Le site du parti de l'In-nocence

La chute de l’Empire d’Occident

Envoyé par Félix 
Texte trouvé par hasard sur le net, et qui synthétise bien la situation actuelle de l'Occident :

Citation
André Waroch

L’heure est à l’homme nomade, au sans-patrie, au citoyen du monde. L’heure est à celui qui n’a d’autre attache que celles qu’il peut emporter du jour au lendemain dans sa valise. Le monde de demain appartient à ceux qui sauront ne plus encombrer leurs errances terrestres, voire spatiales, d’un quelconque « terroir », archaïsme dont l’exaltation fleure bon son populisme rance.
Voilà le discours, à peine caricaturé, tenu par un certain nombre d’intellectuels venus de la gauche ou de l’extrême gauche et convertis au « libéralisme », c’est-à-dire, pour être plus précis, au libre-échangisme mondialisé. C’est une traversée moins rude qu’il n’y paraît, les fondamentaux idéologiques de ces intellectuels ne subissant, entre ces deux rives, que fort peu de dommage.

Le noyau dur de leur engagement n’a pas changé, c’est toujours la haine de l’enracinement, du particularisme, de la singularité irréductible des peuples, de la nation au sens grec du terme. Une hypercaste mondialiste, dont les contours se dessinent de plus en plus clairement, veut croire encore à un « progrès » à la Jules Vernes. La nature domestiquée par une technologie hissant les hommes au rang des dieux ; une culture universelle et uniformisée rayonnant sur toute la surface de la Terre ; une gouvernance mondiale sage, bénéfique, consensuelle, qui, dans ce monde post-historique, n’aura plus qu’à gérer et administrer. Bref, le paradis sur terre pour ces hommes qui portent en eux le rêve chrétien sécularisé des Lumières.

Dans la mentalité occidentale, dont cette caste relève plus que de n’importe quoi d’autre, l’avenir est supposé meilleur que le présent, et le présent meilleur que le passé. Le destin irrévocable de l’humanité semble être de monter toujours plus loin dans l’intelligence, la bonté, la joie, le bonheur, jusqu’à un zénith improbable.

Il régnait au Moyen Âge le sentiment exactement inverse. Les lettrés avaient la conviction d’une chute inexorable du monde vers l’abîme. Un monde arrivé au stade ultime de la vieillesse. S’il est vrai que le passage de l’Antiquité au Moyen Âge s’accompagna de l’abandon d’une certaine conception cyclique du temps (« L’éternel retour ») au profit d’une vison linéaire due au christianisme, encore faut-il préciser que cette linéarité a, en quelque sorte, changé de sens, du bas vers le haut, quelque part entre le XIIe siècle et la Révolution française. L’Europe de l’Ouest est passée de la chute à l’ascension. Au Moyen Âge, le passé était vu comme meilleur que l’avenir, et ce fut l’inverse qui s’imposa définitivement à partir du XVIIIe siècle.

Cela ne relève pas que de la simple croyance religieuse : le Moyen Âge fut vraiment une régression par rapport à l’Antiquité, et le progrès, au sens matériel du terme (expansionnisme au-delà des mers, découvertes scientifiques), une réalité incontestable pour l’Europe de l’Ouest à partir du XVe siècle.

Pas qu’une croyance religieuse, donc, mais aussi une croyance religieuse.

Il faut sûrement voir l’origine de ce changement de direction dans la Réforme grégorienne, événement capital que l’historien Harold J. Berman a rebaptisé « Révolution papale ». Quoi qu'il en soit, la croyance est là. D’où le célèbre et stupide adage : « C’est incroyable de voir encore des choses pareilles au XXIe siècle ! » Le temps, encore une fois, étant vu comme une montée inexorable de l’humanité vers la civilisation suprême.

La réalité, pour l’Europe de l’Ouest, semble pourtant de nouveau inverser le sens de sa marche. L’évolution actuelle s’apparente de manière frappante au processus qui caractérisa la dégénérescence finale de l’Empire romain d’Occident, à partir du IIIe siècle, jusqu’à la déposition du dernier empereur en 476 (début du Moyen Âge pour les historiens).

