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Le renversement du monde

Envoyé par Gérard Rogemi 
30 juin 2011, 11:01   Le renversement du monde
Hier soir sur Radio-Courtoisie l'invité de la première partie du Libre Journal était Hervé Juvin.

Ses propos sont du plus haut intérêt. Vous pouvez aller télécharger le fichier audio en cliquant i c i
09 juillet 2011, 12:31   Re : Le renversement du monde
Hervé Juvin rapproche, à la façon de Francis Marche, colonisation et contre colonisation. Par contre, le moteur commun de cette même affaire n'est pas le Leviathan avide de créances, mais l'ethnocentrisme : comment est-il possible de ne pas être français? A l'aube du XXè siècle, nos missionnaires s'en allaient en Afrique faire des Africains des Français. A la fin du même siècle, il faut les accueillir pour les sauver d'eux-mêmes, car, c'est bien connu, hors la France, tout n'est que misère, guerre, famine et fièvre jaune. Aux « bricoleurs de la pensée » d'articuler ethnocentrisme Juvien et Léviathan Marchien.

L'ancien peuple victime récalcitrante du Léviathan qui administre (il vote des fois mal) se montre aussi très consentant quand le Léviathan présente sa face faible et narcissique. C'est tout l'Occident de l'individu à l'Etat en passant par tout ce qui fait lien (mairies, entreprises, associations) qui réclame un peu d'amour et de reconnaissance. Qu'un Français d'hier dise merci, c'est la moindre des choses ; qu'un Français de demain dise merci attendrit sans mesure le cœur occidental. Voir ses successeurs faire le Français l'émeut autant que les premiers pas de bébé émeuvent papa maman.

Le besoin d'être aimé et reconnu est tout ce qui reste de sa morgue passée. Il ne conquiert plus car n'étant plus rien, il n'a plus rien à imposer, mais il reste vaniteux. Il veut et croit que tout le monde l'aime, vient chez lui par amour. Il ne veut plus d'ennemi. C'est encore par vanité qu'il s'ouvre à l'autre, apprend la danse du ventre et la cuisine épicée. Au lieu d'avoir honte de ne rien connaître de la danse et de la cuisine classiques, d'être vide, il se vante d'être ouvert.

Bref, le peuple remplacé par le Léviathan pour augmenter son emprise aspire lui-même à son remplacement par ethnocentrisme : incapable d'aimer l'autre comme tel, de s'aimer soi comme tel, il attend que l'autre l'aime pour la prétention, dont il tire gloire, d'être tout et rien.

Le christianisme n'aurait-il pas laissé l'Occident sur un gué dangereux : les hommes ne sont plus leurs attributs (je suis celui qui porte telle coiffe) mais ils ne sont pas devenus des personnes libres en Dieu ; ils ont des droits (je suis celui qui a le droit, je suis celui qui a, je suis, je-je).

Comment sortir du gué?
….............................................

Le sentiment récurrent d'impuissance politique doit se soigner en étudiant les pratiques des sur-doués de la politique : pas besoin d'être nombreux pour faire une révolution. Identifier les lignes de conflit dans l'air du temps, détourner à son profit les lieux communs, constituer un réseau d'hommes intelligents, prêts à mentir, à tuer et à mourir pour la cause. Seulement, ceux qui ne sont pas de gauche ont horreur de ces pratiques et préfèrent encore regarder passer l'Histoire.
26 février 2012, 05:05   Re : Le renversement du monde
Je suis en train d'écouter l'entretien avec Hervé Juvin, et il m'étonne que celui-ci ne suscite pas un débat ici. Juvin propose une certaine vision du monde, cette d'espaces singuliers et différenciés, qui doivent être respectés en tant que tels. J'aimerais bien savoir comment l'in-nocence se situe par rapport à une telle pensée...
Utilisateur anonyme
26 février 2012, 09:42   Re : Le renversement du monde
(Message supprimé à la demande de son auteur)
26 février 2012, 13:53   Re : Le renversement du monde
L'immense suffisance de la pensée occidentale furieusement fière d'elle quand elle sauverait l'humanité, se rencontre en effet dans les organisations humanitaires, qui au nom de la reconnaissance des peuples guéris par eux, traitent les occidentaux comme des moins que rien qui ne savent pas dire merci, et les donateurs de personnes qui chercheraient selon leurs dire avant tout un avantage soit fiscal, soit autre, dans leurs générosités. Ce grand mépris existe bel et bien, je l'ai rencontré. C'est à partir de là que ma réflexion sur l'antinomie absolue de leurs discours avec leurs actes a mûri. L'économie a toujours raison pour ces ONG, sa roue tourne, et il suffit de se trouver toujours du bon côté pour avoir raison.
M. Juvin parle bien du problème du désir de la société Occidentale. Qui désire? L'Occident ou ceux qui imitent l'Occident? Ils finissent par se confondre dans la machine infernale : «nous sommes devenus des démiurges et pratiquement des dieux, en raison de notre puissance technique, et nous demeurons des nains ou des pantins par la conscience morale que nous avons des effets de cette technique.». La pulsion économique ajuste sans cesse son tir pour atteindre un objectif à court terme, comme la mode, et créer par là des phénomènes de modes infiniment renouvelables qui répondraient seuls aux effets triviaux de nouvelles politiques.
M. Juvin pose fort bien le problème de la nocence envers la planète qu'impliquent de telles démarches. C'est donc une idée de la mort de plus en plus rapide et coupée de toute signification, qui l'emporte. Sauvons ceux, qui cherchent le rebondissement économique en avançant leurs morts comme prétextes, histoire de se déculpabiliser de nos propres désirs morbides. Devenons des fantômes ou fantoches pour oublier plus vite que comme écrivait Georg Simmel : «la série technique exige, en elle-même, d'être complétée par des membres dont la série psychique, définitive à proprement parler, n'a pas besoin; ainsi naissent des offres de marchandises qui suscitent à leur tour des besoins artificiels et, du point de vue de la culture des sujets, insensés.» Pauvre Terre, assujettie à ces insensés pourtant vivant de ses ressources à elle.
26 février 2012, 16:25   Re : Le renversement du monde
Je viens d'écouter cet entretien de M. Juvin, qui pose de manière assez exhaustive les termes d'une vaste problématique sans y apporter de solutions. Il est très difficile de penser au-delà du présent et les contradictions de son discours, pourtant rigoureux, en témoignent. Ce qu'il nomme "le doux commerce" avec dérision, quoi qu'il en dise, est antinomique au maniement de la kalachnikov. Si le Cambodge m'était l'équivalent de son Madagascar, je me plairais à lui dire qu'il est impossible, dans le paysage urbain, péri-urbain et jusque dans certaines campagnes de ce pays, de s'imaginer aujourd'hui une répétition du pire, d'avoir une vision de petits soldats débraillés qui courraient en sautant les haies le fusil mitrailleur à la main, comme dans les images de la guerre civile du temps de l'Angkar, ou de la guerre civile espagnole dans les années 30, images en noir et blanc, au-dessous d'immenses placards publicitaires pour des pâtes dentifrices, des forfaits de mobile ou même des 4X4, alors que dans la campagne nue, verdoyante, tout entière livrée aux travaux et aux passions de ses habitants, dans les faubourgs ternes et sans enseignes, sans échanges au sourire factice, si.

