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Relisons les classiques

Envoyé par Thomas Rhotomago 
10 juillet 2011, 19:13   Relisons les classiques
"Au reste, pour le dire en passant, tout n'est pas ridicule et superficiel dans cette curieuse époque à laquelle nous faisons ici allusion, et qu'on pourrait appeler l'anarchie des noms de baptême. A côté de l'élément romanesque, que nous venons d'indiquer, il y a le symptôme social. Il n'est pas rare aujourd'hui que le garçon bouvier se nomme Arthur, Alfred ou Alphonse, et que le vicomte - s'il existe encore des vicomtes - se nomme Thomas, Pierre ou Jacques. Ce déplacement qui met le nom "élégant" sur le plébéien et le nom de campagnard sur l'aristocrate n'est autre chose qu'un remous d'égalité. L'irrésistible pénétration du souffle nouveau est là comme en tout. Sous cette discordance apparente, il y a une chose grande et profonde : la révolution française."

Victor Hugo Les misérables

(A rapprocher de la déclaration de M. Hirsch sur prénom "Mohamed" dont l'adoption "naturelle" par des parents d'origine chrétienne, serait censé marquer le triomphe de "l'intégration".)
11 juillet 2011, 02:49   Re : Relisons les classiques
Oui enfin, ce "remous d'égalité" implique quand même qu'il y ait permutation ; que sous l'irrésistible pénétration du souffle nouveau les petits Mohamed et Aïcha se prénomment aussi bien Thibaut et Valentine.
Hirsch n'a tout de même pas exhorté à cela, faut pas exagérer...
Eh oui ! C'est là bien sûr que le bât blesse. Les gens comme Hirsch, les uns confits de bonnes intentions, de bonne mauvaise foi, les autres travaillés d'arrières pensées sournoises, refusent toujours d'envisager la simple réciprocité. Ils ne font en cela qu'affirmer et affirmer encore l'idée qu'ils se font de leur supériorité.
(Après interruption)

On ne mesure pas assez à quel point le sentiment de supériorité est à l'oeuvre dans l'esprit de tous ces idéologues. Sentiment de supériorité raciale d'abord : nous sommes les seuls à pouvoir faire l'effort d'appeler nos enfants "Mohamed", les seuls à pouvoir comprendre "l'autre" etc. Supériorité sociale ensuite. Demander la réciprocité ? Que voilà-t-y pas une requête "bas-de-gamme", un desiderata de pauvre con de prolo qui ne comprend rien à la condescendance.

Le sentiment de supériorité est un aveuglement, quand il s'exprime ouvertement, mais alors il donne au moins des forces à ceux qui s'en parent. Se déchaîne-t-il par sa négation apparente, c'est l'un des vices les plus dégradants.
11 juillet 2011, 12:42   Re : Relisons les classiques
Le sentiment de supériorité est un aveuglement, quand il s'exprime ouvertement, mais alors il donne au moins des forces à ceux qui s'en parent. Se déchaîne-t-il par sa négation apparente, c'est l'un des vices les plus dégradants.

Cela mériterait je crois un développement structuré, détaillé, appuyé sur des exemples concrets. Il s'agit d'un point tout à fait capital mais il faut une démonstration.
Utilisateur anonyme
11 juillet 2011, 13:19   Re : Relisons les classiques
Citation
Orimont Bolacre
Se déchaîne-t-il [le sentiment de supériorité] par sa négation apparente, c'est l'un des vices les plus dégradants.

Orimont, vous êtes là nietzschéen en diable.

« Et l'on saura dorénavant une chose, je n'en doute pas : de quelle sorte est le plaisir qu'éprouve l'homme désintéressé, l'homme de l'abnégation, l'homme qui se sacrifie lui-même : ce plaisir relève de la cruauté. »

Nietzsche, Généalogie de la morale, II, § 6

« La bienveillance cèle un raffiné plaisir de posséder, une raffinée volupté sexuelle, une raffinée pétulance de qui est sûr de soi, etc. »

Nietzsche, Fragments posthumes, 11 [115]

(Je précise que Nietzsche, dans ce dernier fragment, emploie le terme de raffinement en un sens péjoratif.)
"Cela mériterait je crois un développement structuré, détaillé, appuyé sur des exemples concrets. Il s'agit d'un point tout à fait capital mais il faut une démonstration."

Point capital, en effet. Voici donc un "sujet" de contribution à la revue de l'In-nocence, ouvert à tous, car je ne suis pas certain de pouvoir mener à bien une telle démonstration.