Ce processus, qui mit fin au monde antique, se caractérisa par :

Un chaos ethnique grandissant.
Après l’édit de Caracalla accordant en 212 la citoyenneté romaine à tous les mâles non-esclaves des provinces, les Barbares germaniques puis hunniques commencent à déferler en Gaule. À la fin du IVe siècle, la plupart des soldats et même des généraux « romains » sont en fait des Germains naturalisés. Les souches proprement romaines sont, de fait, écartées du pouvoir.

Un gigantisme mortel.
L’Empire, à son apogée, s’étend du sud de l’Écosse jusqu’à la Mer Rouge. Assailli de toutes parts, son économie désorganisée, les effectifs de l’armée et de l’administration augmentant sans cesse, il accable le peuple sous les taxes et les impôts. En Gaule apparaît le phénomène des Bagaudes, paysans « prenant le maquis » pour échapper au fisc. Un de leurs chefs, Eudoxe, trouvera même refuge auprès d’Attila. L’impuissance de l’armée romaine (environ 400 000 hommes sous Dioclétien) à protéger un territoire aussi gigantesque, ajouté à l’interdiction faite aux civils indigènes de porter les armes et d’organiser eux-mêmes leur défense, ouvre un boulevard aux envahisseurs. Wisigoths, Francs et autres Burgondes soumettent les populations de l’Empire, et prennent peu à peu possession des terres de l’Ouest.

Un exode urbain.
L’économie de l’Empire, à partir du IIIe siècle, se voit peu à peu totalement désorganisée par les raids barbares. La circulation des marchandises de province à province décline, voire s’arrête. Les villes, à partir du Ve siècle, commencent à se vider. La population urbaine, « groupe de consommateurs qui s’alimente d’importations » (Jacques Le Goff), se voit contrainte d’effectuer un « retour à la terre », c’est-à-dire un retour à l’exploitation directe des matières premières, la circulation des produits manufacturés et des importations de denrées de base étant devenue trop faible pour alimenter les villes.

Un basculement religieux.
En 312, Constantin, premier empereur converti, instaure l’égalité de droits entre le christianisme et les autres religions, ce qui est déjà, dans la logique conquérante des monothéismes issus du judaïsme, un pas décisif vers la religion unique et obligatoire. Dans la décennie suivante, Constantin démontre clairement ou vont ses préférences en commençant à interdire certaines pratiques païennes comme la divination. Il intervient, parallèlement, dans les affaires internes de l’Église, y compris dans les débats théologiques. C’est lui qui convoque, en 325, le concile de Nicée, central dans l’histoire du catholicisme.

Les successeurs de Constantin vont continuer la politique de christianisation forcée de la société. En 354 sont décrétées la fermeture des temples païens et l’interdiction des sacrifices.

En 381, Théodose, véritable bourreau du paganisme, adresse un édit par lequel il impose à tous les peuples de l’Empire le christianisme comme religion obligatoire. Dans les deux décennies suivantes, c’est en fait le coup de grâce qui va être porté juridiquement aux anciennes religions, avec comme point culminant l’interdiction définitive en 395, par l’Empereur Arcadius, de toute pratique religieuse autre que celle du catholicisme romain (les hérésies chrétiennes comme l’arianisme étant au moins autant combattues que les pratiques polythéistes).

Une régression démographique soulignée par beaucoup d’historiens. La dépopulation de certaines zones est évidemment un appel d’air pour les Barbares qui n’ont plus qu’à coloniser des terres déjà vides.

L’Europe de l’Ouest catholique et protestante, héritière de l’Empire d’Occident, se trouve confrontée à une situation dont l’analogie avec ce qui précède est hallucinante. Le chaos ethnique est là, incontestable. Les nouveaux arrivants ne se convertissent pas, comme les anciens Germains, à la religion des autochtones, mais apportent avec eux l’islam, idéologie belliqueuse, conquérante, totalitaire. Les nationalités françaises, britanniques, belges et maintenant allemandes (liste non exhaustive) sont accordées à tour de bras aux enfants d’immigrés nés sur le sol européen. Ils sont alors inexpulsables dans le système juridique actuel et deviennent le vecteur d’une substitution de population qui, commencée avec l’immigration, se poursuit de l’intérieur, comme un cancer.

