Ce fil est passionnant. J'ai eu, il y a dix ans, une correspondance épistolaire merveilleuse avec un homme, et je ne crois pas que cette forme tombe à ce point en désuétude. L'ère d'internet diffuse et diffuse de façon prolifique, mais cette profusion n'est pas éternelle, du moins j'aime le croire.
J'observe depuis quelques temps un resserrement et une exigence nouvelle dans les lignes éditoriales sur internet. Les gens se lassent, c'est inévitable, de la tyrannie du net et sa conversation hachée. De plus, je m'étonne beaucoup de ce que vous ne parliez pas des messages imprimés. Beaucoup impriment les messages et les archivent.
Il n'est pas sûr que les petits mots, messages et mails ne soient plus divulgués sous forme de correspondances, ni d'ailleurs que la correspondance écrite meurt. Les lettres circulent encore dans les boîtes aux lettres.
Et si elles devenaient un moyen dissident de correspondre? Leur saveur reprendrait du galon différemment, mais je ne crois pas à leur mort. Le papyrus, dont nous avons été privé en Europe à l'époque où les musulmans avaient envahi le Maghreb et le Moyen Orient, a privé longtemps l'Europe, au moins jusqu'à 1440 avec l'invention de l'imprimerie, de grands textes. Pourtant jamais l'écrit ne s'est résolu à mourir tout à fait.
Internet ne permet-il pas de connaître des intellectuels exceptionnels dont nul média ne fait mention? Croyez-vous que pour les lire il n'est pas préférable, de les imprimer sur papier plutôt que de se tordre le cou face à un écran? Pour les lettres il en est de même. Toute personne qui part en voyage en envoie, et pas toujours sous forme de carte postale, mais bien par longue lettre que la distance et le temps a fait mûrir.