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Si j’étais accusé de c’qu'il est accusé...

Envoyé par Renaud Camus 
« Si j’étais accusé de c’qu'il est accusé... » (Nicolas Sarkozy parle de Dominique Strauss-Kahn).

Notre président de la République écoute trop France Culture, cela nuit à sa syntaxe.
Notre président (de la République) est sur la défensive, le c' représente le coït furtif dont il accuse DSK pour éloigner les soupçons. Une maladresse de plus et la tournure fautive le trahit.
Nicolas Sarkozy reste une énigme socio-linguistique: personne ne parle, et surtout de parlait, comme ça à Neuilly. (Il y a cinq ans c'était "si ch'u président..."). Arriver à 57 ans et vouloir se faire réélire président de la République avec une diction et une syntaxe d'ado attardé... Mais comment fait-il ? Soyons juste: l'homme doit posséder un génie politique tout à fait hors du commun pour avoir pu surmonter pareilles tares, éliminatoires pour le commun des mortels. Ou bien est-ce l'époque, toujours elle, qui lui a accordé ses faveurs en prouvant son amour pour les tarés et qui, pour des raisons inverses, avait écarté Balladur ?
Utilisateur anonyme
29 avril 2012, 02:15   Re : Si j’étais accusé de c’qu'il est accusé...
Les tournures du Président ? Elles font pschitt !
Utilisateur anonyme
29 avril 2012, 07:58   Re : Si j’étais accusé de c’qu'il est accusé...
Citation
Francis Marche
Nicolas Sarkozy reste une énigme socio-linguistique: personne ne parle, et surtout de parlait, comme ça à Neuilly. (Il y a cinq ans c'était "si ch'u président..."). Arriver à 57 ans et vouloir se faire réélire président de la République avec une diction et une syntaxe d'ado attardé... Mais comment fait-il ? Soyons juste: l'homme doit posséder un génie politique tout à fait hors du commun pour avoir pu surmonter pareilles tares, éliminatoires pour le commun des mortels. Ou bien est-ce l'époque, toujours elle, qui lui a accordé ses faveurs en prouvant son amour pour les tarés et qui, pour des raisons inverses, avait écarté Balladur ?

Monsieur Marche, lors d’un de vos passages en France, je serais heureux de vous inviter à un oral de préparation au CRFPA (avocat), à l’ENA ou à l’ENM. Ensuite, je pense, vous soutiendrez la candidature de Monsieur Sarkozy à l’Académie française.
Vous me coupez l'herbe sous le pied, cher Renaud Camus, j'avais également relevé cette saillie avec l'intention de la présenter ici. Malgré tout, il me reste un "joker" : la veille, le président de la République (je préfère le présenter ainsi, cela accentue l'écart inconcevable entre l'homme et la fonction) disait encore : "Quel que soit c'qu'y z'ont fait..." (Encore qu'écrit, pour serrer au plus près de la sarkzozienne syntaxe, cela donnerait plutôt "quelque soit".)
Pour reprendre ce qu'écrit Jean-François, M. Hollande, lui-même énarque, a émaillé ses interventions dans "Des paroles et des actes" de quelques fautes de français (constructions de verbe, notamment) qui n'ont rien à envier à la syntaxe de Nicolas Sarkozy.

Si à cela on rajoute son emploi du fameux Shakespeare qui n'était pas celui à qui l'on pense et dont la mention erronée a beaucoup amusé les journalistes britanniques, on arrive à une sorte de match nul.
Utilisateur anonyme
29 avril 2012, 11:41   Re : Si j’étais accusé de c’qu'il est accusé...
un magnifique Abolisionniste sur mediapart ce matin.
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Véra
Pour reprendre ce qu'écrit Jean-François, M. Hollande, lui-même énarque, a émaillé ses interventions dans "Des paroles et des actes" de quelques fautes de français (constructions de verbe, notamment) qui n'ont rien à envier à la syntaxe de Nicolas Sarkozy.