L’Union européenne, qui s’étend de plus en plus rapidement, devient une sorte d’immense terrain vague. Pendant que les entreprises sont pressurées d’impôts destinés à mettre en place ou maintenir une politique sociale, les produits manufacturés en provenance de Chine ou d’autres pays émergents (qui ne pratiquent aucune politique sociale) arrivent aux frontières quasiment sans aucun droit de douane.

Le résultat est prévisible : liquidation des industries, transformation totale de l’économie des pays de l’UE en économie de services, et dépendance de plus en plus gigantesque de l’Europe de « l’atelier du monde » néo-confucéen.

L’exode urbain, quant à lui, a déjà commencé, mais il est en trompe l’œil. Les villes ne perdent pas d’habitants (sauf Paris), mais voient disparaître les classes moyennes européennes au profit des nouveaux arrivants, attirés par une vie de parasitage qu’ils ne peuvent pas trouver dans les campagnes. De plus en plus de français, et plus seulement issus des classes aisées choisissent même la fuite à l’étranger (Londres a maintenant son « quartier français »).

La baisse dramatique du pouvoir d’achat occasionne le développement croissant des achats directs aux agriculteurs. Comme au Bas-Empire, on assiste donc à un début d’effondrement de l’économie développée, économie normalement basée sur un réseau très dense d’intermédiaires entre le producteur et le consommateur.

La hausse continue du prix de l’essence, associée à une paupérisation croissante, fait que l’Européen se déplace en fait de moins en moins. Destinations de vacance comme de fin de semaine sont de plus en plus proches du domicile (de plus en plus de gens ne partent même plus du tout). On assiste en réalité à une véritable immobilisation des individus, totalement en contradiction avec les théories de « l’homme nomade ».

L’horizon mental et physique de l’homme européen, en ce début de XXIe siècle, rétrécit d’autant plus que le niveau culturel des jeunes générations, il est vrai de moins en moins européennes, s’effondre à toute vitesse. On estime que plus de 25 % des bacheliers français sont illettrés, et que 20 % de la population adulte de l’Hexagone est analphabète (Guillaume Corvus, La convergence des catastrophes, 2005). Comme dans l’Empire romain finissant, on assiste à une acculturation, à une perte de mémoire collective qui précède et cause la détechnicisation, prélude à un nouveau Moyen Âge.

Les zones de non-droit, territoires livrés aux bandes de jeunes musulmans qui y font régner une sorte d’ordre islamo-mafieux, constituent l’embryon d’une nouvelle féodalité, beaucoup plus agressive que la première, car bâtie sur le fanatisme et sur une haine d’essence totalitaire. Les Mureaux, Trappes, Argenteuil, Roubaix : autant de futurs sultanats indépendants ou, déjà, la police française n’intervient plus qu’avec des pincettes, voire pas du tout.

Les invasions barbares mirent fin à l’Empire romain, du moins en Occident. L’Empire d’Orient, appelé plus tard Byzantin, continua à porter le rêve pendant un millénaire. Justinien entreprit même, au VIe siècle, une gigantesque expédition punitive pour arracher les territoires de l’ex-Empire d’Occident des mains des Germains.

Si les États-Unis ont souvent été comparés à Carthage, ce qui tient plus de la trouvaille sloganique que d’un rapport quelconque entre les deux entités, l’Europe actuelle a bien son Empire byzantin, un pays gigantesque, construit lui aussi sur des bases impériales, orthodoxes, messianiques, passé maître dans l’art de la manœuvre politique. Ce pays, que la religion et l’alphabet cyrillique ont tenu à l’écart, au moins depuis le schisme de 1054, des révolutions intellectuelles, spirituelles et politiques que connurent les Européens convertis au catholicisme puis à la Réforme (qui, comme l’a montré A.S. Khomakiov, n’est qu’une réforme interne au catholicisme, réforme dont la poussée s’arrêta aux portes de l’Europe orthodoxe comme devant un mur de béton) est la dernière pièce du puzzle qui permet une analogie quasiment mystique entre le Ve et XXIe siècle.

La Russie, puisqu’il s’agit d’elle, et malgré toutes ses faiblesses : démographie catastrophique, absence de tissu industriel, présence de plus en plus massive de musulmans russes et d’Asie centrale, a décidé de continuer à perpétuer le rêve impérial. Par là même, elle redevient un acteur quand l’Europe de l’Ouest n’est plus qu’un enjeu, situation recréant donc la dichotomie de l’Antiquité tardive. Dans cette optique, les États-Unis endosseraient plutôt le rôle de l’Empire perse sassanide.

