Le pire reste à dire: c'est de cette façon, par des "dialogues de fous" -- plus exactement: des dialogues d'analphabètes -- que de tout temps la langue évolue. La maîtrise dont on parle ici est celle de l'écrit associée à celle du sens par la voie de l'écrit. La bêtise, l'ignorance ne sont pas exemptes d'imagination (comme, par exemple, dans les erreurs de transcriptions), et cette imagination-là est un puissant moteur d'évolution permanente. Les dialogues de fous, de sourds, etc.. créent de la langue et vous verrez qu'un jour les
nesses seront bel et bien des terres agricoles un peu particulières...
L'écrit lui, produit une évolution saltatoire (discontinue, savante et "maîtrisée") par des jeux littéraires (cadavres exquis, lettrisme, etc.), des bouleversements savants de la langue, qui interviennent une ou deux fois par siècle d'une part, d'autre part par des réformes académiciennes, normées et autorisées/autoritaires de l'orthographe.
De toute façon la vérité est celle-ci: ce sont les ânes qui cornaquent la langue;
ce sont les ânes les âniers -- journalistes de la presse parlée, traducteurs/traductrices godiches, etc. qui conduisent la langue où elle va. Il n'y a rien à faire contre ce mal, si ce n'est, peut-être,
s'en moquer ! lui infliger la punition du ridicule.