Quoi qu'il en soit, dans la conversation à bâtons rompus (sachant qu'à peu près toute occasion de bavardage entre amis ou connaissances finit immanquablement, désormais, par "tomber" sur le thème de l'immigration, au sens large), c'est une botte qui fait mouche et que l'on peut conseiller sans modération.
11 juillet 2011, 15:17   Re : Relisons les classiques
Je suis entièrement d'accord avec Orimont. S'ajoute, de surcroît à leur attitude un extraordinaire pharisaïsme, celui-là même que fustigeait dans une de ses rares colères, le christ : «Malheur à vous aussi, professeurs de la loi, parce que vous chargez les hommes de fardeaux difficiles à porter, que vous ne touchez pas vous-mêmes d'un seul doigt. » 47.
Même leur prétendue mauvaise conscience ("J'ai ma mauvaise conscience pour moi, moi, monsieur ! ") leur haine de soi, n'est qu'une coquetterie de plus , comme ces femmes sûres de leur beauté qui se prétendent laides pour s'attirer des hommages supplémentaires.
11 juillet 2011, 20:11   Re : Relisons les classiques
» Ils ne font en cela qu'affirmer et affirmer encore l'idée qu'ils se font de leur supériorité

Mais lorsque la faiblesse réelle est si avérée, le sentiment de supériorité n'est qu'un mécanisme compensatoire la maquillant en son contraire pour la rendre viable.
11 juillet 2011, 22:44   Re : Relisons les classiques
Il me semble que vous retournez les choses, cher Alain. Ce qui paraît avéré, c'est la supériorité de l'Occident, et c'est sa faiblesse qui est jouée et même surjouée. C'est elle, qui est entièrement de l'ordre du pathos ou, au mieux, de l'éthique qui maquille la réalité. Jamais la domination militaire, scientifique, technique, économique de l'Occident (j'y inclus le Japon, comme il a tendance à le faire lui-même) n'a été aussi totale qu’aujourd’hui. Il est vrai que l'inhibition peut transformer un géant en nain.
Nain qui a une sacrée allonge, vous en conviendrez.
11 juillet 2011, 23:28   Re : Relisons les classiques
Cher Marcel, cela dépend des faits "avérés" que l'on considère : ce que vous dites est juste, mais l'est aussi la patente incapacité de s'opposer efficacement à la conquête et au Remplacement, et d'imposer ses propres formes, règles, culture et prénoms aux petits Mohamed et Aïcha.
Il y a également le fait que dans toute confrontation physique, le "faible" est en général celui qui nie qu'une telle confrontation ait lieu, pour ne pas avoir à l'assumer et à affronter l'adversaire dans ce cadre de rapport de forces, et le "fort" celui qui la recherche.
Un Hirsch ne ferait probablement pas long feu face à un petit, même très petit, caïd... d'où la "supériorité morale" invoquée.
Enfin, c'est une autre façon de rendre compte des même événements...
11 juillet 2011, 23:57   Re : Relisons les classiques
Les même, êtes-vous sûr ?
12 juillet 2011, 00:02   Re : Relisons les classiques
Si le "même" s'applique à l'attitude de M. Hirsch face à Mohamed, oui.
12 juillet 2011, 08:43   Re : Relisons les classiques
Sans doute, sans doute. Cependant, il suffirait d'un retournement d'opinion, d'un glissement dans l'état d'esprit pour qu'aussitôt le géant retrouve son allonge ; et il n'aurait probablement pas à distribuer beaucoup de baffes ni même à les appuyer réellement pour qu'aussitôt se taisent les grenouilles. Tandis que celles-ci auraient beau se gonfler à s'en faire péter la rate, ça ne les rendrait pas plus terribles.
Utilisateur anonyme
12 juillet 2011, 13:34   Transfert de puissance
Citation
Marcel Meyer
Jamais la domination militaire, scientifique, technique, économique de l'Occident (j'y inclus le Japon, comme il a tendance à le faire lui-même) n'a été aussi totale qu’aujourd’hui. Il est vrai que l'inhibition peut transformer un géant en nain.

Cher Marcel, « l'inhibition » à laquelle vous faites allusion s'appelle le Droit, vous en conviendrez sans doute. Mais si les normes du Droit sont des moyens pour l’homme d'assurer sa propre survie, il nous apparaît que les conditions de (sur)vie de l'homme occidental exigeaient de telles normes, fussent-elles si inhibantes. Ces nouvelles normes, qui contrastent avec la puissance effective de l'Occident — militaire, scientifique, technique et économique — pourraient refléter un transfert de puissance déjà effectué, des corps et des esprits vers les machines et les techniques, ces dernières étant externalisées des corps. L'homme occidental ne s'endurcit plus au contact du danger, ne s'impose plus une discipline à la fois physique et intellectuelle lui conférant un orgueil sûr et une force d'airain sans lesquels la confiance et l'espoir ne pourraient naître, mais a transféré cette "lutte darwiniste" pour l'intensification de la vie à l'extérieur de lui-même : dans les machines, les armes, la bombe, la science et les puissantes techniques. On pourrait appeler le résultat de ce transfert l'exo-darwinisme, pour reprendre un concept forgé par M. Serres.