Pour la seconde fois, l’Empire d’Occident, qui avait disparu une première fois sous sa forme étatique, mais s’était reconstitué, sous une forme civilisationnelle, par le truchement de l’Église catholique romaine, est donc en train de s’écrouler.

André Waroch
19 juillet 2009

[www.pvr-zone.ca]
Les éléments frappants de similitude ayant été exposés, on doit aussi rechercher les éléments de dissemblance, qui invalident le pronostic de répétition de l'histoire. Deux premières choses, à mon avis, modifient grandement la donne : le "monde connu" n'a plus aucun rapport avec celui de l'Empire d'Occident, non plus que le nombre d'habitants sur la planète.
Je ne suis pas sûr que la quantité de population ne change quoi que ce soit à l'analogie. Les mécanismes en jeu me semble indépendant d'une telle quantité. En revanche les quantités pourraient influer sur l'issue.

Si l'on y réfléchit bien, les similarités sont logiques. La République universelle emprunte beaucoup à la Rome de sa première phase et en reproduit les erreurs. L'Art pictural du XVIIIème montre combien les mythes Antiques ont réapparu à l'époque. Les auteurs païens avaient une place de choix dans l'enseignement, y compris chez les jésuïtes...

Les conséquences sont donc similaires : instabilité politique, migrations massives, dissociation du peuple en factions antagonistes.

Je comprends très bien pourquoi Constantin a voulu imposer une religion commune à tous : il voulait mettre fin à ces instabilités politiques qui secouaient l'empire, instabilité due à la diversités des bannières concurrentes des peuples de l'Empire. Las, ces réformes furent trop tardives. L'Empire bientôt se scinda, car des peuples qui ne se sentent rien en commun n'aiment pas être gérés par une même entité politique.

La chute de l'Empire Romain montre bien l'échec de l'unification des peuples par le simple commerce.

Il fallut les longues siècles des dynasties capétiennes, tout en relative continuité, pour forger en France une identité commune.
"Je ne suis pas sûr que la quantité de population ne change quoi que ce soit à l'analogie."

(je ne suis pas sûr que cette phrase soit bien correcte, sauf votre respect.)


"En revanche les quantités pourraient influer sur l'issue."

Ecrire que la démographie ne change rien... sauf l'issue, montre précisément les limites de l'analogie.
Oui, c'est très probablement une fausse bonne analogie. Toutes morts lentes, toutes agonies de civilisation se ressemblent. Le monde du XXIe siècle comporte des acteurs impérialistes concurrents, dont la Chine et les Etats-Unis qui, à l'échelle du monde connu, "pèsent" plus que l'Europe/Rome n'a jamais pesé. Et puis les deux grands empires coloniaux occidentaux, le Britannique et le Français, se sont délités en même temps, après avoir été rivaux, et d'autres empires de moindre importance (hollandais, portugais) les précédèrent dans la dissolution de deux décennies à peine. Il n'y eut pas d'empire unifié au XXe siècle, comme Rome avait été une. Les "invasions barbares" sont apparues tout de même un quart de siècle au moins après les effondrements français, britanniques, hollandais et portugais outremer, et ces effondrements furent le fait de coups de boutoirs de natures hétérogènes (par exemple, la défaite des Hollandais et des Britanniques en Extrême-Orient qui précéda le retrait de leur empire eut lieu entre les mains d'un empire concurrent: le Japon, et non par l'effet d'invasions barbares ou d'une incapacité à les maîtriser) et les événements de Sétif en 1945 eussent été inconcevables sans la remise en cause de la domination française en Afrique du Nord par le 3ème Reich allemand, soit par une entité impérialiste constituée au sein même de l'Occident.

La désunion de l'Occident tout au long du 20e siècle explique ainsi, pour une grande part, son repli actuel.

Enfin tous les immigrants d'Afrique, notamment ceux d'Afrique sub-saharienne, ne sont pas musulmans.