Le commerce (Balzac s'en amusait beaucoup -- Eugénie Grandet, etc.) est le contraire de la passion, de l'ardente sincérité, donc aussi le contraire de la guerre et de la tuerie. Il est ainsi investi d'une sorte d'utilité seconde un peu fortuite et fort peu valorisée, mais réelle.

Le désir: Juvin le blâme comme être de la publicité et fourrier de l'insatisfaction avant -- à la fin de son intervention -- de le relier à "l'être de chair" (cf. le "juif de chair") en rebellion contre ce que nous désignons de longue date, après Renaud Camus dans son ouvrage Du Sens, l'hermogénisme et en le posant comme vecteur d'émancipation du carcan universaliste ennemi des identités : contradiction si radicale qu'elle compose une boucle de la pensée.

Le défi serait de penser cette problématique au-delà du bien et du mal, soit hors de ces deux pôles magnétiques qui font la pensée se courber et s'annihiler dans la boucle d'une contradiction dont le discours est inconscient, manière affranchie de penser qui serait aussi désormais la seule façon de pouvoir envisager l'avenir et de pouvoir en projeter les développements.

Les échanges par la monnaie usent d'une valeur faciale (et fiduciaire) précisément pour éviter que ceux-ci ne soient assujettis au faciès des hommes désirant. Celui qui désire échanger ne doit pas être filtré dans son mouvement par l'obligation de montrer patte blanche ou de décliner qui était son père et où se situait dans le village la maison de son grand-père. Ce filtre serait très violent et insupportable à tous les citoyens des sociétés que nous connaissons. La communauté arbitre et juge des échanges humains et matériels -- celle de l'exemple malgache qu'en donne Juvin où l'on incendie les biens de l'homme qui a osé se distinguer en son sein en s'achetant un écran TV ou un gros véhicule -- nous renvoie au pol-potisme de cauchemar, ni plus ni moins.

Il y a eu "cavalerie financière" qui n'entraîna point de désastre économique mondial parce sa mondialisation avait été incomplète nous dit Juvin. Voilà qui sonne juste. Mais alors, si la cavalerie financière américaine est bien la coupable, comment raccorder ce diagnostic avec celui d'un simple ordre de magnitude (la mondialisation des échanges) qui serait quant à elle la manifestation d'un mal universaliste, forme supérieurement exaltée de la vanité occidentale d'après cet auteur ? L'avion est en train de s'abîmer et tous ses passagers risquent de périr: est-ce la faute à une erreur de pilotage, un défaut de réglage, une absence de réglage, une carence de la maintenance et des contrôles techniques, une défaillance de certains appareils, un dysfonctionnement de la coordination avec les opérateurs au sol chargés de son guidage? ou bien est-ce que cette catastrophe aérienne devait de toute façon advenir parce que les avions volent trop vite et trop haut et parce qu'ils sont trop puissants et que les hommes qui les ont conçus sont trop vaniteux ?

Je n'ai pas la réponse. Ce que je sais néanmoins, car c'est affaire de simple logique: un diagnostic exclut l'autre.
27 février 2012, 00:49   Re : Le renversement du monde
Merci Didier pour votre réponse. La seconde partie de ma question porterait alors sur les rapports officiels ou les prises de contacts du P.I. avec Hervé Juvin. Ce dernier a d'ailleurs lancé une sorte de Manifeste pour les élections 2012.
Utilisateur anonyme
27 février 2012, 12:54   Re : Le renversement du monde
(Message supprimé à la demande de son auteur)
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