Si à cela on rajoute son emploi du fameux Shakespeare qui n'était pas celui à qui l'on pense et dont la mention erronée a beaucoup amusé les journalistes britanniques, on arrive à une sorte de match nul.

On peut tout reprocher à François Hollande, et même "quelques fautes de français", mais pas de faire "match nul" avec M. Sarkozy dans le domaine de l'expression orale. Il y a des degrés, et aucun homme politique (de quelque importance) n'est tombé aussi bas que M. Sarkozy, en tout cas certainement pas M. Hollande.
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Jérôme Reybaud
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Véra
Pour reprendre ce qu'écrit Jean-François, M. Hollande, lui-même énarque, a émaillé ses interventions dans "Des paroles et des actes" de quelques fautes de français (constructions de verbe, notamment) qui n'ont rien à envier à la syntaxe de Nicolas Sarkozy.

Si à cela on rajoute son emploi du fameux Shakespeare qui n'était pas celui à qui l'on pense et dont la mention erronée a beaucoup amusé les journalistes britanniques, on arrive à une sorte de match nul.

On peut tout reprocher à François Hollande, et même "quelques fautes de français", mais pas de faire "match nul" avec M. Sarkozy dans le domaine de l'expression orale. Il y a des degrés, et aucun homme politique (de quelque importance) n'est tombé aussi bas que M. Sarkozy, en tout cas certainement pas M. Hollande.

Vous péchez par pessimisme ! Nous avons encore peu entendu M. Hollande. Restons confiants, optimistes et nous entendrons de belles choses.
Utilisateur anonyme
29 avril 2012, 20:07   Re : Si j’étais accusé de c’qu'il est accusé...
À l'occasion d'un discours où il mettait son auditoire en garde contre des vents, qu'il qualifiait d'un adjectif commençant par une voyelle - et dont je ne me souviens plus -, François Hollande a certes fait la liaison, mais avec le son [t]...
Je me demande si M. Sarkozy ne le fait pas exprès, si ce genre de tournure n'est pas utilisé volontairement pour "faire peuple"...

Beaucoup d'hommes politiques ont usé de ce tour.
(Cas le plus typique : Huey P. Long, sans doute un des orateurs les plus remarquables des années 30. Issu d'un milieu très modeste, il sut s'extraire du lot et fut diplômé de l'université Tulane. Ayant suivi des cours pour être pasteur, carrière qu'il n'adopta finalement pas, il fut un avocat d'une éloquence et d'une finesse consommées, suscitant l'admiration des juges de la Cour suprême dans l'affaire suivante [caselaw.lp.findlaw.com]. Long, quand il était en Louisiane et s'adressait à ses électeurs parlait d'une façon incorrecte pour mieux insister sur les points forts de son discours, prononçant par exemple Loosiana à tout bout de champ. Je signale à Newtex, qui n'habite sans doute pas très loin, qu'on peut aller visiter, au Capitole de Bâton Rouge, seul gratte-ciel du coin, le couloir pavé de marbre où Long fut abattu, on ne sait trop par qui.
Autre cas : le fameux Aristide Briand, qui disait des bêtises avec beaucoup de fautes, mais qui les disait si bien que tous les auditeurs étaient sous le charme).

Parfois, les hommes politiques brisent les règles du discours écrit quand ces règles rendent le discours oral incompréhensible. Le cas le plus connu est celui de Churchill. Celui-ci avait comme habitude de placer assez souvent une préposition en fin de phrase, pour mieux insister. Les grammairiens distingués se lamentaient, disant que c'était incorrect et inattendu d'un homme de sa condition et dans sa position. Churchill, qui connaissait fort bien sa langue, crucifia les puristes et envoya la règle par le fond grâce à la formule suivante, prononcée dans un dîner et rapportée par Ernest Gowers dans Plain Words : “This is the sort of English up with which I will not put.”
Utilisateur anonyme
30 avril 2012, 17:39   Re : Si j’étais accusé de c’qu'il est accusé...
Cauchemar de la Décivilisation : quand vous vous indignez de ses tournures de garçon de bain, les gens disent :
- " Mais ... Tout le monde parle comme ça , maintenant ...
Oui, c'est cela. Je pense que les conseillers en communication ont dû dire qu'il fallait parler comme tout le monde.
Il a du se forcer, quand même !
Marc, compte-tenu de son âge et de son milieu social, je ne pense pas qu'il parle, naturellement, comme cela.