L'exploration de la chaîne causale historique de l'agonie à laquelle l'on assiste ne doit pas tourner, par voie d'analogies simplistes et illusoires, à la recherche du bouc-émissaire ("la faute aux barbares envahisseurs"), comme doit être sans concession la description du phénomène de l'agonie par rétro-colonisation, substitution de population et aveuglement politique systématique et criminel organisé par le complexe médiatico-politique et l'intelligentsia universitaire du pays.
J'ajouterais qu'on ne peut pas ne pas prendre en compte, dans le délitement rapide de la civilisation occidentale, un fait très caractéristique qui me paraît, jusqu'à preuve du contraire, inédit.

Toutes les civilisations et, à plus petite échelle, toute société, ethnie ou groupe (et c'est particulièrement visible dans les sociétés primitives), possède toujours divers rites, mythes, représentations collective, usages sociaux qui n'ont pas souvent pas d'autre d'utilité intrinsèque que de maintenir en place la société en question, et d'assurer sa pérennité ainsi que sa cohésion et sa protection face aux influences extérieures. Ces usages sont mis à l'abri de la critique par un système de tabous qui fait que les membres du groupe s'interdisent de les dénigrer, justement parce que si on les dénigre, on met en péril l'édifice sociétal. Dans les sociétés occidentales traditionnelles, c'était par exemple l'armée, l'Eglise, la famille, le mariage, les traditions culturelles enracinées, le roman national, qui permettaient cette cohésion, et dont la critique était tabou.
Le progressisme bien-pensant bouleverse en profondeur cet état de fait en l'inversant complètement. Tout ce qui fondait la société traditionnelle (religion, identité nationale...) est soumis au feu nourri de la critique, dénigré, présenté non plus comme unifiant mais au contraire comme étant excluant, discriminateur, désuet, et synonyme d'étroitesse d'esprit : le nationalisme est fachiste, l'Eglise est inadaptée à la modernité, l'assimilation est néo-colonialiste, l'identité nationale est raciste. Dans le même temps, le tabou, c'est-à-dire ce à propos duquel tout le monde a intériorisé l'interdiction absolue de formuler la moindre critique, protège désormais non plus ce qui pérennise la société, mais au contraire ce qui la transforme et contribue à l'abolir, en particulier tous les éléments d'origine extérieure à celle-ci (religion musulmane, cultures minoritaires, immigrés, etc.) L'immigration est forcément une richesse, l'islam forcément une religion de paix, le métissage à généraliser, etc. Gare à vous si vous osez dire que vous êtes contre !
Cette inversion complète des mentalités des individus ne peut que contribuer à fragiliser très grandement la cohésion de la société en question. Si, en plus de cela, vous mettez en place de façon concrète les éléments nécessaires à cette transformation (en s'ouvrant à l'immigration massive, en favorisant l'implantation de cultures et de religions minoritaires, qui plus est hostiles à la société d'accueil), vous ajoutez à l'ébranlement moral un délitement réel, les deux s'auto-alimentant puisque toute critique de ce changement est immédiatement réprimé par la police de la pensée.

Cela dit, les apôtres de la bien-pensance ont quand même prévu diverses créations destinées à pallier la suppression des événements sociaux qui structuraient la société traditionnelle, mais ces créations proviennent toujours "d'en haut", des élites, et son imposées au peuple, tandis que celles des sociétés traditionnelles s'étaient lentement créées d'elles-mêmes au fil du temps et étaient enracinées dans une tradition, un terroir, une culture, ce qui leur donnait leur caractère unique. Les créations modernes, au contraire, sortent tout d'un coup de nulle part, n'ont pas d'enracinement et se fondent avant tout sur des idées abstraites. La vague du "festivisme" dénoncée par Philippe Muray (Fête de la Musique, etc.) est censée servir de nouveau point de ralliement suite à la disparition des fêtes traditionnelles (bals populaires, etc.). Quant aux systèmes de valeurs proposés (multiculturalisme, "vivre-ensemble"), ils ne peuvent pas vraiment séduire étant donné qu'ils se basent avant tout sur des idées naïves et théoriques qui n'ont par définition, jamais été mises à l'épreuve des faits et dont on ne peut garantir les résultats. Ce n'est pas parce qu'on pense qu'il serait bien que toutes les cultures puissent cohabiter harmonieusement que c'est ce qui se passe quand on met sur le même territoire plusieurs peuples très différents, dont certains n'ont parfois aucune velléité à tolérer la culture des autres !
Mais c'est aussi, et surtout, un système de valeurs qui est bien peu attractif. Autrefois, on était prêt à mourir pour défendre sa culture, sa patrie, sa civilisation. Qui, aujourd'hui, serait prêt à mourir pour le multiculturalisme, c'est-à-dire pour défendre l'idée selon laquelle sa propre culture ne vaut pas mieux qu'une autre ? La simple énonciation de cette question suffit bien à mettre en évidence son absurdité...
"Qui, aujourd'hui, serait prêt à mourir pour le multiculturalisme, c'est-à-dire pour défendre l'idée selon laquelle sa propre culture ne vaut pas mieux qu'une autre ? La simple énonciation de cette question suffit bien à mettre en évidence son absurdité... "

