Le texte donne à voir un clip d'Eva Joly sur "l'accent". Tous les accents ne se valent pas au regard de l'appartenance à la nation française. J'ai l'accent de Nîmes, comme l'avait Jean Paulhan, je pourrais avoir l'accent savoyard, alsacien ou celui, que j'aimerais tant pouvoir revendiquer, de Tarascon, qui est le plus insolent des accents provençaux. J'aurais beaucoup aimé avoir l'accent normand, ou même celui du Val d'Oise, qui existe. Tous ces accents en train de mourir étaient ceux de gens qui appréciaient, admiraient Victor Hugo, Chateaubriand, Racine, Giono, Claudel ou Jacques Audiberti (Claudel, même en anglais, charriait un effrayant accent franc-comtois) et ce
dès l'enfance. Or Mme Joly a l'accent d'Oslo, qui n'est pas un accent français! Elle a beau se défendre de son amour de la France, qui l'honore, cela ne rend en rien son accent comparable à ceux des gens de Toulouse, du Béarn, du Berry ou de la Drôme provençale. Il y a un coucou dans le nid. Mme Joly n'a pas à se faire passer pour ce qu'elle n'est pas. Nous sommes tous prêts à respecter ce qu'elle est, et à l'écouter nous dire ce qu'elle a à nous dire, mais surtout, qu'elle ne se fasse pas passer pour une personne d'un terroir tout imaginaire qui serait frère du nôtre. Il y a menterie, faux et usage de faux ! Dans son enfance, son adolescence, cette dame, que nous respectons ne serait-ce que pour son grand âge et l'amour de notre pays dont elle se prévaut, n'a eu aucun dialogue avec l'imaginaire français commun, celui des auteurs susdits, n'a point connu pour première inspiration à son être au monde, la poésie de Lamartine ou de Musset, ou les chansons de Brassens.