Cela expliquerait que l'interprétation d'Alain puisse être juste sans que la votre ne soit contredite. Vous décrivez le résultat du transfert de la puissance dans les domaines que vous énumérez lorsque Alain décrit la perte — induite par ce transfert — dans les corps et les têtes.
12 juillet 2011, 14:41   Re : Relisons les classiques
Orimont, il faut bien se dire que la rétro-colonisation s'alimente du même carburant que la colonisation d'antan, mais en mode inverse ! (nous sommes ou serons les seuls à appeler leurs enfants Mohammed, les seuls à en être capables, aussi bien parce que nous sommes les seuls qui furent capables de coloniser les Mohammed chez eux quelque cent cinquante ans -- aucuns autres Occidentaux que les Français ne le purent aussi longtemps).
13 juillet 2011, 04:17   Re : Relisons les classiques
Soit, cher Marcel, mais toujours est-il que maintenant, à mon sens, c'est la faiblesse conséquente à l'incapacité de s'imposer qui anime un Hirsch, bien plus que sa force potentielle.
Ce sont des stratégies de survie, des "sauve qui peut" qui prévalent là, dans l'invocation perpétuelle d'un ordre "moral" transcendant duquel se réclamer, puisqu'en son nom on choisit précisément d'éviter soigneusement ce qui pourra déterminer sans plus de faux-semblant qui est le fort, qui le faible : la confrontation.
Utilisateur anonyme
13 juillet 2011, 07:40   Re : Relisons les classiques
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
13 juillet 2011, 08:52   Re : Relisons les classiques
(Message supprimé à la demande de son auteur)
13 juillet 2011, 08:58   Re : Relisons les classiques
Le machiniste a alors lui-même quitté son bus, expliquant aux voyageurs qu’il ne repartirait pas tant que les deux femmes n’auraient pas obéi à ses injonctions. Celles-ci ont fini par quitter le bus, suivies par une bonne partie de ses occupants, solidaires.

Des partisans de l'islam républicain, sans doute.
13 juillet 2011, 22:08   Re : Relisons les classiques
» Ces nouvelles normes, qui contrastent avec la puissance effective de l'Occident — militaire, scientifique, technique et économique — pourraient refléter un transfert de puissance déjà effectué, des corps et des esprits vers les machines et les techniques, ces dernières étant externalisées des corps. L'homme occidental ne s'endurcit plus au contact du danger, ne s'impose plus une discipline à la fois physique et intellectuelle lui conférant un orgueil sûr et une force d'airain sans lesquels la confiance et l'espoir ne pourraient naître, mais a transféré cette "lutte darwiniste" pour l'intensification de la vie à l'extérieur de lui-même : dans les machines, les armes, la bombe, la science et les puissantes techniques

Ce me semble être une analyse très claire et très juste. Il y a effectivement "transfert de puissance", laquelle existe incontestablement, Marcel a raison, mais ne convient pas à certains types d'agressions, surtout si celles-ci ont lieu dans la place, de l'intérieur, et nécessitent des méthodes de combat relevant davantage du corps à corps que du téléguidage de missiles à distance.
14 juillet 2011, 00:38   Re : Relisons les classiques
C'est l'analyse que fait Al-Qaida de la force de l'Occident, et celle que font leur tous les terroristes islamistes: l'exo-force rend vulnérable car il suffit d'un homme qui s'attache une ceinture d'explosif autour du corps pour faire exploser une caserne, ouvrir une brèche dans la coque d'un navire ou abattre des tours de 110 étages. Le corps-à-corps qui n'existe plus entre ces hommes et l'Occident (hors l'Afghanistan) s'est vu remplacé par un corps-à-machine où la machine a rarement le dessus: le corps y périt, certes, mais la démolition de la machine ou de l'élément d'exo-force entraîne un tel désarroi chez les Occidentaux, et des pertes en vies humaines en si grand nombre, que le bilan stratégique reste positif pour le corps martyrisé.
Utilisateur anonyme
14 juillet 2011, 14:48   Re : Relisons les classiques
Francis, « l'exo-force », c'est-à-dire le résultat de l'externalisation de la force hors des corps, étant par définition invulnérable car remplaçable à volonté — le propre des techniques étant d'être reproductibles —, la « vulnérabilité », pour reprendre votre concept, d'un fragment d'exo-force est largement fantasmée par l'hypersensibilité, voire la sensiblerie des avortons qui procèdent du transfert de puissance. Aussi ce grand « désarroi chez les Occidentaux », comme vous l'appelez, que produirait la destruction d'un fragment d'exo-force, est-il feint, du moins participe-t-il de la Grande Falsification en cours, laquelle détruit toute véritable hiérarchie de valeur des choses. Cela dit, si vulnérabilité de l'exo-force il y a, on devrait l'observer dans la fragilité que produit l'hyperconnexion des systèmes informatiques — l'importance grandissante des problèmes de cyberguerre en témoigne.
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