Carré ?

"En 1970, la notion de "puissance paternelle" est abolie du code civil.
En 1972, la pornographie devient légale.
En 1975, l'avortement est autorisé."

En 1970 également, la scolarité devient obligatoire jusqu'à 16 ans. Cette mesure doit-elle être versée au dossier du "désastre" ? Je viens de lire un récit à la fois très plaisant et très instructif, pour qui s'intéresse à Mai 68, aux ouvriers des années soixante et à la fabrication d'un film documentaire. Il s'agit d'un livre d'Hervé Le Roux, qui raconte le tournage et le montage, en 1996, d'un film documentaire intitulé Reprise, film imaginé à partir d'un court-métrage de 1968 : La reprise du travail aux usines Wonder. J'en conseille vivement la lecture.

Je crains, Orimont, que l'ordonnance du 6 janvier 1959 ne stipule, en son article premier, que " l'instruction est obligatoire jusqu'à l'âge de 16 ans révolus pour les enfants des deux sexes, français et étrangers, qui atteindront l'âge de six ans à compter du 1er janvier 1959".

Comment expliquer, dans ce cas, que l'on entrait à l'usine à l'âge de quatorze ans jusqu'en 68 ?

En faisant une addition. Les enfants nés avant le 1er janvier 1953 avaient une obligation de scolarité jusqu'à quatorze ans. Un enfant né le 31 décembre 1952 pouvait entrer en usine le 1er janvier 1967. Ne confondons pas, ensuite, travail et apprentissage.

Oui, en somme, "en faisant une addition" vous rectifiez mon propos pour le confirmer...

Je ne comprends pas.

Jusqu'en 1967, effectivement, on pouvait entrer en usine à quatorze ans, comme ouvrier. En 1968, je ne pense pas que c'était possible. Comme apprenti à mi-temps, en suivant par ailleurs des cours en CET, c'est possible. Comme ouvrier à temps plein, je ne crois pas.

"Comment expliquer, dans ce cas, que l'on entrait à l'usine à l'âge de quatorze ans jusqu'en 68 ?"

"Jusqu'en 1967, effectivement, on pouvait entrer en usine à quatorze ans, comme ouvrier."

Je ne vois pas une immense différence entre ces deux phrases. J'écris jusqu'en 68, vous dites jusqu'en 67.

Oui, nous sommes d'accord. Il n'y a pas grande différence, j'avais mal compris votre question :

Comment expliquer, dans ce cas, que l'on entrait à l'usine à l'âge de quatorze ans jusqu'en 68 ?

Je l'avais interprété comme le fait que la loi de 1959 ne s'appliquait pas, et qu'en 1968 (soit pour les classes d'âge ultérieures à 1954) on pouvait travailler dès quatorze ans.

En fait, en faisant finement le calcul, on voit qu'un enfant né le 1er janvier 1953 ne peut travailler que le 1er janvier 1969. On passe donc d'une date, le 1er janvier 1967, où l'on peut recruter un jeune homme né le 31 décembre 1952, donc à quatorze ans et un jour, à une date, le 2 janvier 1967, où on ne peut pas recruter de jeune né en 1953 ou en 1954. Le jeune né le 1er janvier 1953 ne peut donc travailler qu'en janvier 1969.

Il me semble, pour avoir fréquenté une école primaire rurale que, dans les années soixante, il y avait certaines dérogations dès lors que le certificat d'études était obtenu. Je vais vérifier cela.

Oui Jean-Marc, je me souviens de ces "dérogations", dans les écoles primaires où il existait encore un "cours complémentaire": les grands layus, plus grands que le maître à quatorze ans, formés comme des hommes, pouvaient faire entendre au maître que leur père avait des carottes à biner, des vendanges à assurer, du mouton à conduire en estive, etc. pour lui échapper et gagner la vraie vie des hommes, où il y a de la tâche, des femmes et des cuites à prendre.

Au collège aussi, où j'étais entré en sixième en 1966, certains gaillards faisaient entendre que leur famille avait besoin de leurs bras, et commençaient à regarder la merdousaille scolarisée d'un peu haut. Déjà, des moustaches leur poussaient. Déjà ils avaient connu la femme, ou peu s'en faut.

J'ai terminé ma scolarité primaire dans une petite école de la montagne du Tarn, qui avait, je crois, deux classes uniques. L'une devait je pense concerner le cours préparatoire et les cours élémentaires, l'autre les cours moyens qui étaient regroupés avec les "fin d'études".

Je me souviens parfaitement de ces élèves de fin d'étude, leurs parents étaient tellement ancrés dans les certitudes que vous évoquez si bien que ces jeunes, mêmes intelligents, ne pouvaient raisonnablement envisager même le CET, sauf si le maître ou le prêtre les remarquait et les poussait (car si dans les milieux très populaires on se méfiait beaucoup de ceux qui lisaient, on ne s'opposait pas non plus au curé allié à l'instituteur). Pendant ce temps, dans cette France parfaite de ces années-là, les élèves de cinquième anglicistes devaient discuter de Tennyson à la récréation.

Dure aux petites gens et douce pour ceux qui avaient du bien ou de l'instruction, telle était cette France des années soixante.

"Une enfance pour la vie" de Paul Guth.

Florentin,

Connaissez-vous le film "Le Brave homme et le salaud" ?

[www.ina.fr]

Ou bien : "Le brave homme et le pauvre type".

Que ce pauvre type soit une des grandes figures actuelles du Parlement européen dit à peu près tout de ce qu'est cette Europe.

Faites une bonne action, écrivez-lui aujourd'hui qu'il est un minable, sans plus de talent que de tenue. Dites-lui qu'il nous fait honte et que l'on souhaiterait ne plus le voir, ni plus jamais l'entendre, et que s'il nous promettait de disparaître, nous lui pardonnerions presque d'avoir existé et d'avoir pollué notre champ de vision, notre ouïe et notre intelligence pendant tant d'années :

daniel.cohn-bendit@europarl.europa.eu

Si j'étais sûr qu'il se pende... mais en plus il est lâche.