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Communiqué n° 1291 : Sur l'immolation par le feu d'un professeur de lycée

Communiqué n° 1291, samedi 15 octobre 2011
Sur l'immolation par le feu d'un professeur de lycée

Le parti de l'In-nocence exprime sa consternation face à l'immolation par le feu de Mme Lise B., professeur au lycée Jean-Moulin de Béziers. Il entend signifier également son indignation devant la façon désinvolte dont le complexe médiatico-politique, adoptant sans sourciller la version de l'inspecteur d'académie corrigeant celle du directeur de l'établissement, a rendu compte de l'évènement. Il est bien clair, à entendre les autorisés de parole, de plume et de clavier, que les rôles sont répartis à jamais, que les coupables seront toujours coupables et les innocents de naissance ou d'état toujours innocents. Quand un postier, un employé d’Orange ou un agent de l'Office national des forêts se suicident, la faute en incombe à l’institution, à ses méthodes inhumaines de management et à ses épouvantables conditions de travail. Quand un professeur met fin à ses jours, c’est qu’il était fragile psychologiquement.

Le parti de l'In-nocence — contrairement aux supérieurs hiérarchiques de la victime et à la presse, aussi bien écrite qu'audiovisuelle, qui n'ont voulu voir dans l'événement en question que le cas banal d'un “professeur fragile et peu aimé de ses élèves”, contrairement aussi aux syndicats qui ne sont sortis de leur silence complice que pour mettre en avant leur éternelle rengaine du manque de moyens — voit dans ce dénouement tragique d'une carrière menée avec conscience le trop juste reflet de la situation réelle de l'Éducation nationale et du corps professoral, surtout lorsque ses membres s'obstinent à exercer pleinement leur fonction et à rester fidèles à leur vocation plutôt que de s'abandonner à la démagogie et de capituler devant la violence, l'irrespect, la nocence, l'ignorance militante, la bêtification de masse quand ce n'est pas la haine ou le mépris ethno-culturels.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Mais oui, c'est bien lui... (J'ai un peu triché en retrouvant l'auteur de la citation grâce à Google.)
Cher Didier, ne serait-ce pas Michel Serres ? Je crois qu'il a écrit un texte, expliquant que désormais les enfants (et non pas les élèves !) n'étaient plus capables de fixer leur attention trois minutes à cause de la télévision, du zapping, des sms et autres jeux vidéo.

Je vais faire comme les imbéciles et parler de ma petite expérience personnelle. J'ai une fille qui est en CE1 et aura sept ans en décembre. Elle est nettement plus jeune que les autres élèves. Ce que j'ai pu constater, c'est que l'école est incontestablement le meilleur moyen d'aider un jeune individu à sortir de l'enfance et devenir, justement, un individu. Et que ce n'est pas si évident.
Je veux dire que d'une part, un enfant devient un élève lorsqu'il sort de sa position narcissique pour accepter dans un groupe d'être mis à la même place que les autres. Donc dans un rapport où il gagnera en reconnaissance grâce à ce qu'il aura conquis par son travail, ses efforts, la qualité de son apprentissage.
Les enfants aiment qu'on les aime. Je considère qu'ils gagnent davantage à être non pas aimés (position passive et toujours un peu scabreuse, l'amour pouvant recéler toutes sortes de pièges) mais reconnus pour ce qu'ils font. Et cela, c'est l'école qui le leur donne.
Nombre de parents ne semblent pas vouloir que leur enfant soit un élève. J'ai le sentiment qu'ils souhaitent que leur enfant demeure une sorte de petit bibelot narcissique, préservé de l'effort, du risque d'échouer (au moins un temps, dans un apprentissage, on peut patauger puis progresser à nouveau) qui les gratifierait sans cesse et par procuration.
Il est évident que des parents sont gratifiés, fiers et heureux de la réussite de leur enfant. Néanmoins, nombre d'entre eux semblent avoir perdu de vue qu'il y a un prix à cela qui s'appelle travail.

Et ce travail, il existe ! Et dès le CE1. Les enfants doivent apprendre : dictée, poésies, tables d'addition, géométrie, lecture, emploi du dictionnaire, notions de sciences naturelles, mise-en-place de la grammaire du français, conjugaison. Autant d'excellentes choses qui en construisant leur personnalité vont leur permettre de poser un regard plus rationnel sur le monde et de sortir de l'éphémère pulsion, de l'humeur et de l'envie du moment.