Entièrement d'accord ! Pas même ceux qui prônent cette idée avec le plus d'acharnement.
« Multiculturalisme » qui n'est du reste qu'un multisous-culturalisme.
Utilisateur anonyme
14 août 2011, 23:17   Monoanimalisme
Citation
Francmoineau
« Multiculturalisme » qui n'est du reste qu'un multisous-culturalisme.

Ce qu'on appelle ainsi est un fait bien plus qu'un projet : chacun, pourvu qu'il respecte les règles du Droit, vit librement selon ses moeurs — c'est le principe du laisser-aller. Cela dit, si un véritable « multiculturalisme » était possible, je signerais de suite — avec de véritables cultures, fières, assumées, vivantes, différenciées et purgées de cette sous-américanité infantile, inélégante, fruste, violente et vulgaire.

Des moeurs vidées de toute trace de pudor, de gêne, de honte, de scrupule — hier, j'observai, le long de la Garonne, en pleine ville, plusieurs hommes affichant fièrement leur grosse et informe bedaine, t-shirt relevé sur les épaules, se pavanant fièrement sans que cela ne choque personne, chacun souriant et jacassant éhontément sans se soucier de ses voisins — ne peuvent être appelées culture. Ce relâchement éhonté, fût-il innocemment appelé décontraction, réduisant l'homme au singe primitif qu'il devient de plus en plus, est l'anti-culture par excellence.

La culture est médiation, retrait, discrétion, velum, pudor, honte, chagrin, gêne, syntaxe, style — non pas animalité singesque.

« Multiculturalisme » est monoanimalisme.
Citation
Orimont Bolacre
"Je ne suis pas sûr que la quantité de population ne change quoi que ce soit à l'analogie."

(je ne suis pas sûr que cette phrase soit bien correcte, sauf votre respect.)


"En revanche les quantités pourraient influer sur l'issue."

Ecrire que la démographie ne change rien... sauf l'issue, montre précisément les limites de l'analogie.

Toute analogie a des limites, sinon l'on dira "identique".

L'analogie n'est pas dans la quantité de population... mais dans les évènements : instabilité du pouvoir, crise économique, migrations,... etc
Les créations modernes, au contraire, sortent tout d'un coup de nulle part, n'ont pas d'enracinement et se fondent avant tout sur des idées abstraites. La vague du "festivisme" dénoncée par Philippe Muray (Fête de la Musique, etc.) est censée servir de nouveau point de ralliement suite à la disparition des fêtes traditionnelles (bals populaires, etc.). Quant aux systèmes de valeurs proposés (multiculturalisme, "vivre-ensemble"), ils ne peuvent pas vraiment séduire étant donné qu'ils se basent avant tout sur des idées naïves et théoriques qui n'ont par définition, jamais été mises à l'épreuve des faits et dont on ne peut garantir les résultats. Ce n'est pas parce qu'on pense qu'il serait bien que toutes les cultures puissent cohabiter harmonieusement que c'est ce qui se passe quand on met sur le même territoire plusieurs peuples très différents, dont certains n'ont parfois aucune velléité à tolérer la culture des autres !

