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Hum... de quoi reconvertir l'industrie de Grasse ?

Je trouve affligeant et irresponsable que Le Monde n'interroge qu'un économiste sur le sujet. Ses calculs sont d'un simplisme effrayant, comme si le coût de l'arrestation, la garde à vue, les frais divers de justice, l'incarcération, pouvait être basculé dépense à la colonne recette comme ça.
Cet économiste dit des bêtises : ce n'est pas le cannabis qui conduit au crime (je parle des vendeurs), mais le crime qui conduit au cannabis, dans la plupart des cas. Les dealers, bien souvent, sont diversifiés : cannabis et autres substances interdites, mais aussi, parfois, cigarettes de contrebande (ce fait montre que la légalisation n'est pas la panacée).
Deux aspects ne sont pas pris en compte : l'aspect de santé publique d'une part, le cannabis vendu de nos jours ayant un taux de THC si élevé qu'il en fait une drogue dure, pas douce (si on emprunte cette distinction d'appellation) - la différence tenant à l'effet sur le cerveau. L'effet du cannabis est dévastateur et irréversible, même si il n'est pas toujours observable immédiatement. L'aspect observable immédiatement c'est la disparition de l'activité de la jeunesse : elle ne fait plus rien, ne travaille plus, n'a plus d'ambition. Comme professeur, j'ai vu ces ravages sur certains élèves, consommateurs réguliers. Leurs parents étaient bien naïfs, qui attendirent un ou deux ans avant de réagir et de s'inquiéter.
L'autre aspect, c'est la conséquence la plus grave d'une légalisation : elle rend un retour en arrière quasi-impossible et beaucoup plus criminogène que la situation actuelle. Les Pays Bas ne peuvent guère interdire de nouveau le cannabis, mais beaucoup, là-bas, le souhaiteraient. La situation de très grande criminalité liée à la prohibition ne tient à l'interdiction comme telle, mais au passage de la légalité d'un produit à son interdiction subite.
Cet effet social n'est pas du tout pris en compte. Voilà des experts qui militent pour une cause et dont les conséquences de la position seraient de fait définitives, même désastreuses.