Communiqué n° 1358 : Sur Mademoiselle la race

Communiqué n° 1358, lundi 12 mars 2012
Sur Mademoiselle la race

Le parti de l’In-nocence remarque qu’en quelques jours à peine deux mots très anciens, très familiers, très solidement inscrits dans le tissu de notre langue, ont fait l’objet d’attaques visant à leur disparition pure et simple, la consacrant même administrativement, déjà, s’agissant de “Mademoiselle”, la promettant pour les semaines à venir, avec effacement du texte de la Constitution, s'agissant de “race”. Non content de régenter l’histoire à travers les lois mémorielles, le politique entend désormais réguler le langage, en livrant les mots un à un, dans l’arène, aux bêtes féroces de l’idéologie. Il est aussi inconséquent dans un cas que dans l’autre. “Mademoiselle” en disparaissant ôtera aux femmes une possibilité précieuse à beaucoup d’entre elles, et qui de longue date n’est plus imposée à la moindre. Quant à “race” il est assez paradoxal de voir que ceux qui condamnent ce mot au nom de l’antiracisme s’obstinent à l’entendre uniquement dans l’absurde acception pseudo-scientifique que lui ont donnée les racistes. Or cette acception ne recouvre qu'une part infime de son arc sémantique et ne rend aucunement compte de la complexité et de la richesse de son inscription presque millénaire dans notre littérature, dans notre poésie, dans le parler de notre peuple.

Le parti de l’In-nocence voit dans la volonté maintenant assumée de faire disparaître des mots la consécration officielle de la vaste entreprise d’occulter ce qui survient, d’empêcher de nommer la transformation radicale en cours, en l’occurrence le changement de peuple, la montée des communautarismes, la promotion contre-coloniale de certaines ethnies au détriment des autres, et notamment au détriment des femmes, à commencer par les plus jeunes.

"Il était entendu que lorsque le novlangue serait une fois pour toute adopté et que l'ancilangue serait oublié, une idée hérétique - c'est à dire s'écartant des principes de l'angsoc - serait littéralement impensable, du moins dans la mesure où la pensée dépend des mots".

Voir petit à petit se mettre en place ce monde-là est terrifiant.