Cet aspect doit être souligné: le caractère vertical-descendant de cette révolution millénariste et de ses épiphénomènes -- le festif descendu des ministères, etc.-- la rattache à d'autres qui furent elles aussi des catastrophes, je pense à la Révolution nationale de Pétain-Laval, qui fut conçue, décidée et montée comme une pièce d'ingénierie dans les cabinets ministériels de l'époque, et à la Révolution culturelle chinoise dont le "quartier général" proclamait "feu sur le quartier général!", révoltez-vous contre nous, sinon gare à vous ! Avec cette dernière, l'actuelle révolution multiculturaliste millénariste entretient des rapports d'étroite affinité par la rebellitude, laquelle est prescrite a quiconque veut s'assurer quelque rente de situation médiatico-politique dans les plis de cette Révolution. L'antienne officielle du "vivre-ensemble" et de l'amour de l'Autre, lequel du reste doit bientôt cesser de l'être par métissage obligatoire et généralisé, sont les armes ubuesques de cette révolution-appropriation de l'histoire ("La France, c'est nous", etc.) descendue du plus haut de l'Etat et relayée par les pitres officiels du régime.
Beau résumé, très clair et convaincant, de Félix.

Intéressante confrontation de deux analyses contradictoires en apparence : nous dénonçons la disparition de toute verticalité dans notre civilisation (transmission, autorité, racines, culte de l'excellence, etc.) au profit d'une horizontalité infantilisante et décivilisatrice, mais voici décrite une autre verticalité, celle qui permet à l'oligarchie contemporaine (que d'aucuns appellent l'hyperclasse) d'imposer son idéologie par le haut, en s'appuyant, tout de même, sur, sur qui au fait ? La petite bourgeoisie ? mais tout le monde l'est aujourd'hui plus ou moins. Les "bobos" ? C'est sans doute plus exact mais demanderait à être mieux fondé et défini par l'analyse.
celle qui permet à l'oligarchie contemporaine (que d'aucuns appellent l'hyperclasse) d'imposer son idéologie par le haut, en s'appuyant, tout de même, sur, sur qui au fait ?

Sur les "assoces" subventionnées et leurs contingents de paumés à qui la haine de soi ferait donner leur chemise et vendre père et mère, et patrie.
Oui je pense que les responsables de ces associations s'en mettent plein les poches pendant que des bénévoles naïfs et paumés, en effet, se tapent tout le travail.
en s'appuyant aussi sur les médias.
Cela ne me paraît pas suffisant pour définir la base sociale d'un régime aussi solidement et durablement implanté.
En effet, c'est insuffisant, mais cette insuffisance est bien la traduction quantitative que ce régime est bâti sur du sable, du vent, de la médiation de rien à rien, du bruit médiatique. Il faudrait peut-être répondre à votre question en donnant la liste suivante: le show-biz, le Spectacle, et les mille relais du Bien dans les "quartiers populaires" où s'animent des "animateurs", la discourance sociologicarde et excusatrice, les colonnes du Monde et de Libération.

De toute façon Marcel les grandes révolutions verticales-descendantes (dont la Révolution nationale Pétain-Laval et la Révolution culturelle maoïste composent deux grands archétypes) sont tôt ou tard balayées par le réel, et dénoncées, l'heure venue, comme folie collective, car elles sont, ontologiquement, privées de base et de désir (comme le souligne Félix supra). Les hystériques de la Mairie de Paris qui le 14 juillet ont proclamé par voie d'affiche dans le métro de la Capitale LA FRANCE C'EST NOUS ! en bandeau sur un concert d'artistes où était représentée quasi-exclusivement la Diversité, ne laisseront pas dans l'histoire plus de trace qu'un pet de mouche. Leur révolution est illusoire mais elle fait encore illusion. Lorsque cette illusion du multiculturalisme sera dissipée, ceux qui en auront été les agitateurs auront honte et iront se cacher, ou se disculper comme tous les perdants de l'Histoire, comme les collabos en 1945. Enfin, c'est ainsi que l'on peut se prendre à rêver.