Aussi à la citation soumise par Didier (et qui n'est pas fausse), je réponds une chose. Mais pourquoi des parents laissent-ils évoluer leur enfant dans ce monde du zapping ? Ont-ils une telle peur de dire "non" ? Y sont-ils eux-mêmes jusqu'au cou et trouvent-ils cela merveilleux ?

Il est vrai que notre société est celle de l'enfant roi qui n'est jamais qu'un petit despote, lui-même tyrannisé par ses caprices. J'ai pour ma part le plus grand mal à comprendre ce qui empêche certains parents de dire "non", "ça ne se fait pas", "j'attends mieux", "je considère que ce n'est pas intéressant", "réfléchis avant de parler", etc.

Si l'école demande des efforts à des enfants qui ont l'habitude d'être des objets de culte, certes, elle aura bien du mal à en tirer quelque chose.

Sans oublier notre nombreux lumpen prolétariat coloré qui, lui, ne semble concevoir la mission de celle-ci que comme une vaste garderie et dont les enfants, livrés à eux-mêmes, ne sont jamais que ce qu'on appelait des "gosses de la rue". Bien difficile dans ces conditions de préparer des dictées, de faire du calcul ou d'apprendre des poésies ...
(Message supprimé à la demande de son auteur)
A ceci près que les soi-disant "Républicains" me semblent, eux, être de plus en plus sensibles à la bien-pensance, qui a su faire sont travail de sape jusque chez eux. S'ils sont d'accord pour dénoncer les méfaits du pédagogisme en général, n'allez surtout pas leur parler de sélection scolaire, ni leur dire que l'Ecole n'est pas qu'un ensemble de programmes scolaires et de méthodes pédagogiques, mais qu'il y a aussi quelque chose avant, et que cet avant, hélas, est de nos jours, bien souvent, pure et simple barbarie, et que l'Ecole, quand elle reviendrait aux "bonnes vieilles méthodes", ne peut pas grand chose contre cela.

Si bien qu'il n'est pas tout à fait exclu que "pédagogues" et "républicains" finissent par se retrouver dans un consensus mou, et tomber d'accord sur l'éternel manque de moyens.

D'une manière générale, les idées de l'In-nocence sur l'Ecole paraissent inaccessibles (car inacceptables) à 99% des professeurs, et ce quel que soit leur bord pédagogique. M'est avis qu'il n'y a, décidément, rien à attendre de l'immense majorité d'entre eux. Le blog de M. Brighelli, par exemple, en fournit la triste preuve. Il faut dire que son hôte croit sincèrement en Bayrou...
Pour le dire plus clairement : la diabolisation d'un Meirieu, pour ces gens-là, aura été un excellent prétexte pour ne surtout pas s'interroger sur l'influence d'enfants de plus en plus souvent issus de familles maghrébines et africaines sur le déroulement des cours, ainsi que sur la déculturation des rejetons de l'ex-classe cultivée (qu'ils ne perçoivent guère...)

Ils pensent sincèrement qu'il existe encore des lycées de centre-ville où la culture se transmet comme avant, et ne se rendent pas compte que les élèves de ces lycées-là ressemblent de plus à plus à leurs homologues de banlieue (ils adorent les marques et le rap). Bref, le divers décroît sérieusement, ces temps-ci, et nos chers "Républicains" ne comprennent rien à la situation, par fidélité au dogmes antiraciste et égalitariste.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Je m'obstine à penser qu'outre la proposition de cette sécession, il serait souhaitable de commencer à "dépecer le mammouth" en donnant à chaque famille un chèque scolaire. Les établissements publics et privés sous contrat se verraient affecter des postes en proportion des inscriptions familiales, et les directeurs des établissements privés auraient toute liberté de choix de professeurs et de programmes dans un cadre général.

Aussitôt, on noterait un déplacement vers l'enseignement privé, alors que les lycées du style "Salvador Allende" ou "17 octobre 1961" verraient leurs effectifs fondre.

Cela pourrait être accompagné d'une loi de dégagement des cadres qui permettrait aux gauchistes attardés de faire valoir leurs immenses compétences dans d'autres secteurs.
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Didier,

J'ai lu cela, et il y a effectivement des choses intéressantes.

Ceci dit, le programme est censé apporter des réponses globales à un problème général, et la solution pratique mise en place (au-delà des intentions qui sont bonnes) est une démarche concernant des établissements ouverts un à un, ce qui laisse sans réponse la question de l'existence du mammouth.

