Cher Didier,
Non, je n'ai pas vu ce reportage. Il faudrait savoir quel est l'âge de ces machines inutilisées faute, si j'ai bien compris, d'ouvriers capables de s'en servir pour savoir si elles existaient au moment où étaient "formés" ceux qui seraient appelés à être embauchés dans cette entreprise. Vous objecterez en me rappelant qu'il s'agit de "qualification élémentaire". Si elle est à ce point "élémentaire", cette qualification peut être acquise rapidement, non ? Les gens ne seraient pas assez qualifiés pour exécuter des gestes qui ne réclament pas de qualification ? Ces machines sont-elles trop simples à faire fonctionner ou trop compliquées ? Ce n'est pas très clair.
N'importe, "Gouffre croissant entre le travail réellement disponible et la nullité ou l'inexistence des formations" il y a, certainement, gouffre en train de se creuser en permanence. Qui peut savoir ce qu'il serait utile d'apprendre, aujourd'hui, à des jeunes gens de 12 ans, orientés dans la voie professionnelle ? Qui peut savoir quelles machines ils auront à piloter au moment d'entrer dans la vie active ?
Le gouffre commence à s'exprimer quand on parle de telle ou telle machine dite de
première génération, les dites "générations" de machines se succédant à un rythme beaucoup plus rapide que les "générations" humaines. Comment faire en sorte que la main d'oeuvre soit toujours opérationnelle, sinon en supposant qu'elle ait un usage de ses outils équivalent à celui des téléphones portables ou des ordinateurs auxquels, en effet, la population parvient à s'adapter constamment, au seul prix d'un usage constant.
D'autre part, on peut observer, de la part des jeunes générations - les mêmes, sans doute, qui manquent de "qualification élémentaire" utiles à l'entrepreneur - une extraordinaire qualification, en évolution et efficace constantes (doublée d'une remarquable endurance) à l'égard des jeux vidéos, de plus en plus sophistiqués. Il y a là comme une immense force de travail totalement détournée à qui nous ne savons pas donner la moindre fonction économique - hormis celle d'un simple consumérisme - sous prétexte qu'il s'agit de
jeu et non pas de
travail.