S'agissant de la base électorale de ce régime: le Parti socialiste d'Aubry et Delanoë entend bien se la constituer auprès des néo-français qui bénéficient, et qui doivent bénéficier à leur yeux, de toutes les faveurs en tant que clients privilégiés . Le néo-Français est le client de cette révolution millénariste; il est le client numéro un du régime. Et comme tout client de choix, il s'agit d'abord, dès le seuil de la boutique franchi, de l'endetter, au moins moralement, au moins politiquement -- tous les privilèges qui lui sont prodigués pour faciliter son installation sont, dans l'esprit de ces bienfaiteurs (do-gooders, faiseurs de bien) constitutifs d'une dette politique avant d'être éléments de la dette publique, dette politique au travers de laquelle le régime cherche sa base.
Utilisateur anonyme
15 août 2011, 13:57   Re : La chute de l’Empire d’Occident
Citation
Marcel Meyer
...mais voici décrite une autre verticalité, celle qui permet à l'oligarchie contemporaine (que d'aucuns appellent l'hyperclasse) d'imposer son idéologie par le haut, en s'appuyant, tout de même, sur, sur qui au fait ?

Lesdits festivisme et multiculturalisme seraient selon vous, Marcel, Félix, Francis, imposés par le haut ? C'est plus compliqué comme dirait notre cher ami... Décapiter la tête d'un corps pourri n'a jamais guéri quoi que ce soit. En réalité, ces évolutions-là — festivisme, multiculturalisme, etc. — sont des mauvaises herbes poussant sur un sol vierge de toute norme morale — laquelle norme n'est jamais renversée par le haut, mais dépassée, oui, dépassée, par l'évolution de notre rapport au monde, à la douleur, au corps, à la maladie, à la mort, par l'augmentation formidable de la véracité et des possibilités techniques —, le Droit sanctionnant aux limites mais jamais à l'intérieur de l'espace de liberté (l'espace du laisser-aller) que ces limites encadrent. L'intériorisation en chacun des règles morales et des règles de savoir-vivre restreignaient naguère l'espace des libertés admises au sein-même de l'espace qui échappait au Droit. Mais cette intériorisation n'est plus nécessaire — ni possible : elle reposait sur la religion, laquelle supposait que l'on pût faire passer la pilule du Jugement Dernier, du châtiment divin, de l'Enfer et du Paradis, mais l'incrédulité ayant extraordinairement augmentée, le fondement de la crainte disparut. D'où l'envahissement de l'espace vital par de mauvaises herbes : les "fêtes" assourdissantes, les tags sur les murs, le ronflement des moteurs le jour et le cri des mobylettes la nuit, l'éclectisme des moeurs, les corps affranchis de toute pudor, les démarches incertaines et pataudes, la fin des manières, la vulgarité rampante, la langue se déchirant en lambeaux de sabirs, la ruine de tout style, le déchaînement des passions, les voitures transformées de jour en boites de nuit mobiles, les publicités faisant leur pain sur les anciens péchés, le porno, les "cuites" dans les rues, l'indifférenciation raciale des composantes du "peuple" envisagé comme "ressources humaines", etc. Observez le résultat d'un jardin laissé à lui-même pendant quelques années, dans lequel on couperait seulement les ramures qui dépassent une certaine limite maximale de taille : un petit chaos s'y déploierait.

Notre monde a radicalement changé et aucun retour n'est possible — il faut prendre acte de cet inéluctable changement et inventer des formes de vie réduisant l'inhabitabilité ressentie par ceux que le souvenir ou l'étude du passé hante.
Utilisateur anonyme
15 août 2011, 14:05   Re : La chute de l’Empire d’Occident
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Utilisateur anonyme
15 août 2011, 14:14   Re : La chute de l’Empire d’Occident
« [Mes] obsessions du moment »... Millet, certes, quoiqu'il n'invente rien hormis son style, mais ajoutons peut-être Michéa — dont Millet reprend l'analyse en termes de Droit et de Marché — et Nietzsche, pour ce qui est de la compréhension des mécanismes d'évolution de la morale. Cela dit, Didier, mes "obsessions du moment" sont ailleurs...
Utilisateur anonyme
15 août 2011, 14:24   Re : La chute de l’Empire d’Occident
(Message supprimé à la demande de son auteur)
L'analogie est un art difficile.
Il n'y a de grand que Spengler.
Didier,

J'espère que vous avez, en ces jours de Mermaid Dawn, mené sans problème votre action Wasps Dusk.

Pour Henri, essayez "Old sport", je lui trouve un côté Gatsby, ces derniers temps.

Pierre,

L'oeuvre de Spengler (et aussi ses choix personnels courageux) est remarquable en effet.
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