Pourquoi ne pas faire preuve de davantage de mordant et de dire comment transformer Mammuthus Budgetivorax en quelque chose de moins imposant ?
(Message supprimé à la demande de son auteur)
Parce-qu'il faut d'abord expérimenter, ceci est décisif. Régler les questions de manière administrative, c'est le chemin de la facilité qui a toujours été emprunté et dont on peut apprécier qu'il n'aboutit à rien.
"J'ai entendu moi aussi ce jeune homme(16 ,17 ou 18 ans ) , il n'avait pas la moindre compassion pour ce professeur .Combien sont-ils comme lui? ".


Je ne sais pas de quelle origine étaient ces élèves, mais je ne serais pas étonnée qu'il s'agisse de musulmans, d'abord parce que le lycée Jean Moulin est désormais un lycée où cette "diversité" prime et ensuite parce que c'est caractéristique de l'éducation musulmane . Pour qu'il y ait remord il faudrait qu'il y ait examen de conscience, et pour qu'il y ait examen de conscience il faudrait qu'il y ait conscience individuelle, et pour qu'il y ait conscience individuelle il faudrait qu'il y ait individu. Or pour l'islam l'individu, ne compte pas, il n'existe qu'en tant que membre du grand tout qui est l'ummà, laquelle pense à travers lui et ce qu'elle pense c'est que le non musulman quoi qu'ait fait le musulman a toujours tort contre celui-ci. Cette indécrottable bonne conscience se manifeste de toutes sortes de façons et dans les domaines les plus divers. Je voudrais montrer à ce sujet que des détails apparemment insignifiants sont très révélateurs de dispositions d'esprit culturelles. Par exemple, tous les jeunes Français on triché un jour ou l'autre, trichent ou tricheront, à des contrôles. ( Moi-même ai copié quelques fois sur ma voisine ou sur le livre, surtout en cours de musique ). Mais lorsqu'ils réussissent à obtenir une bonne note grâce à ce moyen, ils font, en général, profil bas et se gardent de pavoiser. En un mot, ils n'en sont pas fiers. Or, j'ai constaté au bout d'un certain nombre d'années que lorsque des élèves musulmans trichent, et obtiennent par ce procédé un bon résultat ils ont un comportement très différent. Ils manifestent une fierté tapageuse et viennent jusqu'à quémander, sans vergogne, auprès du professeur ses félicitations pour les progrès accomplis. Vous me direz que les jeunes Français " de souche" sont sans doute contents, eux aussi, de s'être tirés d'affaire par ce moyen. mais ces élèves musulmans, eux, n'en sont pas seulement contents, ils en sont fiers.. Vous me direz qu'ils sont peut-être fiers d'avoir réussi à b... le professeur. Non, ils sont vraiment fiers d'avoir eu eu une bonne note et d'être considérés désormais par la galerie mais aussi à leurs propres yeux comme de bons élèves. Le fait qu'ils ne méritent pas ce résultat ne les effleure même pas. La fierté comme sentiment qui résulte des félicitations du tribunal moral de la conscience individuelle semble leur être incompréhensible. De même il suffit au musulman de pratiquer ostensiblement les rites de sa religion pour passer à ses yeux pour un bon musulman même si en privé il n'hésite pas à s'en dispenser. Là encore il ne craint nul jugement défavorable d'un quelconque tribunal intérieur. Une autre fois j'ai eu beaucoup de mal à faire comprendre à des élèves musulmans la notion d'"amour propre" dans laquelle ils n'arrivaient à comprendre que " contentement vaniteux de soi" , et je crains de ne pas y être arrivée.
Maxime Rodinson, d'ailleurs, fait implicitement , à sa façon, le même genre d'observation dans la conclusion étrange de son "Mahomet", ouvrage à juste titre de référence sur le prophète ; conclusion étrange parce que, en effet, après avoir rendu compte de façon très neutre et très objective des agissements de celui-ci, qui le rendent détestable aux yeux de n'importe quel occidental normalement constitué, il conclut sur un hommage vibrant à l'homme et à la religion qu'il a imposée. Il juge celle-ci, avec une bienveillante indulgence, méritoire parce qu' elle rend ses adeptes fiers d'eux - sans préciser : à bon compte - et qu'elle permet, je cite, " des accomodements avec la conscience " !
J'avais gardé ces constatations pour moi, jusqu'à ce qu'un jour, après plusieurs années, j'eus la surprise d'entendre un collègue me faire part, un peu gêné, des mêmes remarques.
Bien entendu, j'ai eu aussi quelques bons très élèves maghrèbins qui n'ont jamais cherché à tricher.
Merci pour ces éclaircissements, chère Cassandre.

Les mauvais élèves aujourd'hui (surtout au collège) n'ont plus le surmoi de la réussite : ils sont fiers d'être ce qu'ils sont, et la plupart des bons élèves déploient tous les efforts possibles pour n'avoir pas trop l'air de tenir tant que ça à avoir de bonnes notes ; il faut paraître, avant toute chose, parfaitement détaché. Avoir eu une note en-dessous de la moyenne pour un bon élève, c'est un peu un gage de bonne conduite, de coolitude dans une classe.
L’article infame du Figaro de jeudi 13, qui a été censuré ensuite par le journal, se retrouve dans Libération (qui ne l’a pas retiré), et de façon plus complète, donc plus proche de la source AFP. Il s’agit d’un ensemble de déclarations de parents d’élèves de l’enseignante, de seconde et de première, déclarations qui constituent un véritable lynchage de l’enseignante, à un moment où ces gens avaient réussi à se convaincre qu’elle allait s’en tirer, n’arrivant pas à concevoir qu’une personne changée en torche humaine puisse mourir de ses blessures (après tout, si elle mourait, elle serait dans une certaine mesure une victime, ce qui est impossible).

On apprend donc que l’enseignante était « dépressive et en conflit avec ses élèves » « qui la trouvaient trop sévère et contestaient ses méthodes », qu’« une tentative d’explication, mercredi, plutôt houleuse, avait été «mal vécue» par l’enseignante ». Selon « ces parents d’élèves de seconde et de première, elle était «très peu aimée» et, lors d’une réunion parents-professeurs il y a une dizaine de jours, elle s’était montrée hostile à toute discussion, se retranchant derrière la nécessité de boucler son programme. » Et on en remet une couche : « Elle s’occupait peu des élèves en difficulté, préférant les exclure de son cours pour faire travailler les autres, ont raconté quatre parents d’élèves interrogés, qui ont par ailleurs noté lors de cette réunion que l’enseignante portait des bleus et des traces de coups ».
Et la conclusion : « L’enseignante avait fait une dépression nerveuse l’an dernier et avait été convoquée à plusieurs reprises par la direction de l’établissement, à la suite de plaintes des parents sur son comportement, ont ajouté ces sources »

Le dernier trait est admirable, parce qu’il constitue un renversement total : ce n’est pas l’élève perturbateur qui est convoqué devant le proviseur, prononçant le cas échéant une sanction disciplinaire, c’est l’enseignant ! (Dans la réalité administrative par opposition à la réalité fantasmée par les parents d’élèves, c’est la commission administrative paritaire qui est l’instance disciplinaire.)

[www.liberation.fr]

[Un ajout]
[...] elle s’était montrée hostile à toute discussion, se retranchant derrière la nécessité de boucler son programme.

Péché suprême s'il en est.
"Les mauvais élèves aujourd'hui (surtout au collège) n'ont plus le surmoi de la réussite : ils sont fiers d'être ce qu'ils sont, et la plupart des bons élèves déploient tous les efforts possibles pour n'avoir pas trop l'air de tenir tant que ça à avoir de bonnes notes ; il faut paraître, avant toute chose, parfaitement détaché. Avoir eu une note en-dessous de la moyenne pour un bon élève, c'est un peu un gage de bonne conduite, de coolitude dans une classe."

" et ne se rendent pas compte que les élèves de ces lycées-là ressemblent de plus à plus à leurs homologues de banlieue (ils adorent les marques et le rap)."

En effet, la jeunesse bobo communie avec la banlieue dans le mépris des professeurs : ces minables gagne petit qui se mêlent de vouloir les jauger et les améliorer, ainsi que dans le refus d'une culture exigeante : la culture française.
Je crains que le jeunisme et le "soi-mêmisme" le fait de ne plus donner d'autorité au savoir et de mettre à égalité l'opinion de n'importe quel élève avec la parole du professeur, le relativisme général, ne conduise les générations à venir toutes origine confondues, à ne plus être capables d'autocritique ni du moindre véritable discernement moral.
Citation
Jean-Marc
Pourquoi ne pas faire preuve de davantage de mordant et de dire comment transformer Mammuthus Budgetivorax en quelque chose de moins imposant ?

Parce que, précisément, le mammouth n'est pas transformable.
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