Nos amis anglophones auront sans doute remarqué que le Premier ministre Cameron, quand il était leader de l'opposition, parlait avec la fameuse RP version "étonienne", et qu'il s'est ensuite converti à l'accent Southern/London.

Pour ceux qui n'écoutent pas la BBC, l'accent initial est celui de Daniel Radcliff dans Harry Potter, en plus marqué.

Pensez à Miliband et à son accent "Mockney" (celui de Jamie Oliver dans les émissions sur la cuisine). C'est un accent qui se veut "peuple éduqué", c'est à dire sorti du lot. Malheureusement, les Miliband sont les fils de leur père (qui est enterré à côté de Karl Marx, nouvelle religion).
Utilisateur anonyme
30 avril 2012, 19:58   Re : Si j’étais accusé de c’qu'il est accusé...
En vingt-deux ans, Monsieur le Président-pour-encore-six-jours n'a pas tant changé ; il est resté soft.
Utilisateur anonyme
30 avril 2012, 19:59   Re : Si j’étais accusé de c’qu'il est accusé...
Notons qu'il aimait déjà la communication (mais qu'il n'avait pas encore d'iPad...).
"Marc, compte-tenu de son âge et de son milieu social, je ne pense pas qu'il parle, naturellement, comme cela."

M. sarkozy, de l'avis général de ses condisciples d'école (interrogés en 2007), se signalait comme celui qui était le plus téléphile d'entre eux. En effet, la télévision est compréhensible par tous.

Qui l'eût cru, sinon en des temps totalement renversés ? Le parti de l'In-nocence et son président, Renaud Camus, appelant à voter, au premier tour, Front National - pardon, Marine Le pen - et au second tour Nicolas Sarkozy (la deuxième décision, au fond, étant encore plus renversante que la première.)

A partir de là on peut se poser la question de sur comment un truc pareil a pu arriver ? Ben moi, je vais vous dire, y faut comprendre, y faut comprendre les Français, et même les Auvergnats, parce que l'autre jour j'ai rencontré un Monsieur qu'y m'a dit je suis Auvergnat, je lui dis, mes félicitations, la patrie d'Assurancetourix, et alors ce Monsieur, y me dit ,M. Sarkozy, dites-moi, vous savez ce que c'est d'être Auvergnat ? J'ai dit bien sûr que je sais ce qu'c'est d'être Auvergnat, alors je voudrais le dire, oui, on a le droit d'être Auvergnat, à n'importe quel âge, je ne vois pas pourquoi ce serait une honte, alors maintenant, si c'est une idée fasciste, le droit d'être Auvergnat, alors non, vous voyez, les Français ne comprennent pas.
Orimont,

Deux décisions successives et renversantes ont pour effet de vous remettre à l'endroit (Sun Tzu, "Eloge du Culbutto").
C'est vous, cher Orimont, qui écrivez les textes de Laurent Gerra ?
Tics et modes du langage politique.


Par ce lien, je m'éloigne du propos initial de ce fil mais ce numéro de "Tire ta langue" d'Antoine Perraud, sur France Culture, me semble néanmoins à la fois éclairant et divertissant sur ces questions de tics de langage et autres facilités qui émaillent le langage des politiciens, des journalistes et deviennent des modes. Modes qui d'ailleurs, dans leur facilité, empêchent la réflexion, voire la court-circuitent définitivement.
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