, le problème c'est à qui tu t'adresses, en fait. Il vaut mieux commencer doucement avec des personnes que ce genre de sujet peut vraiment rendre mal à l'aise. "Contre-colonisation", c'est déjà de l'artillerie lourde.
Citation
Jean-Marc
Il me semble que l'étymologie de "colonie" est la suivante.

Cela nous vient de "colonia", qui est une propriété rurale, et par extension la colonie telle que nous l'entendons : in colonias mittere.

Colonia vient de "colonus", le cultivateur et par extension le colon, lui-même venant de "colo", cultiver.

Le colon est celui qui met en valeur, ce qui fut vrai de la colonisation.

Le colon produit une culture particulière, il met les choses en valeur, à sa manière.

Le mot colon est donc très bien choisi, puisque dans notre cas, le colon s'agite à cultiver "son champ" d'une manière résolument en rupture du pays qui pourtant le fait vivre, par la transplantation ici de sa culture d'origine. Il cultive une autre loi, un autre art, d'autres moeurs, d'autres gastronomies,... que les indigènes.

Nous en sommes presque à l'assimilation à l'envers dans certains cas.
La percussion africaine a remplacée la guinguette partout !
Façon "médias", on pourrait dire, pour désigner les "contre-colonisateurs", les "invités". Aux lecteurs de traduire.
Moi aussi les termes de colonisation et de contre-colons ou contre-colonisateurs ne me satisfont pas vraiment mais je ne vois pas quels autres termes employer à la place. Les "intrus" peut-être ? En revanche l'expression de " Grand Remplacement " , me semble parfaite et dit bien ce qu'elle veut dire.
Oui, Merci Henri, d'avoir répondu à mon appel aux historiens de vouloir nous documenter. Colonie de peuplement organisée par le colonisé, tel pourrait être résumé le phénomène actuel. En anglais courant, le "colon de peuplement" se dit settler, soit simplement "celui qui s'installe quelque part", mais ce terme, non connoté "civilisateur", lorsqu'il est traduit en français par "colon" crée des confusions et des malentendus, notamment en Israël et dans les territoires occupés où les "colons israéliens" sont des "setters" et non des "colons" dans l'acception française du terme.

En France, le contre-colon actuel, outre qu'il s'installe dans ses "quartiers" en métropole, propage sa civilisation dans toutes les sphères de la vie civile, des meurs et de la vie de l'esprit, et en cela fait encore écho au colon blanc de l'ère expansionniste. "Invasion" transcrit mal cet aspect culturel et spirituel des choses.
Oui enfin, les "Envahisseurs", c'est pas terrible non plus...



18 juillet 2011, 23:14   Envahisseurs
"Ti marche comme privou ; lé couillon il est tombé dans li piège..."
Y z'ont l'index plus long qu'le major...
Citation
Francis Marche
Colonie de peuplement organisée par le colonisé, tel pourrait être résumé le phénomène actuel. En anglais courant, le "colon de peuplement" se dit settler, soit simplement "celui qui s'installe quelque part", mais ce terme, non connoté "civilisateur", lorsqu'il est traduit en français par "colon" crée des confusions et des malentendus, notamment en Israël et dans les territoires occupés où les "colons israéliens" sont des "setters" et non des "colons" dans l'acception française du terme.

En France, le contre-colon actuel, outre qu'il s'installe dans ses "quartiers" en métropole, propage sa civilisation dans toutes les sphères de la vie civile, des meurs et de la vie de l'esprit, et en cela fait encore écho au colon blanc de l'ère expansionniste. "Invasion" transcrit mal cet aspect culturel et spirituel des choses.

Que les colonies de peuplement soient organisées par le colonisé, je n'en suis pas absolument sûr : certes, la population, un peu comme les Thraces romains du IV°s, est mise en demeure d'accueillir les nouveaux venus, mais les gouvernants européens qui ouvrent le territoire à la colonisation, sont-ils eux-mêmes des colonisés ?

Settler est parfait, car il évoque bien la notion d'espace occupé, centrale dans les nouvelles moeurs politiques. Vous soulignez bien qu'il n'a pas d'équivalent français satisfaisant.

En tous cas, je trouve intéressant que la langue ne semble pas avoir de mot adéquat pour désigner ce qui arrive : en cherchant vainement des parallèles historiques, on se rend compte du caractère inédit des questions migratoires actuelles.
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter